mue [ my ] n. f. I ♦
1 ♦ Changement partiel ou total qui affecte la carapace, les cornes, la peau, le plumage, le poil, etc., de certains animaux, en certaines saisons ou à des époques déterminées de leur existence. Mue des reptiles, des arthropodes, des homards. « Le poil de ces animaux qui se renouvelle tous les ans par une mue complète » (Buffon). — Fig. et littér. Transformation. ⇒ changement, métamorphose. « La mue mystérieuse de la terre donnait aux vacances de Pâques une qualité particulière » (F. Mauriac).
♢ Saison à laquelle ce changement a lieu.
2 ♦ Dépouille d'un animal qui a mué. ⇒ exuvie. Trouver une mue de serpent.
3 ♦ Changement dans le timbre de la voix humaine au moment de la puberté, surtout sensible chez les garçons. ⇒vx muance. « anxieux de virilité et de ce signe avant-coureur, la mue » (Leiris).
II ♦ (v. 1175 « cage à oiseau, pour la mue ») Agric. Cage circulaire, sans fond, pour les poules (⇒ poulailler), les lapins. — Endroit où l'on enferme des volailles destinées à l'engraissement (⇒ 1. épinette).
⊗ HOM. Mu.
● mue nom féminin (de muer) Renouvellement partiel ou total de la peau, des poils ou des plumes d'un animal sous l'influence de la croissance, de l'âge et des conditions du milieu. Époque où se produit ce renouvellement. Dépouille de l'animal qui a mué. Changement, nettement marqué chez les garçons, qui s'opère dans le timbre, la hauteur et la force de la voix au moment de la puberté. Littéraire. Changement, transformation d'un état en un autre : La mue de la société. ● mue (expressions) nom féminin (de muer) Mue imaginale, chez les insectes, mue qui fait apparaître l'insecte parfait (imago). Mue nymphale, avant-dernière mue des insectes, à l'issue de laquelle la larve devient une nymphe. ● mue (homonymes) nom féminin (de muer) mue mu nom masculin mu nom masculin invariable mue nom féminin ● mue nom féminin (de mue) Cage grillagée ou en osier, posée à même le sol pour y tenir enfermés une mère poule et ses poussins. ● mue (homonymes) nom féminin (de mue) mu nom masculin mu nom masculin invariable mû participe passé mue participe passé féminin mue forme conjuguée du verbe muer muent forme conjuguée du verbe muer mues forme conjuguée du verbe muer mues forme conjuguée du verbe mues mus participe passé pluriel
mû, mue
Pp. du v. mouvoir. Plur. mus, mues.
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mue
n. f.
rI./r
d1./d Changement de poils, de plumes, de peau, de cornes, etc., qui s'opère chez certains animaux, à des périodes déterminées.
d2./d Dépouille d'un animal qui a mué.
d3./d Changement dans le timbre de la voix, qui devient plus grave au moment de la puberté.
|| Temps où s'opère ce changement.
rII./r Cage sous laquelle on met la volaille à engraisser.
I.
⇒MUE1, subst. fém.
A.— Chute et renouvellement, partiel ou total, des bois des cervidés, du plumage des oiseaux, du pelage des mammifères et de la peau des serpents, lesquels se produisent annuellement ou à certaines époques; renouvellement en une seule fois du tégument de certains arthropodes afin de permettre leur croissance. À peine était-il entré qu'elle [la petite chèvre] s'était tendrement frottée à ses genoux, couvrant le poète de caresses et de poils blancs, car elle était en mue (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 524). Quand vint le temps de ma première mue, mon père devint tout à fait pensif et me considéra attentivement. Tant que mes plumes tombèrent, il me traita encore avec assez de bonté et me donna même la pâtée, me voyant grelotter presque nu dans un coin (MUSSET, Hist. merle bl., 1842, p. 46) :
• 1. ... à mesure que l'insecte augmente de volume, et à des époques déterminées pour chaque espèce, mais sur lesquelles la chaleur atmosphérique paroît avoir beaucoup d'influence, l'animal quitte son épiderme dont il sort comme d'un fourreau. On nomme mue [it. ds le texte] cette crise, à laquelle l'insecte est souvent plusieurs jours à se préparer, et qui lui est quelquefois mortelle. La plupart des chenilles de papillons et de bombices changent ainsi sept fois de peau avant de passer à l'état de chrysalide.
CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 547.
— P. méton.
♦ Dépouille de l'animal qui a mué. Mue du cerf. ,,Le bois que le cerf a mis bas`` (Ac. 1798-1935). Mue du serpent. ,,La peau que le serpent a laissée`` (Ac. 1835-1935).
♦ Époque à laquelle s'effectue la mue. La mue arrive. Voici la mue. La mue est passée (Ac. 1835-1935).
Autour de trois mues. ,,Autour qui a mué trois fois, qui a trois ans`` (Ac. 1835-1935).
— P. anal. Changement qui s'effectue chez l'adolescent, de manière plus importante chez le garçon que chez la fille, au moment de la puberté, dans le timbre et la hauteur de la voix. Des voix étranges et troublantes, des voix flûtées et mouillées, des voix entre l'enfant et la femme, des voix d'hommes féminisées, des voix d'un enrouement que ferait, dans un gosier, une mue angélique, des voix neutres et sans sexe (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 87). Et ces voix d'enfants proches de la mue reprenaient le deuxième verset du psaume (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 5) :
• 2. Il avait, comme moi, plus de quatorze ans, mais il paraissait beaucoup plus jeune. Il portait encore des culottes courtes (...) la voix était en pleine mue, avec, de temps en temps, des sonorités ronflantes dont Justin profitait pour tirer quelque effet théâtral...
DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 10.
— Au fig. Synon. de changement, transformation, évolution. Gérard avait été pris par la maladie du doute, qui est la mue de l'intelligence (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 293). Il me semble que j'ai accompli une mue intérieure et qu'une vertu s'est retirée de moi ces jours (AMIEL, Journal, 1866, p. 440) :
• 3. Puisse-t-il [saint Thomas] apprendre de nos jours à la philosophie chrétienne, dans l'ordre social et culturel, — pour sauver à travers les mues de l'histoire la substance impérissable du passé, et avant tout du passé de l'Europe chrétienne, en élaborant un idéal historique chrétien capable d'existence et appelant l'existence sous un ciel historique nouveau, — à se délivrer des images et des fantasmes du sacrum impérium...
MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 224.
B.— Grande cage circulaire sans fond, où l'on plaçait les oiseaux, notamment de fauconnerie, durant leur mue et où, de nos jours, on place une volaille, soit avec ses poussins, soit pour la faire engraisser. Quand mes poussins viennent au monde, il faut (...) les transporter au soleil sous la mue, avec leur mère (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 372).
— CHASSE. Piège de forme identique, maintenu au-dessus du sol par un quatre de chiffre. [Charles] avait fabriqué (...) le système de déclenchement : celui que l'on appelle « le quatre de chiffre », constitué par trois baguettes de bois de coudrier supportant en équilibre instable la mue (VIALAR, Fusil, 1960, p. 52).
Prononc. et Orth. :[my]. Homon. mu (lettre), mû (< mouvoir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1170 « changement de plumes qui arrive aux oiseaux » (MARIE DE FRANCE, Lais, Yonec, 111, éd. J. Lods, p. 97); b) 1440 « bois des cerfs abandonné par l'animal » (Arch. Nord B 3539, n° 125695 ds IGLF). c) 1636 « dépouille d'un animal qui a mué » (MONET); d'où d) id. « époque où se produit la mue » (ibid.); 2. ca 1380 « changement, transformation » (JEHAN DES PREIS, Geste de Liege, II, 6263, Scheler, Gloss. philos. ds GDF.); 3. 1690 « changement qui intervient dans le timbre de la voix » (FUR.). II. 1. 1176-81 « grande cage où l'on met un oiseau quand il mue » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 6488); 2. 1465 « cage dans laquelle on tient la volaille pour l'engraisser » (Compt. de l'aumosn. de S. Berthomé, f° 131 r°, Bibl. La Rochelle ds GDF.). Déverbal de muer.
II.
⇒MUE2, adj. fém.
Vx. Synon. de muette (v. muet, -ette, adj. III A). J'ai obtenu l'aveu, il y a quinze jours, que le Beausobre a une colère mue contre toi. Il passe pour n'avoir du cœur que lorsqu'il y a un grand cordon à gagner. Peut-être rougit-il de s'être trouvé faible en ta présence. Le pourquoi de sa haine, je l'ignore, mais il te fait l'honneur de te haïr (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 406).
— PATHOL. ANIM. Rage mue ou rage muette. Forme de la rage évoluant vers la paralysie et dans laquelle l'animal écume mais n'aboie ni ne mord. La rage mue et la rage furieuse, plus généralement toutes les formes de rage, procèdent d'un même virus (PASTEUR ds Travaux, 1882, p. 378). Hunauld, en 1714, signale la rage mue du chien (FERRÉ ds Nouv. Traité Méd. fasc. 4 1925, p. 26). Rage muette ou rage mue. — Dans cette forme de la maladie, la paralysie apparaît dès le début. Elle débute généralement par la mâchoire inférieure : la gueule reste béante, la langue pend, et la salive s'écoule abondamment. Le train postérieur se paralyse à son tour, et l'animal meurt en quelques jours dans le coma (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 212).
Prononc. et Orth. :[my]. Homon. mu (lettre), mû (< mouvoir). Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 muz « muet » (Alexis, éd. C. Storey, 552); 1121-31 mu (PHILIPPE DE THAUN, Bestiaire, éd. E. Walberg, 887); 2. 1387-89 rage mue « rage où le chien ne veut pas manger et tient la gueule ouverte, bave et meurt » (GASTON PHEBUS, Livre de chasse, éd. G. Tilander, 16, 14). Fém. de l'a. adj. mu « muet », du lat. mutus « muet, privé de parole ».
STAT. — Mue1 et 2. Fréq. abs. littér. :105.
1. mue [my] n. f.
ÉTYM. V. 1165; de muer.
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A (Chez les animaux).
1 Changement partiel ou total qui affecte la carapace, les cornes, la peau, le plumage, le poil, etc. de certains animaux, en certaines saisons ou à des époques déterminées de leur existence. || Mue du plumage (→ Lagopède, cit.), du poil (→ Cuir, cit. 5). || Chez les mammifères et les oiseaux, la mue a lieu une ou deux fois par an, et, dans ce dernier cas, au printemps et à l'automne (robe d'été, robe d'hiver). || Première mue des quadrupèdes (→ Livrée, cit. 11). || Les couleurs du faucon (cit. 1) changent aux différentes mues. — Mue des reptiles, des arthropodes, des homards (cit. 2). || « Chez les groupes d'Insectes les plus primitifs… l'acquisition de la forme adulte… (se fait) par une série de mues progressives; ces groupes sont dits à métamorphoses incomplètes » (M. Caullery, l'Embryologie, p. 78). || Mues des vers à soie.
1 (…) le poil de ces animaux (les chameaux), qui est fin et moelleux, et qui se renouvelle tous les ans par une mue complète, leur sert (aux Arabes) à faire les étoffes dont ils se vêtissent et se meublent (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le chameau.
♦ Par métaphore. Transformation, changement. ⇒ Métamorphose.
2 La mue mystérieuse de la terre donnait aux vacances de Pâques une qualité particulière (…) Après l'engourdissement de l'hiver à Bordeaux, les landes nues d'avril, pleines de fougères mortes et d'eaux vives, m'enchantaient.
F. Mauriac, le Jeudi-Saint, p. 6-7.
2 (1636). Saison à laquelle ce changement a lieu. || La mue est passée.
3 (1564). Dépouille de l'animal qui a mué. ⇒ Dépouille. — Mue d'un cerf, ses bois. || Trouver une mue de serpent. ⇒ Peau.
4 (Dans l'expr. : en mue). Techn. Repos où l'on tient les animaux pendant la mue. || Tenir en mue, mettre en mue (La Fontaine, Fables, XI, 9). → aussi II.
B (1690). Chez l'homme. Changement dans le timbre de la voix humaine au moment de la puberté. ⇒ Muance (vx). || Pendant la mue, la voix baisse d'une sixte ou d'une octave chez les garçons, d'une seconde ou d'une tierce chez les filles.
3 (…) ces voix d'enfants proches de la mue reprenaient le deuxième verset du psaume (…)
Huysmans, En route, I, I.
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II (XVe; v. 1175, « cage à oiseau, pour la mue »). Agric. Cage circulaire, sans fond, où l'on enferme une poule avec ses poussins, des lapins, etc. ⇒ Cage, poulailler. — Endroit étroit où l'on enferme des volailles destinées à l'engraissement (⇒ Épinette), ou des oiseaux qu'on veut faire chanter. — ☑ Loc. Mettre des poulets en mue, dans une mue.
♦ Par métaphore :
4 (…) nous sommes dans ce monde sous la direction d'une puissance aussi invisible que forte, à peu près comme des poulets qu'on a mis en mue pour un certain temps, pour les mettre à la broche ensuite (…)
Voltaire, Correspondance, 59, Juin 1738.
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HOM. Mu, mû, 2. mue; formes des v. mouvoir et muer.
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2. mue [my] adj. f.
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♦ Rage mue (« muette ») : variété de rage prenant d'emblée la forme paralytique.
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HOM. Mu, mû, 1. mue; formes des v. mouvoir et muer.
Encyclopédie Universelle. 2012.