dindon [ dɛ̃dɔ̃ ] n. m.
• 1668; « dindonneau » 1605; de dinde
1 ♦ Grand oiseau de basse-cour, originaire d'Amérique, dont la tête et le cou, dépourvus de plumes, sont recouverts d'une membrane granuleuse, rouge violacé, avec caroncules rouges à la base des mandibules; spécialt le mâle (opposé à dinde). Dindon faisant la roue. Le dindon glougloute. Se pavaner, se rengorger comme un dindon. — Les dindons : mâles et femelles. Troupeau de dindons. Garder les dindons.
2 ♦ Loc. Être le dindon de la farce : être la victime, la dupe, dans une affaire. ⇒ pigeon.
● dindon nom masculin (de dinde) Oiseau gallinacé originaire d'Amérique du Nord, introduit en Europe au XVIe s. et donnant lieu à un élevage industriel pour la production de viande. Familier. Homme vaniteux et stupide, facile à berner. ● dindon (citations) nom masculin (de dinde) Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose ; Mais je ne sais pour quelle cause Je ne distingue pas très bien. Fables, Le Singe qui montre la lanterne magique ● dindon (expressions) nom masculin (de dinde) Être le dindon de la farce, être dupe dans une affaire ; susciter la risée des gens.
dindon
n. m.
d1./d Gros oiseau de basse-cour (ordre des galliformes), originaire d'Amérique du Nord, dont la tête est pourvue de caroncules érectiles rouges, et dont la queue peut se déployer en éventail. Dindon qui fait la roue.
— Spécial. Le mâle, par oppos. à dinde.
d2./d Fig. Homme balourd.
|| Prov. être le dindon de la farce: être la victime, la dupe, d'une plaisanterie.
⇒DINDON, subst. masc.
A.— ÉLEV. [Au sing. ou au plur., en parlant du mâle et de la femelle] Gros gallinacé de basse-cour, appartenant au genre dindon (cf. infra B), engraissé notamment pour les fêtes de fin d'année. Conduire, mener, garder aux champs les dindons; troupeaux de dindons noirs de Sologne; dindon mâle, femelle. Synon. dinde. Enfant, je m'amusais à siffler pour faire glousser de rage les dindons et je regardais leur caroncule devenir bleue (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 270) :
• 1. Dans l'un [des cabas] il y avait un dindon vivant, dans le deuxième il y avait deux dindons vivants (...) Les têtes affolées et rouges des dindons sortaient des cabas.
TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 26.
SYNT. Dindons se promenant librement, gloussant, grattant la terre; magnifique dindon de ferme; dindon bouilli et farci aux marrons; dindon à la broche; dindon cuit dans son jus; envoyer un dindon à Noël à sa famille.
— Loc. fam. Garder les dindons. Vivre relégué à la campagne. On l'a envoyé garder les dindons. Garder les dindons ou dindonnière, se dit d'une demoiselle retirée à la campagne, comme on dit d'un homme qu'il y plante des choux (J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 52).
♦ N'avoir pas gardé les dindons avec qqn. Estimer être, par rapport à quelqu'un, dans une situation n'autorisant ni ses familiarités, ni sa grossièreté. On n'a pas gardé les dindons ensemble. Synon. usuel n'avoir pas gardé les cochons ensemble.
— Spéc., gén. au sing. Mâle de ce genre de gallinacé (opposé à dinde B). Puissants dindons majestueux et courroucés. Synon. coq d'Inde, poulet d'Inde. Dindon ou Poulet d'Inde. On dit qu'il a été apporté des Indes occidentales par les jésuites; mais le fait est qu'il existait en Europe, où ces pères en élevaient beaucoup dans leurs fermes (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 287).
Rem. En zool., dindon désigne aussi un oiseau appartenant à un genre de gallinacés qui comprend plusieurs espèces originaires de l'Amérique Centrale et Orientale, et dont une variété, originaire du Mexique, est domestiquée en Europe. Dindon des buissons; dindon ocellé du Honduras et du Yucatan; chasse aux dindons sauvages dans les forêts de l'Amérique.
B.— P. anal., péj. [En parlant de pers., p. réf. au caractère batailleur, avantageux, lourd et stupide attribué à l'oiseau]
1. [Dans des compar.] Bête, gourmand comme un dindon; sautiller, se gonfler, se rengorger comme un dindon; son allure balancée de dindon. Aussi, tenez, madame, voilà la vérité pure : quand je vous ai rencontrée chez cette pauvre Mayeux, je me suis d'abord sentie colère contre vous comme un petit dindon (...) mais quand je vous ai eu entendue, vous, si belle, si grande dame, traiter cette pauvre ouvrière comme votre sœur, j'ai eu beau faire, ma colère s'en est allée (SUE, Juif errant, 1844-45, p. 56). [Un ministre] qui va chanter la Marseillaise à Sainte-Geneviève et achever d'abattre l'archevêché, est un jacobin ou n'est qu'un dindon en colère (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 182). Le charpentier était fier comme un dindon (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 426).
— Spéc. [P. réf. au cou du dindon] Il y avait des vieilles au cou de dindon, à la paupière pelée et rouge (BALZAC, Paysans, 1850, p. 353). Celui-là, un gamin dans les vingt-six, trente ans m'irritait tout spécialement non pas tant à cause de son grand cou de dindon déplumé que par la nature du ruban de son chapeau, ruban réduit à une sorte de ficelle de teinte aubergine (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 30).
— Loc. Faire la roue comme un dindon. Se donner sottement de l'importance.
2. Homme stupide. C'est un vrai, un franc dindon; un grand dindon. Synon. niais.
— Spécialement
a) Dupe :
• 2. — Lorsque vous aurez rendu Berthe malade, il faudra appeler le docteur, ça coûtera de l'argent chez le pharmacien, et c'est encore vous qui serez le dindon...
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 231.
♦ Loc. fam. et pop. Être le dindon de la farce. Être la victime dans une affaire en même temps que l'objet de la risée publique. C'est encore ces gogos-là qui seront les dindons de la farce, comme dit Robert-Macaire (SUE, Myst. Paris, t. 8, 1842-43, p. 32).
b) Arg. Cocu. Un mari dindon est un mari trompé par sa femme (LARCHEY, Excentr. lang., 1862, p. 126).
Rem. On trouve attesté ds la docum. a) Un ex. du dér. dindonneux, euse, adj. Qui a les qualités du dindon. La mère dont les gros doigts, à la peau dindonneuse et grenue (HUYSMANS, Art. mod., 1883, p. 122). b) Deux ex. du dér. dindonnerie, subst. fém. [En parlant de pers.] Caractère, façons de dindon. Dindonnerie ingénue et colère (GONCOURT, Journal, 1890, p. 702). La dindonnerie de cette Mme Adam parlant des hommes et des choses (ID., ibid., 1896, p. 1004).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1605 [éd.] d'Indon « dindonneau » (O. DE SERRES, Théâtre d'Agric., V, 3 ds HUG.); 1668 « dindon adulte » (LA FONTAINE, Fables, éd. H. Régnier, IV, 16, 8); 2. 1793, 15 déc. fam. « homme vaniteux et stupide donc facile à berner » la conspiration des dindons (C. DESMOULINS, Le Vieux Cordelier, p. 85). Dér. de dinde; suff. -on. O. de Serres désignait les dindons par le mot d'Indart (op. cit., V, 3 ds HUG.). Fréq. abs. littér. :213. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 398, b) 373; XXe s. : a) 268, b) 204.
DÉR. Dindonnier, ière, subst. et adj. a) Subst. Gardeur (euse) de dindons (supra A). Notre vacher et notre dindonnière; la petite dindonnière. Au fém., fig. et fam., vx. Jeune fille de la campagne. Sa femme de chambre Julie, jeune dindonnière écrasée, comme l'appelait ironiquement le père Lacrête (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 217). b) Emploi adj. Qui tient du dindon (supra B). Sa vanité ignorante et dindonnière (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 263). — [], fém. [-]. Ds Ac. 1718-1762, s.v. dindonnière (avec un seul n ds Ac. 1718); ds Ac. 1798-1932, s.v. dindonnier, avec le fém. -ière. — 1res attest. av. 1660 « personne qui garde les dindons » (SCARRON, La Baronade ds Œuvres, Paris, 1786, t. 1, p. 307); 1678 adj. la dindonniere gent « les dindons » (LA FONTAINE, Fables, H. Regnier, livre 12, fable 18, vers 9); 1897 fig. (A. DAUDET, loc. cit.); de dindon, suff. -ier.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 65, 99-100, — MACCARRONE (N.). Le Denominazioni del tacchino... Archivo glottologico italiano. 1926, t. 30, passim. — MONSARRAT (C.). Le Bestiaire de Molière, Vie Lang. 1973, p. 205. — ROG. 1965, p. 42.
dindon [dɛ̃dɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1600, « dindonneau »; de dinde; d'abord « petit de la dinde », puis (attesté 1668, La Fontaine, ci-dessous) « mâle de l'espèce ».
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1 Grand oiseau de basse-cour (Gallinacés, originaire d'Amérique centrale, scientifiquement appelé meleagris), noir, bronzé, doré ou blanc, dont la tête et le cou, dépourvus de plumes, sont recouverts d'une membrane granuleuse, rouge violacé, avec caroncules rouges à la base des mandibules (⇒ Fanon, fraise). || Dindon sauvage. || Dindon domestique. || Dindon qui fait entendre son glouglou, qui glougloute, glouglote. || Dindon femelle. ⇒ Dinde. || Dindon mâle faisant la roue. — Se rengorger comme un dindon. — Troupeau de dindons (mâles et femelles).
1 (…) certaines Philis qui gardent les dindons
Avec les gardeurs de cochons.
La Fontaine, Fables, VII, 2.
♦ Spécialt. Le mâle de l'espèce (opposé à dinde).
2 La guerre que les coqs d'Inde se font entre eux est beaucoup moins violente (que celle des coqs proprement dits); le vaincu ne cède pas toujours le champ de bataille, quelquefois même il est préféré par les femelles : on a remarqué qu'un dindon blanc ayant été battu par un dindon noir, presque tous les dindonneaux de la couvée furent blancs.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Œ., t. V, p. 316.
➪ tableau Noms d'oiseaux.
♦ Gardeur de dindons. ⇒ Dindonnier. — ☑ Loc. Nous n'avons pas gardé les dindons ensemble. ⇒ Garder. — ☑ Le dindon de la fable : une personne qui imagine voir (entendre, savoir) ce qu'elle n'est pas en mesure de voir (allus. à la fable de Florian où le singe a oublié d'allumer sa lanterne magique). ⇒ Lanterne (cit. 11).
2 ☑ Loc. fig. Le dindon de la farce : la personne qui est la victime moquée d'une plaisanterie. ⇒ Dupe. || Faire de qqn le dindon (d'une affaire). ⇒ Dindonner. || C'est lui le dindon (dans cette affaire). || Le Dindon, pièce de Feydeau (1896).
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DÉR. Dindonneau, dindonner, dindonnier.
Encyclopédie Universelle. 2012.