glissement [ glismɑ̃ ] n. m.
• 1460; de glisser
1 ♦ Action de glisser, mouvement de ce qui glisse. Le glissement d'un traîneau sur la neige, d'un rideau le long de sa tringle, d'une barque sur l'eau.
♢ Bruit de ce qui glisse. « nous avons entendu le glissement d'une auto qui passait » (Camus).
♢ Glissement de terrain : mouvement de masse descendant, rapide, entraînant tout ou partie d'un versant. ⇒ affaissement.
2 ♦ Fig. Action de tendre progressivement et insensiblement vers qqch. ⇒ évolution. Mot qui change de sens par glissement d'une idée à une autre (glissement de sens). Le résultat des élections marque un léger glissement à gauche, à droite.
3 ♦ Statist. Variation du niveau d'une grandeur entre deux dates. Glissement des prix.
● glissement nom masculin Action de glisser sur une surface ; mouvement de ce qui glisse : Le glissement d'une barque sur l'eau. Bruit de ce qui glisse : Entendre des glissements de pas. Passage progressif à un degré ou à un état différent : Un glissement de sens d'un mot. Processus tectonique par lequel, le long de discontinuités lithologiques ou structurales, des unités tectoniques se mettent en place par gravité. Déplacement de deux surfaces en contact consistant en une translation de l'une par rapport à l'autre. Mouvement élémentaire de divers plans d'atomes dans la déformation plastique des solides. ● glissement (expressions) nom masculin En glissement, se dit de la mesure de l'évolution d'une variable économique, consistant à la comparer à deux périodes ponctuelles de référence (par exemple décembre d'une année comparé à décembre de l'année précédente). Glissement de terrain, déplacement d'un paquet de couches sur un versant ou une falaise, sans bouleversement, à la différence d'un éboulement.
glissement
n. m.
d1./d Action de glisser; son résultat. Glissement de terrain.
|| Fig. Action de tendre insensiblement vers. La majorité a opéré un glissement vers la gauche.
d2./d TELECOM Variation de la fréquence d'un signal radioélectrique.
⇒GLISSEMENT, subst. masc.
A. — 1. Action de glisser; résultat de cette action, mouvement, déplacement de ce qui glisse. B... a un ver solitaire dans le ventre « elle sent par ses glissements froids qu'il se pelotonne jusqu'à l'épigastre... » (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p. 87). Les bords en sont repliés en bourrelet autour du cuvier pour empêcher le glissement des cendres le long des parois (Lar. mén. 1926, p. 192). Il [Byron à Venise] se sentait moins infirme dans une ville où la marche était remplacée par le lent glissement des gondoles (MAUROIS, Byron, t. 2, 1930, p. 116) :
• 1. Derrière, les souches restent, bossuant le terrain, sélectionnées presque à fleur de tronc, les tiges étant coupées à angle droit, par larges entailles nettes, de forme légèrement convexe, afin d'obtenir le glissement de la pluie sur la plaie.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 5.
♦ P. métaph. Le glissement d'une étoile filante (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 37).
— Spéc. ANAT. ,,Mouvement propre à la plupart des diarthroses, dans lequel les deux surfaces articulaires se portent en sens opposé`` (Méd. Biol., t. 2 1971). Cf. G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 12. GÉOMORPHOL. Glissement de terrain. Déplacement en masse de terres qui se produit sur pente assez forte, supérieure à 5°, en terrain argileux, après de fortes précipitations et sur un sous-sol compact (d'apr. PLAIS.-CAILL. 1958). MÉCAN. Frottement de glissement. Toutes [les] (...) mesures [de graissage] sont prises pour réduire la valeur du coefficient de frottement de glissement, mais on peut faire mieux, c'est de substituer le roulement au glissement (GORGEU, Machines-outils, 1928, p. 15).
2. P. méton. Léger bruit produit par ce qui glisse. Un glissement de pieds nus s'éloigna (D'ESPARBÈS, Vent du boulet, 1909, p. 136). Albert traversa l'immense salle dallée, au jour pauvre, où le glissement des pas s'effaçait dans le murmure résonnant des voûtes (CHARDONNE, Épithal., Paris, A. Michel, 1951 [1921], p. 62). De la rue montaient des bruits de voix, des glissements de véhicules, tout le langage d'une ville qui s'éveille (CAMUS, Peste, 1947, p. 1297) :
• 2. Il n'y avait pas à s'y tromper, il y avait effectivement des bruits dans le couloir. Ce n'était pas un mirage d'oreille; cela ressemblait à des glissements de savates.
GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 183.
B. — Au fig. Mouvement lent et plus ou moins sensible vers quelque chose; passage progressif et continu (d'un état à un autre). Un glissement électoral à droite, à gauche. Dès qu'on pense sur l'image sans former des images, il se produit un glissement, et de l'affirmation de l'identité d'essence entre l'image et l'objet,on passe à celle d'une identité d'existence (SARTRE, Imagination, 1936, p. 4). Ainsi Blaise, de dégradation en dégradation, d'un glissement irrémédiable, s'abaisse de l'idéale Diane à madame la Commandante (ARNOUX, Solde, 1958, p. 207) :
• 3. Beaucoup ont le sentiment que les épreuves de la guerre devront aboutir à un vaste changement dans la conditon humaine. Si l'on ne fait rien dans ce sens, on rendra inévitable le glissement des masses vers le totalitarisme communiste.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 182.
— LING. [Dans l'ordre des changements ou mutations phonét. ou sém.] ,,Passage du proche au proche, qui équivaut d'ordinaire à la substitution d'un équivalent approximatif`` (MAR. Lex. 1951) :
• 4. La polysémie s'alimente à quatre sources principales : les glissements de sens, les expressions figurées, l'étymologie populaire et les influences étrangères.
S. ULLMANN, Précis de sém. fr., Berne, Francke, 1965, p. 200.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1460-66 « action de glisser; mouvement de ce qui glisse » (MARTIAL D'AUVERGNE, Arrêts d'amour, éd. J. Rychner, XXIV, 33). Dér. de glisser; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. : 286. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 19, b) 285; XXe s. : a) 388, b) 812.
glissement [glismɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1460; de glisser.
❖
1 Action de glisser; mouvement de ce qui glisse. ⇒ Glisse (II.). || Le glissement d'un traîneau sur la neige, d'un rideau le long de sa tringle. || Séreuse qui facilite le glissement des organes de l'abdomen (→ Enveloppe, cit. 3). || Glissement lent (→ Colonne, cit. 14).
1 (…) le glissement commence, au rythme des avirons, sur la grande nappe unie où notre passage laisse comme des plissures de soie.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 12
2 Il traversa la pointe de la jonchère, et ce fut le bruissement des hautes tiges, leur glissement frais le long de ses jambes (…)
M. Genevoix, la Dernière Harde, p. 107.
♦ Bruit de ce qui glisse (→ Couvrir, cit. 22).
3 Longtemps elle entendit chanter Carole. Puis ce fut le piano et des glissements de pas sur le parquet; on dansait.
Charles Plisnier, Meurtres, t. III, p. 167 (1939).
4 Au dehors, tout était calme, nous avons entendu le glissement d'une auto qui passait.
Camus, l'Étranger, p. 51.
♦ Mécan. || Frottement de glissement. ⇒ Frottement (supra cit. 8). || Faciliter le glissement des pièces d'une machine au moyen d'un lubrifiant.
♦ Géol. || Glissement vertical le long d'un plan de faille (→ 2. Faille, cit.). ⇒ Affaissement, éboulement. — (Déb. XXe). Cour. || Glissement de terrain : déplacement plus ou moins lent des couches superficielles de l'écorce terrestre le long d'une pente.
5 Les mouvements de masse, éboulements, écoulements visqueux, glissements de terrains, peuvent se traduire sous une forme brutale, en quelques minutes, ou au contraire s'étaler sur une longue période dépassant une vie humaine. Ces deux aspects, l'un spectaculaire, l'autre imperceptible, existent en tous points du globe (…) L'humidification du plan stratigraphique inférieur d'une masse argileuse structuralement inclinée peut conduire au glissement de l'ensemble sur le substratum (…) les mouvements de masse, d'intensité maximum dans les zones climatiques à oscillations saisonnières, sont considérablement amplifiés par la préparation en profondeur d'un plan de glissement lubrifié.
Jean Pouquet, l'Érosion, p. 30-35.
6 Les glissements du sol sont, plus qu'aucun autre processus du modelé, conditionnés par le climat (…) Dans les pays chauds et humides, les glissements lents opèrent d'une façon plus continue; la décomposition chimique dissout une partie notable des terrains affectés par le mouvement, en augmentant la proportion du résidu argileux qui facilite le glissement.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. II, p. 562.
2 Fig. Action de tendre progressivement et insensiblement vers qqch. ⇒ Évolution (→ Chrétien, cit. 11). || Mot qui change de sens par glissement d'une idée à une autre (glissement de sens). — (Av. 1914, Péguy). || Le résultat des élections marque un léger glissement à gauche.
7 C'est ainsi qu'il a peu à peu et de plus en plus glissé dans le sens gouvernemental, dans le sens autoritaire, dans le sens d'une autorité de commandement. Ce glissement, cet infléchissement, s'est fait sentir peu à peu dans toute sa méthode et dans toute son action.
Ch. Péguy, la République…, p. 72.
8 C'est à l'ignorance du peuple, à trop de négligences envers lui, que certains intellectuels attribuaient ce malaise, ces saccades et ces glissements vers des doctrines subversives.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 102.
❖
CONTR. Frottement (mécanique).
Encyclopédie Universelle. 2012.