Akademik

intolérable

intolérable [ ɛ̃tɔlerabl ] adj.
• 1265; lat. intolerabilis
1Qu'on ne peut tolérer, supporter. insupportable. Douleur intolérable. aigu, insoutenable. Chaleur intolérable. accablant, infernal. « L'existence serait intolérable si l'on ne rêvait jamais » (France).
2Qu'on ne peut admettre. inadmissible. Pratique intolérable. Impers. Il est « intolérable qu'un seul homme tyrannise une masse » (Saint-Exupéry).
⊗ CONTR. Supportable, tolérable.

intolérable adjectif (latin intolerabilis) Qu'on ne peut pas supporter : Une douleur intolérable. Qu'on ne peut pas admettre, accepter : Une conduite intolérable.intolérable (synonymes) adjectif (latin intolerabilis) Qu'on ne peut pas supporter
Synonymes :
- atroce
- insupportable
- intenable
- invivable
- terrible
Contraires :
- supportable
Qu'on ne peut pas admettre, accepter
Synonymes :
- inacceptable
- inadmissible
- inexcusable
- odieux
- scandaleux
Contraires :
- acceptable
- admissible
- excusable
- tolérable

intolérable
adj.
d1./d Que l'on ne peut tolérer, insupportable. Douleurs intolérables.
d2./d Inadmissible. Comportement intolérable.

⇒INTOLÉRABLE, adj.
Qui n'est pas tolérable.
A. — 1. Qu'on ne peut supporter, endurer. Angoisse, anxiété, douleur, émotion, souffrance intolérable. J'avais une intolérable névralgie (MALLARMÉ, Corresp., 1864, p. 112). Chaque brin de paille qui nous touchait le visage causait d'intolérables démangeaisons (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière] 1908, p. 349) :
1. Le garçon reprit, scandant fanatiquement les syllabes, sans une bavure, avec une rigueur d'hallucination, et ses prunelles projetaient un feu noir, intolérable, que mon frère lui-même, ce magnétiseur d'esclaves (...) ne soutenait pas sans peine, ni effort.
ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 66.
2. Qui est extrêmement fâcheux, désagréable.
a) [En parlant d'une pers.] Un intolérable mioche de quatre ans, jouait avec une crécelle sur les marches du comptoir (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 135). Si vous saviez (...) comme ma tendresse est exclusive, comme ma jalousie est jeune, et quel mari intolérable je serai! (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 268) :
2. Je sentais d'autre part que je ne goûtais en elle que sa douleur sans défense, et que, gaie et satisfaite, elle m'eût été une compagne intolérable.
BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 166.
b) [En parlant d'une chose] Qu'on se garde surtout de le gonfler cet admirable andantino [de la sonate en si bémol] (...) il deviendrait intolérable même grossier. Discrétion, discrétion (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p. 150). Un intolérable sourire découvrait ses dents pures (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 414) :
3. ... il faut le plus possible, lorsqu'on emploie la grande pédale [au piano] éviter les appogiatures altérées et les notes de passage dans le medium de l'instrument, car ces notes se prolongeant comme les autres et s'introduisant par là dans l'harmonie à laquelle cependant elles sont étrangères, produisent d'intolérables discordances.
BERLIOZ, Instrument., 1844, p. 90.
Intolérable à. Je pisse plus haut que toi. Il disait vrai; sa supériorité était incontestable, mais la morgue avec laquelle il s'en prévalait fut intolérable au Petit Doré (AYMÉ, Puits, 1932, p. 37).
Intolérable pour. Cette insertion [note dans un groupe] est intolérable pour une oreille (...) familière aux allures des mélopées grégoriennes (BÉNÉDICTINS, Paléogr. mus., t. 3, 1889, p. 24).
B. — Qu'on refuse d'accepter, d'admettre. Le silence de nos gouvernants ne constituerait pas seulement une inconvenance intolérable à l'égard du parlement, mais un véritable péril pour notre pays (Recueil textes hist., 1896, p. 228). Invoquer l'omni-présence de l'eau pour justifier l'habitat dispersé de Bretagne, c'est ignorer l'intolérable corvée qu'y constitue pour tant de ménagères la quête de l'eau, seaux à la main ou sur une branche d'épaule, à des centaines de mètres de leur domicile (MEYNIER, Pays. agraires, 1958, p. 102) :
4. Penser autrement que ces tolérants [les libéraux] c'est ce que le parti de la tolérance ne peut tolérer; estimer qu'il faut respecter la loi de Dieu, c'est la doctrine absolument intolérable.
VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 14.
Dans une loc. impers.
Il est intolérable de + inf. Il nous était intolérable de penser que la liberté nous serait rendue sans que nous y fussions pour rien (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 366).
Il est intolérable que + subj. Il serait intolérable que je prétende parler au nom du catholicisme, ou entraîner dans mon chemin les catholiques comme tels (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 324).
Prononc. et Orth. : []. Ac. 1694, 1718 : intolerable, ensuite -tolé-. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. (JEAN DE MEUN, Testament, 1937 ds Rose, éd. Méon, t. 4, p. 99 : puors intolerables); ca 1330 en parlant d'une pers. (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Vie hum., 10566 ds T.-L.); 1352-56 en parlant d'un pouvoir accablant (BERSUIRE, ms. fr. BN 20312 ter, fol. 53 ds LITTRÉ). Empr. au lat. intolerabilis « intolérable, insupportable ». Fréq. abs. littér. : 1 044. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 647, b) 1 190; XXe s. : a) 2 000, b) 2 046.
DÉR. Intolérablement, adv. D'une façon intolérable. Il souffrait intolérablement de la privation de tabac (VAN DER MEERSCH., Invas. 14, 1935, p. 96). Le niveau intolérablement bas des salaires et du prix des services (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 180). []. Att. ds Ac. dep. 1878. 1re attest. 1521 (P. FABRI, Rhét., fol. 82 r° ds GDF. Compl.); av. 1528 [ms. XVIe s.] (J. D'AUTON, Chron., BN 5082, fol. 70 r°, ibid.); de intolérable, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 18.

intolérable [ɛ̃tɔleʀabl] adj.
ÉTYM. Fin XIIIe; lat. intolerabilis, de in- (→ 1. In-), et tolerabilis (→ Tolérable), de tolerare.
1 Qu'on ne peut tolérer, souffrir, supporter. Insupportable. || Douleur, souffrance intolérable. Aigu (→ Hanter, cit. 12). || Supplice intolérable. Atroce, horrible (→ Infinité, cit. 2).
(Sens affaibli). Très pénible, très désagréable. || Une chaleur intolérable. Accablant (→ Four, cit. 8). || Bruit, grondement intolérable (→ Bataille, cit. 12). || Bavardage (cit. 1) intolérable. || Contrainte intolérable (→ Engager, cit. 35).Être intolérable à qqn, pour qqn. || La nécessité du choix lui est intolérable (→ Élire, cit. 3). Impersonnellement. || Il lui est intolérable d'être jugé par autrui (→ Embargo, cit. 4).
1 (…) ce n'est point la pauvreté qui est intolérable, c'est le mépris (…)
Voltaire, l'Écossaise, I, 5.
2 La seule idée de cette infidélité m'est intolérable.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XVIII, Œ., t. VIII, p. 188.
3 L'existence serait intolérable si l'on ne rêvait jamais.
France, le Jardin d'Épicure, Œ., t. IX, p. 460.
4 (…) quand ma grand-mère n'avait pas de morphine, ses douleurs devenaient intolérables (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 179.
4.1 Un jour, on ne souffre plus d'un chagrin qu'on avait senti inconsolable ou d'une souffrance qu'on croyait intolérable.
Proust, Jean Santeuil, p. 201.
(1546). Personnes. Désagréable, importun, odieux (→ Intolérant, cit. 2). || Ce gosse est intolérable. Insupportable.
5 Comme il est naturel qu'on le déteste ! C'est ainsi que dans chaque endroit où il a passé il s'est rendu intolérable par son impudence et son manque de douceur.
Montherlant, le Songe, I, IV.
Une attitude, un geste, un sourire intolérable.
2 (1690). Qu'on ne peut admettre, permettre. Inadmissible. || La peine de mort, pratique intolérable (→ Attacher, cit. 40).
6 Votre Majesté n'a pas d'idée de la détestable inquisition qu'on exerce sur tous les ouvrages, et des mutilations intolérables qu'on fait essuyer à tous ceux qu'on croit capables de dire quelques vérités.
d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 9 avr. 1773.
Impers. || Il est intolérable de voir le bon droit ainsi bafoué. || Il est intolérable que… (et subj.). || C'est absolument intolérable.
7 (…) s'il est, certes, intolérable qu'un seul homme tyrannise une masse — il est tout aussi intolérable que la masse écrase un seul homme.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVII.
DÉR. Intolérablement.

Encyclopédie Universelle. 2012.