endimancher (s') [ ɑ̃dimɑ̃ʃe ] v. pron. <conjug. : 1> ♦ Revêtir des habits du dimanche, mettre une toilette plus soignée que d'habitude. Fig. « La vanité n'est que l'art de s'endimancher tous les jours » (Balzac). — « Ta vulgarité ressort quand tu es endimanché » (Sartre). Il a l'air endimanché, emprunté, mal à l'aise dans des vêtements inhabituels et fragiles.
endimancher (s')
v. Pron. Mettre ses plus beaux habits, ses habits du dimanche. S'endimancher pour un mariage.
— Pp. adj. Avoir l'air endimanché: paraître mal à l'aise dans de beaux habits rarement portés.
⇒ENDIMANCHER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne une pers.]
1. Revêtir quelqu'un de ses habits du dimanche. Des enfants habillés de mises bas, qu'on endimanche aux fêtes (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 255).
— Emploi pronom. Synon. fam. se mettre en (habit de) dimanche; synon. pop. se saper. C'est fête et chacun s'est endimanché (GIDE, Carnets Égypte, 1939, p. 1049).
♦ P. métaph. Synon. de s'enjoliver. Quant à l'histoire elle s'était endimanchée (SARTRE, Mots, 1964, p. 35).
2. P. ext. Revêtir quelqu'un d'habits trop apprêtés dans lesquels il n'est pas à l'aise ou manque de naturel. (Quasi-)synon. affubler, costumer :
• ... pour nous habiller, on nous endimanchait; l'austérité des coiffures, les couleurs violentes ou sucrées des satins et des taffetas éteignaient tous les visages.
BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 152.
— P. métaph. L'excès d'art parnassien qui endimanche le vers, le paralyse, lui donne la physionomie parée et maussade de l'enfant à qui on a dit :« Ne te salis pas... » (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 313).
3. [P. méton. du suj., qui désigne un vêtement] Donner un air de dimanche ou un air emprunté. Un costume de velours bleu qui l'endimanchait (DABIT, Hôtel, 1929, p. 181). Emploi abs. Ce qui est neuf « endimanche », parce qu'il n'est à personne (SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 684).
B.— [L'obj. désigne un lieu] Parer, orner comme pour un dimanche, donner un air de fête à. Un sacristain préoccupé de gazes, de coussins, de tout ce qui sert à endimancher son église (RENAN, Église chrét., 1879, p. 424).
Prononc. et Orth. :[], (j')endimanche []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1572 inf. « revêtir les habits du dimanche » (J. DE LA TAILLE, La Rustique amie, f° 69 v° ds GDF. Compl.); 1611 part. passé adj. (COTGR.); 2. 1818 part. passé adj. « habillé gauchement » (STENDHAL, Journal, p. 259); 3. 1831 « orner pour une fête » (BALZAC, Peau chagr., p. 290). Dér. de dimanche; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :9.
DÉR. Endimanchement, subst. masc., rare. Action d'endimancher ou de s'endimancher; p. méton. état qui en résulte. Un air d'endimanchement mélancolique, de triste fête (LOTI, Galilée, 1896, p. 72). Des endimanchements à canotiers et grands chapeaux à plumes (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 488). — []. — 1re attest. 1843 « état d'une personne endimanchée » (R. TOPFFER, Voyages en zigzag ds LITTRÉ); du rad. de endimancher, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. — DARM. 1877, p. 96 (s.v. endimanchement). — DUCH. Beauté 1960, pp. 98-99.
endimancher [ɑ̃dimɑ̃ʃe] v. tr.
ÉTYM. 1572; de en-, dimanche, et suff. verbal.
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1 Habiller (qqn) avec des habits de fête. || Des enfants que leurs parents avaient endimanchés pour l'occasion.
♦ Habiller de façon pompeuse, apprêtée. ⇒ Affubler, costumer.
1 (…) pour nous habiller, on nous endimanchait; l'austérité des coiffures, les couleurs violentes ou sucrées des satins et des taffetas éteignaient tous les visages.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, p. 152.
♦ (Le sujet désigne le vêtement). || Un superbe costume à gilet et une cravate l'endimanchaient.
2 (1831, Balzac). Parer, orner d'une manière apprêtée, un peu ridicule. || Endimancher un lieu, une salle. — (Abstrait). || Endimancher son style.
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s'endimancher v. pron. (plus cour. que l'actif).
♦ || Ils se sont tous endimanchés pour aller au baptême, à la réception. → Se mettre sur son trente-et-un.
2 Toute cette famille s'endimanche autant que ses moyens le lui permettent; souvent un petit fichu en madras et un tablier neuf sont tout ce que la femme a pu ajouter à son costume de la semaine; le mari a du linge blanc, et ce jour-là il met une cravate; ses enfants ont des bas et des souliers, ce qui ne leur arrive pas tous les jours.
Charles Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 233 (éd. 1842).
♦ Par métaphore :
3 Quand le maître se néglige et quand le disciple se soigne et s'endimanche ils se ressemblent (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand jugé par un ami intime en 1803.
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DÉR. Endimanché, endimanchement.
Encyclopédie Universelle. 2012.