gredin, ine [ grədɛ̃, in ] n.
• 1640; du moy. néerl. gredich
1 ♦ Vx Misérable, mendiant.
2 ♦ Vieilli Personne malhonnête, méprisable. ⇒ bandit, coquin, malfaiteur. « Ce gredin de mari a pour lui la loi » (Balzac).
● gredin, gredine nom (moyen néerlandais gredich, avide) Personne dénuée de sens moral, vile, méprisable. Vieux. Bandit, malfaiteur. ● gredin, gredine (citations) nom (moyen néerlandais gredich, avide) Jacques Boutelleau, dit Jacques Chardonne Barbezieux 1884-La Frette-sur-Seine 1968 Le monde est plein de braves gens qui ne voient partout que des gredins. L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour Albin Michel ● gredin, gredine (synonymes) nom (moyen néerlandais gredich, avide) Personne dénuée de sens moral, vile, méprisable.
Synonymes :
- canaille
- chenapan
- coquin
- fripon (vieux)
- fripouille (familier)
- sacripant (vieux)
- scélérat
- voyou
gredin, ine
n.
d1./d Personne malhonnête, crapule.
d2./d (Sens atténué.) Vaurien, fripon. Petit gredin!
⇒GREDIN, -INE, subst.
I. A. — Vx. Mendiant(e) :
• 1. ... s'il [Velasquez] trouvait au Rastro ou ailleurs un gredin farouchement déguenillé (...) il le peignait avec le même amour, la même maëstria que s'il eût eu pour modèle un roi ou un infant...
GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 274.
B. — Usuel. Personne dénuée de toute valeur morale et ne méritant aucune considération. Partout le triomphe des scélérats ou des médiocres, partout l'apothéose des gredins de la politique et des banques (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 198). Il sait bien ce qu'il fait le gredin! Il le sait le petit salaud! Le charognard! La petite frappe! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 388).
Rem. 1. S'emploie dans un sens assez vague que prennent beaucoup de termes injurieux : gredin d'artiste (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 25); gredin de maire (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 240); gredin de mari (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 268); gredin de notaire (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 328); gredin de père (MAUPASS., Mont-Oriol, 1887, p. 207). 2. Peut aussi s'appliquer à des inanimés : gredin de froid (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 545); gredins de légumes (ID., Ventre de Paris, 1873, p. 627); gredins de remparts (ID., Fortune Rougon, 1871, p. 279); gredin de séjour (FLAUB., Corresp., 1863, p. 124); gredine de terre (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 463).
P. ext. [Avec une nuance de sympathie] Mauvais garnement, « sacrée fille ». Foutu, vieux gredin. Mais c'est un gredin fini (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 262) :
• 2. ... la cadette, une merveille. Une blonde, ou plutôt une blondine avec une tête venue du ciel. Quand elles se mettent à être jolies, les gredines, elles sont divines.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Découv., 1884, p. 958.
II. — Subst. masc. Petit chien à poils longs. Fi du chien bellâtre, (...) ce fat quadrupède, danois, King-Charles, carlin ou gredin (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 222).
REM. 1. Gredot, subst. masc., région., synon. de gredin (supra I). Notre danse avait attiré des gredots, et on sait que tous ceux qui demandent la charité ne la font pas aux autres quand l'occasion du mal leur est belle (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 188). 2. Guerdin, subst. masc., synon. de gredin (Supra I). Moi je suis un guerdin, une canaille (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 191).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-in]. Ds Ac. dep. 1694. La var. guerdin (supra REM. 2) s'explique par métathèse. Étymol. et Hist. 1. a) 1640 « mendiant » (OUDIN Curiositez); b) 1653« personne vile, méprisable » (P. SCARRON, Virgile Travesti; VII ds Œuvres [éd. 1786], t. 4, p. 439); c) 1775 « mauvais garnement » (D'ALEMBERT, Lettres à Voltaire, 28 août ds LITTRÉ); 2. 1746 chienne gredine (La Morlière, Angola, 19); 1755 un gredin noir (BUFFON, Hist. nat., t. 5, p. 227). Empr. au m. néerl. gredich « avide » avec francisation de la fin du mot; cf. les var. région. Villefr. gredan « gredin », Centr. gueurdaud « mendiant », berr. gredot « vagabond » (v. FEW t. 16, p. 54a et b). Fréq. abs. littér. : 322. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 239, b) 1 055; XXe s. : a) 770, b) 136. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925] p. 314.
gredin, ine [gʀədɛ̃, in] n.
ÉTYM. 1640; du moy. néerl. gredich, francisé avec suff. en -in.
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I Vx.
1 « Gueux, misérable qui est de la lie du peuple » (Furetière), qui est réduit à la mendicité.
2 Écrivain médiocre, avide, besogneux ou famélique.
1 Il semble à trois gredins, dans leur cerveau,
Que, pour être imprimés, et reliés en veau,
Les voilà dans l'État d'importantes personnes (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 3.
2 Des gredins du Parnasse ont dit que je vends mes ouvrages. Ces malheureux cherchent à penser pour vivre, et moi je n'ai vécu que pour penser.
Voltaire, Lettre à Panckoucke, 3437, 13 févr. 1769.
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II (1653). Mod. Personne sans honneur, sans probité, vile, méprisable. ⇒ Bandit, coquin, criminel, malfaiteur, vaurien.
3 À quoi servirait-il avoir tant d'honnêtes gens dans le ministère, si les gredins triomphent encore ?
d'Alembert, Lettre à Voltaire, 28 août 1775.
4 Ce gredin de mari a pour lui la loi (…)
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 384.
5 Tout ce tas monstrueux de gredins et de cuistres (…)
Hugo, les Châtiments, VII, VIII, 4.
6 Fanny, qui vivait très en froid avec son père, blessée de ce qu'il s'était retiré chez son gredin d'aîné, au lieu de se réinstaller chez elle (…)
Zola, la Terre, IV, IV.
♦ (1775). Sens atténué. ⇒ Chenapan, fripon, garnement. || Petit gredin, je vais te tirer les oreilles ! || Ah, la gredine !
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III (P.-ê. altér. de grondin). Chien d'une race de petite taille, appelée plus tard King-Charles (cit. Baudelaire).
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DÉR. Gredinerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.