écorcher [ ekɔrʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1155; bas lat. excorticare, de cortex « enveloppe, écorce »
1 ♦ Dépouiller de sa peau (un corps). ⇒ dépouiller, dépiauter. Écorcher un lapin. Certains criminels étaient écorchés vifs. ⇒ écorché . Il crie comme si on l'écorchait, très fort. Il crie avant qu'on l'écorche, pour rien du tout.
2 ♦ Blesser en entamant superficiellement la peau. ⇒ égratigner, érafler, excorier, griffer. Les ronces lui ont écorché les jambes. Le chiffonnier « a le dos et les reins écorchés par le poids de sa hotte » (Baudelaire). S'écorcher les genoux en tombant. Pronom. Je me suis écorché. — Par ext. Entamer superficiellement, érafler. Écorcher le mur en poussant un meuble. — Par exagér. Ce vin écorche le gosier. ⇒ racler, râper. Sons discordants qui écorchent les oreilles.
3 ♦ Fig. Déformer, prononcer de travers. ⇒ estropier. Il écorche tous les noms propres. Écorcher le français.
♢ Vx Faire payer trop cher à (un client). ⇒ estamper, 2. voler.
● écorcher verbe transitif (bas latin excorticare, du latin classique cortex, -icis, enveloppe) Dépouiller un animal de sa peau ; dépiauter. Arracher la peau d'un supplicié. Entamer la peau, blesser superficiellement en entamant la peau : Il rampait sur le gravier qui lui écorchait les genoux. Littéraire. Entamer, érafler la surface de quelque chose : Cette plume écorche le papier. Affecter désagréablement le regard, les oreilles, etc. : Liqueur trop forte qui écorche le gosier. Prononcer mal un mot, un texte, les dénaturer, les déformer ; estropier : Écorcher le nom de quelqu'un. Écorcher le français. Familier. Faire payer quelqu'un trop cher ; estamper : Hôtelier qui écorche ses clients. ● écorcher (expressions) verbe transitif (bas latin excorticare, du latin classique cortex, -icis, enveloppe) Écorcher vif quelqu'un, lui lacérer la peau ou le supplicier moralement. Il crie comme si on l'écorchait, il crie très fort, ou il crie beaucoup pour peu de chose. ● écorcher (synonymes) verbe transitif (bas latin excorticare, du latin classique cortex, -icis, enveloppe) Dépouiller un animal de sa peau ; dépiauter.
Synonymes :
- dépiauter
Entamer la peau, blesser superficiellement en entamant la peau
Synonymes :
- égratigner
Prononcer mal un mot, un texte, les dénaturer, les déformer ;...
Synonymes :
Familier. Faire payer quelqu'un trop cher ; estamper
Synonymes :
- estamper (familier)
- étrangler
- étriller (familier)
écorcher
v. tr.
d1./d Dépouiller de sa peau. écorcher un lapin.
d2./d Blesser superficiellement. Mon soulier m'a écorché le talon. Un genou écorché.
— v. Pron. S'écorcher (à) la main. Syn. griffer, égratigner.
|| Par ext. Déchirer, enlever superficiellement un morceau de. Un obus a écorché la façade. Syn. érafler.
— Par exag. écorcher les oreilles: offenser l'ouïe, en parlant d'un son.
d3./d Fig. Prononcer d'une manière incorrecte. écorcher une langue. écorcher le nom de qqn. Syn. estropier.
⇒ÉCORCHER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne un être vivant, animal ou humain]
1. Dépouiller de sa peau. Écorcher un cheval, un lapin, un loup, un renard; écorcher vif un supplicié. Synon. dépiauter, dépouiller. « Ne vous avais-je point avertis que vos moutons mourraient, et que vous devriez les écorcher pour vendre leurs peaux et leur laine? » (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 200). Elle tira ses bas comme on écorche un lapin (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 48) :
• 1. Je vis alors, je vis, — et ce fut pour moi comme si en écorchant un lièvre je trouvais sous la peau un petit corps d'enfant, — un visage de dix-huit ans, des joues, des yeux, des lèvres, des dents de dix-huit ans, ...
GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, p. 139.
• 2. Les malheureux Arméniens qui s'étaient associés à l'équipée franque, furent écorchés vifs ou, liés sur des pieux, servirent de cible à la soldatesque.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 124.
— Loc. Il crie comme si on l'écorchait (Ac. 1798-1932). Il crie très fort. Il ressemble aux anguilles de Melun; il crie avant qu'on l'écorche (Ac. 1798-1932). Crier par poltronnerie (cf. anguille ex. 4). Écorcher l'anguille par la queue. Commencer par le difficile (cf. FRANCE 1907). L'animal est vieux et fort éreinté. Il a fait son temps. Le diable, c'est d'écorcher la queue de l'anguille (MÉRIMÉE, Lettres Viollet-le-Duc, 1870, p. 176). Il faut tondre les brebis et non les écorcher. Il ne faut pas exiger du contribuable plus qu'il ne peut donner (cf. J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 55). Écorcher le renard (arg.). Vomir (cf. FRANCE, 1907).
— Spéc., ARTS. Écorcher une figure. ,,Diminue[r] les noyaux des figures que l'on veut couler en métal ou en plâtre et dont il faut préalablement diminuer l'épaisseur d'une certaine quantité`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884, p. 209).
2. P. métaph. et au fig.
a) Exiger beaucoup plus qu'il n'est raisonnable pour des marchandises, des prestations de services. Écorcher les voyageurs, les clients. Synon. estamper, voler. Il y a le revers de la médaille (...) un intendant Robert, des plus capables et homme de ressources, — de trop de ressources! — terrible à force d'expédients, qui tond et écorche impitoyablement les provinces conquises (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1863-69, p. 327).
— Emploi abs. À Alexandrie (...) j'allai loger à l'auberge d'Italia, où on m'écorcha d'une rude manière (STENDHAL, Journal, 1801-05, p. 36).
b) Supplicier moralement. En le regardant vivre sous ses yeux le commissaire croyait voir un homme qu'on aurait vidé de toute substance, écorché intérieurement. Il allait et venait, buvait, parlait comme un homme ordinaire, mais il n'y avait plus rien à l'intérieur, rien que l'intelligence qui continuait à fonctionner par la force acquise (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 182).
B.— [Le compl. désigne une partie du corps]
1. Emploi trans. [Gén. avec un pron. réfl. indir. désignant la pers. dont relève la partie du corps] Blesser plus ou moins superficiellement une partie de l'épiderme.
a) [Le pron. est non réfl.] Le frottement nous écorche les genoux. Synon. blesser, égratigner. Il se jeta contre un arbre qui était là, (...) ne sentant ni le bois qui lui écorchait la peau ni la fièvre qui lui martelait les tempes (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 239).
— Au fig. [En parlant de ce qui est entendu, dit] Blesser, faire mal, offenser. Écorcher les oreilles, la bouche. D'abord j'ai pleuré comme le prophète sous les pierres, Puis j'ai crié la vérité d'une voix écorchant la bouche, Et le troisième jour j'ai compris la paix vaste du héros (JOUVE, Trag., 1922, p. 86). Lisa, dont je ne savais pas encore le nom, que je devinais bien qu'il ne m'écorcherait pas les gencives (ARNOUX, Paris, 1939, p. 190). Pauvre fou! Le mot qui ne se prononce jamais (...) écorcha l'oreille d'Olivet (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 290).
b) [Le pron. est réfl.] S'écorcher les cuisses, les pieds. Je m'en convulsais, moi, des souvenirs! Je m'en écorchais le trou du cul!... Je m'en arrachais des peaux entières tellement j'avais la furie... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 278) :
• 3. À vingt mille pieds sous soi on aperçoit les hommes, une brise olympienne emplit vos poumons géants, et l'on se considère comme un colosse ayant le monde entier pour piédestal. Puis, le brouillard retombe et l'on continue à tâtons, à tâtons, s'écorchant les ongles aux rochers et pleurant dans la solitude.
FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 343.
2. Emploi pronom. réfl. Il serrait toujours dans ses mains [le personnage du rêve] les deux gâteaux marqués de paumes d'huile noire et de gouttes de sang, car il s'était écorché aux bords de la barque (BUTOR, Modif., 1957, p. 186).
C.— P. anal. [Le compl. désigne un inanimé]
1. Emploi trans. Enlever, entailler la surface de (quelque chose). Mur écorché par les balles. Synon. érafler, égratigner. Le sable [des Landes] est à peine couvert, de temps à autre, par des pins qu'on écorche pour avoir de la résine (STENDHAL, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 91). Et, d'un trait de plume qui écorcha le papier, il biffa le nom (ZOLA, E. Rougon, 1871, p. 222) :
• 4. Le soc s'enfonça péniblement, la charrue s'ébranla d'un coup, écorchant cette terre maigre; puis peu à peu l'acier disparut dans le sol, et un premier sillon creusa l'argile rude, ...
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 297.
— Au fig. Déformer (une langue) en parlant mal. Écorcher une langue, le latin. On fit venir un interprète des missions étrangères qui écorchait le chinois (VARINOT, Dict. métaph. fr., 1819).
♦ Loc. proverbiale. Jamais beau parler n'écorcha la langue (Ac. 1798-1932).
2. Emploi pronom., littér. Ils étaient presque dans la forêt. Le nuage gémissait doucement en s'écorchant dans les branches (GIONO, Batailles dans la montagne, 1937, p. 55).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. qq. ex. de l'adj. verbal écorchant, ante, emploi adj., rare, au fig. Qui écorche, fait mal, irrite. Et l'écorchante harmonie des vielleuses montagnardes (GONCOURT, Art XVIIIe s., t. 1, 1880-82, p. 385). La monotonie de cette marche, les rares paroles du cousin, cette chaleur écorchante et légère, le jetaient dans une sorte de bonheur torpide (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 219). 2. Sur la base écorche- la docum. atteste plusieurs composés créés de manière plaisante. a) Écorche-cul (à l'), loc. adv., vx, fam. En se traînant sur le derrière. Jouer à écorche-cul (Ac. 1798, 1835). Les enfants se frottant à l'écorche-cul dans l'eau des ruisseaux, criaient la détresse lamentable des anciennes banlieues (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 28). Au fig. À contrecœur, en rechignant. Il ne fait jamais les choses qu'à écorche-cul (Ac. 1798). b) Écorche-oreille, subst. masc. en emploi adj. Vas-y de ta romance, fiston, ceux qui n'ont pas le gosier trop enrayé et le galoubet trop écorche-oreille (...) t'accompagneront au refrain (ARNOUX, Zulma l'infidèle, 1960, p. 28). c) Écorche-rosses, subst. masc. Je viens d'avertir l'écorche-rosses (ARÈNE, Contes Paris, 1887, p. 202).
Prononc. et Orth. :[], (j')écorche []. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 « dépouiller de sa peau (une personne) » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3413); 1160-74 « id. (un animal) » (ID., Rou, éd. A. J. Holden, III, 567 : Le cerf aveient escorchié); 1796 l'écorché B.-A. part. passé subst. (DIDEROT, Essai sur la peinture, I ds ROB.); b) 1193-97 fig. escorchier les povres gens (HÉLINANT DE FROIDMONT, Vers de la Mort, éd. Fr. Wulff et E. Walberg, XL, 6); en partic. 1673 « demander un prix excessif » écorcher les malades (MOLIÈRE, Malade Imaginaire, I, 1); 2. 1205-50 « blesser en entamant » ici pronom. les meins s'escorca (Renart, éd. E. Martin, XIII, 992), cf. ca 1230 le cul escorche (Eustache le Moine, 176 ds T.-L.); 1598 « détériorer en entamant la surface » muraille escorchée (Coutumes de St Mihiel, titre XII, v ds Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 2, p. 1057); 3. 1280 « causer une sensation désagréable » (Clef d'Amors, 304 ds T.-L. : biau parler langue n'escorche); 1665 écorcher les oreilles (BOIL., Héros de roman ds LITTRÉ); 4. 1532 « mal prononcer une langue, l'estropier » Tu escorches le latin (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. 6, p. 34). Du b. lat. excorticare « écorcer », formé sur le lat. class. cortex « enveloppe; tout ce qui couvre ». Fréq. abs. littér. :273. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 338, b) 516; XXe s. : a) 367, b) 374.
DÉR. Écorchable, adj., littér. et rare, au fig. Qu'on peut écorcher. Mon esprit et mes sens s'éveillent dans une frémissante allégresse, mais vulnérables, écorchables et craignant l'accroc (GIDE, Journal, 1935, p. 1235). — 1re attest. 1902, 8 mars (LÉAUTAUD, Journal littér., 1, p. 43); du rad. de écorcher, suff. -able. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 37, 71, 116, 117, 124.
écorcher [ekɔʀʃe] v. tr.
ÉTYM. 1155; du bas lat. excorticare « écorcer », de ex-, et cortex, corticis « enveloppe, écorce ».
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1 (V. 1160). Dépouiller de sa peau (un animal). ⇒ Dépouiller; dépiauter. || Écorcher un animal, un lapin, un loup, un bœuf, un cheval (⇒ Équarrir; → Démembrer, cit. 1). — Certains criminels étaient écorchés vifs. || Écorcher les bêtes à l'abattoir (⇒ Écorcherie).
1 Ce drôle est toujours le même ! Et à moins qu'on ne l'écorche vif, je prédis qu'il mourra dans la peau du plus cher insolent (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 4.
2 Ces gentillesses devaient se renouveler chaque année pendant des siècles. Monuments et textes nous représentent le sort des vaincus (…) les prisonniers sont empalés ou pendus devant la ville assiégée pour épouvanter les habitants; parfois le roi d'Assyrie les fait écorcher vifs et tapisse de leurs peaux les murs de son camp.
♦ ☑ Prov. Il faut tondre les brebis et non les écorcher : il ne faut pas exiger du contribuable plus qu'il ne peut donner. — ☑ Loc. Il crie comme si on l'écorchait : il crie très fort. ☑ Il crie avant qu'on l'écorche, pour rien du tout, sans raison (⇒ Anguille, proverbe).
3 — Vous avez plus de peur que de mal, et votre cœur crie avant qu'on l'écorche.
— Comment diable ! il est écorché depuis la tête jusqu'aux pieds.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
2 (V. 1225, pron.). Blesser en entamant superficiellement la peau. ⇒ Déchirer, égratigner, érafler, excorier, griffer, labourer. || Les épines l'ont écorché, lui ont écorché le bras, la peau. — Faux pron. || Elle s'est écorché la jambe.
4 La pierre âpre et cruelle écorche ses flancs nus (…)
Hugo, la Légende des siècles, IV, « Le Titan », V.
5 Et cependant il (le chiffonnier) a le dos et les reins écorchés par le poids de sa hotte.
Baudelaire, Du vin et du haschisch, II.
♦ (1598). Compl. n. de chose. Entamer superficiellement, érafler. ⇒ Érafler. || La voiture a écorché l'arbre en reculant. || Écorcher le mur en poussant un meuble. || Écorcher le sol en le labourant superficiellement.
6 (…) quelques spectres à demi nus, qui écorchaient, avec des bœufs aussi décharnés qu'eux, un sol encore plus amaigri (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Fertilisation.
♦ Par exagér. || Ce vin écorche le gosier. || Des cris, des hurlements qui écorchent les oreilles. || Ça t'écorcherait le gosier (la bouche…), de dire merci ?
6.1 — Puisque le propriétaire nous flanque à la porte parce qu'elle lui écorche les oreilles !
E. Labiche, la Chasse aux corbeaux, II, 1.
b (1532). Cour. Déformer, prononcer de travers. || Écorcher un mot en le prononçant mal. ⇒ Estropier. || Il écorche tous les noms propres. || Écorcher une langue, la parler, la prononcer mal.
Montesquieu, Lettres persanes, CXII.
4 (1673). Fig. (Compl. n. de personne). || Écorcher les clients, les faire payer trop cher. ⇒ Échauder, exploiter, estamper, rançonner. || Un restaurant où nous nous sommes fait écorcher.
♦ Écorcher son prochain : tenir des propos malveillants. — Pron. (récipr.). || Ils passent leur temps à s'écorcher, à se quereller, à se nuire.
8 Cette reprise du thomisme, et les écrits de Maritain, et la querelle de l'Action Française, etc. où nous nous écorchons, ne paraîtront bientôt plus que curiosités historiques et je doute si quelque autre qu'un archéologue y pourra prendre quelque intérêt.
Gide, Journal, févr. 1930.
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écorché, ée p. p. adj. et n.
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I Adj.
1 Qui est dépouillé de sa peau. || Un lapin écorché. ⇒ Dépouillé, dépiauté. — Écorché vif : dont on a enlevé la peau sans le tuer. || Un criminel écorché vif.
2 Dont la peau est superficiellement entamée. ⇒ Égratigné, griffé. || Main écorchée, genoux écorchés.
♦ Par ext. Dont la surface est entamée. || Mur écorché.
3 Fig. Qui est déformé, prononcé de travers. || Nom propre écorché. || Langue écorchée. || Une chanson écorchée par un mauvais chanteur.
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II N.
1 (Un, une écorchée). Personne qui a été écorchée (⇒ Écorcher, 1.). Fig. || Une sensibilité d'écorché vif.
9 (…) cette sorte de poésie qui vient du frémissement des nerfs à nu, une poésie d'écorché vif.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 3.
10 (…) Vigny, toujours sur la réserve (avec Hugo) en sa disposition d'écorché vif malgré l'effusion et les protestations fraternelles.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 76.
10.1 On devient, à force de s'étudier, au lieu de s'endurcir, une sorte d'écorché moral et sensitif, blessé à la moindre impression, sans défense, sans enveloppe, tout saignant.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. II, p. 15.
2 N. m. Arts. Statue d'homme, d'animal représenté comme dépouillé de sa peau, d'après laquelle les étudiants des beaux-arts dessinent des études. || L'Écorché, de Houdon. || Dessiner d'après l'écorché. — Par ext. || Faire voir l'écorché sous la peau, les muscles, les nerfs… (→ Draper, cit. 2).
11 Après la séance de dessin, un habile anatomiste expliquera à mon élève l'écorché, et lui fera l'application de ses leçons sur le nu animé et vivant; et il ne dessinera d'après l'écorché que douze fois au plus dans une année.
Diderot, Essai sur la peinture, I.
12 (…) il (Michel-Ange) insiste pour prouver qu'il sait manier le squelette et faire le mouvement; vous trouverez des Èves et des Adams … des Horatius Coclès, qui ressemblent à des écorchés vivants et grotesques; les personnages ont l'air de vouloir sortir de leur peau.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 36.
♦ Techn. Dessin d'une machine, d'une installation dépourvue de son enveloppe extérieure (carrosserie, etc.). || Dessiner un écorché et un éclaté de moteur.
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DÉR. Écorchant, écorchement, écorcherie, écorcheur, écorchure.
COMP. Écorche-cul (à l').
Encyclopédie Universelle. 2012.