ébrouer (s') [ ebrue ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1690; intr. 1564; probablt du même rad. germ. que brouet dial. « écume venant à la bouche des chevaux »
1 ♦ Souffler bruyamment en secouant la tête (chevaux). « Des chevaux hennissaient et s'ébrouaient » (Mac Orlan).
2 ♦ Par anal. S'agiter, souffler en s'agitant, pour se nettoyer, se dégager, sortir d'un état d'engourdissement. Le gibier « qui folâtre et s'ébroue » (A. Gide). Le chien s'ébroue en sortant de l'eau. (Personnes) S'ébrouer sous la douche. Il « entra dans la turne en grognant, s'ébroua, secoua sa capote trempée » (Duhamel).
● ébrouer verbe transitif (moyen néerlandais broeyen, ébouillanter) Laver à l'eau les pièces de tissu de laine pour les nettoyer.
ébrouer (s')
v. Pron.
d1./d En parlant de certains animaux (cheval, notam.), expirer très fortement en faisant vibrer ("ronfler") ses naseaux.
d2./d Se secouer pour se nettoyer, se sécher, se dégourdir. Il s'ébroue après sa douche.
⇒ÉBROUER, verbe trans.
TECHNOL., vx. Passer dans l'eau pour laver, ôter les fils, les pailles. Ébrouer une pièce d'étoffe, de toile (Ac. 1798-1932). Des étoffes ébrouées (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[]. Il est remarquable de ne trouver aucune transcr. [], à l'image de ce qu'on trouve, p. ex., pour ébriété : 5 transcr. [] sur 8. Ceci étant, la différence entre [] et [] est une différence quant au mode de transcr., non une différence de prononc. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1250 esbroer (Document de Douai cité ds DE POERCK t. 2, p. 70); 1390 esbrouer (ibid.). Prob. empr. au m. néerl. broeyen « ébouillanter » (VERDAM), d'où « plonger dans l'eau (des tissus que l'on veut nettoyer) » (VALKH., pp. 125-126). Bbg. BRINKMANN (F.). Metapherstudien... Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, p. 344.
1. ébrouer [ebʀue] v. tr.
ÉTYM. 1390; esboer, 1250; probablt empr. au v. néerl. broeyen « ébouillanter ».
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♦ Techn. Passer (les laines) dans l'eau de son, avant la teinture.
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DÉR. Ébrouage.
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2. ébrouer (s') [ebʀue] v. pron.
ÉTYM. 1690, Furetière; intrans., 1564; probablt dér. du même rad. germanique que brouet « écume qui vient à la bouche des chevaux », en normand.
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1 Le sujet désigne un cheval. Souffler bruyamment en secouant la tête (par peur, impatience…). ⇒ Renifler, souffler.
1 Des chevaux hennissaient et s'ébrouaient.
P. Mac Orlan, la Bandera, II, p. 18.
1.1 (…) la colonne était arrêtée si bien que l'on n'entendait plus maintenant que le ruissellement de la pluie tout autour, la nuit toujours aussi noire, déserte, un cheval renâclant parfois, s'ébrouant, puis le bruit de la pluie recouvrant tout de nouveau (…)
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 38.
2 Par anal. S'agiter, se secouer pour se nettoyer, se dégager, sortir d'un état d'engourdissement. || Moineaux qui s'ébrouent dans une flaque d'eau. ⇒ Ébattre (s'), folâtrer.
2 Nous marchions à pas légers, muets, pour n'effaroucher aucun dieu, ni le gibier, écureuils, lapins, chevreuils, qui folâtre et s'ébroue, confiant en l'innocence de l'heure (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII, p. 210.
♦ Sujet n. de personne. || Plongeur qui s'ébroue en sortant de l'eau. || Dormeur qui s'ébroue, qui s'étire en se réveillant. || S'ébrouer sous la douche. || Enfants qui s'ébrouent. ⇒ Folâtrer, jouer.
3 Estrées revint à soi le premier, se secoua, s'ébroua, regarda la compagnie, comme un homme qui revient de l'autre monde.
4 Elle riait et s'ébrouait avec la grâce dégingandée qu'ont les jeunes filles trop grandes.
Francis Jammes, Tristesses in Choix de poèmes, p. 157.
5 Il (Joseph Pasquier) prit une douche, poussa de grands soupirs en s'ébrouant sous une pluie tantôt brûlante et tantôt glacée (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, VIII, p. 420.
6 L'agitation des autres voyageurs qui s'ébrouaient et dévoilèrent les lampes, leur fit à tous deux ouvrir les yeux.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 144.
7 Or, maintenant dans cette plaine je m'ébrouais. Toutes mes forces surgissaient à l'espoir.
Drieu la Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 69.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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DÉR. Ébrouement.
Encyclopédie Universelle. 2012.