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huguenot

huguenot, ote [ 'yg(ə)no, ɔt ] n. et adj.
• 1550; eyguenet 1520; altér. all. Eidgenossen « confédérés » (nom des Genevois partisans de la confédération contre le duc de Savoie)
1Surnom (péjoratif à l'origine) donné par les catholiques aux protestants calvinistes, en France, du XVIe au XVIIIe s. Les papistes et les huguenots. Par ext. protestant. Adj. La croix huguenote. « ses cousines huguenotes » (Sainte-Beuve).
2Vx Marmite huguenote, ou ellipt n. f. une huguenote : marmite de terre sans pieds ou à pieds très bas; petit fourneau surmonté de cette marmite. Une vieille femme « faisait notre festin dans une huguenote » (Chateaubriand).

huguenot, ote
n. et adj. Péjor. Calviniste.

⇒HUGUENOT, -OTE, subst. et adj.
A. — 1. Subst. et adj., vieilli. Protestant calviniste. Sous Marie Tudor, on (...) brûla, entre autres huguenots, une mère et ses deux filles; cette mère s'appelait Perrotine Massy. Une des filles était grosse. Elle accoucha dans la braise du bûcher (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 60) :
1. De toutes les violences exercées à la fin du règne de Louis XIV, on ne se souvient guère que des dragonnades, des persécutions contre les huguenots qu'on tourmentait en France et qu'on y retenait par force, des lettres de cachet prodiguées contre Port-Royal, les jansénistes, le molinisme et le quiétisme.
CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 133.
Emploi adj. Le parti huguenot; Henri IV, le roi huguenot. Un homme gardait son chapeau sur sa tête devant une procession, attitude huguenote; on l'envoyait aux galères (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 694). Une grosse bible du XVIe siècle, relique vénérable d'ancêtres huguenots persécutés pour leur foi (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 100) :
2. C'est la vieille cité huguenote [La Rochelle], grave, discrète, sans aucun de ces admirables monuments qui font Rouen si magnifique, mais remarquable par toute sa physionomie sévère, un peu sournoise aussi, une cité de batailleurs obstinés, où doivent éclore les fanatismes, la ville où s'exalta la foi des calvinistes et où naquit le complot des quatre sergents.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 717.
Œufs à la huguenote (vieilli). Œufs cuits dans du jus de mouton. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. P. ext., fam. Protestant (en général). Sur quatre [garçons], deux sont bigots, comme elle [la mère], et, par surcroît, de deux bigoteries ennemies. L'un est toujours fourré parmi les jupons noirs, les curés, les cafards; et l'autre est huguenot (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p. 20).
Emploi adj. Le grave enseignement huguenot de ma mère s'était, avec sa belle image, lentement effacé en mon cœur (GIDE, Immor., 1902, p. 373).
Croix huguenote. V. croix II B 2.
Rem. On rencontre un emploi au fig. ou p. métaph. connotant l'austérité, la rigueur. La conscience morale de Zénon, huguenot antique (MAURRAS, Chemin Paradis, 1894, p. XXVI). Emploi adj. Il s'était fait moins huguenot, c'est-à-dire moins austère en ses habits que de coutume (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 152).
B. — Subst. fém. Marmite de terre ou de fer sans pieds ou à pieds très courts, munie d'un couvercle. Une vieille femme tranquille, qui tricotait toujours, faisait, sans bouger de sa chaise, notre festin dans une huguenote (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 261).
REM. 1. Huguenoterie, subst. fém., hapax. Toujours elle tint bon et se préserva de cette manie de huguenoterie, qui, en effet, à cette date de 1561, était à la Cour une vanité, une mode française et mondaine (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 184). 2. Huguenotisme, subst. masc., hapax. Carrasco ne comprend que le huguenotisme espagnol : tout autre lui échappe (JAMMES, Corresp. [avec Mme A. Gide], 1900, p. 161).
Prononc. et Orth. : [ygno] init. asp., fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. 1. 1552 subst. masc. « calviniste » (PASQUIER, Recherches de la France, p. 1069 ds W. RICHARD, 1959, p. 49); 2. Av. 1570 adj. (CASTELNAU, Mémoires, éd. de 1659, t. 1, p. 155); 1572 à la huguenotte « à la manière des huguenots » (DANJOU et CIMBER, Archives curieuses, VII, 255). B. 1660 subst. fém. « petite marmite de terre sans pied » (OUDIN Fr.-Esp.). Empr. au genevois eyguenot « confédéré genevois adversaire du duc de Savoie » (1519 aguynos ds W. RICHARD, loc. cit.; 1520 eyguenot, ibid.), lui-même empr. au suisse alémanique Eidgnosse(n) « confédéré(s) »; cf. m. h. all. eitgenôz « id. » (d'où en 1483 le fr. esguenotz « espèce de soldats » ds FEW t. 15, 2, p. 84a); dès 1315 comme terme officiel pour désigner les membres de la Confédération suisse (cf. Duden Étymol., s.v. Eid). Désignant d'abord les partisans du parti politique qui luttait contre les tentatives d'annexion du duc de Savoie, eyguenot devint par la suite (et ce jusqu'au XVIIIe s.), un terme de mépris sous lequel les catholiques désignaient les Réformés (la majorité des confédérés étant aussi favorable à la Réforme) et se répandit alors dans les parlers de la Suisse romande ainsi que dans les régions françaises limitrophes. La forme huguenot qui apparaît dès la 2e moitié du XVIe s., semble être née en Touraine, où, comme en témoignent les historiens contemp., la population entendant parler des eyguenots sans en connaître le sens, rattacha ce mot à un certain roi Hugon qui aurait joui d'une grande popularité auprès des Réformés de Tours (cf. W. RICHARD, 1959, pp. 46-48). Le sens C vient de ce que les Huguenots se servaient de cette marmite pour faire cuire leurs viandes, en cachette, les jours de jeûne (cf. Trév. 1704). Cf. FEW t. 15, 2, pp. 85b-86a. Fréq. abs. littér. Huguenot : 116. Huguenote : 27. Bbg. COLOMB. 1952/53, p. 93, 120; pp. 364-366. - LAURENT (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania, 1925, t. 51, p. 40. - NAEF (H.). Huguenot ou le procès d'un mot. Bibl. d'Human. et de Renaissance. 1950, t. 12, pp. 208-227. - NYROP (K.). Hist. d'un terme de dénigrement : huguenot. In : N. (K.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, pp. 218-229. - RICHARD (W.) 1959, pp. 41-52.

huguenot, ote ['ygno, ɔt] n. et adj.
ÉTYM. 1550; esquenotz, 1483; aguynos, 1519; eidgnot, eyguenet, 1520; altér. de Eidgenossen « confédérés » (employé en parlant de l'alliance de Genève, Fribourg et Berne contre le duc de Savoie), d'après Hugues (de Besançon), nom d'un chef genevois; appliqué aux Réformés à partir de 1532.
1 Péj. (à l'origine). Protestant calviniste, en France.(XVIe-XVIIIe). || Les papistes et les huguenots (→ Éterniser, cit. 9).Adj. || Parti huguenot, faction huguenote. || Croix huguenote (→ Cou, cit. 9).
1 Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes (…)
Michel de L'Hospital, Harangue, 13 déc. 1560, in Guerlac.
2 Que si les termes de papiste et de huguenot se lisent en quelque lieu, ce sera en faisant parler quelque partisan passionné et non du style de l'auteur.
d'Aubigné, Hist., I, 49, in Littré.
3 Il y avait depuis longtemps deux partis dans la ville (de Genève), celui des protestants et celui des Romains : les protestants s'appelaient egnots, du mot eidgnossen, alliés par serment. Les egnots, qui triomphèrent, attirèrent à eux une partie de la faction opposée, et chassèrent le reste : de là vint que les réformés de France eurent le nom d'egnots ou d'huguenots (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXXXIII.
4 Ces huguenots, vois-tu, sont une vraie république dans l'État (…) si une fois ils avaient la majorité en France, la monarchie serait perdue (…) ils établiraient quelque gouvernement populaire qui pourrait être durable.
A. de Vigny, Cinq-Mars, t. I, VII, p. 232.
5 Dans la fréquentation de ses cousines huguenotes, son esprit s'était émancipé, et elle avait été par moments jusqu'à balancer en idée les deux communions romaine et calviniste.
Sainte-Beuve, Port-Royal, t. I, p. 50.
2 (1660). Vx. || Marmite huguenote et, absolt (n. f.), huguenote : marmite de terre sans pieds ou à pieds très bas; petit fourneau surmonté de cette marmite.
6 Une vieille femme tranquille, qui tricotait toujours, faisait, sans bouger de sa chaise, notre festin dans une huguenote. Je n'avais pas perdu l'habitude du repas du rat des champs.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 215.
Loc. À la huguenote. (1640). || Œufs à la huguenote, cuits dans du jus de mouton.

Encyclopédie Universelle. 2012.