hardes [ 'ard ] n. f. pl.
• 1480; fardes en a. fr., prononcé hardes en gasc.; ar. fardah → fardeau
1 ♦ Vx ou région. Dr. Ensemble des effets personnels (vêtements, linge et même meubles voyageant avec les bagages).
2 ♦ Péj. Vêtements pauvres et usagés. ⇒ guenille, haillon, nippes. « Ce qu'il y avait de pauvre et de triste dans ces hardes usées » (Green).
3 ♦ (Canada) Vêtements. Hardes faites (en confection).
⊗ HOM. Hard, harde.
hardes
n. f. pl. Litt. Vieux vêtements.
|| (Acadie) Vêtements. Un magasin de hardes.
⇒HARDES, subst. fém. plur.
A. — Vieilli
1. Ensemble des effets personnels que l'on emmenait dans ses bagages. Tour à tour, elle décida de se rendre le lendemain matin dans la chambre de Mrs Armstrong et de lui faire une confession entière, avec larmes, ou de rassembler ses hardes pour s'enfuir dans la nuit (GREEN, Journal, 1934, p. 262).
2. Ensemble de vêtements. Ce sera comme une vente après décès, où, par le plus ou moins d'usage que faisait le défunt de ses hardes, de ses meubles, de ses livres, un observateur en découvre les goûts (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 40) :
• 1. Toutes ces hardes de la soumission et de la servitude qu'il a portées, la robe grise à brandebourgs blancs du catéchumène dans l'église Saint-Jean, la livrée de Mme de Vercellis, n'étaient que les costumes d'une mascarade où malgré lui il jouait son rôle.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 50.
— DR. CIVIL. La femme qui renonce, perd toute espèce de droit sur les biens de la communauté, et même sur le mobilier qui est entré de son chef. Elle retire seulement les linges et les hardes à son usage (Code Civil, 1804, art. 1492, p. 273).
— En partic. Ensemble des vêtements de marin ou de soldat. À deux heures, le même jour, après marché conclu, Yves ayant acheté des hardes de marin du commerce et changé de costume clandestinement dans un cabaret du quai, monta à bord de la Belle-Rose (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 317).
B. — Péj. Vêtements pauvres et usagés. Paquet, tas de hardes; raccommoder, rapiécer de vieilles hardes. Moi, c'est en recousant mes hardes que je compose mes vers (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 130). Il me semble voir la chair de Mignon à travers ses hardes, la chair d'Hélène sous sa pourpre (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, II, 5, p. 106) :
• 2. Avec leurs hardes et leurs loques
Et leur marche qui les disloque,
L'été, parmi les champs nouveaux,
Ils [les mendiants] épouvantent les oiseaux...
VERHAEREN, Camp. halluc., 1893, p. 62.
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist. 1. [1480 « ensemble des effets personnels (vêtements, meubles,etc.) » (Compt. de tut., f° 53 a, Barb. de Lesc., A. Finistère ds GDF. Compl. : Pour achepter leurs petittes hardes) sens obscur]; 1539 (EST. : crier que chascung trousse ses hardes); 2. 1771 péj. « vêtements, vieux vêtements » (Trév. : Ce terme n'est pas du style noble); 1798-1878 (Ac. : De bonnes hardes. De vieilles hardes [Ac. 1694-1762 : De belles hardes. De riches hardes]). Empr. au gasc. et béarnais harde « hardes, effets » (LESPY-RAYM., PALAY), écrit farde en a. gasc. (1376-78 ds LESPY-RAYM.) et a. béarnais (1385 ds LEVY Prov.), hardes en 1630 (A. D'AUBIGNÉ, Faeneste, I, 1 ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 677, prononc. gasc. imitée, cf. p. 1348). Le gasc. et béarnais harde correspond à l'a. fr. farde « charge, bagage » (farde); « vêtements » (apr. 1170 fardres, WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 1651, var. fardes) empr. en ce dernier sens à l'ar. farda dont l'un des sens est : « moitié de la pièce d'étoffe de coton grossière, appelée [grande chemise ou blouse en toile de coton, à manches très amples (au Tchad et au Soudan)] » (FEW t. 19, p. 46b; DOZY II, 251a et I, 166; DOZY Vêt., p. 107; A. STEIGER ds Festschrift J. Jud, 1943, pp. 661-662). Cf. cat. alfarda « pièce d'habillement que portaient les femmes au Moy. Âge et qui leur couvrait le buste » (XIVe s. ds ALC.-MOLL), esp. alfarda « id. » (1303 ds A. STEIGER, loc. cit., p. 646, 18), port. alffarda « id. » (ca 1366 ds MACH.). L'aragonais farda « vêtement » invoqué par FEW, loc. cit., semble ne pas exister (cf. COR. t. 2, p. 494b, s.v. fardo). L'expr. trousser ses hardes d'EST. 1539 a son parallèle ca 1225, PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 3748 : Meneis a ses fardes trosees.
hardes ['aʀd] n. f. pl.
ÉTYM. 1480; fardes, v. 1155, en anc. franç., prononcé hardes en gascon; arabe fǎrdǎh « demi-charge d'un chameau ». → 1. Farde, fardeau.
➪ tableau Mots français d'origine arabe.
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1 Vx ou régional. Ensemble des effets personnels (vêtements, linge et même meubles) voyageant avec les bagages. → Ample, cit. 2; faquin, cit. 1; fripier, cit. 1.
1 « Ah ! dit la Bonnelle, voilà une mijaurée (la comtesse de Choiseul) qui a eu pour plus de cent mille écus de nos hardes. »
Mme de Sévigné, 258 in Pl., 1er avril 1672.
2 Les troupes (…) qui, dans ce moment-là, portaient leurs tentes et leurs autres hardes sur leurs épaules (…)
Racine, le Siège de Namur.
3 Il y a des mères, arrivées des villages, ayant mis leur beau costume breton des fêtes, la grande coiffe, et la robe de drap noir à broderies de soie; la pluie les gâte pourtant, ces belles hardes qu'on ne renouvelle pas deux fois dans la vie (…)
Loti, Mon frère Yves, IV.
♦ Dr. (la langue juridique ayant gardé le sens ancien). || Quelques hardes indispensables (→ Envoyer, cit. 16).
4 La femme qui renonce (à la communauté), perd toute espèce de droit sur les biens de la communauté, et même sur le mobilier qui y est entré de son chef. Elle retire seulement les linges et hardes à son usage.
Code civil, anc. art. 1492 (cf. aussi anc. art. 1566, et Code de commerce, art. 419).
2 (1771). Vêtements extrêmement modestes, pauvres et usagés. ⇒ Nippes, oripeaux; → Fripes. || Des hardes, presque des guenilles. || Un paquet de hardes, de vieilles hardes. ⇒ Vieillerie. || Être vêtu de hardes. || Hardes accrochées à un épouvantail (cit. 2). ⇒ Défroque. || Ravauder ses hardes.
5 (…) sur le lit du père, il vit l'habillement qu'il lui avait vu la veille posé en travers en façon de couvre-pied. D'autres hardes, placées de la même manière sur le lit du petit-fils, faisaient présumer que toute leur garde-robe était là (…) Enfin c'était la misère à son dernier période (…)
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 366.
6 Le déménagement ne dérangea personne : deux paquets de hardes, que le vieux tint à porter lui-même, et dont il fit deux voyages.
Zola, la Terre, IV, II.
7 Elle était vêtue de taffetas noir (…) mais il y avait dans l'étoffe autour de la taille quatre ou cinq vilaines reprises qui avouaient des temps difficiles (…) Le rose de la coiffeuse contrastait fortement avec ce qu'il y avait de pauvre et de triste dans ces hardes usées (…)
J. Green, Léviathan, I, III.
8 La maison qui vend des vêtements ne se confond pas avec celle qui étale des nippes ou des hardes.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 581.
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DÉR. V. 1. Hardé.
HOM. Hard, 1. harde, 2. harde; formes du v. harder.
Encyclopédie Universelle. 2012.