pisser [ pise ] v. <conjug. : 1>
• fin XIIe; v. de formation expressive, lat. pop. °pissiare
♦ Fam.
1 ♦ V. intr. Uriner (cf. Faire pipi). Avoir envie de pisser. Gosse qui pisse au lit (⇒ énurésie) . Pisser contre un mur. Chien qui pisse contre un réverbère (cf. Lever la patte).
♢ Loc. Il pleut comme vache qui pisse, à verse. C'est comme si on pissait dans un violon : c'est complètement inutile (d'une action, d'une démarche). Loc. fam. (1867) Laisser pisser (le mérinos) : attendre, laisser aller les choses. C'est à pisser de rire, à pisser dans sa culotte, très drôle. Ne plus se sentir pisser : être trop fier de soi. Ça ne pisse pas loin : ça ne vaut pas grand-chose.
♢ Pisser sur qqn, sur qqch., lui témoigner du mépris. ⇒ compisser. Vulg. Je te pisse à la raie (injure).
2 ♦ V. tr. (XIIIe) Évacuer avec l'urine. Pisser du sang.
♢ Laisser s'écouler (un liquide). Son nez pisse le sang. Absolt Ce réservoir pisse l'eau de tous les côtés, fuit. — Fig. Pisser de la copie : rédiger abondamment et médiocrement (cf. Pisseur de copie). « des cuistres, ivres de l'antique, [...] qui pissent du Plutarque jour et nuit » (Bernanos).
● pisser verbe intransitif (latin populaire pissiare) Populaire Uriner. Avoir une fuite, laisser échapper un liquide : Le tonneau pisse. Jaillir accidentellement, en parlant d'un liquide : Tout ce sang qui pissait de son nez. À la belote, jouer un petit atout lorsqu'on ne peut ni fournir la couleur demandée ni surcouper. ● pisser (expressions) verbe intransitif (latin populaire pissiare) Populaire C'est comme si on pissait dans un violon, ce que l'on fait est parfaitement inutile, personne n'en tient compte. Laisser pisser (le mérinos), laisser aller quelque chose en attendant patiemment que les choses se passent. ● pisser verbe transitif Populaire Uriner, évacuer de l'urine, évacuer du sang avec l'urine : Pisser une urine trouble. Laisser échapper un flot de sang d'un organe, d'une plaie : Le blessé pissait le sang. En parlant d'un appareil, d'un contenant, laisser couler, échapper un liquide : Le moteur pisse de l'huile. ● pisser (expressions) verbe transitif Populaire Pisser de la copie, écrire beaucoup de textes de qualité médiocre.
pisser
v. intr. Fam. ou vulg. Uriner.
⇒PISSER, verbe
A. —Empl. intrans.
1. Vulg. Évacuer l'urine. Synon. uriner, faire pipi (fam.). Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes, Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin: Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes, Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, Avec l'assentiment des grands héliotropes (RIMBAUD, Poés., 1871, p.87). On se demande comment un taureau noble peut sortir de ces ventres-là, dit l'autre. Regardez cela, quand ça pisse! Une vache pissait en voussant le dos, en raidissant la queue, dans une posture qui déclenchait le rire (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.488):
• 1. «J'ai le temps de pisser un coup», pense-t-il. Quand on vient de faire neuf kilomètres à pied, ce n'est pas de l'imprévu, c'est pourquoi il prend son temps. Il y a des gens qui pissent à l'aveuglette, sans bien regarder ce qu'ils font. Un vrai facteur ne peut pas (...). Quand il a fini, Déodat fléchit légèrement les genoux pour se donner du jeu dans le dedans de son pantalon...
AYMÉ, Jument, 1933, p.100.
SYNT. Pisser copieusement, à petits coups, dru, quelques gouttes; pisser droit, de travers; pisser au lit; pisser accroupi, debout; pisser avec difficulté, avec peine; pisser contre, dans, sur qqc., dessus; pisser dans sa culotte; pisser d'angoisse, de fureur, de peur, de rire; aller pisser; avoir besoin, envie de pisser; être en train de pisser; emmener, faire pisser un chien.
— Loc. pop., vulg.
Laisser pisser (la bête, le mérinos). Ne rien faire, ne rien dire, laisser aller les choses. Synon. laisser courir. N'était-il pas, lui aussi, candidat au tourniquet? S'en faisait-il une miette? Ils n'avaient qu'à l'imiter et à laisser pisser le mérinos! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.228). —On lui dit? —Oh! ça va, dit Mathieu, laisse pisser (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.73).
Prendre comme une envie de pisser. [En parlant d'une idée, d'une décision, d'une impulsion, etc.] Prendre subitement. Je voudrais m'engager... —Une idée qui te traverse toute cuite?... Ah! ben alors! T'y vas rondement!... T'engager?... Où?... Mais pourquoi faire?... T'as tout ton temps mon poulot!... Tu t'en iras avec ta classe! (...) —Ça c'est une lubie, mon lapin... ça te prend comme une envie de pisser!... Mais ça te passera aussi de même!... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.691).
Ne plus se sentir pisser. Tirer une vanité excessive d'un succès; être excessivement content de soi. [Mon acolyte] se sentait pus pisser, d'orgueil d'avoir indiqué un si fameux chopin, et (...) aurait ben pris le commandement (M. STÉPHANE, Ceux du Trimard, 1928, p.101).
♦[Pour marquer son mépris, son dédain]
Pisser sur qqn, qqc. Quand on voit ces beaux cieux, par une belle nuit, on est prêt à se déboutonner pour pisser sur la tête de toutes les royautés (BALZAC, Corresp., 1830, p.463). Si je suis un chien, ton Dieu n'est qu'une borne; Je lèverai la patte et pisserai dessus (RICHEPIN, Blasphèmes, 1884, p.219).
Pisser dans le dos, au cul, à la raie de qqn. Et moi je vous pisserai dans le dos en buvant le coup de blanc avec le Maréchal! et avec Laval! et avec Andromaque (AYMÉ, Uranus, 1948, p.225). Il nous méprise, répéta Longin avec une colère lymphatique. Il est là comme au cinéma, ça le fait marrer de voir des types saouls qui débloquent (...). —S'il nous méprise je lui pisse à la raie. Guiccioli se mit à rire: —On te pisse à la raie, répéta-t-il. On te pisse à la raie (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.112).
♦[Pour marquer l'inefficacité, l'inutilité d'une action, d'une entreprise] Pisser dans un violon, une clarinette, sur un bec de gaz (pour le faire fleurir) (vieilli). Tu as beau faire l'oeil en coulisse, roucouler et manger tous les soirs la botte, elle se fiche de ta fiole... C'est comme si tu pissais dans un violon (Les Joyeusetés du régiment ds FRANCE 1907).
Pisser contre le vent, contre la bise (vieilli). Agir en s'exposant délibérément aux conséquences fâcheuses qui peuvent survenir. [Le pauvre diable] avait attrapé une petite maladie de jeune homme. —«Ah! dit Chabassu [le major], en voilà encore un qui a pissé contre le vent!» (FOMBEURE, Soldat, 1935, p.184).
Proverbe. À pisser contre le vent, on mouille sa chemise. Synon. de quand on crache en l'air, ça vous retombe sur le nez (v. air1 II B 4 d). Ce n'est pas la peine de venir m'aboyer que tu décides ci ou bien ça. À pisser contre la bise, tu en seras toujours de mouiller tes sabots (AYMÉ, Vouivre, 1943, p.132).
♦Pisser contre le soleil (vieilli). ,,Faire des efforts inutiles, se tourmenter vainement`` (DELVAU 1883).
♦Pisser au, dans le bénitier (vieilli). Avoir un comportement scandaleux pour attirer l'attention sur soi. (Dict. XIXes.).
♦Pisser à l'anglaise (vieilli). Disparaître, s'en aller sans prévenir (généralement pour éviter des désagréments). Synon. filer à l'anglaise. Une après-midi, sur la place de la Bastille, elle avait demandé à son vieux trois sous pour un petit besoin, et (...) le vieux l'attendait encore. Dans les meilleures compagnies, on appelle ça pisser à l'anglaise (ZOLA, Assommoir, 1877, p.738).
♦C'est Jocrisse qui mène les poules pisser (vieilli). [En parlant d'un homme] S'occuper des moindres détails du ménage. (Dict.XIXe et XXes.).
Mener les poules pisser. Quitter une occupation, un travail en invoquant un prétexte fallacieux, des raisons peu crédibles. [Gervaise] demandait aux ouvriers si Coupeau n'allait pas sortir, eux qui étaient à la couleur, lui répondirent en blaguant que le camarade venait tout juste de filer (...) pour mener les poules pisser (ZOLA, Assommoir, 1877, p.762).
2. Fam. [Le subst. désigne un liquide] Couler abondamment. Tout à coup j'ai vu mon sang pisser qui me coulait de la tête et me tombait sur les mains (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.392).
— Impers. Il y a Gustave qui a trouvé un tonneau de Bordeaux (...). Il y a mis un coup de baïonnette. On est là-bas à tenir le trou avec le doigt. Ça pisse d'un mètre (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.132).
♦Loc. fig. Ça ne pisse pas loin. ,,Ça n'est pas très fort, ça ne va pas loin`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
B. —Empl. trans.
1. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Évacuer avec l'urine, par la voie ordinaire des urines. Pisser un calcul, du pus. Ces malades enflaient tout à coup et pissaient le sang (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p.175). Cette garce d'anémone (...) affecte un air si tendre et qui vous fait pisser le sang (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p.224).
— Vulg. [Le compl. désigne la boisson qui fait uriner] Quand l'accordéon perdait le souffle, les danseurs s'en allaient au zinc avaler la bière qu'ils pissaient toutes les demi-heures (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p.193).
— Locutions
♦Pisser des lames de rasoir (en travers) (pop., vx). Subir, endurer des désagréments. (Dict.XIXes.).
♦Pisser sa côtelette, des os, des enfants (pop., vx). Accoucher. Elle se marie! (...) en v'là des affaires pour rien! La maison ne nous donnerait seulement pas un radis à nous, si comme Désirée, nous voulions nous offrir le luxe de ne pisser plus tard que des enfants qui seront légitimes! (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.327).
— PÊCHE. [Empl. à valeur factitive] Pisser des harengs. ,,Laisser les harengs égoutter leur eau et leur huile`` (BAUDR. Pêches 1827). Synon. tenir les harengs à la pisse.
2. Fam. [Le suj. désigne une pers., une partie du corps] Laisser s'écouler (généralement abondamment, un liquide). Bouche qui pisse le sang; seins qui pissent le lait. Jamais je n'oublierai cette équipée avec ce Boche qui me pissait dans le cou un sang chaud, douçâtre, gluant et écoeurant (CENDRARS, Main coupée, 1946, p.39):
• 2. Quand le Corse retira son poing, le nez de l'autodidacte commençait à pisser le sang. (...) le Corse le frappa encore au coin des lèvres. L'autodidacte s'affaissa sur sa chaise et regarda devant lui avec des yeux timides et doux. Le sang coulait de son nez sur ses vêtements.
SARTRE, Nausée, 1938, p.210.
♦Pisser de la copie (fam.). Rédiger abondamment (généralement au détriment du style). Pisser de la copie, écrire pour un journal, une revue (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p.193).
3. P. anal., pop. et fam. [Le suj. désigne un inanimé] Récipient, tonneau qui pisse l'eau. Sa femme de chambre Antonia (...) la déshabilla en riant très-fort de l'égouttement de ses jupes qui pissaient l'eau sur le parquet (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.301). Il brillait un triste soleil d'hiver. Le pavé était gluant (...). Des pannes de brouillard pendaient dans les branches effeuillées des acacias dont chaque épine pissait une lourde goutte d'eau (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p.220).
— Absol. André glissa un coup d'oeil entre deux rideaux mal joints; mais les vitres embuées pissaient, il ne vit rien (HUYSMANS, En mén., 1881, p.212). Il n'y a qu'à desserrer les dents de ce monsieur (...), et à lui faire avaler une gorgée en pressant le cuir de l'outre. Elle pisse très bien (JAMMES, Robinsons, 1925, p.164).
REM. Pissard, subst. masc. et adj., pop. (Saint) qui fait pleuvoir. C'est (...) saint Gervais qui a remplacé son confrère Médard comme saint pissard (LARCH. 1880). Ils sont trente-sept, là-haut, qui font de l'eau. Marche en tête, lance en main, saint Médard, grand pissard (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p.64).
Prononc. et Orth.:[pise], (il) pisse [pis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1180 [var. ms. XIIIe-déb. XIVes.] intrans. «évacuer l'urine» (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, XIV, 16: sor lui pissa li goupiz); b) ca 1200 pisser sur qqn (pour marquer son mépris) (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 2666: ras pisoit sor vous por vous honir); 1881 pisser au cul (RIGAUD, Dict. arg. mod., p.296); c) 1508 (ELOY D'AMERVAL, Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, p.119b: j'en pisse dedens mes brayes [...] tant me font rire); 1906 (MUSETTE, Cagayous phil., p.148: y se pissent de rire); d) av. 1564 pisser au bénitier (CALVIN, Sermon sur l'ép. aux Corinthiens, 8 [XLIX, 677] ds HUG., s.v. benoistier: pisser au benoistier); e) 1587 mener les poules pisser (CHOLIÈRES, Apresdisnées, I ds OEuvres, éd. E. Tricotel, t.2, p.51: c'est dommage que vous n'avez nom Jocrisse; je croy qu'il vous feroit fort bon veoir mener les poules pisser); f) 1866 laisser pisser le mérinos (DELVAU); g) 1876 il pleut comme vache qui pisse (Lar. 19e, s.v. vache); h) 1883 pisser dans un violon (FUSTIER, Suppl. dict. Delvau); 2. ca 1225 trans. «évacuer avec l'urine» (PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 6074: pissa sanc); 3. a) 1552 intrans. «laisser s'écouler, faire jaillir un liquide» (E. GAUTIER, Construction de l'hôtel de ville de Loches, p.29: fera pisser chacune fontene); 1556 trans. «laisser s'écouler, faire jaillir» (RONSARD, Second l. des hymnes. Pollux et Castor, 442 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.8, p.313: Luy fist pisser le sang du nez et de la bouche); 1611 intrans. «s'écouler, jaillir» (COTGR.: le laict pisse); 1877 (ZOLA, Assommoir, p.397: l'eau [...] pissa par-dessous sa robe); b) 1967 intrans. «pleuvoir» (ARAGON, Blanche, I, 1, p.13 ds ROB. Suppl.); 4. 1776 pêche pisser les harengs (DUHAMEL DU MONCEAU, Traité gén. des pêches, t.2, p.411 ds FEW t.8, p.593a); 5. 1866 fam. pisser de la copie (DELVAU, p.89). D'un lat. pop. pissiare «uriner», d'orig. onomat. (FEW t.8, pp.594-595). Fréq. abs. littér.:263. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 59, b) 522; XXes.: a) 352, b) 577.
DÉR. 1. Pissement, subst. masc., méd., rare. a) Action d'uriner. (Dict.XIXe et XXes.). b) Pissement de sang. Émission de sang mélangé à l'urine. Synon. hématurie. Si le sang est pur, (...) le pissement de sang est reconnu et signalé par ceux qui entourent le malade (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p.169). — []. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1565 «action de pisser» (S. DE VALLAMBERT, Cinq livres de la manière de nourrir et gouverner les enfans, 353 ds FEW t.8, p.590), b) 1588 pissement du sang (JOUBERT, Pharmacopée, p.238 ds GDF.), 1765 pissement de pus (Encyclop. t.17, p.512a); de pisser, suff. -ment1. 2. Pissette, subst. fém. a) Appareil de laboratoire (de forme sphérique, cylindrique ou conique) contenant de l'eau pouvant être évacuée en jet pour laver les ustensiles, les filtres ou pour rassembler les précipités. Pissette à eau distillée. Pissettes à eau froide toutes montées en verre ordinaire (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p.249). b) Arg. ) ,,Lance à incendie`` (CAR. Argot 1977). ) ,,Lave-glace (dans les automobiles)`` (CAR. Argot 1977). c) ,,Pénis, organe sexuel mâle`` (Richesses Québec 1982, p.1801). — []. — 1re attest. 1838 (Ann. de chim. et de phys., t.LXVIII, p.222 ds Fonds BARBIER: Nouvelle pissette, par A. Levol); de pisser, suff. -ette (-et). 3. Pissoir, subst. masc., fam. ou région. (Nord et Nord-Est). Urinoir. Synon. pissotière (fam.). Au fond de l'allée principale, une baraque en planches, que des voyageurs, plusieurs fois, ont dû prendre pour un pissoir, si j'en crois l'odeur, et où se lisent de salopes exclamations germaniques (BLOY, Journal, 1899, p.343). D'où sors-tu? — De prison. Oui, pour avoir posé une enseigne où on lisait: pissoir, sur une statue immonde de Bismarck. Mon cher, c'était à s'y tromper (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.342). — []. Att. ds Ac. 1694-1878. — 1res attest. a) ) 1489 adj. pot pissoir «pot de chambre» (Compte de l'exéc. test. de Jehenne Boulette, Arch. Tournai ds GDF.), 1555 subst. pissoir (B. ANEAU, Trésor de Evonime Philiatre, p.15, ibid.), ) 1803 «baquet pour pisser» (BOISTE), b) 1546 pissouoir «endroit où l'on pisse» (RABELAIS, Tiers livre, chap. XV, éd. M. A. Screech, p.119), 1588 pissoir (MONTAIGNE, Essais, III, 10, éd. Villey-Saulnier, p.1022); de pisser, suff. -oir.
BBG. —NIGRA (C.). Note etimologiche e lexicali. Z. rom. Philol. 1904, t.28, p.646-647. — QUEM. DDL t.7, 19, 20, 23.
pisser [pise] v.
ÉTYM. 1180; v. de formation expressive, devenu vulgaire seulement au XIXe (il n'est considéré que comme « très familier » par Bescherelle en 1846), uriner ne se disant « guère que des malades », au XVIIe (cf. Académie, 1694); du lat. pop. pissiare.
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♦ Familier.
1 V. intr. Évacuer l'urine. ⇒ Uriner; pipi (faire pipi, cit. 2). → Méfait, cit. || Avoir envie de pisser. ☑ Loc. Cela lui a pris comme une envie de pisser, subitement. || Enfant qui pisse au lit. || Chiens qui lèvent la jambe (cit. 28) et pissent.
1 Ils (les petits chiens) ont pissé partout.
Racine, les Plaideurs, III, 3.
2 Bientôt après qu'on eut commencé, voilà Monsieur de Metz à s'impatienter (…) à frétiller, et finalement à dire qu'il crevait d'envie de pisser (…) Je lui proposai de pisser devant lui sur les oreilles des conseillers qui se trouvaient au-dessous de lui (…).
Saint-Simon, Mémoires, IV, VIII.
2.1 Et il m'a fallu deux ou trois fois aller pisser séance tenante, effet nerveux que j'attribue plus particulièrement à la musique.
Flaubert, Correspondance, 1850, in Pl., t. I, p. 572.
2.2 L'amour est comme un besoin de pisser. Qu'on l'épanche dans un vase d'or ou dans un pot d'argile, il faut que ça sorte. Le hasard seul nous procure les récipients.
Flaubert, Correspondance, 4 sept. 1850, in Pl., t. I, p. 680.
3 Le premier jour qu'il entra chez Vedel, dans le petit jardin derrière la maison, où nous prenions notre récréation après les repas, il se campa tout au milieu, le torse glorieusement rejeté en arrière, et sous nos yeux à tous, en hauteur, il pissa. Nous étions consternés par son cynisme.
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 91.
♦ Par ext. ☑ C'est à pisser de rire. ☑ Rire à en pisser dans sa culotte. ⇒ Pissant. ☑ Pisser de peur : avoir très peur.
♦ ☑ Loc. Pisser sur…, (pour témoigner son mépris). ⇒ Compisser.
3.1 Des vagues café au lait battaient le Grand Bé, c'était beau; mais le tombeau de Chateaubriand nous sembla si ridiculement pompeux dans sa fausse simplicité que pour marquer son mépris, Sartre pissa dessus.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 114.
♦ ☑ Loc. fig. Vulg. (même sens). Pisser au cul de qqn. ☑ Je lui pisse à la raie.
3.2 Je ne veux plus que ma maison sente mauvais. On verra si je suis le maître chez moi. Je pisse au cul à monsieur Johnny et à tous vos oiseaux rares.
M. Aymé, Travelingue, p. 127.
♦ ☑ Loc. (Vx). Pisser au bénitier : braver le qu'en dira-t-on par une action publique et scandaleuse. ☑ Pisser contre le vent : agir en s'exposant délibérément à des inconvénients qui ne peuvent manquer de survenir par contrecoup (cf. « Quand on crache en l'air, ça finit par vous retomber sur le nez ».). — ☑ Proverbe :
4 À la fin, l'inconduite de Louis Gian fut en horreur au Ciel, comme elle l'était à ses anciens camarades. Celui qui pisse contre le vent se mouille la chemise (…).
Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 83.
♦ ☑ Loc. S'écouter pisser : être ridiculement imbu de soi, infatué. ☑ Mener les poules pisser : faire sottement un travail inutile, ridicule. — ☑ Il pleut comme vache qui pisse, à verse. — ☑ C'est comme si on pissait dans un violon, se dit d'une action, d'une démarche, d'un ordre… absolument inutile, inefficace. — ☑ Laisser pisser le mérinos (⇒ Mérinos, cit. 2), ou, plus cour., laisser pisser.
2 V. tr. (XIIIe). Évacuer avec l'urine. || Pisser du sang. || « Un calcul pissé avec grande douleur » (Littré). — Fig. (Sujet n. de chose). Laisser s'écouler (un liquide). || Son nez pisse le sang. — (XVIIe). Par ext. || Tonneau, récipient qui pisse l'eau. Absolt. || Ce réservoir pisse de tous les côtés.
5 Et, lui cassant le nez d'une vilaine touche,
Lui fit pisser le sang du nez et de la bouche (…)
Ronsard, Second livre des hymnes, « Pollux et Castor ».
6 Armand se croyait en général plutôt faible. Mais il flanqua une si belle raclée à Cotin, que malgré son propre nez en sang qui lui pissait sur la chemise, il se releva dans un état d'exaltation.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXI.
♦ ☑ Fig. Pisser de la copie : rédiger abondamment et médiocrement.
7 (…) l'insurrection des cuistres, ivres de l'antique, comme les bonshommes de 1793, et qui graissés d'onguent contre les rhumatismes, les pieds au chaud, pissent du Plutarque jour et nuit.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 352.
♦ ☑ Loc. pop. (1867). Pisser des lames de rasoir : endurer (des choses pénibles). — ☑ Pisser sa côtelette (vx, 1631, in D. D. L., pisser des os) : accoucher.
3 Couler abondamment, en parlant d'un liquide. ⇒ Couler.
8 (…) elle (Gervaise) suait tellement, que, de son visage inondé, pissaient de grosses gouttes.
Zola, L'Assommoir, XI, t. II, p. 186.
♦ Impers. Pleuvoir fort. || Ça pisse dur.
9 Cette année-là, il avait fait mauvais. Surtout sur la Côte d'Azur (…) la Côte d'Azur, je m'en tamponnerais s'il y faisait chaud ou s'il y faisait froid. D'ailleurs il ne s'agit pas de température. Seulement, ça pissait comme on saigne du nez.
Aragon, Blanche…, I, I, p. 13.
♦ ☑ Loc. fig. Ça pisse pas loin : ce n'est pas très fort, de grande qualité, etc.
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DÉR. Pissant, pissat, pisse, pissée, pissement, pissette, pisseur, pisseux, pissoir, pissoter, pissotière, pissouiller.
COMP. Chaude-pisse, pisse-copie, pisse-froid, pissenlit, pisse-vinaigre.
Encyclopédie Universelle. 2012.