meurtrier, ière [ mɶrtrije, ijɛr ] n. et adj.
• 1165 murtrier; de meurtre
I ♦ Personne qui a commis un ou des meurtres. ⇒ assassin, criminel. « Nous demeurons stupides devant le meurtrier tranquille et doux, qui tient un carnet de ses victimes » (Colette). Meurtrier professionnel. ⇒ tueur.
II ♦ Adj. (v. 1220)
1 ♦ Vx (Personnes) Qui commet ou a commis un meurtre, des meurtres. « Bientôt de Jézabel la fille meurtrière » (Racine).
2 ♦ Mod. (Choses) Qui cause, entraîne la mort de nombreuses personnes. ⇒ destructeur, funeste, sanglant. Combats meurtriers. Coups meurtriers. ⇒ mortel. Épidémie meurtrière. Accident meurtrier. « Trois de ses fils étaient morts sous ce climat meurtrier » (Maupassant). — Où de nombreuses personnes trouvent la mort. ⇒ dangereux. Carrefour meurtrier. « Nos routes sont rendues meurtrières par la hantise stupide du dépassement » (Montherlant).
♢ Qui sert à perpétrer un meurtre. ⇒ 1. homicide. Arme meurtrière. Poison meurtrier.
♢ Fig. Qui pousse à tuer. Folie, fureur meurtrière.
⊗ CONTR. Victime.
● meurtrier, meurtrière nom (de meurtre) Personne qui commet ou a commis un meurtre. ● meurtrier, meurtrière (synonymes) nom (de meurtre) Personne qui commet ou a commis un meurtre.
Synonymes :
- assassin
- bandit
- coupe-jarret (vieux)
- criminel
- gangster
- homicide
- sicaire (littéraire)
- spadassin (littéraire)
- truand
- tueur
● meurtrier, meurtrière
adjectif
Propre à causer la mort ; qui fait mourir beaucoup de monde : Épidémie meurtrière. Route meurtrière.
Qui a servi au meurtre : Arme meurtrière.
Se dit d'une compétition difficile, qui suscite de nombreux abandons.
● meurtrier, meurtrière (expressions)
adjectif
Folie meurtrière, qui peut pousser au meurtre.
meurtrier, ère
n. et adj.
d1./d n. Personne qui a commis un meurtre.
d2./d adj. Qui cause la mort d'un grand nombre de personnes. Combat meurtrier.
|| Qui provoque, pousse à commettre un meurtre, des meurtres. Folie meurtrière.
⇒MEURTRIER, -IÈRE, subst. et adj.
I. — Emploi subst. Personne qui a commis un ou plusieurs meurtres. L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible (CAMUS, Peste, 1947, p.1324).
• 1. ... quel crime n'est collectif? Même lorsque le meurtrier est seul en face de sa victime, il serait aisé de lui trouver des complices chez les morts et chez les vivants. Pourtant, lui seul est jugé, lui seul paye sa dette.
MAURIAC, Journal 3, 1940, p.285.
— Meurtrier de + subst. Meurtrier de son père (synon. parricide), de sa mère (synon. matricide), de son frère (synon. fratricide), de son enfant (synon. infanticide). La Bible dit (...) que Caïn, le meurtrier d'Abel son frère, c'est l'établissement de la propriété parmi les hommes (P. LEROUX, Humanité, t.2, 1840, p.561).
II. — Emploi adj.
A. — 1. [En parlant d'une pers.] Qui commet, qui a commis un ou plusieurs meurtres. Époux, fils, père meurtrier; fille, mère meurtrière.
— [P. méton.]
♦Littéraire :
• 2. La douleur que tu me causeras ne sera pas comparable au bonheur de savoir que celui qui me blesse, de ses mains meurtrières, est trempé dans une essence plus divine que celle de ses semblables!
LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.167.
♦Qui incite, qui pousse au meurtre. Folie, fureur meurtrière. Celui qui, dans sa rage meurtrière, ne distingue ni le sexe ni l'âge, (...) celui-là, quels que soient ses exploits, n'est qu'un monstre sanguinaire (GENLIS, Chev. Cygne, t.2, 1795, p.10).
2. P. anal. [En parlant d'un animal] Qui tue, généralement pour se nourrir. [En juin] les espèces innocentes, celles qui vivent de végétaux, sont nées toutes, mais pas encore les espèces meurtrières qui ont besoin de proie vivante (MICHELET, Insecte, 1857, p.18).
B. — [En parlant de choses concr. ou abstr.]
1. Qui sert à tuer, qui cause la mort. Arme, balle meurtrière; poison meurtrier. L'arc et la flèche seront remplacés par le feu et le plomb meurtrier (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.12).
2. En partic.
a) [En parlant d'un acte de guerre, d'une catastrophe] Qui cause la mort d'un grand nombre de personnes. Campagne meurtrière; combat meurtrier. Des épidémies meurtrières qui causaient l'avortement des mères ou leur faisait produire des monstres (MICHELET, Hist. romaine, t.1, 1831, p.21). La victoire termine l'épreuve; mais l'épreuve est bonne aussi pour le vaincu, dès que la guerre a été aussi longue et meurtrière qu'on pouvait l'attendre (ALAIN, Propos, 1921, p.192).
b) [En parlant d'un phénomène naturel] Qui cause des ravages, qui cause un mal comparable à de nombreux meurtres. J'irai chercher la fortune sous les climats les plus meurtriers. Sous de tels cieux, elle est sûre et prompte, m'a-t-on dit (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.150). Les habitants (...) avaient l'affolement que donnent les cataclysmes, les grands bouleversements meurtriers de la terre, contre lesquels toute sagesse et toute force sont inutiles (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.116). Lorsque réapparurent les rayons meurtriers du soleil (...), il éprouva (...) le sentiment énergique que les jours de la fin étaient maintenant proches (GRACQ, Argol, 1938, p.119).
3. [En parlant d'un lieu] Où de nombreuses personnes trouvent la mort. Route meurtrière. De taciturnes milices de cipayes (...) sans pitié, rôdent, sans cesse, de toutes parts, en ces parages meurtriers (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.368).
4. P. exagér. Qui aurait pu tuer dans d'autres circonstances. Un coup de poing meurtrier. Qui exprime une envie de meurtre. Lancer des regards meurtriers.
C. — Au fig. Qui blesse moralement:
• 3. L'exécution, chez elle, est faite moins avec des mots spirituels qu'avec des sous-entendus, des appuiements sur les choses, des soulignements de sourires, des riens perfides, tout l'arsenal du plus exquis et du plus meurtrier esprit français.
GONCOURT, Journal, 1873, p.945.
— [P. méton.] Il mettait les stigmates de la débauche sur le compte de la vie littéraire en accusant la Presse d'être meurtrière (BALZAC, Muse départ., 1844, p.99).
REM. Meurtrièrement, adv. [Correspond à C supra] D'une façon meurtrière. Une somme passionnante, et torturante sans doute, d'observations (...) dont son esprit meurtrièrement lucide déroula devant lui le dédale infiniment changeant (GRACQ, Argol, 1938 p.65).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Ac. 1694, 1718: meurtrier, iere, 1740: -iére, dep. 1762: -ière. Étymol. et Hist. A. Subst. ca 1165 «assassin» ([CHRÉTIEN DE TROYES], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 963). B. Adj. 1. XVe s. [ms.] «qui commet ou a commis un meurtre, des meurtres» (Sept sages de Rome, éd. G. Paris, p.135: chevalier multrier); 2. ca 1500 «qui sert à perpétrer le meurtre» (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Trois pèlerinages, f° 55a ds GDF. Compl.: murdrier coustel); 3. 1675 «qui encourage, pousse à tuer» (RACINE, Iphigénie, IV, 4: lois meurtrières). Dér. de meurtre, suff. -ier. On note, à partir du mil. du XIIe s., de même que pour meurtre et meurtrir, des formes avec -t- ou -d- (cf. GDF. et T.-L.). On trouve également, au sens de «assassin», les subst. mordrëor, murdrëor, murtrëor (début du XIIIe s. ds GDF. et T.-L.) et mordris(s)ëor, murtrissor (fin du XIIe s. id.); dér. de meurtrir; suff. -eur2. Fréq. abs. littér.:1213. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2058, b) 2103; XXe s.: a) 1646, b) 1284.
meurtrier, ière [mœʀtʀije, ijɛʀ] n. et adj.
ÉTYM. 1175, murtrier; de meurtre.
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I N. Personne qui a commis un, des meurtre(s). ⇒ Assassin, criminel, 1. homicide. || Le meurtrier s'est servi d'une arme contondante (cit. 1). || Meurtrier quittant les lieux (cit. 17) du crime. || Une main de meurtrier. ⇒ Bourreau, égorgeur. || Un meurtrier professionnel. ⇒ Tueur. || Un meurtrier en herbe (cit. 22). — Par appos. || Une démente, meurtrière de son enfant (⇒ 1. Infanticide), de son frère (⇒ 2. Fratricide)... ⇒ aussi suff. -cide.
1 Il est juste, grand Roi, qu'un meurtrier périsse.
Corneille, le Cid, II, 8.
2 En pardonnant à son ennemi, à son meurtrier, mon neveu a pu satisfaire à sa générosité naturelle; mais moi, je dois venger à la fois sa mort, l'humanité et la religion.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CLXIV.
3 Un fou sadique, Landru ? Que non. Il est bien plus impénétrable (…) Nous imaginons à peu près ce que c'est que la fureur, lubrique ou non, mais nous demeurons stupides devant le meurtrier tranquille et doux, qui tient un carnet de victimes (…)
Colette, Prisons et Paradis, p. 114.
4 L'instinct savait en elle que les meurtriers frappent coup sur coup, ne peuvent pas reprendre haleine.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 186.
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II Meurtrière n. f. (1573) : ouverture, fente verticale pratiquée dans un mur de fortification pour jeter des projectiles ou tirer sur les assaillants. || Meurtrières d'un château-fort, d'une forteresse (cit. 1). ⇒ Archère (ou archière), barbacane, canonnière (vx). || Meurtrière d'un parapet de tranchée. ⇒ Créneau (→ Embrasure, cit. 1).
5 (…) nous allâmes visiter l'église qui, à vrai dire, avait plutôt l'air d'une forteresse que d'un temple : la petitesse des fenêtres percées en meurtrières, l'épaisseur des murs, la solidité des contreforts lui donnaient une attitude robuste et carrée, plus guerrière que pensive.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 11.
6 Le mur semble prêt à recommencer le combat. Les trente-huit meurtrières, percées par les Anglais à des hauteurs irrégulières, y sont encore.
Hugo, les Misérables, II, I, II.
7 (…) une muraille noire de suie percée d'ouvertures si étroites qu'elles ressemblaient à des meurtrières.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 285.
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III Adj. (V. 1220).
1 Vx. (Personnes). Qui commet ou a commis un meurtre, des meurtres.
8 Bientôt de Jézabel la fille meurtrière (…)
Racine, Athalie, IV, 3.
2 (1588). Mod. (Choses). Qui cause, entraîne la mort de nombreuses personnes. ⇒ Destructeur, funeste, sanglant. || Combats meurtriers (→ Arrière-ban, cit. 3). || Guérillas, guerres meurtrières (→ Coup, cit. 49). || Coups meurtriers. ⇒ Mortel. || Épidémie meurtrière. — Soldats arrêtés (cit. 6) par un feu meurtrier. — Spécialt. Qui expose à la mort, où de nombreuses personnes trouvent la mort. || L'imprudence des automobilistes rend les routes meurtrières (→ Gratter, cit. 16). — Par exagér. ⇒ Dangereux. || Soleil, rayons meurtriers (→ Épanouir, cit. 19).
9 Maintenant, trois de ses fils étaient morts sous ce climat meurtrier.
Maupassant, Au soleil, « La province d'Oran ».
♦ Par ext. Qui sert à perpétrer un meurtre. ⇒ Homicide (cit. 8). || Arme meurtrière. || Animal aux dents meurtrières (→ Fier, cit. 2).
10 Suivez le fond de la rivière;
Craignez la ligne meurtrière
Ou l'épervier plus dangereux encor.
C'est ainsi que parlait une carpe de Seine.
Florian, Fables, I, 7.
♦ (1674). Fig. Qui encourage, excite, pousse à tuer. || Loi meurtrière. || Fureur meurtrière.
11 La charité n'est point meurtrière; l'amour du prochain ne porte point à le massacrer. Ainsi le zèle du salut des hommes n'est point la cause des persécutions; c'est l'amour-propre et l'orgueil qui en sont la cause.
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont.
12 (…) il la sentait jalouse, d'une énergie virile, d'une rancune débridée et meurtrière.
Zola, la Bête humaine, IX.
3 Vx. Qui a trait au meurtre. || Apprêts (cit. 5) meurtriers.
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CONTR. Victime.
Encyclopédie Universelle. 2012.