épidémie [ epidemi ] n. f.
• fin XIVe; espydymie fin XIIe; lat. médiév. epidemia, gr. epidêmia, de epidêmos « qui circule dans le pays (dêmos) »
1 ♦ Apparition accidentelle d'un grand nombre de cas (d'une maladie infectieuse transmissible), ou accroissement considérable du nombre des cas dans une région donnée ou au sein d'une collectivité. ⇒aussi endémie, pandémie. Épidémie de choléra, de grippe. « En quelques jours à peine, les cas mortels se multiplièrent et il devint évident [...] qu'il s'agissait d'une véritable épidémie » (Camus). Mesures pour enrayer une épidémie : cordon sanitaire, désinfection, quarantaine, vaccination. Extinction d'une épidémie. — Épidémie qui frappe des animaux (⇒ enzootie, épizootie) , les plantes (⇒ épiphytie) .
2 ♦ Par ext. Accroissement du nombre de cas de toute maladie (épidémie d'intoxications), ou de tout autre phénomène anormal (épidémie de suicides).
♢ Fig. Ce qui touche un grand nombre de personnes en se propageant. ⇒ contagion, 1. mode. « L'horrible épidémie, contagieuse entre toutes, cet affreux vent de la mort, qui a nom : le fanatisme » (Michelet).
● épidémie nom féminin (latin médiéval epidemia, du grec épidêmia) Développement et propagation rapide d'une maladie contagieuse, le plus souvent d'origine infectieuse, dans une population. Phénomène pernicieux, nuisible qui atteint un grand nombre d'individus : Une épidémie de suicides. ● épidémie (difficultés) nom féminin (latin médiéval epidemia, du grec épidêmia) Sens Ne pas confondre ces deux mots. 1. Endémie = maladie qui sévit en permanence dans une région. Le paludisme est l'une des grandes endémies des continents africain et asiatique. 2. Épidémie = atteinte simultanée d'un grand nombre de personnes par une maladie contagieuse.
épidémie
n. f.
d1./d Développement rapide d'une maladie contagieuse chez un grand nombre d'individus d'une région donnée. épidémie de choléra.
d2./d Fig. Propagation d'un phénomène, évoquant celle d'une maladie contagieuse. épidémie de cambriolages.
⇒ÉPIDÉMIE, subst. fém.
A.— MÉDECINE
1. Augmentation inhabituelle et subite du nombre d'individus atteints d'une maladie transmissible existant à l'état endémique dans une région ou une population donnée; apparition d'un nombre plus ou moins élevé de cas d'une maladie transmissible n'existant pas normalement à l'état endémique dans une région donnée (p. oppos. à endémie) (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Épidémie dévastatrice, régnante; grande, terrible épidémie; propagation, transmission des épidémies. Les épidémies sont un fléau; mais elles ne sont pas les seuls maux dont les vivants soient menacés dans leur chair (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 86) :
• 1. Les centres endémiques du typhus et de la fièvre récurrente correspondent à des foyers permanents de saleté ou de misère. Quant aux grandes épidémies que causent parfois ces maladies, elles éclatent lorsque des perturbations économiques viennent rompre les habitudes d'hygiène qu'a peu à peu créées la civilisation moderne.
BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 289.
— P. compar. [En parlant d'une chose considérée comme un mal phys. ou mor.] Une barbe rongée par cette lèpre étrange qui s'abat quelquefois, comme une épidémie, sur toutes les statues d'un quartier (SARTRE, Nausée, 1938, p. 46). Un matérialisme sordide s'était répandu dans le pays comme une épidémie (SARTRE, Mort âme, 1949, p. 238).
Rem. 1. On parle aussi d'épidémie à propos des animaux. Le deuil morne d'un troupeau frappé d'épidémie (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1298). On voit parfois les corneilles ou les daims succomber sous des épidémies inexplicables (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 3, p. 42). En méd. vétér., le terme approprié est toutefois épizootie (d'apr. VILLEMIN 1975). 2. On rencontre ds la docum. le dér. épidémicité, subst. fém. Caractère épidémique d'une maladie. Ces fièvres endémiques, prématurées dans leur apparition, contractèrent presque soudainement un véritable caractère épidémique. On ne pouvait raisonnablement attribuer leur existence, encore moins leur épidémicité et la gravité qu'elles ont eue, aux causes ordinaires et propres à ce genre de maladies, à l'impaludation (Dr. L. Marchant, in Actes de l'Acad. royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, VI, 91 — C.H. ds QUEM. DDL t. 8).
2. P. ext. Multiplication considérable de cas de toute maladie (transmissible, carentielle ou autre; intoxication) ou de tout autre phénomène biologique ou social (accident, divorce, suicide, etc.). Après six mois de vie en commun, une épidémie de divorce s'abattit tout à coup sur les ménages (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 174). Une folie, une épidémie de folie, (...) sévit en ce moment dans la province de San-Paulo (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1117) :
• 2. Quoiqu'il faille compter avec ce que Gœthe appelait « le destin allemand de se rendre toutes choses difficiles », l'épidémie de suicides qui affecta le pays entier, entre les deux guerres, en dit long sur le désarroi des esprits.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 223.
B.— Au fig. [En parlant de tout autre phénomène hum. jugé comme un mal collectif] Ce qui touche rapidement et dans un même lieu un grand nombre de personnes en se propageant comme une épidémie. Synon. contagion, engouement, entraînement, mode.
1. [En parlant d'attitudes mentales] Qu'y a-t-il au fond de cette immense épidémie d'« infranchise »? (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 157). Et se sentir atteint par cette épidémie morale, qui propage dans les peuples la puissante folie des pensées collectives, le souffle de la guerre! (ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1066).
2. [En parlant de comportements collectifs] L'épidémie de destruction née du siège de Paris (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 625) :
• 3. ISABELLE. — Ah? oui, parce que tu veux travailler, toi aussi, bien entendu!
PHILIPPE. — Il faudra bien!
ISABELLE. — Décidément, c'est une épidémie! ... enfin! ...
BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 466.
Prononc. et Orth. :[epidemi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1256 ypidime (A. DE SIENNE, Regime du Corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 60, 4); après 1349 epydimie, epydemie (G. DE MACHAUT, Jugement du roi de Navarre, éd. Hœpffner, 346, 473). Empr. au lat. médiév. epidemia, epidimia (1250 ds LATHAM), gr. « épidémie »; les formes en -di- en raison de la prononc. du en gr. de basse époque. Fréq. abs. littér. :324. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 274, b) 365; XXe s. : a) 431, b) 689. Bbg. GOHIN 1903, p. 364. — ROG. 1965, p. 110.
épidémie [epidemi] n. f.
ÉTYM. Fin XIVe; espidymie, fin XIIe, et aussi ypidime, v. 1256; lat. médiéval epidemia, grec epidêmia, de epidêmios « qui circule dans le pays », de epi- (→ Épi-), et dêmos « pays, peuple ».
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1 Apparition d'un grand nombre de cas (d'une maladie infectieuse transmissible), ou accroissement considérable du nombre des cas, dans une région donnée ou au sein d'une collectivité. || Épidémie de choléra, de peste, de fièvre jaune, de typhus, de variole (→ Pandémie, cit.), de scarlatine, de croup, de rougeole, de grippe. || L'épidémie, due à la contagion, se distingue de l'endémie par la fréquence anormale des cas et par sa cause accidentelle. || La peste qui était à l'état endémique dans l'Inde ne frappait l'Europe que par épidémies. || L'épidémie se propage par contagion directe, ou indirecte (insectes, rats…). || Évolution, progrès, extension, stabilisation, recul d'une épidémie. || Épidémie régnante. || Les services sanitaires ont pris des mesures pour enrayer l'épidémie. ⇒ Cordon (cordon sanitaire), désinfection, quarantaine, vaccination. — Épidémie qui frappe des animaux. ⇒ Enzootie, épizootie. || Épidémie de charbon.
1 Ceux qui connaissent l'histoire de la peste de Marseille, n'ignorent pas jusqu'où les épidémies peuvent démoraliser.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, p. 893.
2 Ce qui cause l'épidémie (…) c'est la médecine et son personnel qui transportent le microbe, d'une femme malade à une femme saine.
3 En quelques jours à peine, les cas mortels se multiplièrent et il devint évident pour ceux qui se préoccupaient de ce mal curieux qu'il s'agissait d'une véritable épidémie.
Camus, la Peste, p. 47.
4 La déclaration obligatoire et l'isolement furent maintenus. Les maisons des malades devaient être fermées et désinfectées, les proches soumis à une quarantaine de sécurité, les enterrements organisés par la ville (…) Un jour après, les sérums arrivaient par avion. Ils pouvaient suffire aux cas en traitement. Ils étaient insuffisants si l'épidémie devait s'étendre (…) l'épidémie sembla reculer, et pendant quelques jours, on compta une dizaine de morts seulement. Puis, tout d'un coup, elle remonta en flèche.
Camus, la Peste, p. 76.
♦ Par compar. || La pollution s'est développée comme une épidémie.
♦ Par ext. Accroissement du nombre de cas (d'une maladie, d'un mal). || Une épidémie d'intoxications. Accroissement du nombre de cas d'un phénomène anormal, comparé à une maladie. || Une épidémie de suicides.
2 (1770). Fig. Ce qui touche un grand nombre de personnes en se propageant comme une épidémie. ⇒ Contagion, engouement, mode. || Une épidémie de conversions religieuses. || Une épidémie de violence, de xénophobie, de racisme.
5 Il est pour ainsi dire des épidémies d'esprit qui gagnent les hommes de proche en proche comme une espèce de contagion.
Rousseau, 2e dialogue.
6 (…) l'horrible épidémie, contagieuse entre toutes, cet affreux vent de la mort, qui a nom : le fanatisme (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, p. 318.
7 (…) il y a (…) de certains moments où des maladies de même nature éclatent à la fois dans divers pays : cela est vrai des maladies physiques et aussi des épidémies morales.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 20 oct. 1851, t. V, p. 51.
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DÉR. Épidémique.
COMP. Épidémiologie.
Encyclopédie Universelle. 2012.