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encor

encore [ ɑ̃kɔr ] adv.
XIIe; uncor XIe; lat. pop. °hinc ha hora ou hanc ad horam 2. or
1Adverbe de temps, marquant la persistance d'une action ou d'un état au moment considéré. Écrit ENCOR, en poésie classique : « Maître loup s'enfuit, et court encor » (La Fontaine). toujours. Vous êtes encore là ? Il est encore jeune. On en parle encore.
En tour négatif, marque que ce qui doit se produire ne s'est pas, pour le moment, produit. Je ne l'ai encore jamais rencontré. Nous n'avons encore rien décidé. — PAS ENCORE : indique la persistance d'une absence d'état, d'action. Il ne fait pas encore jour. Elle n'avait pas encore vingt ans. As-tu fini ? — Pas encore.
2Adverbe marquant une idée de répétition ou de supplément. Vous vous êtes encore trompé. Encore et toujours. nouveau (de nouveau); re-. Vous prendrez bien encore un verre ? Encore un ? Encore un peu. Ellipt Encore ! Encore ! autre. Je vous le dis encore une fois (cf. Une fois de plus). Non seulement il est bête, mais encore il est prétentieux. « Non seulement par la raison, mais encore par le cœur » (Pascal). Mais encore ? se dit pour demander des précisions supplémentaires. Que vous faut-il encore ? Et puis, quoi encore ? marque l'indignation devant une demande exagérée.
(Avec un verbe marquant accroissement ou diminution) Davantage. « Ce volume est bien petit; nous conseillons à l'auteur de le réduire encore » (Balzac). Avec un comparatif, marque un renchérissement. Ses affaires vont encore plus mal. Elle est encore moins patiente que moi. C'est encore pire que je ne croyais.
3Particule introduisant une restriction. Cinq millions, ce n'est pas cher, encore faut-il les avoir. Si encore il faisait un effort, on lui pardonnerait. Exclam. « Si encore il était beau ! Mais il est laid » (Lavedan)(cf. Si seulement). Et encore ! se dit pour restreindre ce qui vient d'être évalué. On vous en donnera cinq cents francs, et encore ! au plus cinq cents francs. Il pourra s'en tirer tout juste, et encore !
4Loc. conj. (XIVe) Littér. Encore que : bien que, quoique. « Encore que la révolte puisse fausser le caractère » (A. Gide). Il est bel homme, encore qu'un peu petit.
⊗ CONTR. Déjà.

encor adverbe Forme ancienne de encore.

encore ou (poét.) encor
adv.
d1./d adv. de temps. Jusqu'à cette heure, jusqu'à ce moment. (Par oppos. à ne... plus.) Il est encore ici. Il était encore étudiant l'an dernier.
|| (Avec une nég., par oppos. à déjà.) Pas jusqu'à maintenant, pas jusqu'au moment dont on parle. Elle n'est pas encore rentrée. Il n'était pas encore marié. Tu ne le connais pas encore.
d2./d (Marquant la répétition.) De nouveau, une fois de plus. C'est encore vous? Il a encore gagné.
d3./d (Marquant l'idée d'une plus grande quantité.) Donne-lui encore à boire! J'en veux encore, une fois de plus, davantage. Qu'est-ce qu'il te faut encore?, de plus, en outre. Non seulement il pleut, mais encore il fait froid.
|| (Renforçant un comparatif, un verbe marquant un changement de quantité, d'état.) Elle est encore plus intelligente que belle. On peut raccourcir encore les manches.
d4./d (En fin de phrase.) (Belgique) Fam. Comment t'appelles-tu, encore?
d5./d (Marquant le doute, la restriction.) Il a demandé un prêt; encore faut-il qu'on le lui accorde! Cette viande est tout au plus mangeable, et encore!
|| Loc. conj. Encore si...! Si encore...!: si seulement... Encore s'il voulait travailler... Si encore il était généreux!
d6./d Loc. conj. Litt. Encore que (+ subj.): bien que, quoique. Encore qu'il soit jeune, il ne laisse pas d'être sage.
Encore que (+ cond.): marquant une éventualité. Encore qu'il guérirait difficilement.
d7./d Loc. (Belgique) Encore bien que: heureusement que.
|| ça va encore: ça va assez bien.

encore ou (vx ou poét.) encor [ɑ̃kɔʀ] adv.
ÉTYM. XIIe; uncor(e), XIe; du lat. pop. hinc ad horam ou hanc ad horam « d'ici jusqu'à l'heure ». → Or(e).
1 Adverbe de temps. Marque la persistance d'une action ou d'un état au moment considéré. || Vous êtes encore là ? Toujours. || Il est encore en vie. || C'est encore l'hiver. || Nous en avons encore pour longtemps. || La veille encore, il me disait… || On en parlera encore dans dix ans. || Vous n'êtes encore qu'un enfant. Péj. || Il en est encore là !
(En tour négatif). Marque que ce qui doit se produire ne s'est pas, pour le moment, produit (→ ci-dessous, cit. 2 et 3). || Il ne fait pas encore jour. || Je ne l'ai encore jamais rencontré.
1 (…) maître loup s'enfuit, et court encor.
La Fontaine, Fables, I, 5.
2 Mme la princesse de Conti est tombée en apoplexie. Elle n'est pas encore morte, mais elle n'a aucune connaissance (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 245, 3 févr. 1672 (→ Apoplexie, cit. 2).
3 Je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui.
Racine, Andromaque, I, 4.
4 (…) on veut haïr et on veut aimer, mais on aime encore quand on hait, et on hait encore quand on aime.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, De l'incertitude…
4.1 Et si alors un nom lu par hasard nous donne un sentiment de jalousie, nous sommes contents de penser que nous aimons encore (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 759.
5 Quand l'action atteint un point, on a le choix entre encore et toujours : la révolte dure encore, toujours; — j'ai beau attendre, elle ne vient toujours pas.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 444.
Loc. (vx). Pour encore : pour l'instant.
2 Marquant une idée de répétition ou de supplément. Nouveau (de); et préf. re-. || Vous vous êtes encore trompé. || Il nous a encore répondu la même chose. || Que se passe-t-il encore ? || Encore vous ?
6 Je le ferais encor, si j'avais à le faire.
Corneille, le Cid, III, 4.
7 Il ne pouvait confesser sa faute sans glisser malgré lui au besoin de la commettre encore en pensée.
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, III, IX, p. 367.
8 (…) ça a coulé, clair, puis épais, puis clair encore, la lie et le vin mélangés.
J. Giono, Colline, p. 110-111 (→ Bonde, cit. 2).
(Avec un nombre). || Pardonnez-lui encore une fois. Plus (une fois de plus). || Prenez encore un gâteau. Autre (un autre gâteau). || J'en ai acheté encore cinq.Exclam. || Encore ! encore ! Ellipt. || Encore une fois, encore un coup (vieilli) : je vous le dis encore une fois. || Encore une fois, vous devriez vous méfier !
9 Mettons encore un coup toute la Grèce en flammes (…)
Racine, Andromaque, IV, 3.
10 Laissez donc tout cela (…) Prenez encore une assiettée de soupe.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 241.
(Avec un verbe marquant accroissement ou diminution). Davantage. || L'incident va encore aggraver la situation. || Outre ses propriétés en province, il possède encore des appartements à Paris. Aussi. || Vous n'êtes pas content ? Que vous faut-il encore ? || Et puis quoi encore ? || Non seulement il est égoïste, mais encore il est avare. Même. || Vous l'aidez et il se moque de vous encore ! Surcroît (par).
11 (…) je suis médecin; apothicaire encore, si vous le trouvez bon.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 5.
12 Roscius entre sur la scène de bonne grâce (…) et j'ajoute encore qu'il a les jambes bien tournées (…)
La Bruyère, les Caractères, III, 33.
13 Les menées de M. le duc du Maine (…) vinrent encore approfondir sa chute.
Saint-Simon, Académie, Dict. historique (→ Approfondir, cit. 5).
14 Pour ajouter, on se sert d'autres expressions, d'adverbes tels que : encore : Je dois encore vous avouer; — celle-ci s'était mariée sur le tard avec Pierron, un veuf encore, qui avait une gamine de huit ans — par surcroît, en plus, il était borgne; — en outre il a réussi à passer son examen.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 714.
(Avec un comparatif). Marquant un renchérissement. || Il est encore plus grand que je ne l'imaginais. || Vous êtes encore moins patient que moi. || Parlez encore plus bas. || C'est encore pis.
15 Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,
On s'enfonce encor plus avant (…)
La Fontaine, Fables, V, 6.
16 La famille antique est une association religieuse plus encore qu'une association de nature.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 41.
17 Je me sentis connue encor plus que blessée (…)
Valéry, Poésies, « la Jeune Parque ».
Mais encore ?, s'emploie pour demander plus d'éclaircissements que l'interlocuteur n'en donne. || C'est à vous d'agir prudemment. — Mais encore ? (que faut-il faire ?). || Nous vous donnerons certains avantages. — Mais encore ? (lesquels ?).
18 Chemin faisant il vit le col du chien pelé.
Qu'est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi rien ? — Peu de chose.
— Mais encor ? — Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
La Fontaine, Fables, I, 5.
19 Mais encore, quelle est ta pensée là-dessus ?
Molière, Dom Juan, I, 2.
Loc. Vx. D'encore en encore : de plus en plus.
3 Particule introduisant une restriction.
En tête d'une proposition (avec inversion du sujet). Cependant, mais. || La route est directe, encore est-elle impraticable en hiver. || Ce mot existait déjà au XVIe siècle; encore n'était-il employé que dans la langue littéraire. || Vous vouliez venir ? Encore fallait-il nous le dire !
20 Encore est-il plus raisonnable que je ne pensais (…)
Molière, le Mariage forcé, 8.
21 Encore s'est-il trouvé des gens qui se sont plaints qu'il s'emportât contre Andromaque (…)
Racine, Andromaque, 1re Préface.
Avec une proposition conditionnelle, par une ellipse équivalant à une tournure telle que : cela serait encore convenable, admissible si… (sans inversion du sujet). Moins (du moins), seulement (si seulement). || Encore, si nous pouvions lui parler, cela faciliterait les choses.Exclam. || Si encore il comprenait ce qu'on fait pour lui ! Seulement (si).
22 Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage (…)
La Fontaine, Fables, I, 22.
23 Encore si l'on m'avait donné du temps, j'aurais pu (…)
Molière, les Précieuses ridicules, Préface.
Et encore, se dit pour modifier ce qui vient d'être évalué (en plus ou en moins). || On vous en donnera cinq cents francs, et encore !, au plus cinq cents francs. || Je l'ai bien payé cinq cents francs, et encore !, au moins cinq cents francs. || Il pourra s'en tirer tout juste, et encore !
4 Loc. conj. (XIVe). Littér. Encore que : bien que, quoique. || Nous l'aiderons, encore qu'il ne le mérite pas. (Avec ellipse du verbe). || Encore que très riche, il vit très simplement.
REM. Encore que s'emploie régulièrement avec le subjonctif; mais on rencontre parfois le conditionnel pour marquer l'éventualité, et (rarement) au XVIIe s. l'indicatif pour marquer la réalité de la chose concédée.
24 Encor que je vous sois, peu s'en faut, inconnue (…)
Corneille, Mélite, IV, 2.
25 Mon deuil est raisonnable, encor qu'il soit extrême (…)
Molière, Psyché, II, 1.
26 (…) encore que cela est vrai en un sens pour quelques âmes (…)
Pascal, Pensées, IV, 244.
27 (…) rien de ce qui pousse à la révolte n'est définitivement dangereux — encore que la révolte puisse fausser le caractère (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, I, XII, p. 146 (→ Cabrer, cit. 2).
28 Encore qu'un tel souci trouverait à se justifier.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, p. 121.
29 Encore que avait apparu vers le XVe siècle. Il était très usité dans la langue classique : Va-t'en, ne montre plus à ma douleur extrême, Ce qu'il faut que je perde, encore que je l'aime… — Les femmes croient souvent aimer, encore qu'elles n'aiment pas… — Ne dites-vous pas… que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ?… Car encore que cela est vrai en un sens… néanmoins cela est faux à l'égard de la plupart… De nos jours la locution a un air archaïque.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 863.
CONTR. Déjà (temps), plus (négation).

Encyclopédie Universelle. 2012.