oindre [ wɛ̃dr ] v. tr. <conjug. : 49>
• 1120; lat. ungere
1 ♦ Vx ou littér. Frotter d'huile ou d'une matière grasse. ⇒ enduire . Pronom. Les athlètes s'oignaient autrefois d'huiles parfumées. — Loc. prov. Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra : il faut traiter rudement les gens grossiers, si on veut en être respecté.
♢ Fig. Imprégner. « La musique m'occupait à l'excès; j'en oignais mon style » (A. Gide).
2 ♦ Relig. Faire une onction sur (une partie du corps : le front, les mains) avec les saintes huiles pour bénir ou sacrer (⇒ chrême, extrême-onction).
● oindre verbe transitif (latin ungere) Littéraire. Frotter, enduire d'huile ou d'une autre matière grasse : On oignait les athlètes pour la lutte. Faire une onction sacramentale. ● oindre (difficultés) verbe transitif (latin ungere) Conjugaison Comme joindre.
oindre
v. tr. Vx ou litt. Enduire d'une substance grasse.
⇒OINDRE, verbe trans.
A. —Enduire (une personne, une partie du corps) d'une substance grasse, notamment d'huile. À l'aide d'un pinceau trempé dans l'huile d'olive, l'artiste oignit les sourcils, les cils et les cheveux (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.215). La troisième [suivante de la reine] (...) porte une fiole d'huile de cocotier (...) dont elle est chargée d'oindre les parties que le frottement des feuilles (...) aurait pu momentanément irriter ou endolorir (LOTI, Mariage, 1882, p.84).
♦P. métaph. La lumière oint chaque objet comme de miel (GIDE, Journal, 1906, p.216). Au lieu d'oindre successivement ses deux voisines du contact gras de sa voix, il la concentrait sur M. le président (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.79).
— Emploi pronom. réfl. Un des moyens les plus propres de se préserver des insectes de toute espèce est de s'oindre soi-même de quelques corps gras (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1914, p.149). Elle peint la mer et s'oint d'huile de coco (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.25):
• ♦ ... il devint extraordinaire le jour où, marchant sur les traces des athlètes lacédémoniens, qui s'oignaient d'huiles parfumées, il inventa de se badigeonner, depuis les pieds jusqu'à la tête, avec de l'huile de foie de morue.
COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., 1, p.166.
— P. anal. Couvrir d'une substance quelconque. On y va, riposta-t-il d'une voix grasse, en s'oignant de sable; attends un peu (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.267).
— Proverbe. [P. réf. à RABELAIS, Gargantua, I, 32: Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra. «Si vous traitez bien un rustre, il se comportera mal envers vous; si vous le traitez durement, il vous respectera»] Comme Leconte a eu raison de montrer les dents à Planche! Ces canailles-là c'est toujours la même chose, Oignez vilain, il vous poindra: Poignez vilain, il vous oindra (FLAUB., Corresp., 1853, p.363).
B. —RELIG. Appliquer les saintes huiles sur une personne pour la sacrer ou lui administrer un sacrement. Oindre un malade. Le pape Pie VII, chef de la religion catholique, apostolique et romaine (...), passa les Alpes pour oindre l'Empereur de ses propres mains (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.64). Ignace (...) n'osa point baptiser la tsarine, ce que le peuple et peut-être le tsar attendaient, mais il imagina de l'oindre des saintes huiles (MÉRIMÉE, Faux Démétrius, 1853, p.251).
Prononc. et Orth.:[], (il) oint []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. fig. (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XLIV, 9: pur ice oinst tei Deus li tuens Deus de olie de ledece devant tes cumpainuns); fin XIIe s. «conférer un caractère sacré» (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, p.8); XVe s. subst. masc. oingt «celui qui a été consacré par une onction» (RÉLY, I, f° 115 ds J. TRÉNEL, L'Ancien Testament et la langue française du moyen âge, p.282); 2. ca 1120 uindre «enduire d'une matière grasse» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 177). Du lat. , «enduire, frotter (notamment avec de la graisse)», également att. en lat. chrét. au sens de «oindre d'huile sainte» (déb. IIIe s. ds BLAISE Lat. chrét.), «consacrer (un roi, un prêtre)» (déb. Ve s., ibid.) et comme subst. unctus «l'Oint (en parlant du Christ)» (mil. IVe s., ibid.). Fréq. abs. littér.:52. Bbg. BAMBECK (M.). Lexicalisches und Etymologisches. Z. rom. Philol. 1961, t.77, p.321. —LECOY (M.). Notes de lexicogr. fr. Romania 1948-49, t.70, p.332. —WARTBURG (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t.24, p.284.
oindre [wɛ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. joindre.]
ÉTYM. 1120; du lat. ungere.
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1 Vx ou littér. Enduire, frotter d'huile ou d'une matière grasse (la peau, le corps, une partie du corps). || On oignait les athlètes grecs avant les jeux de la palestre (→ Anciennement, cit. 1). || Oindre la peau, qqn… de cérat (→ Fard, cit. 2), avec une embrocation, un liniment. ⇒ Frictionner. || S'oindre le corps.
1 Elle (Judith) se lava le corps, se l'oignit d'un parfum précieux (…)
Bible (Sacy), Judith, X, 3.
♦ Fig. Imprégner, mêler de… (→ Miel, cit. 9).
2 Mais déjà la musique m'occupait à l'excès; j'en oignais mon style (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 259.
♦ ☑ Loc. fig. et prov. || « Oignez vilain, il vous poindra; poignez vilain, il vous oindra » (Rabelais, Gargantua, I, XXXII) : il faut traiter rudement les gens grossiers si on veut en être respecté.
3 (…) la maladie se sent, la santé peu ou point; ni les choses qui nous oignent, au prix de celles qui nous poignent.
Montaigne, Essais, III, X.
4 Comme Leconte a eu raison de montrer les dents à Planche ! Ces canailles-là c'est toujours la même chose,
Oignez vilain, il vous poindra :
Poignez vilain, il vous oindra.
Flaubert, Correspondance, 431, 7 oct. 1853.
2 Relig. Attoucher (une partie du corps : front, mains…) avec les saintes huiles pour bénir ou sacrer. || On oignait les rois de France à leur sacre de l'huile (cit. 21) de la sainte ampoule. || Oindre un fidèle pour lui conférer le sacrement du baptême, de la confirmation, de l'extrême-onction (cit. 2; ⇒ Chrême, extrême-onction).
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oint, ointe p. p. adj. et n. m.
1 Adj. Frotté d'huile ou d'une substance grasse.
2 N. m. (Relig.). Consacré par une huile sainte. || Les oints du Seigneur : les rois, les prêtres (dans le judaïsme, le christianisme). → Christ, cit. 1.
5 (…) le 2 décembre, à Notre-Dame, on eut le spectacle extraordinaire du sacre, le soldat de la Révolution devenu l'oint du Seigneur.
J. Bainville, Hist. de France, XVII, p. 407.
♦ L'oint du Seigneur : Jésus-Christ.
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DÉR. (Du même rad.) Oing.
HOM. (Du p. p.) Oing.
Encyclopédie Universelle. 2012.