éreinter [ erɛ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vx Blesser, déformer en battant ou en foulant les lombes. — Rouer de coups.
2 ♦ (1698) Cour. Excéder de fatigue. ⇒ épuiser, exténuer, fatiguer , harasser, tuer. Éreinter un cheval. Cette longue promenade m'a éreinté. — Pronom. « nous nous éreintions à faire des librairies, des éditions, des brochures, des livres » (Péguy). ⇒ échiner.
3 ♦ (1837 ; « décrier » fin XVIIe) Fig. Critiquer de manière à détruire le crédit, la réputation de (qqn, qqch.) (cf. Descendre en flamme). ⇒ démolir, maltraiter. Éreinter un adversaire politique. « Les journaux, parlons-en ! [...] Les revues ! [...] On m'éreinte de toutes parts » (A. Gide).
⊗ CONTR. 1. Reposer. 1. Louer, vanter.
● éreinter verbe transitif (de rein) Familier Fatiguer quelqu'un, un animal jusqu'à l'épuisement, l'exténuer, le harasser : Cette marche m'a éreinté. Critiquer violemment, avec malveillance : Les critiques ont éreinté son dernier film. ● éreinter (synonymes) verbe transitif (de rein) Familier Fatiguer quelqu'un, un animal jusqu'à l'épuisement, l'exténuer, le harasser
Synonymes :
- anéantir
- claquer (familier)
- crever (familier)
- épuiser
- exténuer
- harasser
- tuer
- vanner (familier)
- vider (familier)
éreinter
v. tr.
d1./d Excéder de fatigue. Ce travail l'éreinte.
— Pp. adj. Elle est éreintée.
|| v. Pron. S'éreinter.
— Par exag., cour. S'éreinter à faire une chose, se donner beaucoup de peine pour l'accomplir.
d2./d Critiquer violemment et méchamment. Il a éreinté son contradicteur.
— Pp. adj. Un livre éreinté par la critique.
⇒ÉREINTER, verbe trans.
A.— Vieilli. Fouler, rompre les reins. Bossu, il l'était devenu tout jeune pour avoir été éreinté à coups de bâton par un traiteur d'Issoire (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 218).
♦ Emploi pronom. réfl. Il fit un si grand effort qu'il s'éreinta (Ac. 1835, 1878).
B.— P. ext., fréq. au passif. Accabler (une personne, un animal) de fatigue. Éreinter son personnel; être éreinté par l'effort, par le travail. (Quasi-)synon. épuiser, exténuer, harasser. Une ville qui n'est que montagnes (...) on y éreinte les chevaux ou les chiens pour une course de dix minutes (NERVAL, Rhin et Flandre, 1852, p. 257). L'impératrice éreinte son monde, trotte, s'étonne qu'on se plaigne de la fatigue (COCTEAU, Portr.-souv., 1935, p. 202).
♦ Emploi pronom. réfl. S'éreinter, s'éreinter à + inf. Le directeur, les surveillants, des tas de propres à rien qui se croisaient les bras tandis qu'on s'éreintait pour eux (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 40). C'est en tout point ce que je m'éreinte à préconiser depuis que nous avons ce royaume (AUDIBERTI, Mal court, 1947, III, p. 196) :
• 1. Y avait encore une escalade, une très longue rampe... C'était pas fini l'aventure!... On a grimpé tout doucement. Elle voulait pas que je m'éreinte... Elle était pleine de prévenances.
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 262.
— P. anal. Fatiguer (une personne) moralement ou intellectuellement. Emploi absolu. Mais quand cette femme n'est qu'« aimée » (en principe) et non aimée vraiment, et qu'en outre elle vous ennuie, un tel effort éreinte, surtout si on est habitué à ne se contraindre pour qui ni pour quoi que ce soit (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1341).
C.— Au fig., fam. Critiquer violemment et/ou avec malveillance.
1. [Le compl. désigne une pers.] Éreinter un auteur, un homme politique. Je ne me soucierais pas de faire de la peine à nos confrères, mais je ne serais pas fâché qu'on les éreintât un peu (MÉRIMÉE, Lettres Delessert, 1870, p. 130) :
• 2. Je sens que j'étonne ce confrère venu m'interviewer à propos de la télévision. Je lui en dis beaucoup de bien, et les gens sont accoutumés, quoi qu'ils fassent, à être éreintés.
MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 176.
♦ Emploi pronom. réciproque. Chaque artiste amène ses amis devant son œuvre, et ces amis ne regardent que son œuvre comme s'ils étaient dans l'atelier; on « s'éreinte » un peu réciproquement; le public ne comprend pas trop (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 225).
2. [Le compl. désigne une production artistique] Éreinter une pièce de théâtre. [Les critiques] m'ont comblé d'éloges, à propos de livres qu'ils avaient éreintés jusqu'ici (ZOLA, Corresp., 1902, p. 423).
Prononc. et Orth. :[], (j')éreinte []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1690 « rompre les reins » (FUR., s.v. esrener. Quelques-uns disent esreinté); 2. 1698 « excéder de fatigue » (REGNARD, Le Distrait, Acte V, scène X); 3. 1837 « dénigrer méchamment » (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, p. 752). Dér. de rein; préf. é-2; dés. -er, avec un t inorganique entre les deux (FEW, 10, 252a); a éliminé l'a. fr. esrener « briser les reins » (3e tiers XIIe s., Chanson de Guillaume, éd. D. Mc Millan, 3313). Fréq. abs. littér. :150. Bbg. DARM. 1877, p. 74, 118. — ROG. 1965, p. 30, 111.
éreinter [eʀɛ̃te] v. tr.
ÉTYM. 1690; en remplacement de l'anc. franç. esrener, érener, v. 1130, de é-, rein, et suff. verbal.
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1 Vx. Blesser, déformer en battant ou en foulant les lombes. ⇒ Échiner. — Par ext. Rouer de coups. ⇒ Blesser, rosser.
2 (1698). Cour. Excéder de fatigue. ⇒ Accabler, briser, claquer, crever, épuiser, esquinter, exténuer, fatiguer, harasser, tuer, vanner, vider. || Éreinter un cheval. || « Il éreinte tous ses employés » (Académie). || Cette longue promenade m'a éreinté.
0.1 Françoise, elle aussi, est éreintée par son travail à l'hôpital auquel s'étaient ajoutées de multiples courses fatigantes (…)
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 51.
3 (1837; « décrier », fin XVIIe). Fig. et fam. Critiquer de manière à détruire le crédit, la réputation de (qqn, qqch.). ⇒ Aplatir, démolir, descendre, échiner, maltraiter; éreintage, éreintement. || Éreinter un adversaire politique, un contradicteur dans un meeting; éreinter un écrivain dans un journal. || Il s'est fait éreinter par la critique. || Cette pièce a été éreintée dans plusieurs revues littéraires.
1 Mme de Maintenon s'était enfin vengée d'avoir vu son crédit obscurci et le duc de Vendôme triompher (…) peu à peu elle avait repris le dessus (…) elle avait éreinté Vendôme (…)
Saint-Simon, Mémoires, t. III, V.
2 (…) le chancelier demeura essentiellement mal avec Mme de Maintenon, qui peu à peu avec les Jésuites l'éreintèrent auprès du roi (…)
Saint-Simon, Mémoires, t. II, VIII.
3 Dès lors la Fanfarlo fut hebdomadairement éreintée au bas d'une feuille importante (…) Elle fut accusée d'être brutale, commune, dénuée de goût (…) — sans compter qu'elle buvait comme un grenadier, qu'elle aimait trop les petits chiens et la fille de sa portière, — et autres linges sales de la vie privée, qui sont la pâture et la friandise journalière de certains petits journaux.
Baudelaire, la Fanfarlo.
4 Les journaux, parlons-en ! (…) Les revues ! (…) On m'éreinte de toutes parts.
Gide, les Caves du Vatican, I, II.
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s'éreinter v. pron.
1 Vx. Se casser ou se fouler les reins.
2 Fam. Se fatiguer excessivement, se donner beaucoup de mal. || Cessez ce travail pénible, vous allez vous éreinter. ⇒ Surmener. || S'éreinter à, sur un travail. || Elle s'éreinte à faire le ménage dans cette grande maison.
5 (…) nous nous éreintions à faire des librairies, des éditions, des brochures, des livres, des cahiers, occupations misérables et viles, vaines occupations de petits boutiquiers (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 94.
3 (Récipr.). Se critiquer réciproquement. || Ils ont commencé une polémique et s'éreintent quotidiennement dans la presse.
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éreinté, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1350, esrené).
♦ Très fatigué. ⇒ Aplati, flapi, fourbu, las, moulu, rompu. || Nous l'avons trouvé complètement éreinté, affalé dans un fauteuil.
6 Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage,
Moulus par le travail et tourmentés par l'âge,
Éreintés et pliant sous un tas de débris (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Le vin des chiffonniers ».
7 Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient.
Maupassant, Boule de suif, p. 7.
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CONTR. Délasser, reposer. — Louer, vanter.
DÉR. Éreintage, éreintant, éreintement, éreinteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.