Akademik

gober

gober [ gɔbe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1549; se gober « se vanter » XIIIe; d'un rad. gaul. °gobbo- « bouche »
1Avaler vivement en aspirant, et généralement sans mâcher. Gober une huître, un œuf cru. Grenouille qui gobe un insecte. Gober l'hameçon.
Fam. 1. manger.
2(1650) Fig. et fam. Croire sans examen. avaler. Il gobe tout ce qu'on lui dit. « je demeurai pantelant, gobant leur propos » (A. Gide).
(1846) Vieilli Estimer, apprécier. Je ne peux pas le gober. blairer, encadrer. — SE GOBER v. pron. Vx Avoir une haute opinion de soi-même, être plein de suffisance, de fatuité.

gober verbe transitif (radical gaulois gobbo-, bec) Avaler quelque chose en aspirant et sans mâcher : Gober une huître. Familier. Croire des propos facilement, sottement, sans examen : Il gobe tout ce qu'on lui raconte. En parlant d'un poisson, engamer, et en particulier prendre un insecte à la surface de l'eau. ● gober (expressions) verbe transitif (radical gaulois gobbo-, bec) Familier. Gober les mouches, perdre du temps à rêvasser. Familier. Ne pas gober quelqu'un, ne pas l'estimer. ● gober (homonymes) verbe transitif (radical gaulois gobbo-, bec)

gober
v. tr.
d1./d Avaler rapidement en aspirant et sans mâcher. Gober un oeuf, une huître.
d2./d Fig., Fam. Croire sans discernement. On lui fait gober tout ce qu'on veut.
d3./d Loc. fig., Fam. Ne pas gober qqn, qqch, ne pas le supporter, le détester.

⇒GOBER, verbe trans.
A. — [Le suj. désigne une pers. ou un animal] Avaler prestement en aspirant et généralement sans mâcher. Gober un œuf, une huître. Il tira de sa poche un minuscule étui de nacre, et goba deux pastilles, coup sur coup (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 386).
Au fig. Gober les mouches. Rêvasser, perdre son temps. Son destin fut débattu dans la voiture, tandis qu'il gobait les mouches auprès du cocher (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 185).
P. ext., fam. [Le compl. d'obj. dir. désigne un aliment solide] Manger goulûment, rapidement, en mâchant à peine. Et il goba fort agréablement sa mouillette beurrée (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 102). Un seul d'entre eux resta dans son arbre et continua de gober des fruits [des cerises] sans se soucier de la présence de l'évêque (BILLY, Introïbo, 1939, p. 48).
B. — P. anal., pop.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose néfaste] Synon. écoper.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un fait, un procès] Tu te cachais derrière elles, quand elles ont gobé du plomb à ta place! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1519).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] On y gobe [dans les marais] des fièvres et la colique (FLAUB., Corresp., 1849, p. 124). J'avais justement gobé une retenue! (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 191).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Attraper, capturer. La Cigogne (le Palais-de-Justice) finit par nous gober (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 544).
Être gobé. Être capturé. Sans vous j'étais gobé! ajouta Gavroche (HUGO, Misér., t. 2, p. 372).
C. — Au fig., pop. et fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. Croire sans discernement tout ce qui se dit. La petite Besse (...) était d'une simplicité incroyable, elle aurait gobé n'importe quoi (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p. 136) :
— Il peut arriver à tout le monde de se tromper, Mademoiselle Claudine! et je fais mes excuses de mon inadvertance à Mlle Sergent. Mais celle-ci, remise de sa secousse, sent bien que nous ne gobons pas l'explication...
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 139.
Gober le morceau, l'hameçon. Accorder du crédit à un mensonge, à un leurre. Goulard a gobé l'hameçon : mais qu'avez-vous mis dessus? car il est fin (BALZAC, Faiseur, 1850, p. 211). Vous aviez bien besoin de concevoir l'idée profonde de me marier... Enfin ce plat de votre façon est cuit à présent, et c'est moi qui suis obligé de gober le morceau (FABRE, Roi Ramire, 1884, p. 236).
P. ell., vx.
Le gober. Il l'a gobé tout d'même le particulier (ROUGEMONT, La Dot du savetier, Quoy, 1822, p. 26).
[Peut-être p. ell. de pilule] La gober. Ah! mon Dieu! mon Dieu! comme ils la gobent, la gobent-ils... vont-ils, vont-ils... (MERLE, BRAZIER, Les Originaux au café, Barba, 1818, p. 36 ds QUEM. DDL t. 15).
Vieilli. Être gobé. Être berné, abusé. S'il m'avait donné des valeurs mauvaises, je serais gobé comme un niais (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 225).
2. Estimer, apprécier quelqu'un. Combien je vous goberais de venir soit au bureau, soit dans une salle, me prendre (VERLAINE, Corresp., t. 2, 1886, p. 53). Mais y a qu'elle qui gobe les Jésuites à la maison (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 301).
Ne pas gober qqn. Ne pas souffrir, ne pas supporter quelqu'un. Vous savez, ils ne vous gobent pas! (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 490).
Emploi pronom. à sens réfl. Avoir une haute opinion de soi-même, être plein de suffisance, de fatuité. En v'là de l'orgueil!... (...) Parbleu! « Attachée » à l'École Normale, ça frime, on se gobe... (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 200).
REM. 1. Gobant, ante, part. prés. employé a) Comme adj., pop. Séduisant. Dans le peuple, on ne se marie pas par intérêt, mais par amour, on prend une femme parce qu'elle vous botte; qu'elle est gobante (La Petite lune, 1878-79, n° 30, p. 3). b) Comme subst. masc. Au fig. Trompeur. Vous vous placez toujours au point de vue du gobant; moi je me place au point de vue du gobé (POMMIER, Athéisme, 1857, p. 69). 2. Gobé, ée, part. passé employé comme subst. masc. Trompé. (cf. ID., ibid.).
Prononc. et Orth. : [], (il) gobe []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « dévorer » (EST.); 2. av. 1679 « croire sans examen » (Cardinal de RETZ, Œuvres, éd. Feillet, Gourdault, Chantelauze, t. 3, p. 211); 3. 1846 « aimer, affectionner » (L'Intérieur des prisons, p. 243). Dér. du gaul. gobbo « bec, bouche » (v. gobet); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 118. Bbg. QUEM. DDL t. 5, 6, 15. - SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 151, 238; t. 2 1972 [1925], p. 162, 284.

gober [gɔbe] v. tr.
ÉTYM. 1549; se gober « se vanter », XIIIe; d'un rad. gaul. gobbo- « bouche » (cf. gaba → Gaber) avec infl. probable du rad. onomatopéique gobb- « enflé » (base gallo-romane gubbus; cf. Guiraud).
1 Avaler vivement en aspirant, et généralement sans mâcher. || Gober une huître, un œuf cru (→ Couvée, cit. 3), des pruneaux (→ Gargamelle, cit.).Poisson qui gobe l'appât.Fam. Manger. || Le loup lui a gobé tous ses moutons (→ Compter, cit. 3; croquer, cit. 4).
1 Et il goba fort agréablement sa mouillette beurrée.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 541.
2 (…) elle gobait indifféremment les insectes, les fruits, et n'hésitait même pas, l'occasion se présentant, à démolir ou à dévorer la couvée tardive d'un petit oiseau (…)
L. Pergaud, De Goupil à Margot, p. 149.
2 (1650). Fig. et fam. Croire sans examen. || Gober les nouvelles les plus invraisemblables. || Il gobe tout ce qu'on lui dit, c'est un gogo, un gobemouches.Gober l'appât (cit. 3), le morceau, (1669) l'hameçon : se laisser attraper, tromper, duper. — ☑ (1690). Vx. Gober des mouches : perdre son temps en rêveries.
3 Mais je ne suis pas homme à gober le morceau,
Et laisser un champ libre aux vœux du damoiseau (…)
Molière, l'École des femmes, II, 1.
4 Tous deux également sont propres à gober les hameçons qu'on leur veut tendre (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 3.
5 Il n'en fallut pas davantage à ce pauvre prince pour lui persuader l'ineptie d'une supposition qu'il avait si aisément gobée, et, tout d'un coup, pour lui faire naître la honte d'avoir si pleinement donné dans un panneau si grossièrement tendu (…)
Saint-Simon, Mémoires, III, XLIII.
6 Après ça, il faut bien quelque chose à ceux qui sont en bas (…) On leur donne à gober les légendes, les chimères, l'âme, l'immortalité, le paradis, les étoiles. Ils mâchent cela. Ils le mettent sur leur pain sec.
Hugo, les Misérables, I, I, VIII.
7 (…) tout le dîner, je demeurai pantelant, gobant leurs propos, tourmenté du désir de leur parler (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX.
Loc. (Vx). La gober : être naïf, se laisser tromper.
3 (1846). Fig. et fam. (souvent dans des propositions négatives). Estimer, apprécier (qqn). Avoir qqn à la bonne. || Elle ne le gobe pas beaucoup.
8 Autrefois j'aimais les gendarmes.
Drôle de goût, me direz-vous (…)
Mais je les gobais tout de même,
Comme on prise de bons enfants.
Verlaine, Invectives, XLV.
——————
se gober v. pron.
ÉTYM. (XIIIe; repris 1856).
Être gobé. || L'huître ne se mâche pas, elle se gobe.Fig. réfl. Fam. Avoir une haute opinion de soi-même, être plein de suffisance, de fatuité.
9 Le brave garçon, en effet, ne laissait pas que de se gober quelque peu; il faisait fort grand cas de sa gracieuse personne et se fût très bien, comme on dit, passé la main dans les cheveux (…)
Courteline, le Train de 8 h 47, I, I.
DÉR. Go (tout de). — Gobage, gobbe ou gobe, gobeur, gobichonner. — (Du même rad.) V. Goberger (se), gobeter.
COMP. Dégobiller, gobe-mouche.
HOM. (De quelques formes) Gobe, gobbe.

Encyclopédie Universelle. 2012.