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mitrailler

mitrailler [ mitraje ] v. <conjug. : 1>
• 1794; de mitraille
I V. intr. Vx Tirer à mitraille. II V. tr.
1Prendre pour objectif d'un tir à mitraille (vx); d'un tir de mitrailleuse (mod.). Mitrailler des soldats ennemis. Mitrailler un train. Civils mitraillés par des avions. Pronom. (Récipr.) Se mitrailler sans répit.
Fig. et fam. Mitrailler qqn de questions, le harceler de questions.
2Fam. Photographier ou filmer sans arrêt de tous côtés (un personnage de l'actualité). Le Président fut mitraillé par les reporters.

mitrailler verbe transitif Tirer sur quelqu'un, quelque chose par rafales, à la mitrailleuse. Arroser quelqu'un de projectiles nombreux et serrés ; bombarder : Mitrailler la foule de confettis. Familier. Photographier quelqu'un ou le filmer de façon ininterrompue et de tous côtés : Les photographes ont mitraillé les mariés. Réduire de la ferraille en très petites pièces. ● mitrailler (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention au groupe -illi- aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous mitraillions, (que) vous mitrailliez.mitrailler (expressions) verbe transitif Mitrailler quelqu'un de questions, le soumettre à un grand nombre de questions.

mitrailler
v.
rI./r v. intr. Tirer à la mitrailleuse, au canon mitrailleur.
rII./r v. tr.
d1./d Diriger un mitraillage sur.
d2./d Par anal., Fam. Photographier, filmer sous tous les angles.
|| Mitrailler de questions: questionner sans relâche.

⇒MITRAILLER, verbe trans.
A.Vx. Tirer le canon à mitraille sur (une troupe, des condamnés, une ville). Synon. tirer à mitraille. Mitrailler le peuple. On a mitraillé l'ennemi (Ac. 1835-1935). Nous avons vu mitrailler par plaisir des vaches couchées dans un champ (MAUPASS., Sur l'eau, 1888, p.279).
P. anal. et p. métaph. Le soleil faisait semblant de se diluer, de s'extravaser dans un bleu mitraillé d'or que noyait à l'horizon une lactescence d'opale (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.193).
Emploi pronom. réciproque. Les deux armées se sont mitraillées (BESCH. 1845). Les deux armées se mitraillaient à bout portant (Lar. 19e).
Emploi abs., vx. On a mitraillé pendant une heure (Ac. 1835-1935). On a mitraillé longtemps sans résultat (DG). En ce moment les autocrates (...) triomphent; ils ont mitraillé à Palerme, mitraillé à Berlin, mitraillé à Vienne, mitraillé à Paris (HUGO, Actes et par., 2, 1875, p.57). Ce n'est que depuis l'Empire, depuis l'alliance monstrueuse entre ceux qui mitraillaient et ceux qui bénissaient les mitrailleurs (...) que l'État se trouve sous le joug des cléricaux, alors que ce sont eux qui devraient porter le joug de l'État (Fondateurs 3e Républ., Gambetta, 1878, p.181).
B. — 1. Tirer par rafales sur un objectif à l'aide d'une arme automatique (mitrailleuse, fusil-mitrailleur). S'il en avait eu le pouvoir [un patron d'usine] il aurait mitraillé les grévistes, comme de simples rebelles et avec la satisfaction d'accomplir un devoir de classe (AYMÉ, Confort, 1949, p.149).
Emploi pronom. réciproque. Vous vous mitraillez pendant quelques mois; et c'est la guerre. Comme si personne, avant vous, n'avait péri par projectile ou arme blanche (ARNOUX, Paris, 1939, p.73).
2. P. anal.
a) La bande matinale défila à travers le village, insoucieuse des regards soupçonneux qui la mitraillaient au passage (FABRE, Rom. peintre, 1878, p.17):
—. ... leurs quatre prunelles noires [de maman et de Julienne] mitraillaient la foule qui s'entrouvrait pour laisser passer (...) deux civils propriétaires de ces serviettes jaunes, de ces tranchants plis de pantalons qui dénoncent les gens de justice...
H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p.70.
b) Fam. Photographier (quelqu'un/quelque chose) sans arrêt, sous tous les angles. On met le portrait à la portée des amateurs qui mitraillent parents et amis (PRINET, Phot., 1945, p.84). Les photographes mitraillèrent longuement cette table où se trouvaient deux ambassadeurs, deux duchesses (DRUON, Rendez-vous enfers, 1951, p.233).
C.P. anal. Mitrailler qqn/qqc.1 de qqc.2
1. [Le compl. indir. désigne un inanimé concr.: fleurs, confettis] Lancer des projectiles en grand nombre sur quelqu'un/quelque chose. Dans les voitures on s'appelle, on se reconnaît, on se mitraille avec des roses. Un char plein de jolies femmes vêtues de rouge comme des diables, attire et séduit les yeux (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Rose, 1884, p.924).
[P. méton., à propos de l'éclairage] Deux projecteurs le mitraillent de lumière bleue. Déclic pour l'épreuve de face (H.BAZIN, Tête contre murs, 1949, p.148).
2. Fam. [Le compl. indir. désigne des protestations, des réclamations] Adresser de nombreux/nombreuses propos, paroles à quelqu'un, d'une manière rapide et insistante. Mitrailler l'orateur de questions. J'ai couru [dit Marchenoir à Véronique] huit jours dans toutes les maisons religieuses (...) bondées de grotesques pleutres attendant avec constance (...) l'occasion légale de mitrailler de leurs inoffensives protestations, le commissaire de police qui les congédiait sans colère (BLOY, Désesp., 1886, p.236).
[Le compl. d'obj. désigne la mitraille, ici des mots] Il ne lui restait plus [à Brence] que des mots à proférer, à jeter, à mitrailler (...) en face de cette jeune fille palpitante (LA VARENDE, Roi d'Écosse, 1941, p.221).
Prononc. et Orth.:[], [-a-], (il) mitraille [-], [-aj]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. a) 1796 «tirer à mitraille sur» (Le Néologiste fr.); b) 1803 «tirer le canon chargé à mitraille» (BOISTE); c) 1823 «prendre pour objectif d'un tir à mitraille» (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, p.563); d) p. anal. 1927 «photographier sans arrêt, de tous côtés (un personnage de l'actualité)» (La Pédale, 28 sept., p.10, col. 2). Dér. de mitraille; dés. -er. Fréq. abs. littér.:83.
DÉR. 1. Mitraillade, subst. fém. a) Vx. Décharge de plusieurs canons chargés à mitraille. La mitraillade a duré une demi-heure, et a tué beaucoup de monde (Ac. 1835, 1878). Le capitaine, entre ses dents: Une bonne mitraillade sur tous ces bavards-là! (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p.154). b) Rare. ) Décharge d'armes automatiques (mitrailleuses, fusils-mitrailleurs...). Ensuite ce fut un tourbillon (...) de mitraillades, de répits (...) de cadavres lovés dans le ruisseau, de sueur d'angoisse (VIALAR, Hte-mort, 1951, p.279). ) Action de tirer des rafales d'armes automatiques (sur un objectif, sur des personnes). Synon. mitraillage. Au milieu de la mitraillade; fusillade et mitraillade; émeutes et mitraillades. Un épisode peu connu de la piraterie anglaise. La mitraillade du «Chantilly» [titre d'un article] (L'Œuvre, 4 mai 1941). P. métaph. Tir ou jet continu de petits corps durs (ici de grêlons). La nuit n'était plus si sombre, les grêlons l'éclairaient de rayures pâles, innombrables, comme s'il fût tombé des jets de verre. Le bruit devenait assourdissant, une mitraillade, (...). Le vent soufflait en furie, les balles obliques sabraient tout, s'amassaient, couvraient le sol d'une couche blanche. — La grêle, mon Dieu! (ZOLA, Terre, 1887, p.113). En partic. Action de tuer par rafales d'armes automatiques. Des déportés furent tués par pendaison, par mitraillade, par chambre à gaz (DUB.). P. anal. La mitraillade de paroles est terrible. Nous nous lançons des insultes que nous n'oserions jamais répéter en présence d'un tiers (Marie Claire, juin 1968, p.93). [], [--]. Att. ds Ac. 1835, 1878. 1re attest. 1794 «décharge de plusieurs canons chargés à mitraille» (Adresse du peuple de Lyon ds Rapport au nom de la commission des vingt-un créée par décret du 9 nivôse an III, p.253 d'apr. BRUNOT t.9, p.884, note 1); dér. de mitrailler, suff. -ade. 2. Mitraillage, subst. masc. Action de tirer à la mitrailleuse, par rafales, sur quelque chose (notamment un objectif au sol, dans le cas d'un avion). Au moment où le premier avion arrivait sur lui comme un obus, il brandit sa lance, aspergea furieusement la carlingue (...). Devant le mitraillage au sol, tous les spectateurs s'étaient réfugiés sous les portes (MALRAUX, Espoir, 1937, p.769). P. anal. On ne parlera plus alors «d'animation» de la surface mais de mitraillage du nerf optique, de destruction violente du plan par des contrastes de formes et de couleurs (Le Nouvel Observateur, 10 avr. 1968, p.44, col.4). [], [--]. 1re attest. 1937 id.; de mitrailler, suff. -age.
BBG. — GAMILLSCHEG (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t.3, p.290.

mitrailler [mitʀɑje] v.
ÉTYM. 1794; de mitraille, et -er.
———
I V. intr. Vx. Tirer à mitraille. || « On a mitraillé pendant une heure » (Académie).
———
II V. tr.
1 Prendre pour objectif d'un tir à mitraille (vx); d'un tir de mitrailleuse (mod.). || Mitrailler un avion, un train, un poste militaire… || Avion qui descend en piqué pour mitrailler une colonne, un terrain. Arroser (fam.).
1 (…) en juillet 44, le train qui me ramenait de Chantilly a été mitraillé. C'était un train de banlieue tout à fait inoffensif; trois avions sont passés; en quelques secondes il y avait, dans le wagon de tête, trois morts et douze blessés.
Sartre, Situations III, p. 32.
Pron. (récipr.). || Se mitrailler sans répit.
Fig. Diriger contre (qqn) de nombreux petits projectiles. Bombarder. || Mitrailler qqn de noyaux de cerise.
2 Il sortit de sa musette d'autres pommes cuites, et des deux mains il en mitraillait les notabilités.
J. Romains, les Copains, VIII.
Fig. et fam. || Mitrailler qqn de questions, de remarques, le harceler.
2 Fam. Photographier ou filmer sans arrêt, de tous côtés. || Vedette de cinéma que les photographes de presse mitraillent à sa descente d'avion.Absolument :
3 La mer est devenue splendide sous le soleil (…) je grille deux rouleaux de pellicules (…) Françoise, à son tour, se laisse gagner par ma fringale et propose que nous sortions tous les deux. Elle mitraillera pendant que je barrerai du cockpit. Nous sommes bientôt sur le pont, amarrés comme il convient, et Françoise prend à son tour un rouleau de 36 photos (…)
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 237.
DÉR. Mitraillade, mitraillage, mitrailleur, mitrailleuse.

Encyclopédie Universelle. 2012.