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inintelligible

inintelligible [ inɛ̃teliʒibl ] adj.
• 1640; de 1. in- et intelligible
Qu'on ne peut comprendre; dont on ne peut saisir le sens. abstrus, confus, difficile, incompréhensible, nébuleux, obscur. Langage, parole, mot inintelligible. « le vieillard qui marmonnait des choses inintelligibles entrecoupées de profonds soupirs » (Barrès). Raisonnement, style inintelligible. amphigourique. Texte, notes inintelligibles. indéchiffrable. Adv. ININTELLIGIBLEMENT . ⊗ CONTR. Intelligible.

inintelligible adjectif Qu'on ne peut pas comprendre : Philosophe inintelligible.inintelligible (synonymes) adjectif Qu'on ne peut pas comprendre
Synonymes :
- abscons
- abstrus
- hermétique
- incompréhensible
- nébuleux
- obscur
- sibyllin
- ténébreux
Contraires :
- compréhensible
- intelligible

inintelligible
adj. Incompréhensible. Paroles inintelligibles.Syn. confus, abstrus, abscons.

⇒ININTELLIGIBLE, adj.
Qui n'est pas (ou qui est mal) saisi et identifié par l'intelligence ou l'ouïe; qui n'est pas ou qui est peu intelligible.
A. — [Correspond à intelligible A] Qui n'est pas saisi ou qui est (plus ou moins) mal saisi et identifié par l'intelligence.
1. [Correspond à intelligible A 1; sans idée de degré] PHILOS., rare. Qui ne répond pas au principe de contradiction et/ou au principe de nécessité (d'apr. GOBLOT 1920). Dieu [pour Hobbes] étant inintelligible, puisqu'il est pour nous sans qualités, surpasse toutes nos idées et toutes nos recherches (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 247). Un fait sans cause n'est pas inconcevable, mais inintelligible. Le contingent, l'arbitraire, le caprice dans la nature, l'indéterminisme, et par suite le libre arbitre, sont très concevables, mais inintelligibles (GOBLOT 1920).
En partic. [P. réf. et p. oppos. à monde, ciel intelligible] Qui ne peut être saisi ni connu, même par l'intelligence :
1. Dépassement infini dans l'oubli, l'extase (...) : je vois, ce que jamais le discours n'atteignit. Je suis ouvert, brèche béante, à l'inintelligible ciel (...), perte dans l'entière absence de possible, dans la nuit opaque et morte, toutefois lumière, non moins inconnaissable, aveuglante, que le fond du cœur.
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 96.
2. [Correspond à intelligible A 2; avec une idée de degré; le subst. déterminé désigne l'objet de l'intelligence] Dont on ne saisit pas ou dont on saisit mal la signification, que l'on ne comprend pas ou que l'on comprend mal. Votre relevé de compte est absolument inintelligible pour moi. En ma qualité d'artiste, je n'entends rien aux usages du commerce (BLOY, Journal, 1900, p. 39). Il faut bien du parti-pris pour trouver inintelligibles des poèmes qui sont la lumière même (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 162) :
2. Ces livres constituaient, en effet, le plus incroyable des galimatias, le plus inintelligible des grimoires. Tout était en allégories, en métaphores cocasses et obscures, en emblèmes incohérents, en paraboles embrouillées, en énigmes bourrées de chiffres!
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 124.
SYNT. Déclaration, discours, explication, notion inintelligible; chapitre, document, texte inintelligible; lettres, notes, pensées inintelligibles; inintelligible patois; inintelligible charabia des télégrammes.
Inintelligible à/pour qqn. Formule, propos, technique, texte, paroles parfaitement/complètement inintelligible(s) pour qqn; langage inintelligible au commun des hommes. Argot intelligent quoique inintelligible pour tous ceux qui n'en ont pas la clef (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 13).
[En parlant de qqn] Dont on ne comprend pas ou dont on comprend mal le discours. Le poëte (...) était une intelligence inintelligible, un esprit trouble en tout, un de ces hommes empêchés qui bredouillent en parlant et qui griffonnent en écrivant (HUGO, Rhin, 1842, p. 237) :
3. — Quelquefois, vous êtes inintelligible (...), expliquez davantage et en plus de mots ce que vous voulez dire, et que ces mots ne soient pas du patois normand. Il peut être plus énergique que notre français de Paris, mais personne n'y comprend rien.
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 193.
En partic. Que l'on ne s'explique pas ou que l'on s'explique mal, faute d'en dégager la cause et d'en saisir le déroulement. Nulle vérité n'est plus difficile à comprendre qu'une autre, quand on sait bien tout ce qui est avant. Il n'y a d'inintelligible pour nous que ce qui est trop loin de ce que nous savons déjà (DESTUTT DE TR., Idéol. 1, 1801, p. 14). Si la cause première n'existe pas, toute existence est inintelligible (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 35).
♦ [À propos de la manière d'être ou d'agir d'une pers.] Refus inintelligible; attitude qui devient inintelligible. Les renversements sentimentaux étaient inintelligibles, venant d'elle. Ils ne lui ressemblaient pas (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 398). Rusés, méfiants, cupides [les paysans]? Non. C'est nous qui traduisons par des contresens (...). Quelle grandeur plutôt, insondable et inintelligible! (...) Il n'y a de grandeur que très obscure (CHARDONNE, Dest. sent., I, 1934, p. 172).
[En parlant de la pers. elle-même] Ne serai-je pas un homme d'autrefois, inintelligible aux générations nouvelles? Mes idées, mes sentiments, mon style même ne seront-ils pas (...) choses ennuyeuses et vieillies? (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 458).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est inintelligible. Le peuple est comme l'enfant, il s'émerveille de ce qu'il ne comprend pas. Il aime l'inintelligible (HUGO, Rhin, 1842, p. 162). Cet homme avait eu la singulière idée de vouloir que l'homme qui prie comprît ce qu'il dit. Mais le latin, c'est-à-dire l'inintelligible pour la masse, c'est l'arche sainte de la foi (GONCOURT, Journal, 1857, p. 319).
P. anal. [S'applique à ce qui, perçu par la vue, relève de la connaissance intellectuelle] Il y a bien des lacunes, bien des obscurités, dans cette science allégorique des tons. Dans (...) [le Couronnement de la Vierge de Fra Angelico] les marches du trône, par exemple, restent inintelligibles (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 195).
B. — Dans le domaine du lang. oral. [Correspond à intelligible B; avec l'idée de degré] Qui n'est pas correctement saisi et identifié par l'ouïe.
1. [Correspond à intelligible B 1; en parlant du son émis] Qui ne peut être distinctement perçu par l'ouïe et identifié par le récepteur. Grognement inintelligible; balbutiements inintelligibles. Elle voulait me parler, mais n'articulait que des sons inintelligibles (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 333). C'était une femme courageuse, bégaie le père de sa voix rendue presque inintelligible par le sifflement de ses poumons rongés d'alcool (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1315).
2. [Correspond à intelligible B 2; du point de vue du son et de sa signification conjugués, en parlant d'un mot ou d'un énoncé] Qui n'est pas distinctement entendu et compris par le récepteur, ou qui l'est mal. Des cris, des huées, des injures inintelligibles, coupés de sifflets stridents (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 400).
[P. méton., en parlant du locuteur lui-même] :
4. ... les paroles (...) se pressoient si tumultueusement qu'elles se confondoient (...) en je ne sais quel galimatias inextricable, dont il ne pouvoit débrouiller sa pensée. Il continuoit cependant, de plus en plus inintelligible, et substituant de plus en plus à la phrase naturelle et logique de l'homme simple le babillage de l'enfant qui ne sait pas la valeur des mots...
NODIER, Jean-François, 1832, p. 5.
P. anal. dans le domaine de la commun. écrite. [S'applique à ce qui, perçu par la vue, relève de la connaissance intellectuelle; en parlant d'un signe ou d'un énoncé graph.] Qui ne peut être correctement identifié, lu, déchiffré et compris par le lecteur. Une main (...) écrivit en caractères mystérieux et inintelligibles l'arrêt de ce prince (DELACROIX, Journal, 1822, p. 15). Dans une de ses lettres, au milieu d'un galimatias prophétique, se trouvaient quelques initiales inintelligibles, qui parurent un chiffre convenu entre conjurés (MÉRIMÉE, Hist. règne Pierre le Gd ds Journal des Savants, 1864-68, p. 762).
Prononc. et Orth. : [] et [-teli-]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1640, 27 mai « qu'on ne peut comprendre par suite d'incohérence ou de trop grande abstraction » (CHAPELAIN, Lettre à Balzac ds FEW t. 4, p. 739a); 2. 1657-62 « dont le comportement, le caractère est difficile à analyser » (PASCAL, Pensées, éd. L. Lafuma, p. 516 : notre être inintelligible à nous-mêmes); 3. 1732 « dont on ne comprend pas les paroles » (CRÉBILLON fils, Lett. Marq., p. 481). Dér. de intelligible; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 407. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 508, b) 436; XXe s. : a) 650, b) 672.
DÉR. 1. Inintelligibilité, subst. fém. [Correspond à A 2 supra] a) Au sing. Caractère inintelligible. Quels sont les résultats de cette analyse [de la jalousie chez Swann dans Proust]? L'inintelligibilité du psychique est-elle levée? (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 217). Ils (...) haïssent l'inintelligibilité systématique, voulant que les inventions du littérateur (...) soient pourtant « facilement conçues et entendues d'un chacun » (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 168). P. méton., souvent au plur. Chose inintelligible. Un rire d'homme fort (...) quand il découvre les absurdités, les inintelligibilités (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 165). b) Incompréhension entre personnes. L'inintelligibilité qui résultait, dans notre conversation avec la jeune femme, du fait que nous avions vécu dans un certain monde à vingt-cinq ans de distance, me donnait l'impression et aurait pu fortifier chez moi le sens de l'Histoire (PROUST, Temps retr., 1922, p. 964). [] et [-teli-]. Att. ds Ac. 1935. 1res attest. a) av. 1714 « caractère de ce qui ne peut être compris » (FÉNELON d'apr. Lar. Lang. fr.); 1724 (ROB.); av. 1745 (L'Abbé DES FONTAINES, Observ. sur les Écrits mod. ds Trév. 1752 : L'inintelligibilité est le plus grand défaut d'un ouvrage...); b) 1922 « incompréhension entre personnes » (PROUST, loc. cit.); de inintelligible, suff. -(i)té. Fréq. abs. littér. : 11. 2. Inintelligiblement, adv. De manière inintelligible. Anton. intelligiblement. Cette apologétique de pure logique historique, inintelligiblement jaillie de ses scepticismes accablés (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 447). [] et [-teli-]. Att. ds Ac. 1935. 1res attest. av. 1622 parler... inintelligiblement (ST FRANÇOIS DE SALES, Lettres, 581, XIV, 262 ds HUG.), attest. isolée; à nouv. au XIXe s. 1829 (BOISTE qui cite B. Constant); de inintelligible, suff. -ment2.
BBG. — GOHIN 1903, p. 272 (s.v. inintelligibilité).

inintelligible [inɛ̃teliʒibl] adj.
ÉTYM. 1640; de 1. in-, et intelligible.
1 (Choses). Qu'on ne peut comprendre; dont on ne peut saisir le sens. Abstrus, confus, difficile, incompréhensible, nébuleux, obscur. || Langage inintelligible; parole, mot inintelligible (→ Articuler, cit. 8; grommeler, cit. 5). || Marmonner des phrases inintelligibles ( Patenôtre). || Raisonnement, discours, style inintelligible. Amphigouri, logogriphe (fig.); → C'est de la bouillie pour les chats; et aussi beaucoup, cit. 37. || Texte, livre, grimoire inintelligible. Indéchiffrable; → Célèbre, cit. 6; constituer, cit. 4. || Ce manuel est difficile, mais pas inintelligible.Inintelligible à qqn, pour qqn. || Voilà qui est tout à fait, absolument inintelligible pour moi. Insaisissable; → C'est de l'hébreu pour moi.Un comportement inintelligible, qu'on ne peut interpréter clairement. || C'est à peu près inintelligible.
1 (…) Dieu, voulant nous rendre la difficulté de notre être inintelligible à nous-mêmes (…)
Pascal, Pensées, VII, 434.
2 (…) en patois basque, aussi inintelligible pour des Français que du haut allemand, de l'hébreu ou du chinois.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, XII, p. 101.
3 Ils parlaient tous deux à la fois, et leurs paroles étaient inintelligibles parce que les sanglots coupaient la voix du plus jeune et que le froid faisait claquer les dents de l'aîné.
Hugo, les Misérables, IV, VI, II.
4 (…) il entendait le vieillard qui marmonnait des choses inintelligibles entrecoupées de profonds soupirs.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 304.
Philos. Qu'on ne peut appréhender par l'intelligence, notamment pour des raisons logiques (non application des principes de contradiction et de nécessité : Goblot).
N. m. || L'inintelligible.
2 (Personnes). a Dont on ne comprend pas les paroles. || Un vice de prononciation qui le rend presque inintelligible (→ Articuler, cit. 7).
b Dont le discours, le style est obscur. || Écrivain, philosophe inintelligible, qui exprime mal sa pensée. || Un poète hermétique, à peu près inintelligible.
c Dont le comportement est incompréhensible.
CONTR. Clair, compréhensible. — Facile, intelligible.
DÉR. Inintelligibilité, inintelligiblement.

Encyclopédie Universelle. 2012.