loque [ lɔk ] n. f.
• 1468; moy. néerl. locke « boucle, mèche »
1 ♦ Vx ou région. (Belgique, Nord) Reste d'étoffe, morceau d'étoffe usé, déchiré. ⇒ chiffon. Frotter avec une loque de laine. Loque à poussières.
2 ♦ Cour., péj. Morceau d'étoffe déchiré. Vêtements qui tombent en loques. ⇒ lambeau; guenille, haillon. — Par ext. Vieux vêtement sale et déchiré. Un clochard vêtu de loques. ⇒ loqueteux. Être en loques, vêtu de loques.
3 ♦ Fig. Personne effondrée, sans énergie; qui a perdu tout ressort. Loque humaine. N'être plus qu'une loque. ⇒ épave.
4 ♦ (1863) Techn. Maladie des abeilles qui se manifeste par la pourriture du couvain.
⊗ HOM. Loch, looch.
● Loque personne sans énergie, usée par les échecs, la maladie, etc.
loque
n. f.
d1./d Morceau d'étoffe déchirée.
|| (Afr. subsah., Belgique, France rég., Luxembourg) Syn. de serpillière. Syn. torchon.
— Loque à poussière: chiffon à poussière.
d2./d (Plur.) Haillons. Un vagabond en loques.
d3./d Fig. Personne privée d'énergie, de ressort. Une loque humaine.
I.
⇒LOQUE1, subst. fém.
A. — Vieilli. Étoffe en lambeaux, déchirée, usée. Quand cette légion ne fut plus qu'une poignée, quand leur drapeau ne fut plus qu'une loque (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 411) :
• 1. ... les pots qui contiennent la crème, étaient jetés pêle-mêle devant la laiterie, avec leurs bouchons de linge. Les loques trouées qui servaient à les essuyer flottaient au soleil étendues sur des ficelles attachées à des piquets.
BALZAC, Chabert, 1832, p. 66.
— Région. (Belgique).
♦ Loque à poussières. Chiffon servant à épousseter (d'apr. BAETENS 1971, p. 355).
♦ Marchand de loques. ,,Chiffonnier`` (BAETENS 1971, p. 427).
B. — En partic.
1. Cour., le plus souvent au plur. Vêtement déchiré et usé. Synon. guenille, haillon. Une femme en est sortie [d'une masure] suivie de ses enfants. Elle était enveloppée d'une loque en laine de chameau (DU CAMP, Nil, 1854, p. 125). Des savates, un tas de loques (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 194). Ses jupes lamentables pendaient comme des loques de mendiante (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1080).
— (Être, tomber, s'en aller) en loques
♦ [En parlant d'une étoffe, d'un vêtement] Ces pauvres herboristes qui vont sur les places d'église, la chape en loques, et qui étalent sur un tapis leurs boîtes et leurs sachets (FARAL, Vie st Louis, 1942, p. 88) :
• 2. La faute en est à mon ancien justaucorps qui m'a lâchement abandonné au commencement de l'hiver, sous prétexte qu'il tombait en loques et qu'il avait besoin de s'aller reposer dans la hotte du chiffonnier.
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 294.
♦ P. anal. [En parlant de papiers, de livres, d'un organe] Plongé dans la contemplation d'un vieux planisphère en loques qui décorait lugubrement une des murailles de sa pièce (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., 1, p. 162). On me dit que ce pape a l'estomac en loque, Et qu'il fait son repas de deux œufs à la coque (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 141).
— P. méton. Individu mal habillé. Au sens coll. C'est la rentrée des maraudeurs. Il y a là toutes les laideurs, habillées de toutes les fantaisies de la loque (GONCOURT, Journal, 1870, p. 654).
2. Arg., au plur.
a) ,,Vêtements, toilettes`` (RIV.-CAR. 1969). Synon. fringues (pop.), vêtements. Ses capotes extravagantes (...) et ses somptueuses loques la firent d'abord traiter de vieille folle (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 60).
THÉÂTRE. Costume de scène. Pour sa tournée en Amérique, elle avait dix-huit loques dans ses valdingues (RIV.-CAR. 1969).
b) ,,Boutons de guêtre ou de pantalon, en cuivre — dans l'argot des écoliers, qui les recueillent avec soin`` (DELVAU 1883). Jouer aux loques. ,,Jouer avec des boutons comme avec des billes, à la bloquette, à la pigoche`` (DELVAU 1883).
C. — Au fig. Individu sans énergie. Synon. chiffe. Ce n'était plus qu'une loque humaine. Il exécrait le père Soupe (...), il en était venu à ne plus voir en lui qu'une loque bureaucratique, au long de laquelle, volontiers, il eût essuyé ses semelles (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 2e tabl.1893,1, p. 57) :
• 3. — Et pourquoi pas? Faites-lui donc une rente pendant que vous y êtes, dit Nadine. Sa voix tremblait de passion. — Tu sais, jamais il ne se désintoxiquera, c'est une vraie loque, dit Anne.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 560.
Rare. [En parlant d'un animal] Ses pauvres pattes enflées et raides se dérobant sous son corps le jetèrent sur le sol, loque inerte (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 41).
Rem. Le mot loque est considéré comme fam. par Ac. jusqu'en 1878. Plus de notation dans Ac. 1935.
REM. Arg. 1. Loqué, -ée, adj. [Correspond à B 2 supra] Habillé. Il est loqué de première (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1935, p. 121). Une p'tite môme chouette, bien loquée (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi!, 1935, p. 188). 2. Loquette, subst. fém. ,,Diminutif de loque. Petite pièce, petit morceau. Une loquette de morue. Il est populaire`` (Ac. 1878). Il faut lui arracher ce qu'il doit loquette par loquette. ,,Se dit d'un homme qui se fait tirer l'oreille pour payer ses dettes, qui, comme on dit, est dur à la desserre`` (HAUTEL t. 2 1808).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1475 « chiffon » (ici sert à renforcer une négation) (CHASTELLAIN, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 170); b) ca 1475 locque adj. « mou, fatigué » (MOLINET, Mandement de froidure, 48 ds Poésies religieuses et parodies, éd. N. Dupire, p. 733); 1880 « individu sans énergie » (ZOLA, Nana, p. 235). Empr. du m. néerl. locke « boucle, mèche de cheveux », d'où aussi l'a. fr. lok « mèches de laine grossière » (1274-1300 ds DE POERCK), locu « ébouriffé, hirsute » (ca 1200-XVe s. ds GDF.), la mèche comme la loque pendant de façon désordonnée. Bbg. CHAUTARDVie étrange Arg. 1931, p. 361 (s.v. loqué). - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 200-201.
II.
⇒LOQUE2, subst. fém.
APIC. Maladie infectieuse du couvain de l'abeille. Il n'y a guère de teigne par ici, mais méfie-toi de la loque [pour les abeilles] (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 304).
REM. Loqueux, -euse, adj. Atteint de la loque. Couvain loqueux. ,,Miel loqueux, mauvais miel`` (FRANCE 1907).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1863 (P. JOIGNEAUX, Le livre de la ferme et des maisons de campagne, t. 2, p. 18). Emploi spécialisé de loque1. Fréq. abs. littér. : 446. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 99, b) 976; XXe s. : a) 1 166, b) 587.
loque [lɔk] n. f.
ÉTYM. 1468; moy. néerl. locke « boucle, mèche ».
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1 Vx ou régional (Belgique, Nord). Reste d'étoffe, morceau d'étoffe usé, déchiré. ⇒ Chiffon, lambeau. || Frotter avec une loque de laine (→ Astiquer, cit. 2). || Loque à poussière (régional et critiqué : loque à reloqueter [à essuyer]). || Marchand de loques : chiffonnier.
♦ Mod. et cour. || Pendre comme une loque… || Loque déteinte (→ Dépenaillé, cit. 1). — ☑ En loques. || Vêtements qui tombent en loques. ⇒ Guenille, haillon, penaille.
♦ Fig. || Chairs en loques (→ Guerre, cit. 23). ⇒ Lambeau.
0.1 — « Tu arranges bien tes nippes » dit le baron. — Sa blouse en loques avait du sang.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Folio, p. 361.
1 (…) il frôle cette affiche imbécile dont l'angle décollé, déchiré, pend comme une loque.
G. Duhamel, Salavin, III, XVI.
♦ Cour. Vieux vêtement sale et plus ou moins déchiré. || Un clochard vêtu de loques (→ Déguiser, cit. 16). ⇒ Loqueteux. || La loque qui lui sert de cravate (→ Hausser, cit. 6). — Être (cit. 87) en loques (→ Gueux, cit. 3), vêtu de loques.
2 (…) il y avait probablement parmi eux une ou deux femmes, malaisées à reconnaître sous les déchirures et les loques dont tout le groupe était affublé.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, I.
2.1 Le jour grandissait, on pouvait le voir maintenant; et il regardait son pantalon et sa redingote lamentables. Il boutonna la redingote, épousseta le pantalon, essaya un bout de toilette, croyant entendre ces loques noires dire tout haut d'où il venait. Il était assis au milieu du banc, à côté de pauvres diables, de rôdeurs échoués là, en attendant le soleil.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 45.
♦ Fam. et vx (au plur.). Vêtements. || Mettre ses loques. ⇒ Loquer (se). || « Ses somptueuses loques » (Lorrain, in T. L. F.).
2 (1880, Zola; cf. l'adj. locque « mou », au XVe). Fig. Personne effondrée, sans énergie, qui a perdu tout ressort. ⇒ Chiffe (→ Corps, cit. 12), guenille. || Loque humaine. || N'être qu'une loque. ⇒ Épave (→ Amorphe, cit. 4; effondrement, cit. 4; épeuré, cit. 3).
3 (…) la dégoûtante vision d'une existence dépareillée, usée, réduite à l'état de poussier, à l'état de loque !
Huysmans, En route, VIII.
4 (…) ses pauvres pattes enflées et raides se dérobant sous son corps le jetèrent sur le sol, loque inerte, à quelques pas d'une source où il roula inconscient, à demi-mort, sans un regard et sans une plainte.
L. Pergaud, De Goupil à Margot, V.
3 (1863). Techn. Maladie des abeilles qui se manifeste par la pourriture du couvain. ⇒ Loqueux.
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DÉR. Loquer, loqueteux, loqueux.
COMP. Pendeloque.
HOM. Loch, looch.
Encyclopédie Universelle. 2012.