épater [ epate ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ (1529) Vieilli Aplatir en élargissant la base, élargir la base en écartant les pieds. « Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins » (Rimbaud). ⇒ 1. étaler.
2 ♦ (1690) Vx Rompre le pied de. Épater un verre.
3 ♦ (1848; intr. 1835) Fig. et fam. Renverser d'étonnement. ⇒ ébahir, étonner, stupéfier, surprendre. Il veut épater la galerie (cf. En mettre plein la vue). ⇒ épate. Ce résultat nous a épatés. Ça t'épate, hein ? Rien ne l'épate. « Le nouveau ne répliqua rien, pensant sans doute que les anciens cherchaient à l'épater » (Dorgelès). ⇒ impressionner.
● épater verbe transitif (de patte) Familier. Susciter chez quelqu'un une surprise plus ou moins admirative, le laisser perplexe d'étonnement ; interloquer : Il cherche à épater ses voisins avec sa nouvelle voiture. ● épater (synonymes) verbe transitif (de patte) Familier. Susciter chez quelqu'un une surprise plus ou moins admirative, le...
Synonymes :
- ébahir
- stupéfier
épater
v. tr. Fam. étonner, impressionner.
— Loc. épater la galerie. épater le bourgeois.
|| v. Pron. S'étonner.
⇒ÉPATER, verbe trans.
I.— A. Vx. Priver de l'usage d'une patte. Épater un chien (Ac. 1932).
— P. anal. Épater un verre (Ac. 1835, 1878). Casser le pied.
B.— P. ext. Aplatir en élargissant la base. Les collines se bombent à leur faîte, épatent leur base, se creusent à l'horizon (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 323). D'un nez grec vous pouvez faire un nez kalmouck. Il suffit d'oblitérer la racine du nez et d'épater les narines (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 58).
— Emploi pronom. à sens passif. Prendre une forme écrasée, s'élargir. Nez qui s'épate. Kobus, dont la large figure s'épatait d'aise, en pensant que la petite était gaie (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 84). C'est déjà un cadavre. On ne le voit que trop aux laides taches jaunes qui s'épatent sur le corps (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 264).
♦ Spéc. [Le suj. désigne une pers. ou, p. plaisant., une chose] S'étaler. S'épater dans un divan, un fauteuil, une chaise :
• 1. Vraiment Sainte-Beuve fait défaut au salon de la princesse. L'idée s'y abaisse, la voix y grossit, et Flaubert, qui s'y épate, en fait un salon de province.
GONCOURT, Journal, 1868, p. 416.
C.— Emploi pronom. à valeur subjective, fam. [P. réf. à la marche des quadrupèdes] Tomber sur les mains et les pieds, tout de son long. Synon. s'étaler. Que ne suis-je dans la basse-cour, près le ruisseau des écuries, à m'épater tout de mon long dans la bousée claire des petits veaux! (FLAUB., Tentation, 1849, p. 427) :
• 2. C'est convenable de venir ainsi crever la devanture et de vous épater, les quatre fers en l'air, au milieu de gens qui ne vous ont rien demandé?
CLAUDEL, La Lune à la recherche d'elle-même, 1949, p. 1283.
II.— Au fig., fam. Épater (qqn). Étonner au point de faire tomber à la renverse. Chercher à épater le bourgeois; épater la galerie. Combien de fois un homme (...) est-il plus bête quand il assiste au spectacle à côté d'une jolie femme qu'il veut épater? (RENARD, Journal, 1898, p. 512) :
• 3. — Attends! Attends seulement! Un jour, je t'épaterai. Tu comprends? Je t'épaterai. Je te ferai tomber à genoux et peut-être même à plat ventre.
DUHAMEL, Vue de la Terre promise, 1934, p. 144.
SYNT. Épater les filles; épater les foules, les gens; ça t'épate, hein? Rien ne t'épate.
— Emploi pronom. à valeur subjective. S'épater de qqc. ou s'épater de + inf. S'étonner vivement. Il ne s'épate de rien. Dans les cafés, ils ne s'épatent pas de t'apporter, sur un plateau, un grand verre de flotte avec une soucoupe de concombres (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 37).
♦ Absol. Alors, les autres s'épatèrent : pas possible! Un homme n'aurait pas duré trois heures à un commerce pareil (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 784).
Prononc. et Orth. :[epate], (j')épate [epat]. Au sens I ds Ac. 1694-1932; au sens II ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. I. [XIIIe s. Jehans li Spateis, (à Nivelles ds Dialectes belgo-rom., 6, 155 ds FEW t. 8, p. 50, note 94)]; 1. av. 1400 espateir « écraser » (JEAN D'OUTREMEUSE, Ly myreur des Histors, éd. A. Goosse, 4202); 2. 1529 part. passé « aplatir en élargissant la base » (G. TORY, Champ fleury, 59 V. ds Romania, t. 51, p. 38); 3. 1690 « rompre la patte, le pied (ici d'un verre) » (FUR.). II. a) 1808 pronom. « tomber de tout son long [comme sur ses quatre pattes] » (D'Hautel ds Fr. mod. t. 14, p. 58); b) intrans. 1835 « faire des esbrouffes » (Raspail in Le réformateur du 20.9, p. 2); c) 1848 trans. « étonner » (PIERRE, Arg. et jargon, col. 3). Dér. de patte; préf. é-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :129.
DÉR. 1. Épatement, subst. masc. a) État de ce qui est épaté (cf. épater I B). Les piliers (...) qui n'ont aucun épatement à leur naissance, s'élancent à une hauteur surprenante (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 130). L'épatement sensuel de leur nez (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1055). b) Au fig., fam. Vif étonnement éprouvé devant quelqu'un ou quelque chose d'extraordinaire (cf. épater II). L'étonnement se lisait en chaque trait de leur physionomie, et l'épatement jusqu'au bout de leur nez (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 163). — []. — 1res attest. a) 1564 espattement « surface d'un corps écrasé » (LIÉBAULT, L'Agric. et la Maison rustique, livre 4, chap. 7, p. 92a), b) 1859 « état d'une personne étonnée » (GONCOURT, Journal, 22 mai ds FUCHS, Lex. Journal Goncourt); a du rad. de épater I, b du rad. de épater II, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 13. 2. Épateur, euse, adj. fam. [En parlant de qqn et, plus rarement, de qqc.] Qui provoque un vif étonnement (cf. épater II). Jarry, sans cesse épateur, diseur de monstruosités ou de bizarreries (LÉAUTAUD, Journal littér., 1, 1893-1906, p. 350). L'autre [La Roussalka] a répliqué par un regard impérial, de haut en bas, et un déploiement épateur de sa longue écharpe d'hermine (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 194). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1835 « faiseur d'embarras, d'esbrouffe » (Raspail ds Le Réformateur 20 sept., p. 2); du rad. de épater, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.
épater [epate] v. tr.
ÉTYM. V. 1400, espateir; spater « écraser », 1397 (en Belgique); de é-, patte « pied », et suff. verbal.
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1 (1529, au p. p.). Vieilli. Aplatir en élargissant la base, élargir la base en écartant les pieds. — Spécialt. Mar. || Épater les haubans d'un navire.
1 Lambda est en pyramide, c'est-à-dire épaté dessous et aigu en (des)sus.
2 Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande (…)
Rimbaud, Poésies, « À la musique ».
2 (1690). Vx. Rompre le pied de. || Épater un verre. — « Épater un chien » (Académie, 1932), lui casser une patte.
3 Je ramassais un plat de je ne sais quel mets
Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.
Rimbaud, Poésies, XX, « La maline », Pl., p. 67.
b S'étendre ou tomber de tout son long.
4 Je viens au beau milieu m'épater lourdement !
Hugo, Ruy Blas, IV, 7.
5 En six coups de pied, il fit rouler au milieu de la route les six grotesques fantoches, qui s'épatèrent sur la poudre avec ces gestes irrésistiblement comiques de marionnettes dont on a abandonné les fils. Ainsi disloqués et aplatis (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 111.
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II (1848; intrans., 1835). Fig. et fam. Renverser d'étonnement. ⇒ Ébahir, étonner, stupéfier, surprendre. || Il veut épater la galerie. → En mettre plein la vue à. ⇒ Épate. || Ce résultat nous a épatés. || Ça t'épate, hein ? || Ça alors, ça m'épate ! || Il ne se laisse pas épater facilement. || Rien ne l'épate. ☑ Loc. Épater le bourgeois, les bourgeois (cit. 12.1, 12.2). — Pron. || Il ne s'épate de rien. — Absolt. → ci-dessous, cit. 6. — REM. Sans être abandonné, le mot n'est plus à la mode.
5.1 On eût tiré dans le parloir la vieille couleuvrine du château, qui n'avait pas fonctionné depuis 1385, que les habitants de la maison van Tricasse n'auraient pas été plus épatés. Qu'on nous passe ce mot, qu'on excuse sa trivialité en faveur de sa justesse.
J. Verne, le Docteur Ox, p. 18-19.
5.2 La douche froide, ensuite, glaçant sa chair haletante, lui rappela les bains de la vingtième année, quand il piquait des têtes dans la Seine du haut des ponts de la banlieue, en plein automne, pour épater les bourgeois.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. Albin Michel, p. 91.
6 On ne l'admirait pas précisément; mais tout de même il épatait.
Gide, Journal, Feuillets, p. 352.
7 Le nouveau ne répliqua rien, pensant sans doute que les anciens cherchaient à l'épater.
R. Dorgelès, les Croix de bois, I, p. 12.
7.1 (…) chaque fois qu'on s'excite un peu autour de lui — ce haussement d'épaules impatient… « Eh bien, qu'est-ce qui vous épate ? En voilà une découverte (…) »
N. Sarraute, le Planétarium, p. 28.
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épaté, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1529).
1 Vx ou techn. Élargi. ⇒ Aplati, écrasé. || Sertissure épatée, plus large en bas qu'en haut. — Mar. || Haubans épatés.
8 J'aime beaucoup les statues ainsi posées (sur une colonne); elles produisent plus d'effet, se voient de plus loin et à leur avantage. Les socles ordinaires ont quelque chose de massif et d'épaté qui ôte de la légèreté aux figures qu'ils supportent.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 229.
♦ Cour. || Nez épaté, court et large. ⇒ Camus.
9 (…) un nez fort épaté lui tombait sur une moustache rousse qui s'élevait en croc jusqu'à la tempe.
A. R. Lesage, Gil Blas, II, 5.
10 Leurs yeux ronds (ceux des Nègres), leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses (…) la laine de leur tête (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, Introd.
2 Fig. et fam. (Personnes). Très étonné. ⇒ Abruti, ébahi, interloqué, stupéfait, surpris. — Un air épaté.
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DÉR. Épatant, épate, épatement, épateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.