occulte [ ɔkylt ] adj.
• 1120; lat. occultus « caché »
1 ♦ Qui est caché et inconnu par nature. ⇒ inconnu, mystérieux, 1. secret. « Je ne parlerai pas des puissances occultes, [...] du magnétisme, de la télépathie » (Maeterlinck).
2 ♦ Qui se cache, garde le secret ou l'incognito. ⇒ clandestin. « que certaines puissances d'argent aient un rôle occulte et parfois décisif » (Romains). Comptabilité occulte.
3 ♦ (1690) Sciences occultes : doctrines et pratiques secrètes faisant intervenir des forces qui ne sont reconnues ni par la science ni par la religion, et requérant une initiation (alchimie, astrologie, cartomancie, chiromancie, divination, magie, nécromancie, radiesthésie, sorcellerie, télépathie). ⇒ occultisme.
● occulte adjectif (latin occultus) Qui agit ou qui est fait de façon secrète, dont les buts restent inconnus, cachés : Une influence occulte. Comptabilité occulte. ● occulte (expressions) adjectif (latin occultus) Science occulte, l'occultisme, tant théorique que pratique. Sciences occultes, l'occultisme, le plus souvent pratique (divination, magie, alchimie). ● occulte (synonymes) adjectif (latin occultus) Qui agit ou qui est fait de façon secrète, dont...
Synonymes :
- caché
- furtif
- latent
- sourd
Contraires :
- notoire
- patent
- public
- reconnu
- visible
● occulte
nom masculin
Objet de l'occultisme ; le sacré, l'invisible.
occulte
adj.
d1./d Caché. Cause occulte.
d2./d Qui s'exerce en secret; clandestin. Pressions occultes faites sur un juré.
d3./d Sciences occultes: doctrines et pratiques reposant sur la croyance en des influences, des forces que la connaissance rationnelle serait impuissante à expliquer (astrologie, alchimie, divination, etc.).
⇒OCCULTE, adj.
A. —1. Littér. Qui est caché et mystérieux, en raison de sa nature inconnue ou non dévoilée. Synon. secret; anton. connu, évident, manifeste, patent, visible. Cause, faculté, propriété occulte. Hildegarde, la femme de Charlemagne, cette douce impératrice qui connaissait les vertus occultes des simples et des minéraux et qui allait herborisant dans les montagnes (HUGO, Rhin, 1842, p.127):
• 1. En sa qualité d'élève de William James, il avait, malgré ses théories d'agnosticisme, ce sentiment des forces occultes en train d'agir sur nous et autour de nous, qui voisine avec la superstition.
BOURGET, Actes suivent, 1926, p.49.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Synon. rare de occultisme ou sciences occultes (v. infra C). Un besoin de surnaturel qui, à défaut d'idées plus élevées, trébuchait de toutes parts, comme il pouvait, dans le spiritisme et dans l'occulte (HUYSMANS, Là-bas, 1891, t.1, p.13).
2. PHILOS. SCOLASTIQUE. Qualités occultes. Propriétés considérées comme la cause cachée d'effets apparents et qui en constituent l'explication suffisante. Cette conscience qui se cacherait dans un morceau de chair saignante est la plus absurde des qualités occultes (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.401).
3. MÉD. Dont les symptômes restent cachés et non localisables. Affection, maladie occulte; cancer occulte. Il semble que le lupus ne puisse apparaître et se développer que chez des sujets déjà tuberculeux, mais porteurs de lésions latentes ou occultes (CALMETTE, Infection bacill. et tubercul., 1920, p.210).
B. —Qui agit en secret; qui reste dissimulé et secret. Synon. clandestin; anton. notoire, patent, public, visible.
1. [En parlant d'un inanimé] Influence, puissance occulte; pouvoir, rôle occulte. Il fallait user de ruse, de patience, et lui faire cette guerre occulte et sourde que la police fait aux voleurs (PONSON DU TERR., Rocambole, t.1, 1859, p.523):
• 2. Elle remarqua qu'on l'écoutait peu, qu'il régnait entre les neveux et l'oncle une complicité, des plaisanteries occultes, des mots à double entente, tout un mystère où elle n'entrait pas.
MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p.111.
♦Comptabilité occulte. ,,Comptabilité secrète qui échappe à tout contrôle`` (Ac. 1935).
2. [En parlant d'une pers.] Ce conseiller occulte [le baron de Reinach] des finances françaises entrait dans toutes sortes d'affaires où il apportait comme contribution son influence parlementaire (BARRÈS, Leurs fig., 1909, p.42). Augustin fait partie du même groupe virtuel que le sénateur, président du Conseil général, ancien ministre de la Justice, chef réel et occulte du département (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.101).
♦Gouvernement occulte. Groupe clandestin anonyme dont l'action se substitue à celle du gouvernement officiel. Une intrigue parmi les membres du gouvernement occulte allait disposer de quelques cordons bleus; Mme la Maréchale de Fervaques exigeait que son grand-oncle fût chevalier de l'ordre (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.401).
C. —Sciences occultes. Ensemble des connaissances ésotériques qui ne sont reconnues ni par la science ni par la religion et qui requièrent une initiation; pratiques secrètes touchant à la magie et aux arts divinatoires. MmedeMont dit: je sais ce que ces études, ces sciences occultes ont été pour l'ennoblissement moral de mon frère (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.76):
• 3. ... l'époque à laquelle Zosime écrivait: c'est l'époque à laquelle les imaginations relatives aux anges pécheurs et à la révélation des sciences occultes, astrologie, magie et alchimie, avaient cours dans le monde. On voit qu'il s'agit du
IIIe siècle de notre ère.
BERTHELOT, Orig. alchim., 1885, p.13.
REM. Occultement, adv., littér. De façon occulte. Synon. secrètement. Pour ne pas se compromettre auprès de ses coreligionnaires en irréligion, il demandait que cette première communion se fît occultement, à quoi le curé d'Auteuil se refusa absolument et exigea que la fillette fît sa communion avec les autres (GONCOURT, Journal, 1896, p.25).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1re moitié XIIe s. en occulz «en secret» (Psautier Oxford, 63, 3 ds T.-L.); 1re moitié XIIe s. oculte adj. «secret, mystérieux, caché» (Psautier Cambrai, 18, 12, ibid.); 1677 qualités occultes (MIEGE); 1821 occulte subst. masc. «ce qui est caché» (PICARD, Théâtre, t.8, Charlatans, p.396); b) 1690 sciences occultes (FUR.). Empr. au lat. occultus «caché, secret». Fréq. abs. littér.:339. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a)458, b) 357; XXe s.: a) 629, b) 480.
occulte [ɔkylt] adj.
ÉTYM. 1120; lat. occultus « caché », p. p. de occulere « cacher, masquer ».
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1 Vx. Qui est caché et inconnu par nature. ⇒ Caché, inconnu, mystérieux, secret (→ aussi Divin; surnaturel). || Causes occultes d'un phénomène. || Influences occultes. || Puissances occultes.
1 Toutes ces belles raisons de sympathie, de force magnétique et de vertu occulte, sont si subtiles et délicates qu'elles échappent à mon sens matériel (…)
Molière, les Amants magnifiques, III, 1.
2 Les mauvais philosophes qui ne savent point découvrir la cause d'un effet, d'une maladie, disent que cela vient d'une vertu occulte, d'une propriété occulte, d'une cause occulte.
Furetière, Dict., art. Occulte.
3 Je ne parlerai pas des puissances occultes, qui se réveillent autour de nous : du magnétisme, de la télépathie, de la lévitation, des propriétés insoupçonnées de la matière radiante et de mille autres phénomènes qui ébranlent les sciences officielles.
Maeterlinck, le Trésor des humbles, II.
♦ N. m. Ce qui est occulte.
4 C'est juste au moment où le positivisme bat son plein, que le mysticisme s'éveille et que les folies de l'occulte commencent (…) Alors que le matérialisme sévit, la magie se lève (…) vois le déclin du dernier siècle. À côté des rationalistes (…) tu trouves Saint-Germain, Cagliostro, Saint-Martin, Gabalis, Cazotte, les Sociétés des Rose-Croix, les cercles infernaux (…)
Huysmans, Là-bas, XVIII.
2 (1829). Qui se cache, garde le secret ou l'incognito. ⇒ Clandestin. || Comptabilité occulte.
5 Haugwitz, premier ministre apparent, étant chargé de faire à la France figure d'ami cordial, Hardenberg, premier ministre occulte, entretiendrait les espérances d'Alexandre.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, « Vers Empire d'Occident », IX.
6 — Admettez-vous, Jaurès, que certaines puissances d'argent aient un rôle occulte, et parfois décisif, dans la vie des peuples ? — À coup sûr.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXII, p. 297.
3 (1690). || Sciences occultes : doctrines et pratiques secrètes faisant intervenir des forces qui ne sont reconnues ni par la science ni par la religion, et requérant une initiation (alchimie, astrologie, cartomancie, chiromancie, divination, magie, nécromancie, radiesthésie, télépathie). ⇒ Occultisme. || Connaissances, pratiques occultes. ⇒ Cabalistique, ésotérique, hermétique, magique.
7 Voici les livres des sciences, ou plutôt d'ignorance occulte; tels sont ceux qui contiennent quelque espèce de diablerie : exécrables selon la plupart des gens, pitoyables selon moi.
Montesquieu, Lettres persanes, CXXXV.
8 Aujourd'hui tant de faits avérés, authentiques, sont issus des sciences occultes, qu'un jour ces sciences seront professées comme on professe la chimie et l'astronomie (…) Une des plus grandes sciences de l'antiquité, le magnétisme animal, est sorti des sciences occultes, comme la chimie est sortie des fourneaux des alchimistes.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 625-627.
9 (…) Balzac était très préoccupé de sciences occultes, de chiromancie, de cartomancie (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Balzac, VI.
10 Dans l'expression « science occulte », l'épithète paraît se rapporter à la fois au caractère secret de ces sciences et au caractère mystérieux des faits qu'elles ont pour objet.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, art. Occulte.
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DÉR. Occultement, occultisme, occultiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.