inébranlable [ inebrɑ̃labl ] adj.
• 1606; de 1. in- et ébranler
1 ♦ Qu'on ne peut ébranler, dont on ne peut compromettre la solidité, l'équilibre. ⇒ 1. fixe, immobile, robuste, solide. Masse, colonne inébranlable. — Que l'ennemi ne peut faire reculer, mettre en déroute. Bataillons inébranlables.
2 ♦ (Personnes) Qui ne se laisse point abattre. ⇒ constant, 1. ferme. Rester inébranlable au milieu des plus grandes infortunes. ⇒ courageux, impassible, impavide, stoïque. « Les Français libres restaient inébranlables » (de Gaulle). — Qu'on ne peut faire changer de dessein, d'opinion. ⇒ déterminé, inflexible. Être, rester inébranlable dans ses résolutions. — Par ext. Qui ne change pas. ⇒ immuable, inaltérable. Résolution, certitude inébranlable. ⇒ 2. arrêté. Nos pères « croyaient d'une foi inébranlable au progrès » (Siegfried). — Adv. INÉBRANLABLEMENT , 1661 .
⊗ CONTR. Fragile. Accommodant, changeant, influençable.
● inébranlable adjectif Qu'on ne peut ébranler : Un roc inébranlable. Qui ne se laisse pas abattre, fléchir : Courage inébranlable. Qui est ferme dans ses desseins, qu'on ne peut faire changer d'avis : Une résolution inébranlable. ● inébranlable (synonymes) adjectif Qu'on ne peut ébranler
Synonymes :
- résistant
- solide
- tenace
Contraires :
- branlant
Qui ne se laisse pas abattre, fléchir
Synonymes :
- ferme
- impavide
- stoïque
Qui est ferme dans ses desseins, qu'on ne peut faire...
Synonymes :
- déterminé
- irréductible
Contraires :
- fragile
- influençable
inébranlable
adj.
d1./d Litt. Qui ne peut être ébranlé.
d2./d Fig. Qui ne se laisse pas abattre. Demeurer inébranlable dans l'épreuve. Courage inébranlable.
d3./d Fig. Ferme. Sa résolution est inébranlable.
⇒INÉBRANLABLE, adj.
A. — 1. [En parlant d'un inanimé concr.] Qui ne peut être ébranlé, dont la solidité, l'équilibre ne peuvent être compromis. Synon. fixe, résistant, robuste, solide; anton. ébranlable, fragile. Colonne, construction, roc inébranlable. Des bâtisses assises sur des masses inertes et inébranlables (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 70). Ils [les Normands] ne devaient fournir au peuple anglais que les fondations inébranlables des temples et des châteaux forts (FAURE, Hist. art, 1912, p. 303).
2. P. anal., domaine milit. Que l'attaque ennemie n'ébranle pas, ne met pas en déroute. Bataillon inébranlable. Les soldats du Dieu jaloux, moins fougueux mais non moins fermes que les nôtres, demeuraient inébranlables (FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 195).
B. — Au fig.
1. Qui ne se laisse pas abattre ni décourager.
a) [En parlant d'une pers.] Synon. courageux, ferme, impassible, stoïque. On les mit à la question [les moines]. Deux furent inébranlables sous les plus cruelles tortures, mais le troisième faiblit et demanda grâce (MÉRIMÉE, Faux Démétrius, 1853, p. 131) :
• 1. Mais tu ne sais donc pas, mon amour, que je t'aime pour les souffrances de ta vie passée? Tu ne sais donc pas que j'adore en toi l'âme inébranlable qui a subi sans plier les orages de la vie?
SAND, Lélia, 1833, p. 222.
b) [En parlant d'une attitude, d'un sentiment] Synon. imperturbable. L'affection profonde, dévouée, tendre, inébranlable de mon amant (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Testament, 1882, p. 665). Je ne ferai qu'affirmer ma confiance inébranlable dans le principe d'une activité qui ne m'a jamais déçu (BRETON, Manif. Surréal., 1er Manifeste, 1924, p. 12) :
• 2. Quelquefois seulement cet inébranlable courage trahissait non l'hésitation, mais la souffrance. Le stoïque Augustin n'en disait rien. Son attitude était la même, sa ferme raison toujours aussi claire. Il continuait d'agir, de penser, de résoudre, comme s'il n'avait jamais reçu la moindre atteinte...
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 152.
— Inébranlable à + subst. Mais l'austère bonheur que tu nous as donné, Semblable au vaste mont qui plonge aux mers profondes Demeure inébranlable aux secousses des ondes (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 65).
2. [En parlant d'une pers.] Qui ne change pas; qui ne se laisse pas détourner de ses idées ou de ses projets. Synon. constant, déterminé, ferme, inflexible, têtu. Elle est douce et pleine de fermeté, inébranlable et implacable dans ses idées, dans ses répulsions (BALZAC, Lettres Étr., 1, 1850, p. 530). Harriet resta inébranlable et opposa à ma fougue un secouement de tête patient mais résolu (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 46) :
• 3. Au lieu d'un peuple gai, sociable, insouciant et brillant, il voyait des esprits concentrés, (...) mais baignant dans un pessimisme profond et serein, possédés d'idées fixes, de passions intellectuelles, des âmes inébranlables, qu'il eût été plus facile de détruire que de changer.
ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 988.
3. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est solidement fondé; que l'on ne peut discuter. Synon. certain, incontestable, indéniable, irréfutable. L'indépendance de mon esprit, la liberté la plus absolue dans mes opinions sont des privilèges inébranlables de ma noble origine (GOBINEAU, Pléiades, 1874p. 19) :
• 4. ... lorsque je cherchai par quel bien positif elle [la sagesse des Stoïciens] rendoit la vie heureuse, et sur quelle vérité inébranlable s'élevoit son sublime édifice, je dis avec découragement : la sagesse elle-même est vanité.
SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 4.
REM. Inébranlabilité, subst. fém., rare. Caractère de ce qui est inébranlable. Des hommes soucieux, préoccupés, inquiets, affectant de croire à l'inébranlabilité de la République (GONCOURT, Journal, 1883, p. 228). Les émeutes primitives exprimaient déjà un certain éveil de conscience : les ouvriers perdaient leur foi séculaire dans l'inébranlabilité du régime qui les accablait (LÉNINE, Que faire? 1933, p. 437).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1694, 1718 : inesbranslable, ensuite -ébranlable. Étymol. et Hist. 1. 1606 « qu'on ne peut faire changer de dessein, d'opinion » (Saint FRANÇOIS DE SALES, Lett. ds DELB. Matér. : ma fille, (...) de laquelle je sens le cœur inesbranlable en la saincte amitié qu'elle me porte); 2. a) 1654 au fig. « qui est certain, solidement fondé » (CYRANO DE BERGERAC, Le Pédant joué, éd. Fr. Lachèvre, 276); b) 1680 au propre « qu'on ne peut ébranler, dont on ne peut compromettre la solidité » (RICH.). Dér. de ébranlable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 502. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 882, b) 960; XXe s. : a) 636, b) 484.
DÉR. Inébranlablement, adv. De façon inébranlable. Synon. fermement. a) [Correspond à inébranlable A] Les différents os de la tête sont inébranlablement unis (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 31). Les architectes utilisaient, pour sceller inébranlablement les pierres les unes aux autres, des liants comme l'argile, le bitume, le plâtre ou le mortier (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 225). b) [Correspond à inébranlable B] Il était inébranlablement décidé à exiger de n'importe qui (...) la restitution de son Éden disparu (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 598). Les cubistes stricts, Braque, Picasso, Juan Gris, ne sont-ils pas demeurés inébranlablement fidèles à la figuration? (DORIVAL, Peintres XXe s., 1957, p. 118). — []. Ac. 1718 inesbranslablement, ensuite -ébranla-. — 1res attest. a) 1718 au fig. (Ac. : homme inesbranslablement attaché à son devoir), b) 1866 au propre (A. POMMIER, Paris, CXXXIX ds GUÉRIN 1892); de inébranlable, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 18.
BBG. — DELB. Matér. 1880, p. 175.
inébranlable [inebʀɑ̃labl] adj.
ÉTYM. 1606, sens 2; de 1. in-, et ébranlable.
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1 a (1680). Choses concrètes. Littér. Qu'on ne peut ébranler, dont on ne peut compromettre la solidité, l'équilibre. ⇒ Fixe, immobile, robuste, solide. || Masse, colonne inébranlable. || Une construction inébranlable. → Bâtie à chaux et à ciment (vieilli).
b En parlant de troupes que l'ennemi ne peut faire reculer, mettre en déroute. || Bataillons (cit. 3) inébranlables. || La garde immobile (cit. 20) et inébranlable.
1 Il y eut une compagnie de soixante Ombriens qui, fermes sur leurs jarrets, la pique devant les yeux, inébranlables et grinçant des dents, forcèrent à reculer deux syntagmes à la fois.
Flaubert, Salammbô, p. 173.
c (1654). Par métaphore. || La base (cit. 11) inébranlable des faits. || Positions inébranlables (→ Affermir, cit. 9).
2 (…) Achille (…) vainquit Hector, la colonne inébranlable de Troie.
Racine, Remarques sur Pindare, Ode II.
d Littér. || Inébranlable à… : qui ne peut être ébranlé par…
2 (1606, saint François de Sales). Littér. (Personnes). Qui ne se laisse pas abattre. ⇒ Constant, ferme. || « Rester inébranlable au milieu des plus grandes infortunes » (Académie). ⇒ Courageux, impassible, impavide, stoïque.
3 Inébranlable dans ses amitiés, et incapable de manquer aux devoirs humains.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
4 (…) en dépit de leur déconvenue, les Français libres restaient inébranlables.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. I, p. 109.
♦ Constance (cit. 2) inébranlable (→ À toute épreuve). || Courage inébranlable (→ Assaut, cit. 3). — Antéposé. || Une inébranlable fermeté.
5 (…) persuadé que l'autorité de mon maître était inébranlable, le regardant comme un de ces vieux chênes qui ont pris racine dans une forêt, et que les orages ne sauraient abattre.
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, VII.
3 (1685). Plus cour. (Personnes). Qu'on ne peut faire changer de dessein, d'opinion. ⇒ Déterminé, inflexible. || Être inébranlable dans ses résolutions (→ 1. Ferme, cit. 12), dans ses décisions (→ Entêtement, cit. 3). || Un homme dur et inébranlable (→ 1. Froid, cit. 20). || Il est inébranlable. → (vx) C'est un cœur d'acier, une barre de fer. || Homme public inébranlable (→ Éviter, cit. 28). || On ne put le persuader, il resta inébranlable.
6 Chactas, l'ayant interrogé, et le trouvant inébranlable dans sa résolution, l'adopta pour fils (…)
Chateaubriand, Atala, Prologue.
7 Rien ne fit plier le vieux tonnelier. Il restait inébranlable, âpre et froid comme une pile de granit.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 611.
8 (…) Harriet resta inébranlable et opposa à ma fougue un secouement de tête patient mais résolu (…)
A. de Gobineau, les Pléiades, I, IV.
♦ (Choses). Qui ne change pas. || Résolution, volonté inébranlable (→ Fantaisie, cit. 35). || Une foi inébranlable. || Idée, certitude inébranlable. ⇒ Arrêté (→ Entêtement, cit. 5). || Opinion inébranlable (→ Péremptoire, cit. 3).
9 (…) une résolution inébranlable de servir ce parti, comme si ce n'était que sa propre cause, après tout, et non uniquement celle des Princes et autres puissants qu'il entendit servir.
Sainte-Beuve, Volupté, XIV.
10 (…) nos pères (nous-mêmes, dans notre jeunesse) croyaient d'une foi inébranlable au progrès (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, I.
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CONTR. Fragile. — Ébranlable. — Accommodant, changeant, influençable.
DÉR. Inébranlabilité, inébranlablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.