fée [ fe ] n. f.
1 ♦ Être imaginaire de forme féminine auquel la légende attribue un pouvoir surnaturel et une influence sur la destinée des humains. Bonne fée, fée bienfaisante. La (bonne) fée est souvent représentée comme une jolie femme à l'abondante chevelure, vêtue d'une robe longue et tenant à la main une baguette magique. Avoir pour marraine une fée. Fée méchante et revêche, fée Carabosse. L'enchanteur Merlin et la fée Morgane. — Conte de fées.
♢ Adj. Vieilli Qui est enchanté, a des pouvoirs magiques. « Ses doigts semblaient être fées, pour se servir d'une expression de Perrault » (Balzac).
2 ♦ Loc. Avoir des doigts de fée, travailler comme une fée : être extrêmement habile dans les travaux délicats (en parlant d'une femme). Vx ou iron. La fée du logis : une maîtresse de maison attentive et habile.
● fée nom féminin (latin Fata, Parque, de fatum, destin) Être imaginaire, de sexe féminin, doué d'un pouvoir surnaturel : Bonne fée, fée Carabosse. Littéraire. Femme remarquable par la grâce, l'esprit, la bonté, l'habileté. ● fée (difficultés) nom féminin (latin Fata, Parque, de fatum, destin) Accord Conte de fées : fées au pluriel. ● fée (expressions) nom féminin (latin Fata, Parque, de fatum, destin) Fée du logis, personne qui s'occupe remarquablement de son intérieur. Ouvrage de fée, travail d'une perfection extrême. Pays des fées, pays enchanté, merveilleux, imaginaire. Pierre aux fées, nom donné aux monuments mégalithiques. ● fée (homonymes) nom féminin (latin Fata, Parque, de fatum, destin) fais forme conjuguée du verbe faire fait forme conjuguée du verbe faire fait adjectif fait nom masculin faix nom masculin
fée
n. f.
d1./d être féminin imaginaire, le plus souvent bienveillant, doué d'un pouvoir magique. La baguette d'une fée.
|| Conte de fées, dans lequel les fées, le merveilleux tiennent une grande place; fig. situation heureuse, extraordinaire et inattendue.
|| Avoir des doigts de fée: être d'une grande adresse.
d2./d Fig. Femme qui charme par ses qualités. C'est une fée.
— Loc. La fée du logis.
⇒FÉE, subst. fém.
A.— Dans le domaine des croyances pop. traditionnelles. Personnage féminin imaginaire, doté de pouvoirs magiques, et censé influer sur le monde des vivants. Une bonne, une vieille fée; baguette de fée; un don des fées; palais, arbre des fées; grotte, mare, caverne aux fées; pays de fées. Les méchantes fées des contes de Perrault (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 691). Comme une fée hargneuse dépouille sa première apparence et se pare de grâces enchanteresses (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 732) :
• 1. Toutes les fées avaient richement doté le petit Armoricain. Elles lui avaient donné le génie, l'imagination, la finesse, la persévérance, la gaieté, la bonté.
LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 213.
— Spécialement
1. [Avec un nom propre] Fée Carabosse. Représentée sous les traits d'une vieille et méchante femme appuyée sur une canne. C'est ce qu'ils appellent aujourd'hui la fée Morgane (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 12). Quel était ce jour? Le même sans doute où la fée Mélusine se changeait en poisson (NERVAL, Filles feu, Chansons et légendes du Valois, 1854, p. 635). Là où on croyait (...) rencontrer la fée Viviane, on trouve le Chat Botté (PROUST, Sodome, 1922, p. 840).
2. Conte de fées. Où interviennent des fées.
— P. ell. « Que veux-tu que je te lise, mon chéri? Les fées? » (SARTRE, Mots, 1964, p. 33).
— Au fig. Aventure merveilleuse, extraordinaire. Cette phrase qui ne voulait rien dire sinon : ce voyage en Espagne, ce conte de fées... sans foi (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 38) :
• 2. ... privé de Carlotta, Quesnel avait la tête bourrée d'appréhensions et de chimères. Qu'allait-il advenir de cette aventure, de ce beau conte de fées, si la maladie mettait entre elle et lui des barrières?
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 434.
♦ Loc. Vivre un conte de fées. Quand on est petite, on s'imagine des choses... on croit qu'on vivra un conte de fées (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 262). J'avais atterri dans un champ, et je ne savais point que j'allais vivre un conte de fées (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 180).
— Emploi adj., vx et littér. Doté d'une puissance magique, surnaturelle. Il paraît que c'étaient des arbres fées (HUGO, Rhin, 1842, p. 189). Pareilles à ces roses fées qu'on n'effeuillait pas sans punition (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 305) :
• 3. ... il semble croire que l'épée de sainte Catherine était fée et qu'en la rompant Jeanne perdit tout son pouvoir...
FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. VII.
B.— [P. anal. d'attributs et de comportement]
1. [Pour qualifier gén. favorablement une jeune fille ou une femme] Fée du logis. C'était une vraie fée, cette femme-là! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 54). Il y avait Cécile, la fée de la musique (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 194) :
• 4. Un jour où tout avait marché à souhait, le jour où il était si heureux de voir naître enfin la maison de crédit tant désirée, est-ce que cette vieille coquine allait être la fée mauvaise, celle qui jette un sort sur les princesses au berceau?
ZOLA, Argent, 1891, p. 145.
— En partic. [À propos d'une compétence spéciale] Travailler comme une fée. Enveloppez-moi, je vous prie, le tout avec cette dextérité de fée qu'une fée marraine vous a donnée (BALZAC, Corresp., 1838, p. 378).
♦ Loc. (Avoir des) doigts de fée. Être doué d'une adresse manuelle exceptionnelle. La petite brodeuse aux doigts de fée (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 110). — Vous avez vraiment des doigts de fée (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 215).
♦ Emploi adj., littér. Tout à l'heure je dirai que tu as la main fée (LAMART., Cours litt., 1859, p. 266).
2. [Pour souligner le pouvoir quasi-magique d'une chose] Des membres de l'Académie chanteront dans leurs articles et dans leurs livres les prodiges de la fée industrielle (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 203). Sous les rayons magiques de la fée électricité (Hist. spect., 1965, p. 1547).
— Fée Morgane. Phénomène de mirage parfois observé au détroit de Messine. La réflexion d'une ville observée dans les airs par Vernet n'a rien de plus extraordinaire que le phénomène du détroit de Sicile, près de Messine. Il y est connu sous le nom de Fée Morgane (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 161).
♦ P. ext. ,,Tout mirage multiple spectaculaire`` (VILLEN. 1974).
— Arg. (La) fée blanche : la cocaïne, la morphine; (La) fée brune : l'opium; (La) fée verte : le haschich (d'apr. SANDRY-CARR. Drogue 1963).
REM. Féer, verbe trans., rare. Doter d'un pouvoir surnaturel. Au part. passé. Ses petites larmes avaient un goût de pluie fée au blond royaume d'automne de Riquet à la Houppe (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 115).
Prononc. et Orth. :[fe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1140 (GAIMAR, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 3657). Du lat. Fata « Parques », de fatum « destin » (fatum). Fréq. abs. littér. :1 115. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 529, b) 2 016; XXe s. : a) 1 837, b) 1 250. Bbg. FOSTER (B.). Fé, fée and maufé. Fr. St. 1952, t. 6, pp. 345-352.
fée [fe] n. f.
ÉTYM. V. 1140; sens fig. au XVIIIe; du lat. tardif Fata, déesse des destinées, ou Parque, du lat. class. fatum « destin ». → Fatidique.
❖
1 Être imaginaire de forme féminine auquel la légende attribue un pouvoir surnaturel et une influence sur la destinée des humains. || La (bonne) fée est souvent représentée comme une jolie femme à l'abondante chevelure, vêtue d'une robe longue et tenant à la main une baguette magique. || Bonne fée, fée bienfaisante. || Mauvaise, méchante fée, fée Carabosse, peinte sous les traits d'une vieille femme revêche, laide et cassée, s'appuyant sur sa canne. || Pays, royaume, palais des fées (→ Attente, cit. 11). — Fée orientale. ⇒ Péri. || Les fées dans la littérature médiévale. || L'aspiole, fée de la littérature romantique. || L'enchanteur Merlin et la fée Morgane. || La fée Mélusine. || La fée Viviane. || Fée marraine de Cendrillon, qui fit un carrosse d'une citrouille d'un coup de baguette magique. || Dons des fées aux nouveau-nés (→ Doué, cit. 2).
1 La Fée partit aussitôt, et on la vit, au bout d'une heure, arriver dans un chariot (…) Elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce château (…) Dès qu'elle les eut touchés, ils s'endormirent tous (…) Tout cela se fit en un moment; les Fées n'étaient pas longues à leur besogne.
Ch. Perrault, la Belle au bois dormant.
2 Que ce soit Urgèle ou Morgane,
J'aime, en un rêve sans effroi,
Qu'une fée au corps diaphane,
Ainsi qu'une fleur qui se fane,
Vienne pencher son front sur moi.
Hugo, Odes et Ballades, « Une fée ».
3 (…) le monde surnaturel, habité par ces déités impalpables, amies de l'homme et souvent contraintes de s'adapter à ses passions, telles que les Fées, les Gnomes, les Salamandres, les Sylphides, les Sylphes, les Nixes, les Ondins et les Ondines (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XX.
4 Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.
Mallarmé, Premiers poèmes, « Apparition ».
♦ Figuré :
4.1 Une petite vieille, toute petite fée carabosse, — habillée de jais, coiffée d'un tricorne à la marquise, le chignon poudré, l'ombrelle lourde et sonnant l'argent comme une crosse, — vers l'enfant s'avance.
M. Jouhandeau, la Jeunesse de Théophile, p. 44.
♦ ☑ Conte (cit. 4) de fées : récit traditionnel, de structure assez constante, où interviennent des êtres surnaturels, fées, enchanteurs, etc. || Les contes de ma Mère l'Oye, le Petit Poucet, Cendrillon sont des contes de fées. || Personnages des contes de fées. ⇒ Magicien, prince (charmant), ogre, sorcière. || Les enfants aiment les contes de fées. — Fig. Aventure extraordinaire et charmante. || Vivre un conte de fées.
2 Adj. (Vieilli). || Un objet fée, qui est enchanté, a des pouvoirs magiques. || La cité de Barbe-Bleue était fée.
5 Ses doigts semblaient être fées, pour se servir d'une expression de Perrault (…)
Balzac, Honorine, Pl., t. II, p. 289.
6 C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?
Baudelaire, les Fleurs du mal, « le Chat ».
3 ☑ Loc. (compar. ou fig.). C'est une fée : elle a les qualités (grâce, bonté, etc.) d'une fée. ☑ Belle comme une fée (→ Étincelle, cit. 13). ☑ C'est une vraie fée Carabosse, une vieille femme laide et désagréable (→ Baguette, cit. 4). ☑ Travailler comme une fée : être d'une adresse qui semble surnaturelle (→ Ciseleur, cit. 1). ☑ La fée du logis : celle qui s'occupe admirablement de la maison, du foyer. ☑ Un don des fées : une chose heureuse et inattendue. — ☑ Les fées ont soufflé sur lui, les fées se sont penchées sur son berceau : il, elle a des dons, une chance exceptionnels.
♦ ☑ De fée : digne des fées. || Avoir des doigts de fée (→ ci-dessus travailler comme une fée). || Un ouvrage, un travail de fée, d'une habileté qui semble surnaturelle (→ Cabrioler, cit. 1).
4 Fig. a ☑ (Loc.). Fée Morgane : mirage multiple (d'abord observé dans le détroit de Messine). — ☑ Fam. La fée blanche : la cocaïne, la morphine. ☑ La fée brune (rare) : l'opium. ☑ La fée verte (vieilli) : l'absinthe.
b ☑ (Avec un subst. apposé 1906, in D. D. L.). La fée électricité (titre d'une célèbre composition picturale de Dufy) : l'électricité en tant que pouvoir magique.
❖
DÉR. Féerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.