fringuer [ frɛ̃ge ] v. <conjug. : 1>
• XVe; de faire fringues XIIIe; o. i.
1 ♦ V. intr. Vx Gambader.
♢ (1743) Vx Faire l'élégant.
2 ♦ V. tr. (1878) Fam. Habiller (bien ou mal). ⇒ accoutrer, nipper. — Pronom. Elle se fringue mal. ⇒ se saper. — P. p. adj. « Paul alors entra tout fringant et bien fringué » (Queneau).
● fringuer verbe transitif (de faire des fringues, gambader, d'origine onomatopéique) Populaire. Habiller quelqu'un : Elle fringue drôlement bien ses enfants.
fringuer (se)
v. Pron. Fam. S'habiller.
— Pp. adj. être mal fringué.
⇒FRINGUER, verbe.
A.— Emploi intrans., vieilli. Gambader, manifester, par des gestes, la fougue, l'allégresse. Le danseur (...) l'avait lâchée [la femme] et (...) il fringuait, tel un poulain échappé, dans ce bal (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 106). La folie de la jeunesse les faisait un peu trop fringuer de joie et les poussait, comme à cent hasards à cent farces fantasques (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 139).
— En partic. [En parlant de chevaux] Bill [le poney] qui a le sentiment inné des convenances, ne fringuait plus, allongeait un sabot triste (ARNOUX, Solde, 1958, p. 146).
B.— Emploi trans., pop. Habiller, vêtir. Être bien, mal fringué. Synon. frusquer (pop.), nipper (fam.). À travers ses doigts entr'ouverts il regarde à quel genre d'homme il a affaire et comme l'homme est plutôt mal fringué le saint-père est un peu inquiet (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 154). « ... — Salut les voyageurs! » dit Vincent gaiement; il siffla d'admiration :« Comment que tu es fringuée!... » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 96) :
• ... il me reste les quatre-vingts de l'housteau, c'est entendu que la famille me fringue : mais s'il y a un ressemelage de souliers, des mouchoirs à acheter, une chemise, des fixe-chaussettes, tu ne penses pas que j'attends les vacances?
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 362.
— Emploi pronom. réfl. Il se fringuait comme l'oncle Arthur... en fier artiste exactement, avec barbiche, lavallière, tatanes longuettes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 189).
Rem. La docum. atteste un emploi vx, fringuer (un verre). Y verser de l'eau et l'agiter afin de le rincer. Ce déjeuner avait été (...) une merveille (...) les couverts et les cristaux fringués à miracle (RICHEPIN, Miarka, 1883, p. 93).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1462 intrans. « gambader, sauter, danser » (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, XLVII, 91); b) 1507 part. prés. adj. fringant « vif, alerte » (N. DE LA CHESNAYES, Condamnation de banquet, éd. P. L. Jacob, Recueil de farces, p. 451); 2. a) 1460-66 intrans. « se faire valoir, parader, poser » (MARTIAL D'AUVERGNE, Arrêts d'amour, éd. J. Rychner, VIII, 58); b) 1478-80 part. prés. adj. fringant « qui a de l'éclat, brillant, pimpant, élégant » (G. COQUILLART, Œuvres, éd. M. J. Freeman, Droitz nouveaux, 19); c) 1590 trans. « rincer (des verres) » (TABOUROT DES ACCORDS, Escraignes dijonnoises, 19 ds HUG.); d) 1878 (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 162 : Fringuer. Habiller. — Se fringuer, s'habiller. — Bien fringué, bien mis). Dér. de fringues, étymol. I; dés. -er. Le sens de « rincer, laver (des verres) » semble venir de ceux de « rendre brillant, propre » ou de « remuer, faire sauter l'eau dans » et il n'est pas nécessaire d'avoir recours à une orig. germanique (a. h. all. hreinjan « purifier » d'où all. rein « pur » à l'orig. de fringue selon G. Paris ds Revue critique, 1867, p. 332). Fréq. abs. littér. :11. Bbg. BUGGE (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 357. — GEBHARDT (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 194. — LEW. 1960, p. 13, 14, 157. — NICHOLSON (G.G.). Ét. étymol. R. Ling. rom. 1929, t. 5, pp. 41-50. — STRAKA (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. Mél. Imbs (P.) 1973, p. 286. — THURNEYSEN 1884, p. 99.
fringuer [fʀɛ̃ge] v.
ÉTYM. V. 1462; de faire fringues « gambader », XIIIe; orig. incertaine; on a évoqué un rad. onomat. (d'où fringilla « pinson ») évoquant l'allure sautillante d'un oiseau, et aussi un rad. germanique (francique hringila « boucle »).
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1 V. intr. Vx. ⇒ Gambader.
1 Aussitôt que j'avais atteint la cour verte et le bois, je me mettais à courir, à sauter, à bondir, à fringuer.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, III, 6.
2 V. tr. (de fringuer « faire l'élégant », Vadé, 1743). Habiller, vêtir (bien ou mal). || Qui t'a fringué comme ça ? ⇒ Accoutrer, nipper, 3. saper. — Pron. || Il se fringue mal. || Elle ne se fringue qu'aux Puces.
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fringué, ée p. p. adj.
♦ Bien habillé.
2 Cela lui donnait une tournure singulière, car il marchait, les bras ballants dans les manches où ses petites mains disparaissaient. — T'es fringué, observa Fernande.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, III, IV.
2.1 (…) il siffla d'admiration : « Comment que tu es fringuée ! » — Une vraie dame, hein ? dit Nadine en pivotant sur elle-même; avec son manteau de fourrure, ses bas, ses escarpins, elle avait l'air élégante (…)
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 96.
♦ Plus cour. Habillé, vêtu (bien ou mal).
3 Une enfance dure. La haine autour de moi des autres lycéens parce que mal fringué. Pas le sou, comprenez ? Mon père avait déjà de la peine à payer les bouquins.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXI.
4 Une femme passa et le regarda avec insistance. Elle était formidablement bien fringuée. Il se retourna pour la voir de dos (…)
Sartre, l'Âge de raison, XIII.
5 Paul alors entra, tout fringant et bien fringué.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 173.
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DÉR. V. Fringant. — Fringues.
Encyclopédie Universelle. 2012.