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emprise

emprise [ ɑ̃priz ] n. f.
• 1868; « entreprise » XIIe; p. p. subst. de emprendre « entreprendre » (1080); lat. pop. °imprehendere prendre
1Dr. Mainmise de l'Administration sur une propriété privée. Régularité, irrégularité de l'emprise (compétence des tribunaux judiciaires).
2(1886) Cour. Domination intellectuelle ou morale. 2. ascendant, autorité, empire, influence. Avoir de l'emprise, exercer son emprise sur qqn. Être sous l'emprise de qqn. dépendance.

emprise nom féminin (participe passé féminin de l'ancien français emprendre, entreprendre) Ascendant intellectuel ou moral de quelqu'un ; influence de quelque chose sur une personne : Être sous l'emprise d'une passion. Prise de possession par l'Administration d'une propriété privée immobilière. (L'emprise, prévue par la loi, peut être à titre temporaire ou définitif, au profit de l'Administration ou d'un tiers.) Surface occupée par une route ou une voie ferrée et ses dépendances incorporées au domaine de la collectivité publique. ● emprise (difficultés) nom féminin (participe passé féminin de l'ancien français emprendre, entreprendre) Emploi Le sens de « domination, ascendant », naguère critiqué, est aujourd'hui admis : « L'insidieuse emprise de la nuit »(R. Rolland). « Ceux-là seuls précisément qui surent échapper à ma fatale emprise »(A. Gide). ● emprise (synonymes) nom féminin (participe passé féminin de l'ancien français emprendre, entreprendre) Ascendant intellectuel ou moral de quelqu'un ; influence de quelque chose sur...
Synonymes :
- ascendant
- empire
- influence

emprise
n. f.
d1./d Domination morale, intellectuelle, influence. L'emprise de la presse sur l'opinion.
d2./d DR Action d'exproprier qqn d'une portion de terrain pour y faire des travaux d'intérêt public; ce terrain.

⇒EMPRISE, subst. fém.
I.— Vieux
A.— HIST. FÉOD. Entreprise, prouesse chevaleresque. Ce fut [la Révolution] une folle « emprise », à la façon des vœux chevaleresques du Moyen Âge (RENAN, Feuilles dét., 1892, p. 244).
B.— DROIT
1. Emprise de terrain. Action de prendre par expropriation, spécialement des terrains indispensables à l'exécution de travaux d'intérêt public. Aucun projet de vue nécessitant une emprise quelconque sur l'hôtel de l'ambassade russe n'a jamais été adopté par l'administration municipale de Paris (Monit. univ., 6 juin 1868, p. 782, 2e col. ds LITTRÉ).
2. P. méton. Surface de terrain acquise par l'administration pour la construction d'un ouvrage (p. ex. une route ou une voie ferrée). La marmaille, passant par les brèches de l'emprise, se poursuivait le long du caniveau d'assèchement de la voie (HAMP, Vin de champagne, 1909, p. 91). Le chemin de fer de l'ouest (...) étalait ses membres, déclarait ses emprises, tirait des fusées de rails (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 54).
II.— P. ext. et p. croisement sém. avec empire, empreinte; cour.
A.— Ascendant intellectuel ou moral exercé par quelqu'un ou quelque chose sur un individu. Avoir de l'emprise sur qqn :
Ces pages venaient de le faire assister à l'emprise sur l'âme de la jeune fille d'une force réelle, évidente, agissante, et cette force agissait également sur son âme à lui.
BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 171.
B.— Plus rare. Domination physique. Soudain elle sentit sur sa main l'emprise de deux lèvres, pareille à une morsure (ESTAUNIÉ, Vie secrète, 1908, p. 402).
Rem. 1. Le sens le plus cour. (II A) est attesté par l'Ac. dep. 1932 et dès lors par l'ensemble des dict. gén. 2. La docum. atteste le verbe trans. emprendre qui est la forme arch. du verbe entreprendre (cf. entreprendre A). Il n'y a pas un de vous qui ne me soit précieux; pas un de vous, si vil qu'il soit, que je ne désire emprendre comme l'air flamboyant (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, p. 98).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1175 subst. « entreprise » (BENOIT DE ST-MAURE, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 17511); 2. 1863 « domination exercée sur une personne » (GAUTIER, Fracasse, p. 497); 3. 1868 « saisie par l'administration d'une propriété privée immobilière » (Moniteur univers, loc. cit.). Part. passé substantivé dér. de l'a. fr. emprendre. Fréq. abs. littér. :109. Bbg. PAMART (P.). Attention! ... Vie Lang. 1968, pp. 289-293. — TOURNEMILLE (J.). Étymol. et impropriétés. Déf. Lang. fr. 1966, n° 34, pp. 20-22.

emprise [ɑ̃pʀiz] n. f.
ÉTYM. V. 1160; p. p. subst. au fém. de l'anc. v. emprendre « entreprendre », 1080; du lat. pop. imprendere, lat. class. prehendere, prendere. → Prendre.
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I Vx. Entreprise, prouesse (d'un chevalier).
1 Aussi les demi-dieux, comme Hercule et Thésée,
Allant en quelque emprise ou longue ou malaisée,
S'accompagnaient de chiens, qui mieux aimaient mourir
Qu'au besoin leurs seigneurs, hardis, ne secourir.
Ronsard, Poèmes, L, I, « La chasse ».
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II
1 (1868). Dr. admin. Mainmise de l'Administration sur une propriété privée, à titre temporaire ou définitif, à son profit ou au profit d'un tiers. || Régularité, irrégularité de l'emprise (compétence des tribunaux judiciaires).
2 La jurisprudence distingue de la voie de fait l'emprise irrégulière sur la propriété privée immobilière résultant d'un acte administratif illégal. Le tribunal judiciaire est alors compétent pour connaître de la demande d'indemnité; mais l'illégalité de l'acte administratif doit être constatée d'abord par le juge administratif.
Louis Rolland, Précis de droit administratif, no 74 bis (éd. Dalloz).
Spécialt. Achat d'un ou de terrains nécessaires à l'exécution de travaux d'utilité publique.Par métonymie. Surface couverte par une voie routière et ses dépendances, incorporée au domaine public.
2 (1886). Cour. Domination intellectuelle ou morale. Ascendant, autorité, empire, influence, mainmise. || Avoir de l'emprise, exercer son emprise sur qqn. || L'emprise de cet écrivain sur la jeunesse. || Être sous l'emprise de qqn. Dépendance. || Subir l'emprise de quelqu'un.
3 (…) c'est que l'auteur de lieux communs cède à la puissance des mots, au verbalisme, à l'emprise du langage, et le reste.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, I, p. 48.
4 Une forme de coopération, quelle qu'elle soit, s'impose; on souhaite qu'elle ménage l'individu, mais c'est le plus souvent au collectivisme pur que l'on aboutit. La vie privée elle-même n'échappe pas à cette emprise, car la standardisation de la production entraîne logiquement celle de la consommation (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, I, III, p. 24.
5 (…) j'ai vivement insisté sur cette idée que l'emprise des groupes sur l'individu ne se justifiait que dans la mesure où elle s'exprimait dans, et par, la spontanéité de l'individu.
J. Romains, cité par A. Maurois, Études littéraires, II, p. 127.
6 Sur le Chevalier, ces philosophes avaient alors moins d'emprise que les poètes.
A. Maurois, Chateaubriand, I, III, p. 33.

Encyclopédie Universelle. 2012.