histrion [ istrijɔ̃ ] n. m.
• 1544; lat. histrio
♦ Antiq. Acteur jouant des farces grossières, bouffon.
♢ Péj. et littér. Comédien. ⇒ cabotin.
● histrion nom masculin (latin histrio, comédien) Acteur antique qui jouait des farces grossières, avec accompagnement de flûte. En France, jadis, jongleur, baladin. Littéraire. Cabotin, charlatan ridicule : Un histrion politique.
histrion
n. m. Péjor., litt. Mauvais comédien, cabotin.
⇒HISTRION, subst. masc.
A. — HISTOIRE
1. Romaine. Acteur et spécialement mime qui jouait, accompagné à la flûte, les premières farces importées d'Étrurie puis des farces grossières, les satires. La gloire des histrions, gladiateurs, pantomimes a parfois rendu jaloux des personnages haut situés, des empereurs romains (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 264).
— Au fig. L'homme fait place au mime, et le sage au bouffon. Néron, bourreau de Rome, en étoit l'histrion (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 37).
2. Moyen Âge. Acteur ambulant, mime qui se produisait sur les places publiques. Synon. jongleur, baladin. Voir FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 51.
— P. compar. Toutes les passions s'éloignent avec l'âge, L'une emportant son masque et l'autre son couteau, Comme un essaim chantant d'histrions en voyage Dont le groupe décroît derrière le coteau (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1097).
B. — Péj. Comédien. Histrion vulgaire; misérable, vil histrion. Épictète était esclave, Molière était histrion, Ésope était saltimbanque (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 256) :
• Le brillant état de la caisse permettait ce luxe; luxe utile d'ailleurs, car il relevait la troupe en montrant qu'elle n'était point composée de vagabonds, escrocs et débauchés, forcés par la misère à ce fâcheux métier d'histrions de province, mais bien de braves comédiens à qui leur talent faisait un revenu honnête...
GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 278.
— P. ext. Celui qui joue un rôle, se donne en spectacle. Histrion politique. J'aurais (...) asséné (...) un royal coup de poing à cet histrion, qui venait de jouer la comédie à mes dépens et de faire de l'éloquence sur mes épaules (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 217).
— Emploi subst. fém., rare. Le sourire immuable et fixe de l'histrionne tournant sur son trapèze (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 139).
— Emploi adj. masc. et fém., rare. La saoulographie des marins qui est inhumaine, monstrueuse, histrionne, spectaculaire et pousse au néronisme (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 263).
REM. 1. Histrionesque, adj., hapax. Digne d'un histrion. Pourquoi ne se lassait-il pas de ses bavardages, de son monologue histrionesque? (ARNOUX, Roi, 1956, p. 137). 2. Histrionique, adj. Qui se rapporte à l'histrion. (Dict. XIXe et XXe s.). Les débuts de sa carrière histrionique (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 167). Psychol. Névrose histrionique. ,,Névrose de l'acteur`` (ANCELIN 1971). 3. Histrionisme, subst. masc. Goût poussé jusqu'à la manie de jouer la comédie; cabotinage. Il [Gambetta] ébaubit les hommes rangés de l'Ordre Moral, par une hypocrisie qui n'est pas la leur, par un histrionisme de carrefour (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 175). Psychol. ,,Particularité caractérielle de certaines personnalités montrant des conduites théâtrales. L'histrionisme se rencontre surtout dans la structure hystérique`` (VIREL Psych. 1977). 4. Histrionnerie, subst. fém., p. iron. Condition, dignité d'histrion. (Dict. XIXe et XXe s.). Un peuple de démocrates est un peuple d'histrions. L'histrionnerie monte aux honneurs, le patriciat descend à l'histrionnerie (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 130).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1544 antiq. « acteur jouant des farces grossières avec accompagnement de flûte » (JACQUES PELLETIER DU MANS, L'Art Poetique, f° 16 v° ds Fr. mod. t. 12, p. 206 : jouer les faisons Par Histrions...); d'où 1690 « mauvais acteur » (FUR.); 2. 1819 « homme sans consistance, charlatan » (MAINE DE BIRAN, Journal, p. 240 : M de B, autre histrion en philosophie, dit avec son ton sententieux d'« oracle »...). Empr. au lat. class. histrio « mime; comédien, acteur »; au fig. « comédien, fanfaron, faiseur d'embarras ». Fréq. abs. littér. : 107. Bbg. GOHIN 1903, p. 268 (s.v. histrionisme); p. 278 (s.v. histrionique). - QUEM. DDL t. 7, 9 (s.v. histrionisme).
histrion [istʀijɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1544; lat. histrio « acteur bouffon; faiseur d'embarras ».
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♦ Didactique ou littéraire.
1 Didact. Dans l'antiquité classique, Acteur jouant des farces grossières. ⇒ Bouffon.
1 Quand on voyait cet insensé (l'empereur Commode) combattre dans le cirque et se comporter en histrion de bas étage : « Ce n'est pas un prince, disait-on, c'est un gladiateur ».
Renan, Mélange d'hist. et de voyages, Œ. compl., t. II, p. 457.
2 Pour un Romain de vieille roche, l'histrion fut toujours un amuseur de second ordre, un méprisable saltimbanque.
Francis de Miomandre, Danse, p. 15.
2 (1690). Mod. Péj. et littér. Mauvais comédien (⇒ Cabotin) ou comédien méprisé (notamment dans les genres populaires; ⇒ Baladin, bateleur…).
3 (…) saint Thomas, qui n'avait jamais vu de bonne comédie, et qui ne connaissait que de malheureux histrions (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Police des spectacles.
3.1 — Mais qui me dit, fit Vallombreuse, que ce prétendu Sigognac, qui joue les Matamores dans une compagnie de bouffons, ne soit pas un intrigant de bas étage usurpant un nom honorable pour avoir l'honneur de faire toucher sa batte d'histrion par mon épée ?
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, IX.
4 C'était un histrion aux gestes pathétiques et au verbe sonore, qui « joue » la grandeur sans être vraiment grand.
Henri Lichtenberger, Wagner, p. 230.
♦ Par métaphore :
5 Éphémère histrion qui sait son rôle à peine,
Chaque homme, ivre d'audace ou palpitant d'effroi,
Sous le sayon du pâtre ou la robe du roi,
Vient passer à son tour son heure sur la scène.
Hugo, Odes, IV, 14.
6 Toutes les passions s'éloignent avec l'âge,
L'une emportant son masque et l'autre son couteau,
Comme un essaim chantant d'histrions en voyage
Dont le groupe décroît derrière le coteau.
Hugo, les Rayons et les Ombres, « Tristesse d'Olympio ».
♦ (1819). Charlatan, cabotin (fig.).
REM. Le féminin histrionne [istʀijɔn], rare, est attesté chez Diderot et Huysmans.
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DÉR. Histrionique, histrionisme, histrionner.
Encyclopédie Universelle. 2012.