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frileux

frileux, euse [ frilø, øz ] adj.
frieleus XIIIe; friuleus fin XIIe; bas lat. frigorosus
1Qui craint beaucoup le froid, y est très sensible. « il voyageait, toutes portières ouvertes, malgré le froid [...] Mme de Maintenon, très frileuse, ne pouvait pas s'accoutumer à ces façons » (L. Bertrand).
2Qui dénote l'effet, la crainte du froid. Assise « dans une posture un peu frileuse » (Romains).
3Fig. Qui hésite à agir, craintif. pusillanime, timoré. Une attitude frileuse en matière économique.

frileux, frileuse adjectif et nom (bas latin frigorosus, glacial) Qui est très sensible au froid : Des passants frileux.frileux, frileuse adjectif Qui témoigne d'une grande sensibilité au froid : Se glisser d'une manière frileuse sous son édredon. Qui manifeste une réserve craintive à l'égard de tout événement ou action qui l'implique : Garder une attitude frileuse en face du progrès scientifique.

frileux, euse
adj.
d1./d Qui craint le froid. Un vieillard frileux.
d2./d Qui dénote la sensibilité au froid. Un geste frileux.
d3./d Par métaph. Craintif, qui dénote un manque de caractère. Une attitude frileuse.

⇒FRILEUX, EUSE, adj. et subst.
I.— Adjectif
A.— Qui craint le froid, qui est très sensible au froid.
1. [En parlant d'une pers.] Je vis blotti sur le tapis devant un grand feu, car tu me sais frileux comme un chat (MALLARMÉ, Corresp., 1864, p. 106). Elle poussait devant le feu la bouillotte, afin de faire ses ablutions à l'eau chaude, car elle était frileuse (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 214) :
1. Le thermomètre s'y maintient [à La Brévine] durant des semaines au-dessous de 0 et, certaines nuits, baisse jusqu'à 30. Pourtant, moi si frileux, je ne souffris pas du froid un seul jour.
GIDE, Si le grain, 1924, p. 578.
[En parlant d'une partie du corps humain] Cette région des reins, qui est si frileuse (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 80). Ses fourrures (...) lui découvraient le cou pour mieux lui dévorer ses frileuses épaules (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 81).
2. [En parlant d'un animal] Un roitelet frileux, touffu, Tassé sur la branche (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 131). Elle demanda à son vieux cocher si un de ses chevaux, qui était frileux, avait eu assez chaud (PROUST, Sodome, 1922, p. 823). V. Chat1 ex. 4 :
2. [La lamproie de mer] est un poisson frileux. La masse profonde des eaux salées, seulement échauffée à la surface par le soleil, n'offre point un milieu favorable à la délivrance des mères (...). La lamproie recherche toutes eaux facilement attiédies par la lumière...
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 147.
3. Littér. [En parlant d'un végétal] Ces arbres frileux, qu'a tués le froid (GONCOURT, Journal, 1871, p. 784). Les premières fleurs naissent, frileuses et transies, au fond des taillis où les neiges s'amoncellent (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 76) :
3. Les jours d'avril n'ont qu'une pâle aurore, (...)
Les blés frileux, cachant leurs fronts timides,
Comme les fleurs tremblent au vent du nord.
DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 150.
B.— P. méton.
1. [En parlant d'une manifestation humaine] Qui dénote une crainte du froid, une grande sensibilité au froid. Les brodequins détrempés par la boue neigeuse, (...) la rétraction frileuse de la chair du poignet dans la mouillure des manches (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 131). Elle (...) ramenait le drap d'un geste frileux et rapide jusqu'à son cou (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 178) :
4. Ses mains croisées sur sa poitrine, remontant petit à petit par des mouvements frileux le long de ses épaules, serraient le lainage autour de son cou...
E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 17.
2. Littér. Qui est froid, qui donne une sensation de froid.
a) [En parlant d'un lieu] Le soleil traînait dans le ciel frileux son bloc refroidi (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 344). Conversations peureuses à la tombée du soir auprès des cuisines, dans les baraquements frileux (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 181) :
5. ... c'est par la nudité que le Sahara reprend sa véritable physionomie. Pour couvrir ces vastes terrains, tantôt frileux, tantôt brûlés, il n'y a qu'un peu d'herbe.
FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 72.
b) [En parlant d'une lumière] Sous le soleil frileux, passaient les bouquets violets des arbres dépouillés par l'hiver (FRANCE, Lys rouge, 1894 p. 107). Le petit jour pâle et frileux se levait au-dessus des maisons de la place Blanche (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 239) :
6. ... l'eau stagnait, immobile, dans la nuit terne (...). Une mince tache de clarté frileuse venait mourir à sa surface, tombée de quelque étoile par la déchirure d'un nuage.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 223.
c) [En parlant d'un espace de temps] Un frileux vendredi de janvier (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 119). Les jours frileux et courts arrivent. C'est l'automne (DIERX, Lèvres cl., 1867, p. 168) :
7. On était dans les premiers jours d'octobre, dans le frileux automne aux longs rayons désespérés.
LA VARENDE, Tourville, 1943, p. 156.
C.— Au fig., littér. Qui manque de chaleur ou de passion, qui est très sensible à ce manque. Aussi voyez-vous de bonne heure à ces gens-là des goûts et non des passions, des fantaisies romanesques et des amours frileux (BALZAC, Fille yeux d'or, 1835, p. 335). J'ai vraiment une âme bien tristement frileuse, (...) elle frissonne à toutes froides ambiances, rêvant de plus amènes atmosphères (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 77) :
8. Cette douceur (...) lui valut (...) de déjouer, quatre mois durant, l'affût constant, les pièges tendus quotidiennement à sa sérénité, à sa gaieté encore frileuse, à sa diplomatie...
COLETTE, Chéri, 1920, p. 116.
II.— Substantif
A.— Subst. masc. ou fém., littér. Personne qui craint le froid, qui est très sensible au froid. Je vous laisse à penser ce que souffre un frileux dans de grandes pièces fort mal closes où l'on se chauffe au moyen d'un brazero (MÉRIMÉE, Lettres Ctesse de Boigne, 1864, p. 226). C'est une terrible chose, murmura la comtesse, avec un petit grelottement de frileuse, en se pelotonnant davantage au fond de sa grande chaise, devant le feu (ZOLA, Nana, 1880, p. 1154). V. clignotant ex. 1.
B.— Subst. fém., vieilli. ,,Petit capuchon en laine tricotée, pour l'hiver`` (LELOIR 1961; dict. XIXe et XXe s.).
Fanchon-frileuse.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-ø:z]. Ds Ac. dep. 1694, d'abord (1694, 1718) sous la forme frilleux, v. aussi FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 2 1787. Ce dernier précise : ,,On ne mouille pas les ll, et il est mieux de n'en écrire qu'une``. Attest. de cette orth. dans le fonds IGLF. Étymol. et Hist. Ca 1223 Les frïeleus « qui a froid (en parlant de personne) » (G. DE COINCI, Mir. Notre Dame, éd. V. F. Kœnig, 1 Mir 13, 86); ca 1330 frillous « qui craint le froid » (N. BOZON, Contes, p. 104 ds T.-L.). Du b. lat. frigorosus « froid, glacial », devenu après l'amuïssement du g et la dissimilation du second r et l, friuleusrieleus (cf. FEW t. 3, p. 802b et BL.-W.5). Fréq. abs. littér. :251. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 144, b) 563; XXe s. : a) 537, b) 319.
DÉR. 1. Frileusement, adv. D'une manière frileuse. a) [Correspond à frileux I A] Mgr Rousselot (...) frileusement enveloppé dans une douillette de soie violette, bien que la saison fût encore très chaude (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1136). Il arrive qu'on trouve quelques individus (...) [des xylocopes] groupés frileusement dans une tige d'asphodèle, pour passer l'hiver en commun (MAETERLINCK, Vie abeilles, 1901, p. 285). Derrière les poiriers immensément blancs et sans une feuille verte, s'ouvraient, rosissaient frileusement les pommiers hâtifs tout petits, blottis (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 131). b) Au fig. [Correspond à frileux I C] J'ai revu Bruges avec maman. Je me suis frileusement blotti dans un peu de tendresse (GIDE, Journal, 1891, p. 23). Petite âme précoce en arrêt devant la vie et qui se replie frileusement (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 75). On ne conquiert pas la vérité en demeurant frileusement blotti contre une de ces frontières, mais en arpentant inlassablement l'espace compris entre ces limites extrêmes (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 25). []. Noter que la voyelle palatale arrondie conserve dans la dérivation le timbre fermé de frileux (cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 83). 1res attest. fin XIVe s. frillousement (Gloss. gall. lat., Richel. L. 7684 ds GDF.); 1842 (R. DE RADONVILLIERS, Enrichissement de la lang. fr. ds DARM. 1877); de frileux, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 60. 2. Frilosité, subst. fém. Grande sensibilité au froid. Le sujet, d'une frilosité extrême, est constamment enfoui sous ses couvertures (Goldewski, José ds Nouv. Traité Méd., fasc. 8, 1925, p. 353). Baisses de vitalité (atonie, frilosité, etc.) (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 121). []. 1res attest. fin XIVe s. frillouseté « sensibilité au froid » (Gloss. gall. lat., Richel. L. 7684 ds GDF.); attest. isolée — 1845 (BESCH.); dér. sav. du rad. de frileux, suff. -ité. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — COHN (G.). Arch. St. n. Spr. 1899, t. 103, p. 240. — PAULI 1921, p. 97. — QUEM. DDL t. 16.

frileux, euse [fʀilø, øz] adj. et n.
ÉTYM. V. 1360; frillous, 1330; frïeleus, 1223; du bas lat. frigorosus.
———
I Adj.
1 (Sujet n. de chose). Vx ou poét. Froid, où l'on sent le froid. || Frileuse saison (Musset).
1 (…) le soleil traînait dans le ciel frileux son bloc refroidi (…)
France, le Lys rouge, XXXI.
2 Mais ce soir, dans la solitude de cette chambre un peu frileuse, entre ces draps dont le corps ne parvenait pas à réchauffer tous les replis (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XII, p. 129.
Littér. Qui donne une sensation, une impression de froid. || Un ciel, un soleil frileux. || Un frileux automne.
2.1 Un souffle d'air froid passa, venu de très loin, de la grande campagne à peine éveillée encore; et le bois entier frémit, ce bois coquet, frileux et mondain.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 89.
2 (Sujet n. d'êtres animés). Cour. Qui craint le froid, est très sensible au froid. || Une personne frileuse. || Il était très frileux. || Animal frileux (→ Chat, cit. 5).
3 (…) je vois qu'il faudra mourir au milieu des neiges du mont Jura : cela est bien désagréable pour un homme aussi frileux que moi.
Voltaire, Lettre à Richelieu, 3870, 6 avr. 1772.
4 Or, il s'est accroupi, frileux, les doigts de pied
Repliés, grelottant au clair soleil qui plaque
Des jaunes de brioche aux vitres de papier (…)
Rimbaud, Poésies, 1871, « Accroupissements ».
5 Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid (…)
Albert Samain, le Chariot d'or, Élég.
6 Il aimait tellement le grand air qu'il voyageait, toutes portières ouvertes, malgré le froid, la pluie et la poussière. Mme de Maintenon, très frileuse, ne pouvait pas s'accoutumer à ces façons. D'habitude, le couple voyageait séparément.
Louis Bertrand, Louis XIV, III, II.
N. || Un frileux, une frileuse. Personne qui craint le froid. || L'hiver redouté des frileux.
Par ext. (en parlant d'une partie du corps). || Dos frileux. || Épaules (cit. 10) frileuses.
3 Qui dénote l'effet, la crainte du froid. || Attitude frileuse. || Geste frileux (→ Aspect, cit. 24).
7 (…) les frissons frileux dans les robes ouvertes (…)
Edmond Rostand, Musardises, « L'heure charmante ».
8 Une petite femme boulotte (…) était assise derrière son comptoir, dans une posture un peu frileuse, un fichu de tricot noir sur les épaules.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VIII, p. 82.
Abstrait. Qui paraît se protéger contre les sensations désagréables ou trop fortes. || Une attitude frileuse et craintive. || « Des amours frileux » (Balzac). || « Une gaieté encore frileuse » (Colette, in T. L. F.).
4 Par métaphore. Craintif, pusillanime. || Une attitude frileuse en matière économique.REM. Cet emploi, comme celui du dérivé frilosité, est à la mode dans l'usage journalistique. — || « Frileux, les Français ? Allons donc ! Ils sont pour l'ambition, l'effort, le risque et l'entreprise individuelle; pour la révolution informatique, les grands voyages et la société libérale. Tel est le monde dans lequel ils souhaitent vivre dans dix ans. C'est, en tout cas, celui pour lequel se prononcent une forte majorité d'entre eux, dans l'enquête de L'Express, réalisée par Gallup-Faits et opinions (…) Derrière la France frileuse peut naître, et l'emporter, une autre France, nettement plus entreprenante. C'est ce que révèle cette enquête. » (L'Express, 31 août 1984, p. 41).
———
II N. f. Ancienne coiffure féminine en laine. || Elle noua les brides de sa frileuse.
9 On fait de ravissantes frileuses ou pèlerines Fontange et Pompadour pour sorties de théâtre. Elles sont en satin de nuances claires, toutes ruchées de rubans et de dentelles.
Le Moniteur de la Mode, nov. 1849, in D. D. L., II, 16.
CONTR. Chaud, tiède. — (De I., 2.) Résistant (au froid).
DÉR. Frileusement, frilosité.

Encyclopédie Universelle. 2012.