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inguérissable

inguérissable [ ɛ̃gerisabl ] adj.
ingarissable v. 1460; de 1. in- et guérissable
1Qui n'est pas guérissable. Malade inguérissable. condamné. Maladie, plaie inguérissable. incurable.
2(Abstrait) Sans remède. Douleur, chagrin inguérissable. « Je ne souffrais plus du mal que j'avais cru si longtemps inguérissable » (Proust). Une méchanceté, une jalousie inguérissable. Un optimisme inguérissable. incorrigible, invétéré.
⊗ CONTR. Curable, guérissable.

inguérissable adjectif Que l'on ne peut guérir. ● inguérissable (synonymes) adjectif Que l'on ne peut guérir.
Synonymes :
- chronique
- incurable
Contraires :
- guérissable

inguérissable
adj. Qui ne peut être guéri. Mal inguérissable.Syn. incurable.

⇒INGUÉRISSABLE, adj.
A. — 1. [En parlant d'une pers.] Qu'on ne peut guérir, à qui on ne peut rendre la santé :
1. ... elle laisse échapper un mouvement de colère contre Charcot, qui lui a dit brutalement que son mari était inguérissable, qu'il ne pouvait lui retirer la souffrance et que tout ce qu'il pouvait faire, c'était d'empêcher la souffrance de toucher à son intelligence, à sa vie.
GONCOURT, Journal, 1885, p. 493.
Emploi subst. Il en rêve, en prenant l'apéritif avec moi, sous la vérandah de la maison qu'il habite près des huttes des inguérissables [les lépreux] (THARAUD, Passant Éthiopie, 1936, p. 181).
2. [En parlant d'un mal physique ou mental] Qu'on ne peut supprimer, faire disparaître. Synon. incurable. Abcès, blessure, dysenterie, mal, maladie, otite, plaie inguérissable. Jusqu'à trois heures [j'ai] été victime d'un grand abattement. — Mais c'était le moral, le moral, inguérissable maladie! (BARBEY D'AUREV., 1er Memor., 1837, p. 184). Il est mort d'une albuminurie dont on s'est aperçu fort tard et qui était inguérissable (FLAUB., Corresp., 1869, p. 189). Elle [l'administration de doses élevées] permit d'apporter la preuve de la curabilité de cancers pharyngés, laryngés, réputés jusqu'alors inguérissables (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 167).
B. — Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] Qu'on ne peut corriger. Synon. incorrigible. Nous avons affaire à un intellectualiste inguérissable. Pour lui, « sentir », c'est encore et toujours « penser » (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 583). Depuis que maman m'a appris à lire, j'avais besoin de ma drogue, de ma dose dans les 24 heures, n'importe quoi, pourvu que cela soit de l'imprimé! C'est ce que j'appelle être un inguérissable lecteur de livres (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 382) :
2. ... Costals trouvait souvent une photo d'elle, qu'avec rage, sans même y jeter un coup d'œil, il déchiquetait et jetait au panier. Ah! si elle l'avait vu alors, quel coup de poignard! Mais aussi, en une seconde, elle eût enfin compris. À moins que, inguérissable, elle n'eût pensé : « On n'a un tel mouvement de rage que quand on aime. Qu'a-t-il contre moi aujourd'hui? »
MONTHERL., J. filles, 1936, p. 952.
2. [En parlant d'une chose abstr.] Qu'on ne peut supprimer, faire cesser; dont on ne peut se débarrasser. Défaut, désespoir, désir, détresse, erreur, haine, inquiétude, malheur, mélancolie, mépris, nostalgie, principe, rusticité, tristesse inguérissable. Toute cette mauvaise société [la jeunesse réaliste], avec ses habitudes viles, ses mœurs aventureuses, ses inguérissables illusions, a déjà été peinte par le pinceau si vif de Murger (BAUDEL., Art romant., 1861, p. 569). Vous voyez que l'énergumène que je suis est atteint d'un optimisme inguérissable (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 171) :
3. J'ai peur de la peur; peur des spasmes de mon esprit qui s'affole, peur de cette horrible sensation de la terreur incompréhensible. Ris si tu veux. Cela est affreux, inguérissable. J'ai peur des murs, des meubles, des objets familiers qui s'animent, pour moi, d'une sorte de vie animale.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Lui? 1883, p. 853.
REM. Inguérissablement, adv. D'une manière inguérissable. On lui amenait [à l'étranger] les pauvrettes qui pleurent inguérissablement (KAHN, Conte or et sil., 1898, p. 188). Elle est demeurée inguérissablement elle-même, aveuglée par sa propre lumière (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 37).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. XVe s. « qui n'est pas guérissable » (G. CHASTELLAIN, L'Oultré d'amour ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 93). Dér. de guérissable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 99.

inguérissable [ɛ̃geʀisabl] adj.
ÉTYM. 1611; ingarissable, v. 1460; de 1. in-, et guérissable. → Guérir.
1 Qui n'est pas guérissable. || Maladie inguérissable. Condamné. || Maladie, plaie inguérissable. Incurable.Personnes :
1 (…) votre lettre (…) m'a bien consolé, mais ne m'a pas guéri, par la raison qu'à soixante et dix-neuf ans (…) je suis inguérissable.
Voltaire, Correspondance, 3994, 19 avr. 1773.
N. || Un, une inguérissable.
2 (1773). Fig. a (Choses). Sans remède. Inapaisable. || Défauts inguérissables (→ Heure, cit. 34). || Douleur, chagrin inguérissable. || Jalousie morbide et inguérissable. || Un optimisme inguérissable. Incorrigible.
2 Je ne souffrais plus du mal que j'avais cru si longtemps inguérissable (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 278.
3 Le jeune protestant décèle, chez Silbermann, des régions secrètes et douloureuses, une plaie à vif, une « détresse intime, persistante, inguérissable, analogue à celle d'un infirme ».
A. Maurois, Études littéraires, J. de Lacretelle, t. II, p. 223.
4 Cet amour bouleversant de Paul pour ses frères et qui nous brûle encore après tant de siècles, nous oblige à nous interroger sur notre méchanceté inguérissable. Gide souvent posait la question : « Pourquoi les catholiques ont-ils la dent si dure ? »
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 12.
b (Personnes). Qu'on ne peut guérir (d'un défaut, d'une tendance). Incorrigible.
DÉR. Inguérissablement.

Encyclopédie Universelle. 2012.