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immortalité

immortalité [ imɔrtalite ] n. f.
XIIe; lat. immortalitas
1Qualité, état de celui ou de ce qui est immortel. Immortalité de l'âme. Absolt Croyance à l'immortalité, à la vie éternelle.
2Littér. Qualité de ce qui survit sans fin dans la mémoire des hommes. pérennité. Entrer dans l'immortalité. éternité. « cette immortalité que donne un beau trépas » (P. Corneille).
⊗ CONTR. Mortalité.

immortalité nom féminin (latin immortalitas, -atis) Qualité surnaturelle d'un être qui ne meurt pas : L'immortalité des dieux. Survivance éternelle dans la mémoire des hommes : L'immortalité des œuvres de Mozart. Propriété de certaines cellules vivantes qui ne sont pas fatalement soumises à la mort par sénescence. ● immortalité (citations) nom féminin (latin immortalitas, -atis) Henry Bordeaux Thonon-les-Bains 1870-Paris 1963 Académie française, 1919 […] Transmettre la vie, c'est admettre l'immortalité. Les Roquevillard Plon François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Il écrivait à la diable pour l'immortalité. Vie de Rancé Saint-Simon Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Cette femme-là est ivre du sentiment d'immortalité, et je vous la garantis prosternée devant l'image de la postérité. Lettres, à Falconet Catherine II Louis Poirier, dit Julien Gracq Saint-Florent-le-Vieil, Maine-et-Loire, 1910 Notre idée de l'immortalité, ce n'est guère que la permission pour quelques-uns de continuer à vieillir un peu une fois morts. Préférences José Corti Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Je suis très charmé de me croire immortel comme Dieu même. Mes pensées Maximilien de Robespierre Arras 1758-Paris 1794 La mort est le commencement de l'immortalité. À la Convention nationale, Discours du 8 thermidor an II Pindare Cynoscéphales, près de Thèbes, 518 avant J.-C.-Argos ? 438 avant J.-C. Ô mon âme, n'aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible ! Troisième Pythique, 61 (traduction Puech) Commentaire Ces deux vers forment l'épigraphe du Cimetière marin de Paul Valéry. John Keats Londres 1795-Rome 1821 Tu n'es pas né pour mourir, immortel oiseau ! Thou wast not born for death, immortal Bird ! Ode à un rossignol Ina Seidel Halle 1885-Schäftlarn, près de Munich, 1974 D'où viens-tu ? Combien de temps restes-tu ici-bas ? Pourquoi faire ? Les tilleuls exhalent une senteur immortelle. Wo kommst du her ? Wie lange bist du noch hier ? Was liegt an dir ? Unsterblich duften die Linden. Consolation immortalité (synonymes) nom féminin (latin immortalitas, -atis) Survivance éternelle dans la mémoire des hommes
Synonymes :
- pérennité
- survivance

immortalité
n. f. Qualité, état de ce qui est immortel. L'immortalité de l'âme.

⇒IMMORTALITÉ, subst. fém.
A. — Qualité, état de celui ou de ce qui est immortel.
1. [À propos d'une divinité ou d'une pers. envisagée princ. dans sa nature physique] Synon. impérissabilité. La recette de l'immortalité ne put être trouvée (...). L'homme ne put pas, sans doute, rester longtemps dans son illusion de devenir immortel sur la terre à l'aide de la médecine (C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 41). Embrasser Dieu (...) participer à sa glorieuse immortalité (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 196).
2. [À propos d'un principe spirituel] Cette disposition de l'homme à tout croire quand il ne voit rien, à saisir toutes les branches d'espoir quand tout lui échappe, dont le législateur adroit a su profiter pour établir le dogme d'une vie future, et l'opinion de l'immortalité de l'ame (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 485). Immortalité de notre être. Vous êtes, donc vous serez. Car, étant, vous participez de l'être, c'est-à-dire de l'être éternel et infini (P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. 244) :
1. L'argument usité pour exempter la personne de la décomposition et de la mort, terme de tout organisme, se fonde sur une distinction de nature entre la conscience, une, simple et inaltérable, dit-on, et les organes composés dissolubles, mortels. De là les anciennes démonstrations de l'immortalité [it. ds le texte] de l'âme.
RENOUVIER, Essais crit. gén., 2e essai, 1864, p. LXVI.
SYNT. Immortalité personnelle; dogme, idée, preuve(s), problème, sentiment de l'immortalité; croyance à/en l'immortalité, foi dans/en l'immortalité.
B. — P. ext. [À propos d'une espèce animale ou végétale, d'un organisme ou d'éléments organiques] Qualité, état de ce qui se perpétue ou semble se perpétuer indéfiniment, à travers une succession ininterrompue d'organismes ou d'éléments semblables. Synon. pérennité. La vie est courte, mais on revit dans ses enfants. L'auteur de la nature nous a accordé cette immortalité sur la terre (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 132). L'atome n'est que le dernier refuge où l'être, rendu à ses éléments premiers, poursuivra une sorte d'immortalité sourde et aveugle, de mort immortelle (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 48) :
2. ... la loi de mortalité a une valeur générale chez les êtres pluricellulaires. Tout organisme de ce genre peut être considéré comme double : il comprend une partie caduque, périssable, le corps ou soma; une autre, vivace, immortelle, le germen. C'est grâce à l'immortalité des cellules germinales que l'espèce peut indéfiniment se perpétuer.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 112.
C. — P. hyperb. Qualité, état de ce qui dure ou semble durer tel quel pendant très longtemps.
1. [À propos d'un inanimé concr.] Synon. incorruptibilité, indestructibilité, solidité. Immortalité de la matière. Éminences (...) couvertes de cèdres, emblêmes de l'immortalité végétale, ou de chênes-châtaigniers, non moins anciens (CRÉVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 265). La perpétuité de l'existence, l'immortalité des choses? (FLAUB., Smarh, 1839, p. 39).
2. [ À propos d'un inanimé abstr.] Synon. constance, durabilité, immuabilité, indéfectibilité, indissolubilité, invariabilité, permanence, persistance. Un amour qui ment, qui ment à son immortalité, et qui se proclame éphémère et vain, et qui se laisse convaincre par son propre mensonge au point de décroître, de vieillir, de mourir (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 228).
D. — Au fig. Durée très longue de quelqu'un ou de quelque chose dans la mémoire humaine. Anton. oubli. Immortalité d'une découverte, d'un livre; donner l'immortalité. Je ne voudrais pas mourir sans avoir laissé dans une mémoire après moi cette prolongation de notre existence dans l'existence d'un autre, qu'on appelle un sentiment, seule immortalité à laquelle je crois (LAMART., Raphaël, 1849, p. 170). Il est assez puéril de croire à l'immortalité, puisque les temps approchent où la mémoire des hommes, surchargée du prodigieux chiffre des livres, fera banqueroute à la gloire (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 18) :
3. ... si l'on était poète, artiste, écrivain, philosophe, on visait les générations même lointaines, on songeait à la postérité jusqu'à la prolonger si loin dans la perspective qu'elle en devenait immortalité. Il en résultait les plus grandes conséquences pour les œuvres : on faisait des choses durables...
VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 207.
En partic. Qualité de membre de l'Académie française. L'approche de l'immortalité académique ne va pas sans tristesse. Non que nous nous sentions le moins du monde devenir Dieu (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 45).
REM. Immortaliste, adj., hapax. Qui relève de la croyance à une certaine forme d'immortalité. L'homme qui meurt entrait pour lui dans la vraie vie. Mais pas plus que toutes les conceptions immortalistes qui succédèrent à la sienne, le désir d'immortalité des Égyptiens n'échappait à l'irrésistible besoin d'assurer une enveloppe matérielle à l'esprit toujours vivant (FAURE, Hist. art, 1909, p. 41).
Prononc. et Orth. : [im(m)]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 « qualité de l'être immortel » (Dialogues du pape Grégoire, 196, 6 ds T.-L.); 2. 1532 « qualité de ce qui demeure sans fin dans la mémoire des hommes » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, VIII). Empr. au lat. immortalitas « immortalité ». Fréq. abs. littér. : 1 075. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 606, b) 1 571; XXe s. : a) 918, b) 952. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 65 (s.v. immortaliste).

immortalité [i(m)mɔʀtalite] n. f.
ÉTYM. V. 1225; immortaliteit, fin XIIe; lat. immortalitas, de immortalis. → Immortel.
1 (Fin XIIe). État d'une personne ou d'une chose qui est immortelle ou considérée comme telle (1.). || Immortalité des dieux de l'Olympe. || Héros mythologique auquel les dieux ont conféré l'immortalité. Apothéose; → 1. Auguste, cit. 1. || Immortalité des bienheureux. || Le phénix, symbole d'immortalité.(Av. 1662, Pascal). Spécialt. || L'immortalité de l'âme (cit. 29). Immortel. || Doctrine, dogme de l'immortalité de l'âme.Absolt. || Croyance à l'immortalité, à la vie future. Futur (vie future); survivance (de l'âme). || L'Immortalité, poème de Lamartine (Méditations).
1 Ce qui est très singulier, c'est que dans les lois du peuple de Dieu il n'est pas dit un mot de la spiritualité et de l'immortalité de l'âme (…) il est indubitable que Moïse en aucun endroit ne propose aux Juifs des récompenses et des peines dans une autre vie, qu'il ne leur parle jamais de l'immortalité de leurs âmes, qu'il ne leur fait point espérer le ciel, qu'il ne les menace point des enfers; tout est temporel.
Voltaire, Dict. philosophique, art. Âme, XI.
2 Notre immortalité nous est révélée d'une révélation innée et infuse dans notre esprit.
Joseph Joubert, Pensées, I, XVII.
3 Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté,
J'attends le jour sans fin de l'immortalité.
La mort m'entoure en vain de ses voiles funèbres.
Ma raison voit le jour à travers ses ténèbres (…)
Lamartine, Premières méditations, XIX.
4 Ce n'est point par le sentiment de son néant que l'homme a élevé un tel sépulcre (les Pyramides), c'est par l'instinct de son immortalité : ce sépulcre n'est point la borne qui annonce la fin d'une carrière d'un jour, c'est la borne qui marque l'entrée d'une vie sans terme (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, VI.
5 La liberté de l'âme implique son immortalité.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, p. 57.
6 Il (Hugo) croyait à l'immortalité des âmes, à leurs migrations successives, à une échelle continue allant de la chose inanimée à Dieu, de la matière à l'idéal. Pourquoi ne pas admettre que flottaient dans l'espace des êtres dématérialisés, cherchant à s'exprimer (…)
A. Maurois, Olympio, VIII, III.
7 Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse !
Valéry, Poésies, Charmes, « Le cimetière marin ».
(1902, in Larousse). Durée, survivance dont on ne voit pas le terme. Continuité, pérennité. || La nature a assuré l'immortalité à l'espèce (cit. 31).
8 L'homme qui haïssait la mort et le dieu de la mort, qui désespérait de la survivance personnelle, a voulu se délivrer dans l'immortalité de l'espèce.
Camus, l'Homme révolté, p. 303.
2 (1532, Rabelais). Littér. Qualité de ce qui survit pendant très longtemps dans la mémoire des hommes. || Aspirer, aller à l'immortalité (→ Flatter, cit. 50). || Entrer dans l'immortalité (→ Génie, cit. 43). || Être voué, consacré (cit. 11) à l'immortalité. || Les mérites qui donnent, qui confèrent l'immortalité aux héros, aux génies. || Des vers marqués au coin (cit. 2) de l'immortalité.Écrivain qui travaille pour l'immortalité. Éternité, postérité.
9 Que le naturel n'est suffisant à celui qui en poésie veut faire œuvre digne de l'immortalité.
Du Bellay, Défense et Illustration de la langue franç., III (titre).
10 (…) cette immortalité que donne un beau trépas (…)
Corneille, Polyeucte, II, 2.
11 Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère,
Et depuis trois mille ans Homère respecté
Est jeune encor de gloire et d'immortalité (…)
M.-J. de Chénier, Épître à Voltaire.
12 (…) il (Saint-Simon) avait un tour à lui; il écrivait à la diable pour l'immortalité.
Chateaubriand, Vie de Rancé, III, p. 156.
13 C'est le style qui fait la durée de l'ouvrage et l'immortalité du poète.
Hugo, Littérature et philosophie mêlées, p. 11.
14 Si j'avais pu, je serais allé conquérir l'immortalité sur les champs de bataille (…)
France, le Livre de mon ami, Livre de Pierre, II, I.
15 (…) ce n'est que la sagesse des Nations qu'il (La Fontaine) nous transmet, mais dans une forme qui lui a valu l'immortalité.
André Siegfried, La Fontaine…, p. 62.
Plais. État d'immortel (4.), d'Académicien.
CONTR. Mortalité.

Encyclopédie Universelle. 2012.