exceller [ ɛksele ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1544; lat. excellere
♦ Être supérieur, excellent. Exceller dans sa profession. ⇒ briller (cf. Être très fort). Exceller en poésie, en musique... « les Arabes excellaient dans l'art d'exprimer avec de l'eau et avec des fleurs leurs rêveries indéfinies » (Barrès). « Corneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle » (La Bruyère ). — EXCELLER À. Il excelle à ce jeu. (Et l'inf.) « Il excelle à conter les douleurs élégantes » (France).
● exceller verbe transitif indirect (latin excellere) Atteindre dans tel ou tel genre un degré éminent : Ce peintre excelle dans le portrait. ● exceller (citations) verbe transitif indirect (latin excellere) Laozi ou Lao-tseu VIe-Ve s. avant J.-C. Celui qui excelle ne discute pas, Il maîtrise sa science et se tait. Tao-tö-king, LXXXI ● exceller (difficultés) verbe transitif indirect (latin excellere) Orthographe Avec un a pour le participe présent d'exceller : cet acteur excellant dans la tragédie, il a été choisi pour le rôle. Avec un e pour l'adjectif : cet acteur est excellent dans le rôle ; c'est un ingénieur excellent dans la planification des projets. ● exceller (homonymes) verbe transitif indirect (latin excellere) excellant excellent adjectif ● exceller (synonymes) verbe transitif indirect (latin excellere) Atteindre dans tel ou tel genre un degré éminent
Synonymes :
- briller
- émerger
exceller
v. intr. Montrer des qualités supérieures (personnes). Exceller à faire un travail.
⇒EXCELLER, verbe intrans.
Être excellent (dans tel domaine), réussir par excellence à faire (telle chose). Exceller à + subst. ou inf. (donner, faire, ...), exceller dans/en + subst.
A.— [P. réf. au sens C 1 de (par) excellence]
1. [Le suj. désigne une pers. qui est comparée, explicitement ou non, à d'autres pers. de la même catégorie] Se montrer supérieur à tout autre (dans tel domaine d'activité); être, plus que tout autre, représentatif (dans un genre donné). (Quasi-)synon. l'emporter sur, prédominer. Le désir d'exceller et de primer en tout (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1850, p. 228).
a) Domaine des activités pratiques, techn., ou du comportement en gén. Une tribu de cousins qui excellaient dans la fabrication des fromages, et s'étaient acquis un rang distingué dans l'éducation des bestiaux (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 304). Si un pays excellait dans la navigation, il serait l'universel transporteur (ALAIN, Propos, 1931, p. 1027) :
• 1. J'ai beaucoup voyagé, mais nulle part, monsieur, je n'ai trouvé si bon accueil qu'à Paris. Vous excellez dans l'art de rendre la vie agréable; peut-être est-ce là votre seule excellence; en tout cas, pour qui veut simplement causer et s'amuser, cette ville-ci est le paradis.
TAINE, Notes Paris, 1867, p. 20.
b) Domaine des arts. Toutes sortes d'afféteries attendrissantes, à quoi excellait principalement le sieur Léandre, un des meilleurs amoureux de la province (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 204).
c) Domaine intellectuel, littér. J'ai lu son « Roman de la momie » (...) Pour la couleur, M. Gautier y excelle; je n'ai nulle part rien vu de plus égyptien; le bleu et le vermillon surtout sont de première qualité (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 256). Balzac donne à la fois son meilleur et son pire; incomparable dans l'excellent, mais fort au-dessous de Zola dans le mauvais et précisément là où Zola eût excellé (GIDE, Journal, 1935, p. 1225) :
• 2. Certains esprits peuvent être regardés comme les fléaux du ridicule (...). Cicéron, à cet égard, paraît avoir été le Voltaire de Rome ancienne, il excellait dans ce genre d'escrime, où Marc Antoine, son rival d'éloquence, ne trouva d'autre moyen de le vaincre que de le faire assassiner.
JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 77.
d) Domaine moral, idéol.; absol. Il s'attaqua (...) à ce besoin d'exceller et de se distinguer, de se tirer du pair par un genre suprême qui mît sans cesse un abîme entre elle et la tourbe des esprits vulgaires (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 516).
2. [Le suj. désigne une pers. dont les qualités sont comparées, explicitement ou non, au but idéal à atteindre, dans tel domaine d'activité] Atteindre quasiment la perfection.
a) Domaine des activités pratiques, techn., ou du comportement en gén. L'industrie se compose de la théorie, de l'application, de l'exécution. Ce n'est qu'autant qu'une nation excelle dans ces trois genres d'opérations, qu'elle est parfaitement industrieuse (SAY, Écon. pol., 1832, p. 80). Les Paimpolaises, qui d'abord s'étaient méfiées de son talent d'ouvrière improvisée, (...) avaient vu, au contraire, qu'elle excellait à leur faire des robes qui avantageaient la tournure (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 293). Il excellait à distiller de ces petites baies une savoureuse eau-de-vie (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 271).
b) Domaine des arts. Mon cousin sait peindre parfaitement, et excelle pour la ressemblance dans les portraits (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1652).
c) Domaine intellectuel, littér., moral, idéol. Alfieri qui, quand il le voulait, excellait dans tous les genres, a fait dans son Saül un superbe usage de la poésie lyrique (STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 352). Raffinement de style. Presque tout le monde y excelle aujourd'hui. C'est un art devenu commun. En un mot, l'exquis est partout, le satisfesant nulle part (JOUBERT, Carnets, Paris, Gallimard, 1938 [1814], p. 806). Il excellait dans l'homélie. Ses instructions pastorales sont des modèles d'éloquence parénétique (FRANCE, Orme, 1897, p. 82).
B.— [P. réf. au sens C 2 de (par) excellence; le suj. désigne une pers. dont les qualités sont comparées, explicitement ou non, les unes par rapport aux autres, de façon à dégager la plus importante] Être particulièrement doué, habile pour faire telle chose, exercer son principal talent dans tel mode d'expression, tel domaine d'activité.
1. Domaine des activités pratiques, techn., ou du comportement en gén. Ils ne pouvaient même réussir dans la culture des terres, qui était leur seule affaire. (...) Ils n'excellaient que dans le métier des armes (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 221). Ce jeune homme ne savait qu'ôter et remettre sa casquette, et le faisait parfaitement bien. Ayant compris qu'il était incapable d'autre chose et qu'il excellait dans celle-là, il l'accomplissait le plus grand nombre de fois qu'il pouvait (PROUST, Sodome, 1922, p. 772).
— Absol. C'est aux enterrements que je me surpasse. J'excelle, vraiment. Je marche d'un pas lent dans des banlieues fleuries de ferrailles (CAMUS, Été, 1954, p. 168).
2. Domaine des arts. Toute la cruauté et en même temps la puérilité des Japonais apparaissent ici dans des « monstres ». (...) Les sujets du Séogoun excellent à ce genre de travail baroque (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 67). Les Allemands excellent donc dans le domaine musical, pour la même raison que les Péruviens ont excellé dans l'art du tissage, à cause de leur spécialisation (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 231).
3. Domaine intellectuel, littér., moral, idéol. La femme excelle à agrandir, à sanctifier tout avec son imagination et son cœur, quand l'homme diminue tout avec son esprit critique (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1025).
— Absol. Mon opinion est qu'il [Gide] ne parlait jamais si bien que de lui-même, mais là il excellait (GREEN, Journal, 1950-54, p. 295).
— Par personnification. [Le suj. désigne une valeur abstr.] Incapable de s'attaquer à la vie contemporaine, (...) inapte à expliquer les ruses compliquées d'une cervelle indifférente à l'état de grâce, cette langue excellait cependant aux sujets abstraits (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 193). La grâce excelle à susciter les compensations, à envoyer la maladie, quand le monde nous fête (...); elle recrée sans cesse l'équilibre détruit par le triomphe apparent d'un homme ou par ses désastres (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 149).
Prononc. et Orth. :[], [e-] ou [eksele], (j')excelle []. Cf. é-1. 2e syll. avec [e] ds FÉR. Crit. t. 2 1787, GATTEL 1841 et NOD. 1844. Ce timbre s'explique parce que [l] n'est pas double dans la prononc., laissant la syll. précédente libre, d'où [e]. La gémination n'est que graphique mais donnant l'illusion d'une syll. entravée elle influence la prononc. de [e] en []. Enq. : /eksel, -e/ (il) excelle, exceller. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1544 exceller les autres (SEYSSEL, trad. d'Appien, Epistre au Roy ds HUG.). Empr. au lat. class. excellere « l'emporter, surpasser ». Fréq. abs. littér. :378. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 516, b) 498; XXe s. : a) 565, b) 560.
exceller [ɛksele; ɛksɛle] v. intr.
ÉTYM. 1544; lat. excellere « s'élever avant les autres, dépasser », de ex-, et d'un verbe cellere, attesté par le p. p. celsus « élevé, haut », rattaché à culmen « cime ».
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♦ Être supérieur, excellent en son genre. || « Corneille ne peut être égalé (cit. 3) dans les endroits où il excelle ». || Exceller dans, en, à quelque chose. || Exceller dans son art (→ Composante, cit.), dans sa profession, y être habile, compétent. ⇒ Briller, surpasser (se), triompher. || Exceller en poésie, en musique, en version latine; au billard (cit. 2), au tennis. || Cet élève excelle particulièrement en mathématiques (⇒ Aptitude). — Exceller à (et inf.). || Il excelle à discourir sur ce sujet, à peindre. || Intelligence qui excelle à saisir les caractères d'une œuvre (→ Aigu, cit. 15).
1 Les uns excellent en une chose, les autres en une autre; mais les rois excellent souverainement aux choses où les autres n'excellent que médiocrement.
Racine, Remarques sur Pindare, Ode I.
2 Tel excelle à rimer qui juge sottement (…)
Boileau, l'Art poétique, IV.
3 Il (le chancelier Séguier) a laissé à douter en quoi il excellait davantage, ou dans les belles-lettres ou dans les affaires (…)
La Bruyère, Disc. de réception à l'Académie
4 Je sais que c'est la mode de dire qu'il (Chateaubriand) est parfait en ce dernier genre (la politique). Il excelle dans la polémique; il a des traits qui percent, il emporte la pièce.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 205.
5 Il excelle à conter les douleurs élégantes, les souffrances artificielles (…)
6 (…) les Arabes excellaient dans l'art d'exprimer avec de l'eau et des fleurs leurs rêveries indéfinies d'amour et de religion.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 14.
Encyclopédie Universelle. 2012.