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déprendre

déprendre (se) [ deprɑ̃dr ] v. pron. <conjug. : 58>
XIVe; au p. p. « dénué » v. 1160 ; de dé- et prendre
Littér. (Abstrait) Se dégager (de ce qui retient ou immobilise). se dégager, 1. se détacher; déprise. Se déprendre d'une personne, d'une habitude, des liens d'un attachement. ⊗ CONTR. Attacher (s'). Éprendre (s').

déprendre (se)
v. Pron. Litt. Se détacher, se dégager. Se déprendre de qqn, d'une habitude.

⇒DÉPRENDRE, verbe trans.
A.— Rare. Séparer plusieurs éléments pris ensemble. Mais je l'eus bientôt rattrapée [la mère de Félibien], et j'aurais bien voulu voir que quelqu'un se fût mêlé de nous déprendre (FABRE, Barnabé, 1875, p. 169). Quand Bouliche voit que quelques-unes [des bûches] se prennent au milieu de la rivière, il (...) entre dans l'eau et, avec son croc, les déprend (RENARD, Journal, 1898, p. 479).
Déprendre de. Détacher un élément attaché à un autre. Il se cambrait, pour déprendre de son dos sa chemise mouillée (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 161).
Emploi pronom. réfl. Se détacher, se séparer. Comme tout se déprend! Comme tout s'émiette! (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 169). Leurs bouches se déprirent, s'arrachèrent l'une à l'autre (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1188).
B.— Au fig. [L'obj. désigne une pers.] Dégager de l'emprise d'une personne ou d'une chose. La pratique de la vie ne suffit pas (...) à déprendre l'homme du fol amour d'être toujours (BLONDEL, Action, 1893, p. 24). Il sentait qu'il l'aimerait [la vie] toujours, que rien ne pourrait l'en déprendre (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 508).
Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Se déprendre d'une personne, d'une attache, d'un sortilège. Une fois accoutumé, vous ne pourrez plus vous déprendre de ce pays (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 209). L'homme ne peut jamais se déprendre tout à fait de lui-même, s'évader de sa condition (Philos., Relig., 1957, p. 4006) :
Vous n'avez jamais pu vous déprendre de moi, vous m'avez toujours aimé en dépit de ma conduite abominable.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 304.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. déprise. Dépossession. Augustin sentit (...) cette déprise du réel et cet allègement de tout (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 410).
Prononc. et Orth. :[], (je me) déprends []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. cf. prendre. Étymol. et Hist. 1170 despris « dénué, misérable » (BENOIT DE SAINTE-MORE, Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 629); 1403 soi desprendre [de la route] « s'écarter » (CHRISTINE DE PISAN, Liv. du chemin de long estude, 4412, Püschel ds GDF.); XVe s. [mss] soi desprendre « se détacher de » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 134, 63, var. ms Le); 1580 au fig. se desprendre [en parlant de l'âme] (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, I, II, p. 32). Dér. de prendre; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :79.

déprendre (se) [depʀɑ̃dʀ] v.
ÉTYM. XIVe; 1170, desprix « dénué, misérable »; soi desprendre, 1403, « s'écarter »; de 1. dé- et prendre.
1 V. pron. Littér. (Abstrait). || Se déprendre : se dégager (de ce qui retient ou immobilise). Dégager (se), détacher (se), (fam.) dépêtrer (se) vx en emploi concret. || Se déprendre d'une personne, d'une habitude, des liens d'un attachement. || Fait de se déprendre de qqch. Déprise.
1 (…) cette concupiscence qui lie l'âme au corps par des liens si tendres et si violents, dont on a tant de peine à se déprendre (…)
Bossuet, Traité de la concupiscence, 4.
2 (…) le couple de Tristan et d'Iseut, rivé dès l'abord d'un lien mystérieusement indissoluble, battu par tous les orages et y résistant, essayant vainement de se déprendre et finalement emporté dans un dernier et éternel embrassement (…)
Gaston Paris, Préface, in J. Bédier, Tristan et Iseut.
3 (…) peut-être mieux que moi ma mère lui garda-t-elle un amour indulgent : car de ceux qu'elle avait élus, elle ne savait pas se déprendre.
R. Rolland, le Voyage intérieur, L'arbre, p. 135.
4 (…) j'eus un rêve étrange, qui commençait par la reviviscence d'un souvenir. Une femme, ma seule vraie passion charnelle, dont j'avais mis quelques années à me déprendre et que je croyais oubliée.
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 207.
Rare. (Sujet n. de chose : sentiment, etc.; compl. n. de personne).
5 (…) sans que je me sente changé, cet amour de la montagne se déprend de moi comme un flot reculant sur le sable.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 305.
2 V. tr. a (Rare). Séparer (des éléments pris ensemble, un élément d'un autre). || Déprendre qqch. de qqch. Détacher.
b Régional (Canada). Concret. Défaire, dégager.
6 Mathieu a les mains toutes crevassées. Il faut souvent plonger le bras dans l'eau pour déprendre une chaîne enroulée dans l'herbe ou sur un corps mort.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 108.
CONTR. Attacher (s'). — Éprendre (s'), prendre (se).
DÉR. Déprise.

Encyclopédie Universelle. 2012.