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plain-pied

1. plain, plaine [ plɛ̃, plɛn ] adj.
• 1155; lat. planus 1. plan
1Vx Plat, uni, égal. « des lieux plains et sablonneux » (Rousseau). (Belgique) Tapis plain : moquette.
2 N. m. Vx Le plain de l'eau : la haute mer. — Mod. Mar. Niveau le plus haut de la marée. Aller au plain : s'échouer à marée haute.
3(1611; à plain pied) Loc. Cour. DE PLAIN-PIED :au même niveau. Pièces de plain-pied, ouvertes de plain-pied sur une terrasse. « Les dalles de la terrasse, de plain-pied avec la chambre où je couche » (A. Gide). Pavillon, maison de plain-pied, qui n'a qu'un seul niveau.
Fig. De plain-pied : sans difficulté d'accès. « il passa de plain-pied, avec une parfaite aisance, de ses mysticités aux préoccupations les plus plates » (Barrès). Loc. Être de plain-pied avec qqn, être sur le même plan, en relations aisées et naturelles avec lui (cf. Être sur la même longueur d'onde). « les paysans nous aiment, ils se sentent de plain-pied avec nous » (F. Mauriac).
⊗ CONTR. Accidenté, inégal. ⊗ HOM. Plein; plaine.

plain-pied
(de) loc. adv. V. plain.

⇒PLAIN-PIED, loc. adv. et subst. masc.
I.Loc. adv. De plain-pied
A. —Sans relief; sans solution de continuité; à niveau; de/au même niveau; au même étage (que). Chambres de plain-pied; de plain-pied avec, sur. Rocambole ouvrit la porte-fenêtre. —Marche sans crainte, dit-il, le sol est de plain-pied (PONSON DU TERR., Rocambole, t.5, 1859, p.475). Les portes-fenêtres de la salle à manger s'ouvraient de plain-pied sur le jardin de l'hôtel (FEUILLET, Paris., 1881, p.218).
B.Au fig.
1. Sans discontinuité; au même plan. Je reproche également à Westphal de diminuer la solennité du texte, au profit d'une certaine familiarité qu'il juge propre à ne pas effrayer les lecteurs. Il tâche d'établir un texte de plain-pied, où l'on entre sans effort, et qui ne tranche point sur la vie courante (GIDE, Journal, 1916, p.596):
1. Il n'a tenu qu'à un fil qu'il n'y eût pas de moyen âge et que la civilisation romaine se continuât de plain-pied. Si les écoles gallo-romaines eussent été assez fortes pour faire en un siècle l'éducation des Francs, l'humanité eût fait une épargne de dix siècles.
RENAN, Avenir sc., 1890, p.391.
2. Sans présenter, sans rencontrer de difficulté; à l'aise, en contact avec; sur un pied d'égalité. M. Churchill me parut être de plain-pied avec la tâche la plus rude, pourvu qu'elle fût aussi grandiose. L'assurance de son jugement, sa grande culture, la connaissance qu'il avait de la plupart des sujets, des pays, des hommes qui se trouvaient en cause, enfin sa passion pour les problèmes propres à la guerre, s'y déployaient à leur aise (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.46). V. introduire ex. 9:
2. En lisant Hugo, j'aperçois une séparation, un abîme de distance entre l'artiste et le public de nos jours. Dans les autres siècles, un homme comme Molière n'était que la pensée de son public. Il était, pour ainsi dire, de plain-pied avec lui. Aujourd'hui, les grands hommes sont plus haut et le public est plus bas.
GONCOURT, Journal, 1865, p.217.
II.Subst. masc.
A. —Sol plat, sans gradin ni escalier; (même) niveau. À droite, le terrain sur lequel la maisonnette était inégalement assise s'élevait jusqu'à la hauteur du plain-pied de la galerie (LAMART., Confid., Graziella, 1849, p.165):
3. Avant de conclure (...), sachons si vos planchers sont de niveau. Puis il faut que Monsieur Molineux consente à laisser percer le mur, et le mur est-il mitoyen? Enfin j'ai à faire retourner chez moi l'escalier, pour changer le palier afin d'établir le plain-pied.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.95.
B. —Appartement, suite de pièces, d'appartements situés au même étage, dont le sol est au même niveau. Je gagne assez pour deux, et nous ferions une belle vie: des toilettes propres, un joli plain-pied dans une maison en briques, avec le gaz, l'eau chaude (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.181).
C.Vieilli, région. (Belgique, Suisse). Synon. de rez-de-chaussée. L'étude de Maurice est au plain-pied, au lieu d'être à l'entresol (GOZLAN, Notaire, 1836, p.11).
D.Au fig. Le plain-pied est la loi générale des différentes sphères sociales. Il n'y a que les natures d'élite qui aiment à gravir les hauteurs, qui ne souffrent pas en se voyant en présence de leurs supérieurs (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.173). Je reconnaissais au premier instant ce plain-pied inimitable dans l'entrée en matière, cette façon aisée qu'elle avait de planter tout à coup ses tentes en plein vent (GRACQ, Syrtes, 1951, p.84).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1762; plain pied; dep.1798: plain-pied. Plur. des plains-pieds. Étymol. et Hist.1. 1611 a plain pied «au niveau du sol» (COTGR.); 1718 subst. «logement composé de pièces qui sont de niveau» (Ac., s.v. pied); 2. 1659 «sans obstacle, sans difficulté» (MOLIÈRE, Precieuses ridicules, 4); 3. 1837 «sur le même plan, dans un état comparable» (BALZAC, Illus. perdues, p.25); 1862 être de plain-pied avec qqn (HUGO, Misér., t.2, p.578). Comp. de plain et de pied. Fréq. abs. littér.:225. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 214, b) 285; XXes.: a) 325, b) 425. Bbg. Archit. 1972, p.24.

Encyclopédie Universelle. 2012.