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effrayer

effrayer [ efreje ] v. tr. <conjug. : 8>
esfreer 1080; lat. pop. °exfridare « faire sortir de la paix », frq. °fridu
1Frapper de frayeur, d'effroi. affoler, alarmer, angoisser, apeurer, effarer, effaroucher, épeurer, épouvanter, intimider, terrifier (cf. Glacer le sang, faire dresser les cheveux sur la tête). « On ne les avait jamais effrayés en leur disant que Dieu réserve des punitions terribles aux enfants ingrats » (Bernardin de Saint-Pierre). « Le sac de la Ville Éternelle [...] effraya l'Europe » (Bainville). « La Commune, effrayée de sa responsabilité » (Jaurès).
Pronom. Avoir peur, craindre. redouter. « la bourgeoisie possédante s'effraie plus de l'armement général du peuple » (Jaurès).
2Inquiéter. Le prix de ce voyage m'effraie un peu. Je suis effrayée de constater que...
⊗ CONTR. Apaiser, rassurer.

effrayer verbe transitif (bas latin exfridare, faire sortir de la paix, du francique fridu, paix) Causer de la frayeur ; épouvanter, affoler : Le coup de feu effraya le cheval qui se cabra. Rebuter quelqu'un, le décourager : L'énormité de la tâche ne l'effrayait pas.effrayer (citations) verbe transitif (bas latin exfridare, faire sortir de la paix, du francique fridu, paix) Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Le monde brisé viendrait-il à s'écrouler, ses ruines le frapperont sans l'effrayer. Si fractus illabatur orbis, Impavidum ferient ruinae. Odes, III, III, 3effrayer (difficultés) verbe transitif (bas latin exfridare, faire sortir de la paix, du francique fridu, paix) Conjugaison Les formes conjuguées du verbe peuvent s'écrire avec un y ou un i devant e muet : il effraie ou il effraye, il effraiera ou il effrayera. - Attention au i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que)nous effrayions, (que)vous effrayiez. ● effrayer (synonymes) verbe transitif (bas latin exfridare, faire sortir de la paix, du francique fridu, paix) Causer de la frayeur ; épouvanter, affoler
Synonymes :
- affoler
- alarmer
- angoisser
- apeurer
- effarer
- effaroucher
- épouvanter
- impressionner
- inquiéter
- pétrifier
- terrifier
Contraires :
- apaiser
- calmer
- rassurer
- tranquilliser
Rebuter quelqu'un, le décourager
Contraires :
- rasséréner
- réconforter

effrayer
v. tr. Provoquer la frayeur de, épouvanter.
|| v. Pron. Ne vous effrayez pas.

⇒EFFRAYER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne toujours un animé, au moins p. méton.]
1. Frapper, remplir de frayeur, d'effroi. Effrayer des oiseaux, un cheval; effrayer l'ennemi; effrayer les timides, les peureux; effrayer l'imagination (de qqn); effrayé par des menaces; effrayer et rassurer. C'est le présent qui m'effraie, oh! sans m'épouvanter (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Louise Leclercq, 1886, p. 164) :
1. Cinq ou six pêcheurs... épient le poisson qu'autour d'eux les rabatteurs effrayent en frappant l'eau à grands coups de gaule.
FRANCE, Pierre Nozière, 1899, p. 203.
2. ... les uns et les autres débouchent sur la révolution qui les aurait peut-être effrayés si elle leur avait été décrite et représentée.
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 508.
P. allus. littér. (aux Pensées de Pascal) :
3. Et les humains, de milles manières, ne s'efforcent-ils pas de remplir ou de rompre le silence éternel de ces espaces infinis qui les effraye?
VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 112.
2. [En parlant d'une action, d'un comportement]
a) Provoquer de l'appréhension, du tourment, du découragement chez. Un examen qui effraie; effrayé par la perspective (de faire qqc.). Il devrait faire la conversation, et cela l'effrayait beaucoup (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 783). Quand le plaisir m'effrayait, son sourire me rassurait (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 46) :
4. ... c'est moi qui vous fais peur en vérité, Tirésias, moi qui vous effraye. Je le vois écrit en grosses lettres sur votre visage.
COCTEAU, La Machine infernale, 1934, III, p. 107.
b) Mettre en défiance. Synon. effaroucher. [Elles] évitent les trivialités qui effraient les jeunes gens (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 111) :
5. Rodolphe se mit à lui parler de son amour. Il ne l'effraya point d'abord par des compliments. Il fut calme, sérieux, mélancolique.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 182.
c) Surprendre grandement. Synon. choquer :
6. À cette époque, il [Bodard de Saint-James] faisait construire à Neuilly sa célèbre Folie, et sa femme achetait pour couronner le dais de son lit, une garniture de plumes dont le prix avait effrayé la reine.
BALZAC, Sur Catherine de Médicis, Les Deux rêves, 1830, p. 345.
B.— Emploi pronom.
1. réfl. Être saisi de frayeur, s'étonner de.
a) S'effrayer à. S'effrayer au bruit du canon. L'oiseau qui marche dans l'allée S'effraie et part au moindre bruit (GAUTIER, Émaux, 1852, p. 61).
b) S'effrayer de. S'effrayer de peu de chose, s'effrayer du résultat :
7. ... il y avait entre eux un attrait physique trop vif, et le jeune homme s'était effrayé de l'intensité de leurs baisers.
BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 233.
2. réciproque. J'oubliais de vous faire observer que le résultat de ces préparatifs immenses pourra fort bien être le repos, car les deux chefs [Alexandre et Napoléon] s'effraieront mutuellement (J. DE MAISTRE, Corresp., t. 4, 1811-14, p. 115).
Prononc. et Orth. :[] ou p. harmonis. vocalique [], (j')effraie [] ou (j')effraye []. Transcrit avec [] ouvert à l'initiale sous l'influence des lettres redoublées [] ds LITTRÉ, BARBEAU-RODHE 1930 et à titre de var. ds WARN. 1968. LITTRÉ rappelle que d'apr. Chifflet on prononçait []. C'est à cause de cette prononc. que FÉR. 1768 souligne ,,y a la valeur de deux i, dont l'un se joint à l'e qui précède, et l'autre à celui qui suit`` et que FÉR. Crit. t. 2 1787 considère comme mauvaises les graph. efraïant, effraïant de Richelet et du P. Follard parce que ,,cette orthographe induit à prononcer éfra-ian contre l'usage``. Dans l'a. fr. esfreier e et ai peuvent permuter pour figurer le son [] ouvert : esfraier. Mais devant yod la graph. ai se prononçant [aj] prête à confusion dans la prononc. Conjug. cf. balayer et bégayer. Enq. :/, (D)/ (il) effraie. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du Xe s. esfreder « troubler, inquiéter (proprement « faire sortir de l'état de tranquillité ») » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 191); ca 1100 esfreer (Roland, éd. J. Bédier, 438); 2. ca 1155 esfreier « remplir de frayeur » (WACE, S. Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1185); début XIVe s. effroyer (MACÉ DE LA CHARITÉ, Bible, éd. J. R. Smeets, 10871). Du b. lat. exfridare, lui-même dér., avec le préf. lat. à valeur privative ex-, de l'a. b. frq. fridu « paix », cf. a. h. all. fridu (GRAFF t. 3, col. 788), all. Friede, de même sens; esfreier, effroyer d'apr. esfrei, effroi. On trouve en lat. médiév., dans le domaine angl., exfrediare « troubler » (ca 1115 ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :2 159. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 762, b) 3 651; XXe s. : a) 2 544, b) 2 480. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 216. — DUCHÁ (O.). La Tendance de motivation et la conscience étymol. Wissenschaftliche Zeitschrift der Humboldt-Universität zu Berlin. 1969, t. 68, p. 703. — SCIVOLETTO (N.). Francése effrayer. Giornale italiano di filologia. 1960, t. 13, pp. 106-108.

effrayer [efʀeje] v. tr. [CONJUG. payer.]
ÉTYM. Déb. XIVe, effroyer; esfreier, v. 1155, au sens 1; esfreer, v. 1100; esfreder, fin Xe; du lat. pop. exfridare « faire sortir de la paix », de ex-, et francique fridu « paix ». Cf. all. Friede « paix ».
1 Frapper de frayeur, d'effroi. Affoler, alarmer, angoisser, apeurer, effarer, effaroucher, épouvanter, inquiéter, terrifier, tourmenter; peur (faire); → Glacer le sang; faire dresser les cheveux sur la tête. || Effrayer un enfant. || Épouvantail qui effraie les oiseaux. || Ses cris ont effrayé tout le monde. || Être facile à effrayer. Farouche, ombrageux, timide. || Spectacle qui effraye tout le monde. || L'événement a effrayé toute la population (→ Alarme, cit. 4; chimère, cit. 10). || Ce silence nous effrayait (→ Accalmie, cit. 3). || L'avenir, la mort l'effraye (→ Attrister, cit. 2).
1 Nous troublons la vie par le soin de la mort, et la mort par le soin de la vie. L'une nous ennuie, l'autre nous effraie.
Montaigne, Essais, III, XII.
2 Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.
Pascal, Pensées, III, 206.
3 La solitude effraye une âme de vingt ans.
Molière, le Misanthrope, V, 4.
4 On ne les avait jamais effrayés en leur disant que Dieu réserve des punitions terribles aux enfants ingrats; chez eux, l'amitié filiale était née de l'amitié maternelle.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 27.
5 Les picadores montaient des chevaux dont les yeux étaient bandés, parce que la vue du taureau pourrait les effrayer et les jeter dans des écarts dangereux.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 53.
6 La mort l'effrayait moins que les tentations de la vie.
Montherlant, la Relève du matin, p. 42.
Par exagér. Provoquer de l'appréhension, de l'inquiétude chez (qqn). || L'oral du concours l'effraie.
Absolt. || Une chose terrible, qui effraie.
2 Choquer; mettre en défiance (qqn). Effaroucher. || Les obscénités l'effrayent. || J'aime cette robe, mais le prix m'effraie un peu. Effrayant, 2.
——————
s'effrayer v. pron.
Éprouver de la frayeur. Peur (avoir peur); craindre, redouter. || Il s'effraye de peu de chose, pour rien, facilement. → Avoir peur de son ombre. || S'effrayer à la vue de… || Il s'effraie de cette démarche à accomplir. || S'effrayer de soi-même (→ Contempler, cit. 1).
7 (…) je m'effraie et m'étonne de me voir ici plutôt que là (…)
Pascal, Pensées, III, 205 (→ Durée, cit. 2).
8 Mon sang commence à se glacer
Et je crois qu'à moins on s'effraie.
La Fontaine, Fables, I, 12.
9 Le père Barbeau inclinait à suivre ce conseil, mais la mère Barbeau s'en effraya.
G. Sand, la Petite Fadette, XXXI, p. 208.
10 (…) la bourgeoisie possédante s'effraie plus de l'armement général du peuple que du droit de coalition.
Jaurès, Hist. socialiste…, II, p. 266.
(Récipr.). || Ils se sont effrayés l'un l'autre.
——————
effrayé, ée p. p. adj.
Qui éprouve une grande peur. Affolé, angoissé, anxieux, apeuré, craintif (cit. 1), épouvanté. || Un enfant, un animal effrayé. || Effrayé de sa responsabilité. || Effrayé devant la colère de Dieu (→ Angoisser, cit. 2). || Effrayé à l'apparition (cit. 11) de… || Effrayé d'apprendre qqch. (→ Affiler, cit. 2).Par métonymie. || Un visage, un air effrayé.
11 On ne rencontrait dans les rues que des figures effrayées ou farouches, des gens qui se glissaient le long des maisons afin de n'être pas aperçus, ou qui rôdaient cherchant leur proie : des regards peureux et baissés se détournaient de vous, ou d'âpres regards se fixaient sur les vôtres pour vous deviner et vous percer.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 10.
12 Il se passait peu de jours qu'il ne pleurât sa femme en secret et, quoique la solitude commençât à lui peser, il était plus effrayé de former une union nouvelle que désireux de se soustraire à son chagrin.
G. Sand, la Mare au diable, IV, p. 39.
13 Mais la Commune, effrayée de sa responsabilité, ne parlait à Paris que d'une voix un peu basse et sourde.
Jaurès, Hist. socialiste…, VII, p. 458.
Blason. || Cheval effrayé, représenté dressé sur les pattes de derrière. Effaré.
Qui éprouve de l'inquiétude, de l'appréhension. || Être effrayé d'un changement.
Choqué; défiant. || Pudeur effrayée.
CONTR. Apaiser, apprivoiser, calmer, enhardir, rassurer, tranquilliser.
DÉR. Effrayant, effroi.

Encyclopédie Universelle. 2012.