explétif, ive [ ɛkspletif, iv ] adj. ♦ Gramm. Qui est usité sans nécessité pour le sens ou la syntaxe d'une phrase. Dans « Il craint que je ne sois trop jeune », « Regardez-moi ce maladroit », ne, moi sont explétifs. Le ne explétif. Subst. Un explétif.
● explétif, explétive adjectif (latin expletivus, de explere, remplir) explétif nom masculin (latin expletivus, de explere, remplir) Se dit d'un terme qui n'est pas nécessaire au sens de la phrase ou qui n'est pas exigé par la syntaxe (par exemple l'emploi de la particule ne, sans valeur négative, dans Je crains qu'il ne vienne, ou du pronom moi dans Regardez-moi ça !).
explétif, ive
adj. et n. m. GRAM Se dit des mots qui entrent dans une phrase sans être nécessaires pour le sens. Dans "il a peur que je ne parte", "ne" est explétif.
|| n. m. Un explétif.
⇒EXPLÉTIF, IVE, adj.
A.— GRAMM. [En parlant d'un mot (adv. de négation, pronom, prép.) ou d'une prop.] Qui est inutile au sens ou n'est pas exigé par la syntaxe, mais qui sert, surtout dans la langue écrite, à colorer la phrase généralement d'une nuance affective. « Ne » dans « plus qu'il ne faudrait » est un mot explétif (Füllwort) (MAR. Lex. 1933, p. 80). « Je doute qu'il n'y retourne, » (...) « ici le « ne » est un peu plus qu'explétif et un peu moins que négatif » (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 245).
— Emploi subst. D'où, philologues, expliquez-nous un peu d'où viennent, par exemple, ces bizarres ellipses, « viens-tu avec », ces explétifs, « pour une fois, sais-tu? » (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 205).
B.— P. anal. [En parlant d'une chose] Qui est vain, inutile :
• Mais le moyen de l'alibi est explétif; ce sera le dernier refuge de l'innocence, nous avons mille preuves à donner avant celle-ci.
BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 45.
— Emploi subst. Mot qui est anodin, vide de sens ou dépourvu d'affectivité. Leur pathétique, elles [les jeunes filles] l'enferment dans ce que notre langage contient de plus banal, dans des explétifs, dans des chiffres affreusement précis et froidement énoncés (COLETTE, Fanal, 1949, p. 109).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-i:v]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. XIVe s. (conionction) explettive (ds THUROT, p. 194). Empr. au b. lat. gramm.(conjunctio) expletiva formé sur le supin expletivum de explere « remplir ». Fréq. abs. littér. :2.
explétif, ive [ɛkspletif, iv] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1420, explectif « qui remplit »; lat. explere « remplir », de ex-, et du v. archaïque plere « remplir ».
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♦ (1865, Littré). Ling. (en grammaire traditionnelle). Qui sert à « remplir » la phrase sans être nécessaire au sens. || Le ne explétif. — N. m. || Un explétif. || La langue parlée use beaucoup des explétifs. || Certains explétifs renforcent l'idée ou ajoutent une nuance particulière.
1 L'emploi de ne dit « explétif » se fonde sur le fait que la subordonnée contient une idée négative : dans une phrase comme Je crains qu'on ne me trompe, la pensée de celui qui parle s'arrête principalement sur l'idée de n'être pas trompé, en sorte que la phrase pourrait se résoudre en Pourvu qu'on ne me trompe pas ! mais je crains… Il apparaît ainsi que la construction Je crains qu'on ne me trompe résulte de la contamination de deux tournures : 1o Je crains… (un fait positif : que l'on me trompe); 2o Je désire… (un fait négatif : que l'on ne me trompe pas).
M. Grevisse, le Bon Usage…, éd. Duculot, p. 938.
2 Nous nous en tirons, les grammairiens, à qualifier ce vous-là d'explétif. À vrai dire, c'est une simple défaite (…) On dit d'un mot qu'il est explétif pour s'en débarrasser, quand on n'a pas élaboré de théorie qui rende compte de son entrée en scène.
Aragon, Blanche…, I, II, p. 38.
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DÉR. Explétivement.
Encyclopédie Universelle. 2012.