effriter [ efrite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1801; ext. de sens, sous l'infl. de friable, de effriter (1611), pour effruiter (XIIIe) « rendre stérile, épuiser (une terre) »; de fruit
♦ Réduire en poussière. Effriter un gâteau sec. ⇒ émietter. — P. p. adj. Des masses « de roches calcaires, effritées, fendillées, pulvérulentes » (Gautier).
♢ V. pron. S'EFFRITER : se désagréger progressivement, tomber en poussière. Matière qui s'effrite facilement. ⇒ friable. « Le toit penche, le mur s'effrite » (Gautier). — Fig. Perdre des éléments, diminuer progressivement. ⇒ s'amenuiser. La majorité gouvernementale s'effrite à chaque vote.
● effriter verbe transitif (altération de effruiter, dépouiller de ses fruits, avec l'influence de friable) Rendre friable, réduire en poussière ou en miettes : Le sel effrite les roches les plus dures. ● effriter (synonymes) verbe transitif (altération de effruiter, dépouiller de ses fruits, avec l'influence de friable) Rendre friable, réduire en poussière ou en miettes
Synonymes :
- dégrader
- désagréger
- désintégrer
effriter
v. tr. Désagréger, mettre en morceaux.
|| v. Pron. Le plâtre de ce plafond s'effrite.
— Fig. Son crédit s'effrite.
I.
⇒EFFRITER1, verbe trans.
A.— Rendre friable, réduire progressivement en poussière ou en miettes. Ses dents, [d'une chienne] un peu jaunies par l'âge, effritent un gâteau sec (COLETTE, Vagab., 1910, p. 48) :
• Il y avait un tronc d'arbre couché dans l'herbe, au bord du chemin. Elle [Karelina] s'y assit une minute, pour respirer. Ses doigts, machinalement, arrachaient l'écorce sèche, des fragments couleur de tabac, qu'elle effritait en poussière, en cendre.
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 252.
— Emploi pronom. Tomber en poussière, se désagréger en menus fragments (surtout par l'usure du temps). (Quasi-)synon. se déliter. Le calcaire qui s'effrite, (...) les parements qui se délitent sous l'action de la gelée (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1912, p. 230).
B.— Au fig. Désagréger progressivement, affaiblir par l'usure. L'intelligence est un îlot, que les marées humaines rongent, effritent et recouvrent (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1265).
— Emploi pronom. Pourvu, mon Dieu, si l'exil dure, que nous ne finissions pas par nous effriter, par tomber de nous-mêmes, en poudre, dans la nostalgie, dans le marasme! (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 195).
Rem. On rencontre ds la docum. effrité, ée en emploi adj. Qui s'est progressivement désagrégé. Des briques disjointes, des moellons effrités (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 2). Au fig. L'âme effritée s'émiette, se disperse dans les choses (THARAUD, Ombre de la Croix, 1917, p. 300).
Prononc. et Orth. :[], (j') effrite []. Transcrit avec [] ouvert à l'initiale, sous l'influence des lettres redoublées, à titre de var. ds WARN. 1968. N'est transcrit ni ds LITTRÉ, ni ds BARBEAU-RODHE 1930. BUBEN 1935, § 64 rappelle que avant la fixation de l'orth. le mot a hésité entre effriter et effruiter, comme vide/vuide, chènevis/chanevuis, bigne/buigne. Le verbe est attesté ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. [1801 d'apr. BL.-W.3-5]; 1852 le mur s'effrite (GAUTIER, Émaux, p. 63). Issu de effriter2 sans doute sous l'infl. de friable dans des emplois tels que terre effritée. Fréq. abs. littér. :108.
II.
⇒EFFRITER2, verbe trans.
AGRIC., vieilli. Épuiser une terre, la rendre stérile. Effriter un champ (Ac. 1835-1932). Synon. vx effruiter.
— Emploi pronom. La terre s'effrite, si l'on n'y met pas d'engrais (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. :[], (j')effrite []. Transcrit avec [] ouvert à l'initiale, sous l'influence des lettres redoublées, ds LITTRÉ et, à titre de var. ds WARN. 1968. Pour l'hésitation effriter/ effruiter, cf. effriter1. Le verbe est attesté ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1213 con se la citez fus esfruitiee « épuisée, improductive » (Faits des Romains, éd. L.-F.. Flutre et K. Sneyders de Vogel, t. 1, p. 44, l. 29); XIIIe et XIVe s. esfriter au fig. « dépenser » (G. DE COINCY, Miracles, éd. V. F. Kœnig, I Mir. 38, 300, leçon des mss B et S), attest. isolées de cette forme; 1690 effriter (DE LA QUINTINYE, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, t. 1, p. 157). Dér. de fruit; préf. é-; dés. -er; avec réduction de la diphtongue après le groupe consonantique explosif (v. FOUCHÉ, p. 738).
effriter [efʀite] v. tr.
ÉTYM. 1611; au sens I, esfruitie, 1213; au sens II, 1801; de é-, fruit, et suff. verbal; le sens II semble dû à l'influence de friable.
❖
———
1 Toutes les terres s'usent, ou, pour me servir du terme de jardinage, s'effritent avec le temps.
———
II (1801, Bloch-Wartburg). Mod.
1 Rendre friable; réduire en poussière. || Effriter des mottes de terre. || Essayer d'effriter un croûton, un gâteau sec.
♦ Par métaphore :
2 L'intelligence est un îlot, que les marées humaines rongent, effritent et recouvrent.
R. Rolland, Jean-Christophe, Buisson ardent, I, p. 1265.
2 Fig. Faire perdre ses éléments à; affaiblir en désagrégeant. || Il essayait d'effriter la majorité, le pouvoir du ministère.
——————
s'effriter v. pron.
ÉTYM. (1852).
♦ Plus cour.
1 Se désagréger progressivement, tomber en poussière. || Ces vieilles pierres s'effritent. ⇒ Écailler (s'). — Bas-reliefs qui s'effritent et se dégradent. || Le bois vermoulu s'effrite. || Fleurs séchées qui s'effritent (→ Bruyère, cit. 1).
3 Le toit penche, le mur s'effrite,
Le seuil de la porte est moussu.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « Fumée ».
2 S'affaiblir en perdant ses éléments, en se dissociant (→ Drame, cit. 1).
——————
effrité, ée p. p. adj.
♦ Désagrégé, en poussière.
4 (…) des masses énormes de roches calcaires, rugueuses, lépreuses, effritées, fendillées, pulvérulentes, en pleine décomposition sous l'implacable soleil.
Th. Gautier, le Roman de la momie, p. 15.
❖
DÉR. Effritement.
Encyclopédie Universelle. 2012.