étancher [ etɑ̃ʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• XVI e; estanchier déb. XIIe; p.-ê. bas lat. °stanticare, de stans, p. prés. de stare → étang
1 ♦ Arrêter (un liquide) dans son écoulement. ⇒ éponger. Étancher le sang qui coule d'une plaie. Étancher une source, une eau souterraine (⇒ assécher ) . — Mar. Étancher une voie d'eau. ⇒ aveugler, 1. boucher. — Étancher les larmes, les faire cesser (⇒ sécher) ; fig. consoler.
♢ (1258) Étancher la soif, l'apaiser. ⇒ 1. boire, se désaltérer. P. p. adj. « Les plus douces joies de mes sens Ont été des soifs étanchées » (A. Gide).
2 ♦ Techn. Rendre étanche. Étancher une citerne. Mar. Étancher un compartiment, soit en le rendant imperméable par le calfatage, soit en l'asséchant.
● étancher verbe transitif (ancien français estanchier, peut-être du latin populaire stanticare, arrêter, du latin classique stare, se tenir immobile) Arrêter l'écoulement d'un liquide : Étancher le sang qui coule d'une blessure. ● étancher (difficultés) verbe transitif (ancien français estanchier, peut-être du latin populaire stanticare, arrêter, du latin classique stare, se tenir immobile) Sens Ne pas confondre ces deux mots de prononciation voisine. 1. Épancher = laisser s'exprimer librement. Épancher sa douleur. 2. Étancher = arrêter l'écoulement (d'un liquide). Étancher une voie d'eau. ● étancher (expressions) verbe transitif (ancien français estanchier, peut-être du latin populaire stanticare, arrêter, du latin classique stare, se tenir immobile) Étancher ses larmes, cesser d'en verser, les sécher. Étancher sa soif, l'apaiser, se désaltérer. ● étancher (synonymes) verbe transitif (ancien français estanchier, peut-être du latin populaire stanticare, arrêter, du latin classique stare, se tenir immobile) Arrêter l'écoulement d'un liquide
Synonymes :
- boucher
- calfater
- éponger
- essuyer
- étouper
- luter
- sécher
Étancher ses larmes
Synonymes :
- assouvir
Étancher sa soif
Synonymes :
- assouvir
● étancher
verbe transitif
(de étanche)
Rendre étanche quelque chose.
Vider un compartiment de navire de l'eau qu'il renferme ; le calfater s'il suinte.
étancher
v. tr.
d1./d Arrêter l'écoulement de (un liquide). étancher le sang d'une blessure.
— étancher les larmes, les faire cesser.
— étancher la soif, l'apaiser.
|| MAR étancher une voie d'eau, la boucher.
d2./d TECH Rendre étanche.
I.
⇒ÉTANCHER1, verbe trans.
A.— Arrêter l'écoulement (d'un liquide). Étancher une source, une voie d'eau, du sang. J'étais occupé à étancher avec une grosse éponge l'eau qui s'était infiltrée en abondance par les croisées jusqu'au milieu de mon cabinet (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 113). Après avoir lavé et étanché la plaie, nous fîmes fondre du suif sur de la charpie et nous l'adaptâmes sur la blessure (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 309) :
• Je suis presque en nage. Et je n'ai pas, comme le sage Anténor, fils du fleuve Alpheios, la faculté de me tremper dans l'onde paternelle, pour étancher ma sueur, avant de me mettre dans une baignoire polie et de m'oindre d'une huile parfumée.
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 219.
♦ Étancher les larmes. Les faire cesser. Elle revint, son mouchoir sur les yeux et occupée à étancher des larmes de joie (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 123). Je sentis que de mes yeux gonflés coulaient des larmes. Je relevai ma voilette sur mon front pour les étancher (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 371).
— Emploi pronom. [Avec un compl. désignant une part. du corps] Il s'étancha la figure; la sueur, tout à l'heure tiède, fluait, maintenant froide, le long des tempes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 218).
— [Avec ell. du compl.] Aidez-moi, prenez la serviette, étanchez (COCTEAU, Enfants terr., 1929, p. 88).
B.— Étancher la soif. L'apaiser en buvant. On répandait du vin sur sa tombe pour étancher sa soif; on y plaçait des aliments pour apaiser sa faim (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 9). L'eau douce avait, en se gelant, fait éclater le baril qui la contenait. Et, pour étancher sa soif, Maël suçait des glaçons (FRANCE, Île ping., 1908, p. 35).
— Emploi pronom. à sens passif. Montagnes, que mon souffle a fait germer; torrents, Où s'étanche la soif de mes peuples errants (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 89). Le Survenant dont la soif, loin de s'étancher, s'était avivée à la consommation de quelques coups, tira des plans pour boire davantage (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 228).
— Au fig. À aucune époque les poëtes n'ont été heureux. En savez-vous un, parmi les plus favorisés, qui ait jamais pu étancher sa soif de gloire et d'hommages? (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 61). D'avoir pu (...) parer de tous ses rêves d'enfant une idole vivante, et étancher à mesure sa soif de tendresse, lui a façonné une âme saine (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 30).
Prononc. et Orth. :[], (j')étanche []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. étancher2.
DÉR. Étanchement1, subst. masc. Action d'étancher la soif, de l'apaiser. La possession me paraissait de moindre prix que la poursuite et j'en venais de plus en plus à préférer à l'étanchement la soif même, à la volupté sa promesse, à la satisfaction l'élargissement sans rencontres (GIDE, Nouv. Nourr., 1935, p. 281). — []. Ds Ac. 1694-1932. — 1res attest. fin XIIIe s. « action d'étancher un liquide » (Gautier de Châtillon ds FEW t. 12, 232a), 1538 (R. ESTIENNE, Dict. latinogallicum, 630b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 60 : Estanchement de soif); du rad. de étancher étymol. I, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 3.
II.
⇒ÉTANCHER2, verbe trans.
Rendre étanche. Étancher une cuve, un tonneau. Les eaux courantes (...) traverseraient les sables les plus arides, à la longue elles y déposeraient un enduit qui étancherait leurs canaux (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 226). Tu serais bien étonné s'il fallait, je ne dis pas gréer un canot, mais tailler une pièce de radoub, étancher une étoupe goudronnée (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 71).
— Spéc., MAR. Rendre une embarcation étanche en bouchant hermétiquement les interstices :
• ... si l'on parvenait à boucher la voie d'eau, on pourrait vider la panse; une fois la barque étanchée, elle remonterait à sa flottaison normale, la fracture sortirait de l'eau, et, à sec, la réparation serait aisée, ou du moins possible.
HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 386.
♦ Emploi pronom. à sens passif. [En parlant du bois d'une embarcation] Devenir étanche, sans avoir subi de traitement spécial. Mais il fait pas mal d'eau, ton bâtiment, Pencroff! — Ce n'est rien, Nab, répondit le marin. Il faut que le bois s'étanche! (VERNE, Île myst., 1874, p. 219).
Prononc. et Orth. :[], (j')étanche []. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. I. 1. [Ca 1100 estanchier « apaiser (la soif) en buvant » d'apr. FEW t. 12, p. 235a]; 1258 son soif n'en estancheroit pas (Mahomet, éd. Y. G. Lepage, 327); 2. ca 1150 « arrêter l'écoulement d'un liquide (ici du sang) » ici intrans. (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 8745). II. 1690 « rendre étanche » (FUR.). I orig. discutée; peut-être d'un lat. vulg. stanticare « arrêter, retenir » dér. de stans, stantis, part. prés. de stare « se tenir debout, immobile; être stable » (FEW, loc. cit.) d'où la notion de « arrêter, barrer ». II dér. de étanche, dés. -er.
STAT. — Étancher1 et 2. Fréq. abs. littér. :165.
DÉR. Étanchement2,, subst. masc., technol. Action de rendre un corps étanche; résultat de cette action. Pencroff comptait former la suture des bandes d'écorce au moyen de clous rivés, et assurer, avec leur adhérence, le parfait étanchement de l'appareil (VERNE, Île myst., 1874, p. 212). Lorsqu'on est en présence de filtrations résultant de la perméabilité générale du sol, l'étanchement est plus difficile à réaliser. De nombreux procédés ont été appliqués, nous citerons celui dit à « l'eau trouble », les corrois argileux et les revêtements maçonnés (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 364). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1874 (VERNE, loc. cit.); du rad. de étancher étymol. II, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 1.
étancher [etɑ̃ʃe] v. tr.
ÉTYM. XVIe; estanchier, déb. XIIe; p.-ê. bas lat. stanticare, de stans, p. prés. de stare. → Étang.
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1 Arrêter (un liquide) dans son écoulement. ⇒ Éponger. || Étancher le sang qui coule d'une plaie (→ Astrictif, cit.). || Étancher une source, une eau souterraine (⇒ Assécher). — Étancher les larmes, les faire cesser. ⇒ Sécher. Fig. || Étancher les larmes, la douleur de qqn, consoler (→ Balbutier, cit. 13). — S'étancher le visage. ⇒ Éponger (s').
1 L'eau que versent les miens (mes yeux) n'est jamais étanchée.
2 (Il) étanche le sang qui coule de sa plaie (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la peur…
3 Il pense aux maladies vieillies, aux purulences mal étanchées (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 156.
2 (1258). || Étancher la soif, l'apaiser. ⇒ Boire, désaltérer (se). || Étancher sa soif et assouvir sa faim. Fig. || Étancher sa soif de voyages.
4 Amis, qu'à tête penchée
Étanchée Soit notre soif là-dedans
Il faut que leur vin apaise
Cette braise Qui cuit nos gosiers ardents.
Ronsard, Second livre des poèmes, « Le voyage d'Hercueil ».
5 Au soir d'une journée chaude, je ressentais le même orgueil d'homme, si enivrant, à étancher la soif de la terre, des fleurs suppliantes, qu'à satisfaire le désir d'une femme.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 148.
6 Les plus douces joies de mes sens
Ont été des soifs étanchées.
Gide, les Nourritures terrestres, IV, III, Ronde de la grenade.
7 Cette première source rencontrée est aussi la dernière. Étanche ta soif, une fois pour toutes : tu ne boiras plus.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, III, p. 39.
3 Par métonymie. Supprimer (une ouverture laissant passer un fluide). || Étancher une voie d'eau (sur un navire). ⇒ Aveugler, boucher.
B (1690). Techn. Rendre étanche. || Étancher une citerne. Mar. || Étancher un compartiment, soit en le rendant imperméable par le calfatage, soit en l'asséchant.
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s'étancher v. pron.
♦ Littér. Devenir étanche.
8 Mais il fait pas mal d'eau, ton bâtiment, Pencroff !
— Ce n'est rien, Nab, répondit le marin. Il faut que le bois s'étanche ! Dans deux jours il n'y paraîtra plus, et notre pirogue n'aura pas plus d'eau dans le ventre qu'il n'y en a dans l'estomac d'un ivrogne. Embarquez !
J. Verne, l'île mystérieuse, t. I, p. 312.
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DÉR. Étanchement, étancheur, étanchoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.