magicien, ienne [ maʒisjɛ̃, jɛn ] n.
1 ♦ Personne qui pratique la magie. ⇒ alchimiste, astrologue, devin, enchanteur, 1. mage, nécromancien, sorcier, thaumaturge. Prodiges, enchantements d'un magicien. Herbe à la magicienne, aux sorcières.
2 ♦ Fig. Personne capable de faire des choses extraordinaires. Chateaubriand « était un grand magicien, un grand enchanteur » (Sainte-Beuve). Magicien du vers, de la couleur. — « le soleil, qui est le grand magicien de ce pays, et qui transfigure toutes choses » (Loti).
● magicien, magicienne nom (de magique) Personne qui pratique la magie. Personne qui fait des choses extraordinaires, qui a comme un pouvoir magique sur les choses ou sur les personnes. Illusionniste qui, grâce à des accessoires truqués, paraît doué de pouvoirs surnaturels. ● magicien, magicienne (expressions) nom (de magique) Magicien du verbe, écrivain au style éblouissant. ● magicien, magicienne (synonymes) nom (de magique) Personne qui fait des choses extraordinaires, qui a comme un...
Synonymes :
- devin
- fée
- mage
- nécromancien
magicien, enne
n.
d1./d Personne qui pratique la magie. La magicienne Circé séduisit Ulysse.
d2./d Fig. Personne qui produit des effets extraordinaires, qui enchante. Ce violoniste, quel magicien!
⇒MAGICIEN, -IENNE, subst.
A. — 1. Rare au fém.
a) Personne qui pratique la magie (v. ce mot B 1 a) et plus spécialement la magie noire. Virgile était un magicien qui accomplissait des prodiges avec l'aide des démons (...). Il était nécromancien, et l'on montre encore (...) le miroir dans lequel il faisait apparaître les morts (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 157):
• 1. ... le sorcier se distingue clairement du magicien. Tous deux, il est vrai, justifient leurs pronostics, leurs guérisons, leurs maléfices par le même principe général de la «sympathie» et de «l'antipathie» des substances ; mais le premier se contente d'observer ses effets et d'en user habilement pour son profit personnel tandis que l'autre remonte des effets aux causes...
WAGNER Magie 1939, p. 100.
b) HIST. Sage spécialisé en philosophie ésotérique. On reconnaissait (...) à tous les magiciens habiles une autorité fort étendue sur la lune et les étoiles (...) personne n'aurait osé leur supposer aucune participation quelconque au gouvernement du tonnerre (COMTE, Philos. posit., t. 2, 1839-42, p. 48). J'ai connu des magiciens; c'étaient les gens les plus vénérables du monde, des prodiges de science! (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 109).
c) Synon. de mage1 (v. ce mot B 1 b). L'esthétique de Novalis est centrée sur cette idée du poète, mage ou magicien; il reste fidèle à son souhait d'atteindre hic et nunc à la communication avec la suprême réalité (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 206).
2. Fréq. au fém. Synon. de mage1 (v. ce mot B 2), de sorcier. Cette Marceline (...) est une vieille femme que les gens du pays croient une magicienne (...). Elle paroît s'occuper de chimie, et elle se mêle surtout de prédire l'avenir, de composer des talismans et des philtres (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 314):
• 2. Nous allons devoir quitter le pays sans avoir pu voir certain sorcier dont on nous parle (...). Plusieurs ont vu ce magicien couper en deux d'un coup de sabre un poulet vif; ont vu, de leurs yeux vu, les deux moitiés de poulet gisant à terre, se ranimer soudain lorsque le magicien jette un peu d'eau dessus, se rassembler, se recoudre, et le poulet reformé s'en aller picorer plus loin.
GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 934.
3. ,,Illusionniste qui donne à ses tours d'adresse l'aspect de pratiques occultes`` (GITEAU 1970).
B. —Personne qui, dans un domaine, a le don de réaliser des prodiges, de produire des effets extraordinaires. C'est vraiment un magicien. On perçoit, devant une de ses oeuvres, une puissante impression de couleur ambrée, d'ombre mordorée, translucide, ardente et éteinte, mais l'analyse s'y perd (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 150).
— Magicien de + subst. Magicien de l'art, de la peinture, des sons. Quel magicien du rythme et du mouvement il s'affirme [Villon] (...) avec cet incomparable huitain (CARCO, Nost. Paris, 1941, p. 111). Ce magicien des paroles [Mallarmé] en quelques mots qu'il m'envoya, sut mettre un indéfinissable enchantement! (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 40).
— [En parlant d'une chose] La philosophie, magicienne irritée, a consumé le palais où elle avoit étalé ses prodiges (STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 64). L'amour est un magicien qui, par des faveurs ou des cruautés inattendues, déjoue toutes nos prévisions (SAND, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 244).
— Emploi apposé avec valeur d'adj. Cécile (...) dessine dans le silence une dentelle délicate avec ses doigts magiciens (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 179). L'amour enchanteur exorcise l'amour magicien qui empêchait les vivants de vivre (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 101).
Prononc. et Orth.: [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1370-80 «personne qui pratique la magie» (Trad. d'OVIDE, Remede d'Amour, 609 ds T.-L.); fém. 1578 (RONSARD, Sonets pour Hélène, XXII, 4, éd. P. Laumonier, XVII, 264); 2. 1579 «homme à effets, lié avec le diable» synon. enchanteur (LE LOYER, Discours des Spectres, I, p. 257 ds WAGNER Magie, p. 226); 3. 1612 «savant» synon. de mage (J. B. DE LA PORTE, La Magie Naturelle, p. 4, ibid., p. 174); 4. 1612 «sorcier» (P. SEBASTIEN MICHAELIS, Histoire admirable de la possession et conversion d'une pénitente, séduite par un magicien, la faisant Sorciere et Princesse des Sorciers au pays de Provence, ibid., p. 197); 5. fig. 1718 (Ac.: On dit figurément qu'un homme n'est pas Magicien, pour dire, qu'Il n'est pas fort habile); 1767 (DIDEROT XI, Salon, 306 ds IGLF: La Tour. Excellent peintre en pastel. Grand magicien). B. Adj. 1. 1er tiers XVe s. operacion magicienne (Anonyme, Regles de seconde Rhetorique, éd. E. Langlois, p. 66); 2. 1669 poete magicien (LA FONTAINE, Psyché, éd. H. Régnier, 8, 117). Dér. de magique; suff. -ien sur le modèle de physicien, astronomien. Fréq. abs. littér.: 513. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 513, b) 635; XXe s.: a) 657, b) 646. Bbg. LAURENT (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t.51, pp.32-45. — LERCH. (E.). Ét. lexicol.: Les Trois Mages: Magie, magique, magicien. Fr. mod. 1934, t.2, pp.25-27. — PICHOIS (Cl.). De la magie des magiciens à la magie des artistes. In: [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern, 1976, t.2, pp.737-749. — WAGNER Magie 1939, 292 pages.
magicien, ienne [maʒisjɛ̃, jɛn] n.
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1 Personne qui est initiée aux secrets de la magie, qui pratique la magie. ⇒ Alchimiste, astrologue, devin, enchanteur, mage, nécromancien (ou nécromant), sorcier, thaumaturge; fée (→ Évoquer, cit. 3; illusionniste, cit. 1). || Prodiges, enchantements (cit. 4), incantations (cit. 1 et 3) d'un magicien. || Magiciens qui font apparaître (cit. 10) les morts, jettent des sorts (→ Goétie, cit.), recourent à l'hypnotisme (cit. 1). || Magicien condamné au bûcher, au feu (cit. 43). — Herbe à la magicienne, ou herbe aux sorcières. ⇒ Circée.
1 Ce que je te dis de ce prince (le roi de France) ne doit pas t'étonner : il y a un autre magicien plus fort que lui (…) Ce magicien s'appelle le pape : tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu'un, que le pain qu'on mange n'est pas du pain, ou que le vin qu'on boit n'est pas du vin, et mille autres choses de cette espèce.
Montesquieu, Lettres persanes, XXIV.
2 Il est ensorcelé, ma chère âme, dit Zemroud en finissant le récit de son expédition manquée, ensorcelé par ce terrible magicien. Les gens de cette sorte disposent d'un pouvoir irrésistible, et là où ils commandent, il est certain qu'il n'y a qu'à se soumettre.
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 106.
3 Il est certain qu'une partie des sciences ont été élaborées, surtout dans les sociétés primitives, par les magiciens. Les magiciens alchimistes, les magiciens astrologues, les magiciens médecins ont été (…) les fondateurs et les ouvriers de l'astronomie, de la physique, de la chimie, de l'histoire naturelle.
4 Né à une époque où, sous l'influence double de l'humanisme et de l'angéologie catholique, s'élaborait en France la notion de magie, magicien, qui d'abord, équivalait à nécromant, à invocateur du diable, se para bientôt, chez certains, d'une sorte de noblesse. Il désignait tantôt le savant, tantôt une sorte de sage secret, possesseur des Maîtres-Mots qui sont la clé de l'univers. Dans cette dernière acception il eut l'heur de fixer un type littéraire qui, au théâtre, dans les romans et dans les contes, joua un rôle qui n'a pas encore eu de fin.
Mais pour le peuple, qui ne juge que des effets, et surtout pour un peuple chrétien, le magicien, capable de faire de l'or, de découvrir des trésors, de converser avec des esprits, de faire naître à son gré l'amour au cœur des femmes, de tuer à distance, d'accomplir, en un mot, tous les prestiges que sa volonté, bonne ou perverse, lui dictait, était tout simplement un sorcier savant.
R.-L. Wagner, Sorcier et Magicien, « Contribution au vocabulaire de la magie », p. 253 et suivantes.
2 (1690; adj., 1669). Fig. Personne qui est capable de produire, comme par magie, des effets, des influences extraordinaires. || Cet artiste, ce peintre, cet écrivain… est un véritable magicien. || Un magicien du vers, de la couleur. || « L'orateur et le poète sont deux grands magiciens » (→ Illusion, cit. 5, Diderot). || « Au parfait magicien ès (cit. 2) lettres françaises » (Baudelaire, Dédicace à Gautier). || Cet homme est un magicien, il est doué d'une séduction irrésistible (⇒ Captivant, ensorceleur), il est d'une habileté extraordinaire (⇒ Habile).
5 Il y a du démon, du sorcier et de la fée dans tout talent d'imagination (…) M. de Chateaubriand avait de ce démon. Ce qu'il faut dire (…) c'est qu'il était un grand magicien, un grand enchanteur.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 113.
6 Louis XVI rappela le magicien, le prestidigitateur, Necker, l'homme par qui le crédit renaissait.
J. Bainville, Hist. de France, XV, p. 321.
♦ (V. 1870). En parlant de choses :
7 Enfin, voici le soleil, qui est le grand magicien de ce pays, que l'on attendait et qui transfigure toutes choses.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, IV.
♦ (1822). Adjectif :
8 Sans doute quelque fée, à ton berceau venue,
Des sept couleurs que dans la nue
Suspend le prisme aérien,
Des roses de l'aurore humide et matinale,
Des feux de l'aurore boréale,
Fit une palette idéale
Pour ton pinceau magicien.
Hugo, Odes et Ballades, V, XXII.
Encyclopédie Universelle. 2012.