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escrimer

escrimer (s') [ ɛskrime ] v. pron. <conjug. : 1>
XVIIe; intr. 1534; de escrime
1Se servir de qqch. comme d'une épée contre qqn; se battre. « Le chat était souvent agacé par l'oiseau : L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des pattes » (La Fontaine). Il s'escrimait avec sa canne.
2S'escrimer à faire qqch., s'y appliquer avec de grands efforts. ⇒ s'évertuer. S'escrimer à faire des vers, à jouer du violon. Ils se sont escrimés en vain.

escrimer (s')
v. Pron. S'évertuer, faire de grands efforts. S'escrimer à faire qqch, sur qqch.

⇒ESCRIMER, verbe intrans.
Faire de l'escrime.
A.— Vx. Ces deux hommes escriment tous les jours l'un contre l'autre (Ac. 1835-1932).
B.— Emploi pronom. C'étaient des bretteurs qui s'escrimaient sur le terre-plein au pied de la statue, comme en l'endroit le plus libre et le plus dégagé. Ils criaient : Tue! Tue! (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 297).
[Avec compl. de moyen introduit par de] Tout à l'heure, il s'escrimait avec Pierre, de l'épée à deux mains (MÉRIMÉE, Jacquerie, 1828, p. 29). La décision sera obtenue par une véritable mêlée où on s'escrimera du sabre et de la lance (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 116).
P. anal. Se servir d'un objet long et mince comme on le ferait d'une épée. L'irascible portière (...) se mit à s'escrimer avec son manche à balai (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 286).
Au fig.
♦ Se battre, lutter avec une certaine vivacité. Je sentais que le vieux ne pouvait manquer de s'escrimer contre son ennemi détesté (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 234).
♦ S'appliquer à faire quelque chose, faire de grands efforts pour y parvenir, peiner. C'est un fameux galimatias, sur lequel se sont escrimés tous les critiques de textes beethoveniens (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 217). Lui aussi me dit, comme on s'escrimait à monter une côte : « Y a de l'avenir dans l'armée » (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 383).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1534 au fig. s'escrymer « s'acharner, faire de grands efforts » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap. 21, p. 152); 1540 escrimer « faire de l'escrime » (N. HERBERAY DES ESSARS, Le premier livre de Amadis de Gaule, p. 718 ds IGLF). Dér. de escrime; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 50.

escrimer [ɛskʀime] v.
ÉTYM. 1534; de escrime.
———
I V. intr.
1 Vx. Faire de l'escrime, des armes.Par anal. Se servir de qqch. comme d'une épée. || Escrimer avec un bâton.
2 Fig. (vieilli). Discuter, disputer. || Ils sont tous deux fort savants, il y a plaisir à les voir escrimer l'un contre l'autre (Académie). Fer (croiser le), ferrailler; disputer.
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II S'escrimer v. pron.
1 Se servir de qqch. comme d'une épée contre qqn; se battre. || Il s'escrimait de sa canne et parait les coups de balai (Littré).
1 Le chat était souvent agacé par l'oiseau :
L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des pattes.
La Fontaine, Fables, XII, 2.
(Récipr.). Se disputer.
2 Laissons-les donc entre eux s'escrimer en repos (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
2 S'escrimer à faire qqch., s'y appliquer avec de grands efforts, peiner à le faire. Acharner (s'), appliquer (s'), battre (se), efforcer (s'), évertuer (s'), ingénier (s'). || S'escrimer à faire des vers, à jouer du violon. || Il s'y escrimait sans grands résultats.
Loc. S'escrimer des pieds et des mains pour grimper à un arbre.
(XIXe). Fam. S'escrimer du menton, des mâchoires, de la mâchoire, s'escrimer des dents : bien manger, manger avec appétit. — ☑ Loc. Vx. S'escrimer des armes de Samson (c'est-à-dire : de la mâchoire d'âne biblique).
3 Nous nous assîmes; nous tirâmes de la besace du frère Antoine quelques grosses pièces de pain avec plusieurs morceaux de viandes rôties, et nous nous mîmes à nous en escrimer comme à l'envi l'un de l'autre. Néanmoins, quelque appétit que nous eussions, nous cessions souvent de manger pour donner des accolades à l'outre (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, XI.
4 Il ne lui restait qu'une dizaine de dents; mais avec elles il s'escrimait solidement.
R. Rolland, Jean-Christophe, II, p. 22.

Encyclopédie Universelle. 2012.