brouet [ bruɛ ] n. m. ♦ Vx Bouillon, potage. Le galant « avait un brouet clair » (La Fontaine). — Brouet noir : mets simple et grossier des anciens Spartiates.
● brouet nom masculin (ancien français breu, bouillon, du germanique brod) Littéraire. Aliment grossier, presque liquide.
brouet
n. m. Vx Mets liquide et peu consistant.
— Plaisant Mauvais potage.
⇒BROUET, subst. masc.
GASTR. ,,Aliment semi-liquide de l'Antiquité et de l'ancienne France`` (Ac. Gastr. 1962).
— Locutions
♦ Brouet noir, spartiate, lacédémonien :
• 1. ... comme Gamelin déclarait qu'un républicain méprise les plaisirs de la table, le vieux traitant, amateur d'antiquités, donnait au jeune Spartiate la vraie formule du brouet noir.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 135.
♦ Brouet de l'accouchée, de l'épousée. Chaudeau fait avec du bouillon, des œufs et du lait sucré.
— P. ext. et péj. Aliment détestable et peu consistant :
• 2. Antoinette, de ce jour, commença à inquiéter Annie. Depuis le début, écœurée par le brouet immangeable qu'on servait aux prisonnières, elle aussi refusait de manger.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 346.
— Loc. fig. [En parlant d'un dessein, d'un projet] S'en aller en brouet d'andouilles. N'aboutir à rien de précis.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Pour LITTRÉ ,,le t ne se lie pas dans le parler ordinaire; au pl. l's se lie : des brouè-z épais; brouet rime avec traits, succès, paix``. Lar. 19e rappelle les anc. formes bru, breu, broet. Pour la forme berouet, cf. H. COULABIN, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891 : ,,Dans la soupe de not' ménagère, la [sic] pain nage dans le berouet.``
ÉTYMOL. ET HIST. — XIIIe s. « aliment liquide, bouillon » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 492 : var. ms. B, XIIIe s. en broet); 1275 (Rose, éd. F. Lecoy, 13379) — 1694, Ac.; 1609 péj. « mauvais ragout » (RÉGNIER, Satire X, 301); av. 1660 (SCARRON, Œuvres burlesques, VIII, 295b dans RICHARDSON 1930, p. 34 : du brouet d'andouille).
Dér. (suff. -et) de l'a. fr. breu « bouillon » (1re moitié XIIIe s Vie de S. François d'Assise, 713 dans T.-L.) très rare; demeuré dans certains dial., notamment le franco-prov. (1520 breu « id. », canton de Vaud dans Pat. Suisse rom., s.v. brè) et le liégeois (brawe « eau de boudin », tourner a brawe « avorter, fig. », HAUST); à rapprocher de l'a. prov. bro « id. » (XIIe s. dans RAYN.). Breu est issu du germ. brod « bouillon, jus », que l'on peut déduire de l'a. nord., ags. brot [angl. broth « bouillir »], a. h. all. brod « bouillon », DE VRIES Ancrd. (hyp. de FEW t. 15, 1, p. 299; BL.-W.5; REW3, n° 1321). Cette orig. germ. semble préférable à une orig. frq. [brod] (hyp. de EWFS2; GAM. Rom.2, t. 1, p. 384) étant données l'anc. et la solide implantation des corresp. ital. : lat. médiév. brodium « bouillon » (IVe s., Gaudence de Brescia dans BLAISE), brodettum « soupe, bouillon » (XIIIe s. Guill. de Saliceto [médecin à Vérone] et brodialis adj. « liquide comme du bouillon » (XIIIe s. Thadeus Florentinus dans Mittellat. W. s.v.), ital. brodo « nourriture liquide » (XIIIe s. Seneca volgar dans BATT.). L'empr. est dû au fait que les Germains dans l'alimentation desquels la soupe avait une grande place ont fait connaître cette préparation aux Romains qui l'ignoraient.
STAT. — Fréq. abs. littér. :32.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 191. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 119. — SIGURS 1963r64, p. 504.
brouet [bʀuɛ] n. m.
ÉTYM. XIIIe; de l'anc. franç. breu (→ Broue) « bouillon » (attesté dans les dial. franco-provençaux), à rapprocher de l'anc. provençal bro, même sens, du germanique brod « bouillon, jus ».
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♦ Vx. Aliment liquide. ⇒ Bouillon, jus. || Un brouet clair (La Fontaine, Fables, I, 18). — ☑ Loc. Brouet d'andouilles, dans lequel on a fait cuire des andouilles. ☑ Loc. fig. Vx. S'en aller en brouet d'andouilles : n'aboutir à rien (→ Partir en eau de boudin).
♦ (1609). Péj. Mauvais ragoût, mauvais potage.
♦ Brouet noir, spartiate, lacédémonien : mets simple et grossier des anciens Spartiates.
♦ Spécialt. ⇒ Chaudeau.
1 Ce repas se composait d'une bouillie où entrait essentiellement une variété de renouée, appelée vulgairement poivre d'eau, mêlée en proportions diverses à des ombellifères, des patiences, des liserons et des marguerites. Je ne crois sincèrement pas que ce brouet végétal constituait l'ordinaire des anciens Germains qui étaient chasseurs et pêcheurs.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 200.
2 (…) dans la cuisine une pâtée de son cru. Penché sur le fourneau, il remue avec une grande cuillère de bois une espèce de boue noirâtre (…) Théodore dit qu'il a trouvé dans l'almanach une recette de santé pour ses lapins : des herbes choisies mêlées de sang de bœuf, une poignée de farine, des épices (…) La grosse lapine tachetée va mettre bas, et il compte essayer sur elle les vertus du brouet fortifiant.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 49.
Encyclopédie Universelle. 2012.