Akademik

marchander

marchander [ marʃɑ̃de ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1200 « faire commerce »; de marchand
1(XIVe) Essayer d'acheter (une chose) à meilleur marché, en discutant avec le vendeur. Marchander un livre d'occasion, un bibelot ancien. Intrans. Discuter longuement pour acheter à meilleur prix. Pays où c'est la coutume de marchander. Fig. Marchander avec sa conscience.
2Dr. Effectuer un contrat de marchandage.
3Ne consentir à céder, à accorder ou à donner (qqch.) qu'avec parcimonie, après bien des hésitations ou des exigences en retour. chicaner. Marchander son appui, son concours. (En emploi négatif) Il ne lui a pas marchandé les éloges, les félicitations.
⊗ CONTR. Prodiguer.

marchander verbe transitif (de marchand) Discuter le prix d'une marchandise pour l'obtenir à meilleur compte : Marchander un tableau. Littéraire. Accorder quelque chose à regret, avec parcimonie, ou en demandant quelque chose en échange : Marchander les éloges.marchander (homonymes) verbe transitif (de marchand)marchander verbe intransitif Discuter longuement avant de conclure, se lancer dans des tractations pour obtenir quelque chose de quelqu'un. Conclure un contrat de marchandage. ● marchander (homonymes) verbe intransitif

marchander
v. tr.
d1./d Débattre le prix (de qqch) pour l'obtenir à meilleur compte. Marchander un tableau.
Absol. Il n'aime pas marchander.
d2./d Fig. (Surtout en tournure négative.) Accorder (qqch) à contrecoeur. Ne pas marchander les compliments.
d3./d DR Conclure un marchandage.

⇒MARCHANDER, verbe
A. Emploi trans.
1. [Le compl. désigne un produit destiné à la vente] En discuter le prix avec le vendeur pour obtenir un rabais. Un homme entra, marchanda un livre, le marchanda longtemps, sortit, rentra, marchanda encore, acheta (GONCOURT, Journal, 1862, p.1018).
Emploi abs., usuel. Elle se mit à marchander, à discuter sou par sou (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mère aux monstres, 1883, p. 369). On arrête les chasseurs [de champignons], on marchande, on achète (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 167):
♦ ... les enfants, échauffés, emportés par la passion de conclure le marché au plus bas prix possible, se montraient terribles, marchandaient, juraient, avec la mauvaise foi des paysans qui achètent un cochon.
ZOLA, Terre, 1887, p. 30.
Vieilli. Marchander un ouvrier. Conclure avec lui un accord d'embauche pour un prix inférieur au tarif réel. Nous marchandons un ouvrier dont la famille affamée attend le payement d'un mémoire (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 114). V. marchandage A.
2. Au fig. [Surtout dans le tour négatif ne pas marchander]
a) Faire l'économie de, hésiter à mettre en jeu. Ne pas marchander sa peine. Je ne lui marchandais ni mes forces, ni ma vie [à mon chef] vous pouvez compter (AYMÉ, Vogue, 1944, p.166).
Ne pas marchander ses mots. S'exprimer avec les mots qui conviennent sans économie et sans ménagement. Synon. pop. ne pas mâcher ses mots. On ne doit pas craindre d'employer les termes ni marchander les mots (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 109).
Emploi pronom. S'imposer des restrictions, faire l'économie de ses actes ou de ses paroles. Je ne me marchanderais pas davantage, croyez-le, si j'avais à parler publiquement de votre oeuvre (BLOY, Journal, 1892, p. 69).
Emploi abs. Une nature riche ne marchande pas, ne cherche pas à dissimuler (RADIGUET, Bal, 1923, p. 52).
b) Ne consentir à accorder (une chose) qu'après de longues hésitations et souvent avec l'assurance d'une contre-partie. Marchander son amour, son appui, ses éloges. Je n'ai jamais marchandé mon admiration et mon affection reconnaissantes à l'empereur (ZOLA, Argent, 1891, p. 191). Elle s'accusait de ne pas l'avoir assez aimée, de lui avoir marchandé les caresses, dont ce petit coeur avide n'avait jamais assez (ROLLAND, Âme ench., t.2, 1925, p. 218).
c) Vieilli. Tenter d'obtenir quelque chose pour de l'argent. Et vous croyez que l'on peut ainsi marchander et vendre une conscience? (DUMAS père, Darlington, 1832, II, 2, p. 68).
B. Emploi intrans.
1. Hésiter, balancer. Il n'y a pas à marchander. Il n'y a plus à marchander, il faut trouver un moyen de renvoyer cette femme (LABICHE, Perle Canebière, 1855, 13, p. 216).
Sans marchander. Sans hésiter. Va, ma fille, qu'un jeune homme te plaise (...) et je lui ouvre mes deux bras sans marchander (FEUILLET, Scènes et com., 1854, p. 82).
2. Constr. partic.
a) Marchander sur. Discuter sur le prix d'une chose. Je ne marchandais sur rien, et distribuai à droite et à gauche des largesses (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 430).
Au fig. La question est de savoir si le surnaturel existe. Quand on reconnaît son existence, il n'y a pas lieu de marchander sur la quantité (RENAN, Feuilles dét., 1892, p. 376).
b) Marchander avec. Discuter avec quelqu'un pour tenter d'en obtenir un avantage. On ne marchande pas avec le bon Dieu, il faut se rendre à lui, sans condition (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1161).
c) Marchander à (vieilli). Hésiter à. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, ROB., Lar. 20e-Lar. Lang. fr.).
REM. 1. Marchandailler, verbe, péj. Marchander sans fin des objets de peu de valeur pour en tirer un rabais minime. Giovanni hélait les faquins, distribuait les ordres, marchandaillait avec les gondoliers (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 201). 2. Marchandeur, -euse, subst. a) Personne ayant l'habitude d'acheter en marchandant. Les habitants avaient vite fait de distinguer (...) l'engeance des marchandeurs pour qui ils haussaient les prix avant de leur accorder un rabais (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 111). V. aussi client ex. 5. Emploi adj. Une expérience marchandeuse (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 47). b) Trav. publ., vieilli. Sous-entrepreneur acceptant de fournir à une entreprise, à un prix donné et moyennant une commission, des ouvriers chargés d'exécuter une tâche particulière (supra marchander A). Synon. vieilli tâcheron. Que veulent les ouvriers? Supprimer les marchandeurs. Le marchandeur est une espèce de sous-traitant qui, dans ces derniers temps, s'est interposé entre les ouvriers et les maîtres (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1840, p.408).
Prononc. et Orth.:[], (il) marchande []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1er quart XIIIe s. markëander «faire du commerce, trafiquer» (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 157, 4 ds T.-L.); b) 1262 marchander (à qqn) «conclure un marché (avec)» (doc. ds GDF.); c) 2e moitié du XVe s. marchander (à faire qqc.) «hésiter à faire quelque chose» (J. CHARTIER, Chron. de Charles VII, C. LXXVIII ds GDF. Compl.); d) av. 1502 marchander qqc., son prix (avec qqn) (OL. DE LA MARCHE, Mém., II, 4 ds GDF.); 2. ca 1500 «discuter» (COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 218); 1646 (la main d'une femme) «essayer d'obtenir quelque chose moyennant certaines conditions dont on discute» (DU RYER, Scévole, II, 3 ds LITTRÉ); 3. av. 1539 marchander en bloc en blic et en taiche «prendre à forfait un marché» (GRINGORE, St Loys, L. IX (II, 311) ds HUG.); 1694 marchander «prendre à forfait une partie de l'ouvrage d'un entrepreneur (en parlant d'un sous-entrepreneur)» (CORNEILLE). Dér. de marchand; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 348. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 482, b)761; XXe s.: a) 536, b) 339.

marchander [maʀʃɑ̃de] v. tr.
ÉTYM. V. 1200; de marchand, et -er.
1 (XIVe). Essayer d'acheter (une chose) à meilleur marché, en discutant avec le vendeur; débattre (le prix). || Marchander un livre d'occasion, un bibelot ancien… || Paysans, maquignons qui marchandent une bête. || « Comment… Panurge marchande avec Dindenault un de ses moutons » (Rabelais, IV, VI).
1 (…) elle observait les marchandises d'occasion, elle en marchandait, elle entrait dans la boutique, et la quittait sans exciter le moindre soupçon (…)
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 308.
2 Un Juif (…) qui marchandait une paire de perdrix à un Riffain (sic) se débattait comme si l'enjeu de ce marché passionnant eût été sa propre vie. L'Arabe, découragé, le laissa partir (…) puis le rappela (…) Le Juif revint sur ses pas, et le marchandage recommença sur des bases nouvelles.
P. Mac Orlan, la Bandera, XV.
Absolt (ou intrans.). Discuter longuement avant de conclure un marché. Barguigner (vx), bibeloter, chipoter, marchandailler. || « Celui qui marchande et qui connaît… le prix de l'argent » (→ Épargner, cit. 2). || Marchander sou à sou, avec rapacité (→ Gain, cit. 8). || Marchander pour obtenir un rabais, une réduction… || Payer sans marchander.
3 Il n'est rien que je haïsse comme à marchander. C'est un pur commerce de trichoterie et d'impudence; après une heure de débat et de barguignage, l'un et l'autre abandonne sa parole et ses serments pour cinq sous d'amendement.
Montaigne, Essais, I XIV.
4 (…) un client te demande ton dernier prix; tu le lui fais honnêtement (…) Crois-tu qu'il apprécie ta bonne foi et renonce à marchander ? Pas du tout. Il admet a priori que tu te trompes.
A. Maurois, Bernard Quesnay, IX.
Fig. || Marchander avec sa conscience, essayer de transiger avec elle (→ Casuiste, cit. 3, Rousseau).
2 Dr. Conclure un contrat de marchandage. || Entrepreneur qui marchande un travail à forfait.
3 Vieilli. Essayer d'obtenir pour de l'argent. Acheter. || Marchander les consciences.
5 Ah ! périsse l'homme indigne qui marchande un cœur et rend l'amour mercenaire ! c'est lui qui couvre la terre des crimes que la débauche y fait commettre.
Rousseau, Julie, VIe partie, VI.
6 Aujourd'hui le plus grand comme le plus petit banquier déploie son astuce dans les moindres choses : il marchande les arts, la bienfaisance, l'amour, il marchanderait au pape une absolution.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 743.
4 Vx. (Fig., l'accent étant mis sur l'idée de discussion, de longueur). « Ménager (qqn) en traînant les choses en longueur, en hésitant à agir » (Cayrou).Compl. n. de chose :
7 (…) il n'est pas de ces médecins qui marchandent les maladies : c'est un homme expéditif (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 5.
5 Fig. Ne consentir à céder, à accorder ou à donner (qqch.) qu'avec parcimonie, après bien des hésitations ou des exigences en retour. Chicaner. || Marchander son appui, son concours.(S'emploie surtout à la forme négative). || Il ne lui a pas marchandé les éloges, les félicitations. || Ne pas marchander sa vie, l'exposer sans hésitation.Au p. p. || Chose donnée (cit. 83) et non marchandée.
8 Frappez, ne marchandez point les coups.
Rousseau, Émile, II.
9 Du moins serais-je heureux si, avant de mourir, je vois un autre se dévouer à cette grande mission avec les moyens de l'accomplir, et Dieu sait que je ne lui marchanderai ni mes encouragements, ni les secours qu'il sera en mon pouvoir de lui fournir.
G. Paris, in Revue des Deux-Mondes, 1901, 15 sept.-15 oct., p. 419.
10 (…) il avait si fort accoutumé de faire siennes les affirmations de son patron, qu'il ne pouvait, aujourd'hui encore, lui marchander son assentiment.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 242.
6 Vx. || Marchander à… suivi de l'inf. Hésiter.
11 On y voit venir du beau monde, qui ne marchande point à vous rendre tous les respects qu'on saurait souhaiter.
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, II.
CONTR. Prodiguer.
DÉR. Marchandage, marchandailler, marchandeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.