dévot, ote [ devo, ɔt ] adj. et n.
• 1190; lat. ecclés. devotus « dévoué à Dieu »
1 ♦ Qui est sincèrement attaché à la religion et à ses pratiques. ⇒ fervent, pieux, pratiquant, religieux . Les personnes dévotes. « Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme » (Molière). Être dévot à la Vierge, à la Croix. « Dévote jusqu'au fanatisme, elle passait dans les églises le plus clair de son temps » (Jaloux).
♢ N. (souvent péj.) ⇒ bigot, bondieusard. « Les vaines pratiques des dévots, le rigorisme extérieur [...] l'avaient pour mortel ennemi » (Renan). Une vieille dévote. — Vx Faux dévot, qui affecte hypocritement une dévotion outrée. ⇒ cafard, cagot, pharisien, tartufe.
2 ♦ Qui a le caractère de la dévotion. ⇒ pieux. « Introduction à la vie dévote », œuvre de saint François de Sales. — Gestes, maintien dévots. ⇒ onctueux.
⊗ CONTR. Athée, impie, incroyant.
● dévot, dévote adjectif et nom (latin ecclésiastique devotus, dévoué) Qui est zélé pour la religion et les pratiques religieuses : Une famille dévote. Péjoratif. Qui manifeste une dévotion ostentatoire ou hypocrite ; bigot. ● dévot, dévote (citations) adjectif et nom (latin ecclésiastique devotus, dévoué) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots ? Le Lutrin François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 Il ne faut point s'opiniâtrer à faire goûter aux enfants certaines personnes pieuses dont l'extérieur est dégoûtant. De l'éducation des filles Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Plus il y a de chantres à une église, plus il est à présumer que les paroissiens ne sont pas dévots. Correspondance, à Louise Colet, 1852 Théophile Gautier Tarbes 1811-Neuilly 1872 Si le dieu n'est qu'une idole, plaignons l'idole et non le dévot. Extrait de La Presse 20 novembre 1848 Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée. Les Caractères, De la mode François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La plupart des amis dégoûtent de l'amitié, et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion. Maximes Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ! Le Tartuffe III, 3, Tartuffe Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Ah ! vous êtes dévot et vous vous emportez ! Le Tartuffe, II, 2, Dorine Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Il est de faux dévots ainsi que de faux braves. Le Tartuffe, I, 5, Cléante Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Le Ciel peut faire des dévots, le Prince fait des hypocrites. Mes pensées Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 La dévote croit aux dévots, l'indévote aux philosophes ; mais toutes deux sont également crédules. Rivaroliana ● dévot, dévote (expressions) adjectif et nom (latin ecclésiastique devotus, dévoué) Faux dévot, personne qui affecte hypocritement une dévotion outrée. ● dévot, dévote (synonymes) adjectif et nom (latin ecclésiastique devotus, dévoué) Qui est zélé pour la religion et les pratiques religieuses
Synonymes :
- pieux
Contraires :
- athée
- impie
- libertin
- mécréant
- païen
Qui manifeste une dévotion ostentatoire ou hypocrite ; bigot.
Synonymes :
- bigot
● dévot, dévote
adjectif
Qui marque ou manifeste la dévotion ; pieux : Une attitude dévote.
● dévot, dévote (difficultés)
adjectif
Orthographe
Pas d'accent circonflexe sur le o.
dévot, ote
adj. et n.
d1./d adj. Vieilli Attaché aux pratiques religieuses, pieux.
— Par ext., péjor. Bigot.
d2./d n. m. Vx Faux dévot, qui simule la dévotion. Syn. tartufe.
d3./d adj. Qui est fait avec dévotion. Prière dévote.
⇒DÉVOT, OTE, adj.
A.— RELIGION
1. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Qui est dévoué aux pratiques religieuses.
a) [Pris en bonne part] Personne, âme, famille dévote; milieu dévot. On doit revenir d'un pèlerinage moins dévot qu'on n'était parti (FLAUB., Corresp., 1850, p. 232) :
• 1. Dramatiser est ce que font les personnes dévotes qui suivent les « Exercices » de saint Ignace (mais non celles-là seules).
G. BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943, p. 183.
— Dévot à + subst.
♦ Dévot à la Vulgate. Qui cultive avec soin le texte de la Vulgate. Quand les « Colonnes » paraîtront je lui en adresserai un exemplaire avec ces mots :« D'un dévot à la Vulgate qui demande qu'on le crucifie en latin » (BLOY, Journal, 1903, p. 190).
♦ Dévot à la Croix. Qui manifeste une grande dévotion envers la Croix. Eusébio a la réputation d'être dévot à la Croix (CAMUS, Dév. croix, 1953, 3e journée, p. 573).
— Emploi subst. Le roi ordonne une assemblée de théologiens pour décider s'il est rigoureusement impossible que la Vierge fasse à un dévot catholique de petits présents (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 178) :
• 2. Cela nous met un peu loin des cagots et des dévotes, aussi loin, du reste, qu'est le catholicisme moderne de la mystique, car décidément cette religion est aussi terre à terre que la mystique est haute!
HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 165.
b) Péj. Qui manifeste une dévotion ostentatoire et/ ou hypocrite. Faux dévot. Synon. bigot, cagot.
— Emploi subst. :
• 3. Cléante y va plus en gros, et dessine le faux dévot pour tout le monde. Quant au vrai dévot, tel que l'honnête mondain l'admettra dorénavant volontiers, ce n'est plus, toute opinion théologique à part, que le croyant sincère, désintéressé, mais tolérant : et leur dévotion est humaine, est traitable.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 223.
2. [En parlant des attributs, du comportement d'une pers.] Qui manifeste ou inspire de la dévotion.
a) [Pris en bonne part] Confiance dévote. On aurait cru entrer dans une chapelle traversée par un frisson dévot, et dont le silence, derrière les portes closes, gardait un mystère (ZOLA, Nana, 1880, p. 1348).
b) Péj. Terreur dévote. Le regard dévot et confit qu'ont certains hypocrites (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 753).
B.— P. ext. Qui manifeste dévouement et zèle admiratif à l'égard d'une personne, d'une valeur profane. Dévot de qqc.
— Emploi subst. :
• 4. Je comptais y calmer les inquiétudes que ma lecture ne manquerait pas d'éveiller chez les derniers dévots du rationalisme, et mettre à profit les critiques, les suggestions diverses qu'on voudrait bien me communiquer.
BREMOND, La Poésie pure, 1926, p. 9.
♦ P. iron. Quel funèbre dévot laïque, noir, sec, compassé peut avoir conçu l'idée de codifier la tendresse, la palpitation de l'être, le don éperdu de toutes les fibres impressionnables? (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 221).
Prononc. et Orth. :[devo], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. « religieux » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, 94, 8 : [jor] devot); ca 1200 devos [en sacrefices] « religieux, pieux » [en parlant d'une pers.] (Moralités sur Job, 301, 4 ds T.-L.); 1664 péj. ces dévots de place (MOLIÈRE, Tartuffe, I, V, v. 361). Empr. au lat. eccl. devotus « soumis à Dieu, pieux » [« dévoué, zélé » en lat. class.] part. passé de devovere « vouer, dédier, consacrer » en lat. class. Fréq. abs. littér. : 1 316. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 073, b) 2 421; XXe s. : a) 1 865, b) 1 408.
dévot, ote [devo, ɔt] adj. et n.
ÉTYM. 1190; lat. ecclés. devotus « dévoué à Dieu », p. p. de devovere, de de-, et vovere « vouer ». → Vœu.
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1 Vieilli ou péj. Qui est sincèrement attaché à la religion et à ses pratiques. ⇒ Dévotieux, fervent, pieux, religieux. || Les personnes dévotes. || Une âme dévote. || Être dévot à la Vierge. || Dévot jusqu'au fanatisme (→ Chattemite, cit. 1).
1 C'est dans le calme et le silence
Que l'âme dévote s'avance.
Corneille, l'Imitation de Jésus-Christ, I, 1564.
2 Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
3 Dévote jusqu'au fanatisme, elle passait dans les églises le plus clair de son temps.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, V, p. 39.
♦ N. || Un dévot, une dévote (souvent péj.). ⇒ Béguine, bigot, bondieusard. || Les vrais dévots. || Maison habitée par des dévots. ⇒ Capucinière. || Un dévot à l'esprit étroit, d'une dévotion outrée. || Le rigorisme de certains dévots. || Une vieille dévote.
4 La plupart des amis dégoûtent de l'amitié, et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion.
La Rochefoucauld, Maximes, 427.
5 (…) j'ai mis tout l'art et tous les soins qu'il m'a été possible pour bien distinguer le personnage de l'Hypocrite d'avec celui du vrai Dévot.
Molière, Tartuffe, Préface.
6 Car d'un dévot souvent au chrétien véritable
La distance est deux fois plus longue, à mon avis,
Que du pôle antarctique au détroit de Davis.
Boileau, Satires, XI.
7 Mais ce qui m'a donné le plus d'éloignement pour les dévots de profession, c'est cette âpreté de mœurs qui les rend insensibles à l'humanité, c'est cet orgueil excessif qui leur fait regarder en pitié le reste du monde.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, lettre VIII.
8 Conséquent à ces principes, il dédaignait tout ce qui n'était pas la religion du cœur. Les vaines pratiques des dévots, le rigorisme extérieur, qui se fie pour le salut à des simagrées, l'avaient pour mortel ennemi.
Renan, Vie de Jésus, Œ., t. IV, XIV, p. 224.
♦ Faire le dévot. || La cabale des dévots : au XVIIe siècle, nom donné à la Compagnie du Saint-Sacrement qui attaqua Molière, railleur des faux dévots. — Vx. || Les faux dévots : les dévots qui affectent hypocritement une dévotion outrée. ⇒ Béat, bigot, cafard, cagot (cit. 2), calotin, hypocrite, papelard, pharisien, rat (d'église), tartufe.
9 Il est de faux dévots ainsi que de faux braves (…)
Les bons et vrais dévots, qu'on doit suivre à la trace,
Ne sont pas ceux aussi qui font tant de grimace.
Molière, Tartuffe, I, 5.
2 Adj. (choses). Qui a le caractère de la dévotion. || Avoir l'air dévot. || Gestes, extérieur, maintien dévots. ⇒ Onctueux. || Un ton dévot. ⇒ Papelard. || Une ardeur dévote. || Livre dévot. ⇒ Pieux. || Introduction à la vie dévote, œuvre de saint François de Sales.
10 Le pasteur était à côté,
Et récitait, à l'ordinaire,
Maintes dévotes oraisons (…)
La Fontaine, Fables, VII, 11.
11 Il avait pris, à leur école, un certain jargon dévot dont il usait sans cesse (…)
Rousseau, les Confessions, II.
3 (Personnes). Qui est attaché avec passion ou ferveur à qqn ou qqch. ⇒ Fanatique, passionné. — (Actes, comportements). || Une admiration dévote. || Des admirateurs dévots.
12 (…) tout son entourage, Dorothée y veillant, lui montrait un dévouement presque dévot; les plus grands égoïstes ont de ces privilèges.
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXIV, p. 378.
♦ N. || Les dévots de la science. || Les dévots du pouvoir.
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CONTR. Athée, incroyant, indévot, indifférent, libertin.
DÉR. Dévotement. — V. Dévotieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.