désaltérer [ dezaltere ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1549; de dés- et altérer
1 ♦ Apaiser la soif de (qqn). ⇒ abreuver. Désaltérer un malade, un blessé, le faire boire. — Pronom. « Un agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure » (La Fontaine). ⇒ 1. boire. — Absolt Une boisson sucrée ne désaltère pas.
2 ♦ Fig. ⇒ combler, soulager. « Une soif de bonheur [qui] ne peut jamais être désaltérée ! » (Martin du Gard). ⇒ étancher. — Pronom. « ces yeux où l'âme se désaltère comme à une vive source d'amour » (Balzac).
⊗ CONTR. Altérer, assoiffer.
● désaltérer verbe transitif (de altérer) Apaiser la soif, la calmer en parlant d'une boisson : L'eau fraîche désaltère. ● désaltérer (difficultés) verbe transitif (de altérer) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je me désaltère, nous nous désaltérons ; je me désaltérais.
désaltérer
v. tr. Apaiser la soif de (qqn). Désaltérer un malade fiévreux.
— (S. comp.) L'eau pure, le thé désaltèrent.
|| v. Pron. Apaiser sa soif, boire. Allons nous désaltérer au bar.
⇒DÉSALTÉRER, verbe trans.
A.— Calmer la soif d'un homme ou d'un animal.
1. Emploi trans. L'eau du ruisseau, qui désaltéroit mes bestiaux, nous désaltéroit aussi (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 239).
♦ Emploi abs. L'eau pure est faite pour désaltérer, et les fleurs pour être senties (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 71).
♦ [Avec méton. de l'obj.] Désaltérer sa bouche, ses lèvres (littér.). Un de ces gosiers ardents que rien ne désaltère (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 141).
♦ P. plaisant. :
• 1. Déodat s'assit en face de trois verres de vin que l'Adélaïde avait remplis jusqu'à les faire déborder un peu, pour faire voir qu'elle n'y regardait pas, quand il fallait désaltérer les bons facteurs.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 293.
— [Avec un obj. interne] Désaltérer sa soif.
Rem. On rencontre ds la docum. la constr. indir. de l'obj. interne. Une soif dont seul ce fruit non sucré désaltère (GIDE, Retour enf. prod., 1907, p. 390).
2. Emploi pronom. réfl. Calmer sa soif.
— [Avec un obj. indir. + prép. de] Le breuvage rouge dont il se désaltérait d'ordinaire (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Héritage, 1884, p. 472).
♦ Emploi abs. Anxiété (...) affreuse quand on n'a pas l'espoir de se désaltérer (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 125).
— P. ext. [En parlant d'un animal] Se repaître de sang. Vengez vos femmes expirantes; Les loups se sont désaltérés Dans leurs entrailles palpitantes (DELAVIGNE, Messéniennes, 1824, p. 85).
B.— P. anal. [L'obj. désigne la terre ou des végétaux] Apporter l'eau nécessaire en arrosant ou en irriguant. Désaltérer les campagnes, les vergers :
• 2. Le Saint-Gothard est le père des eaux. (...). Elles ont hâte, ces grandes eaux, d'aller vivifier l'Europe, désaltérer la terre, la nourrir, rafraîchir cent nations.
MICHELET, Journal, 1838, p. 261.
C.— P. métaph. ou au fig.
1. Emploi trans.
a) [L'obj. désigne une pers.] Satisfaire les désirs ou les exigences de quelqu'un. Nous qui (...) Devons désaltérer le faible et l'ignorant Pleins d'une foi naïve (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 170). Légendes ni figures Ne me désaltèrent (RIMBAUD, Dern. vers, 1872, p. 152).
b) P. méton. de l'obj. Satisfaire un besoin des sens, une tendance du caractère ou une aspiration de l'esprit. Désaltérer sa curiosité, son esprit. Il ne rêvait pas la femme éthérée (...) ni croyance qui désaltérât son âme (FLAUB., 1re Éduc. sentim., 1845, p. 160).
Rem. Dans le synt. désaltérer sa soif de gloire, l'emploi du verbe dans ce sens résulte de la métaph. de l'obj. interne.
2. Emploi pronom. réfl.
a) Emploi abs. Satisfaire ses désirs, ses aspirations. Dans des océans de beauté, de lumière, L'homme, altéré toujours, toujours se désaltère (LAMART., Médit., 1820, p. 34).
b) [Avec un obj. ind.] Jouir de quelque chose, ou s'adonner à un plaisir, un sentiment, une activité, sans aucune limite ni restriction. L'auteur entend « s'enivrer », « se désaltérer » par les choses, ce qui n'est possible qu'en se libérant des mots (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 44) :
• 3. Il s'exaltait, en pensant aux monastères. Ah! être terré chez eux (...) parfaire le bienfaisant silence de cette vie murée, en se nourrissant d'actions de grâces, en se désaltérant de plain-chant, en se saturant avec les inépuisables délices des liturgies!
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 107.
Rem. 1. Pour la constr. indir. de l'obj. interne (cf. supra C 1 b rem.). L'une d'elles [de deux femmes] semblait aspirer cet air de neige âprement, et se désaltérer de quelque grande soif profonde (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 2). 2. On rencontre ds la docum. le subst. masc. désaltèrement. Ce qui désaltère (cf. supra C 1). Innocence, ô belle après l'ignorance inouïe, Eau claire du cœur après le feu vierge de l'âme, (...) Désaltèrement du cerf rompu d'amour qui brame (VERLAINE, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 17).
Prononc. et Orth. :[], (je) désaltère []. Conjug. : devant syll. muette, change [e] fermé en [] ouvert, sauf au fut. et au cond. je désaltérerai(s). Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1549 (EST.); 1668 pronom. (LA FONTAINE, Fables, I, 10). Dér. de altérer; préf. dé(s)-. Fréq. abs. littér. :211. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 453, b) 254; XXe s. : a) 332, b) 174.
désaltérer [dezalteʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
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♦ Apaiser, satisfaire la soif de (qqn). ⇒ Abreuver; apaiser, calmer, étancher (la soif de…). || Désaltérer un malade, un blessé, le faire boire. || Ce verre d'eau m'a désaltéré. Absolt. || Une boisson chaude désaltère souvent mieux qu'une boisson glacée.
1 (…) que fera(-t-)il si on le presse de la subtilité sophistique de quelque syllogisme : le jambon fait boire, le boire désaltère, par quoi le jambon désaltère ?
Montaigne, Essais, I, XXVI.
♦ Par anal. || La pluie désaltère les plantes. ⇒ Arroser.
♦ Par métaphore. Satisfaire (les désirs, les aspirations de qqn). ⇒ Combler, soulager. || Rien ne désaltère sa soif de science, il est insatiable.
2 D'illusoires agitations, des joies médiocres, une soif de bonheur qui se renouvelle en vain et ne peut jamais être désaltérée !
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 137.
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se désaltérer v. pron.
ÉTYM. (1668).
♦ ⇒ Boire. || Se désaltérer à une source.
3 Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
La Fontaine, Fables, I, 10.
4 Ne sais-tu pas que mon armée ne pouvait en un repas se désaltérer sans faire tarir des rivières ?
5 (…) mes moyens me permettent de manger à ma faim, de me désaltérer à ma soif, de fumer à ma suffisance et de prêter cent sous (…)
Courteline, Boubouroche, Comédie, I, 2.
♦ Par métaphore. Satisfaire ses désirs, ses aspirations.
6 (…) cette âme pleine de dons précieux, ces yeux où l'âme se désaltère comme à une vive source d'amour (…)
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 169.
7 Voilà trois mois que je lis exclusivement de la métaphysique ! Après tant d'abstractions, vous pouvez penser s'il m'a été doux de me désaltérer dans le réel.
Flaubert, Correspondance, IV, p. 237.
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désaltérant, ante p. prés.
♦ Voir à l'ordre alphabétique.
8 (…) son vin noir et grossier, mais désaltérant et sain, est du cru de sa vigne.
Rousseau, Émile, III.
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désaltéré, ée p. p. adj.
♦ Dont la soif est apaisée. — Poétique :
9 Dans son sang inhumain les chiens désaltérés.
Racine, Athalie, I, 1.
♦ Fig. Dont les aspirations, les désirs sont satisfaits.
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CONTR. Altérer, assoiffer.
Encyclopédie Universelle. 2012.