défaite [ defɛt ] n. f.
• 1415; autre sens 1266; aussi « action de se débarrasser » et « excuse, mauvaise raison » XVIIe; de défaire
1 ♦ Échec subi par une armée; perte d'une bataille. ⇒ échec, revers. Une défaite écrasante. Essuyer, subir une défaite. La défaite de Waterloo. Défaite qui se change en déroute. ⇒ débâcle, débandade, fuite. — Perte d'une guerre. La défaite de 1871. Avant, après la défaite. — La défaite d'une équipe sportive. ⇒fam. 2. pile, 2. piquette, raclée.
2 ♦ Échec. Défaite électorale. ⇒ déconfiture. Avouer sa défaite. « Un homme d'action n'est pas déshonoré par une défaite » (Romains).
⊗ CONTR. Succès, triomphe, victoire.
● défaite nom féminin (de défaire) Grave revers subi par une armée ; perte d'une bataille, d'un combat, d'une guerre. Revers, échec subi par quelqu'un dans une entreprise et, en particulier, échec politique ou social ; déconfiture : La défaite électorale d'un parti. ● défaite (citations) nom féminin (de défaire) Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 La victoire s'use par ses excès ; on ne réussit véritablement qu'à force de patientes défaites. Faut-il brûler Jeanne ? Gallimard Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 Si l'on vit assez longtemps, on voit que toute victoire se change un jour en défaite. Tous les hommes sont mortels Gallimard Léon Blum Paris 1872-Jouy-en-Josas 1950 À l'issue d'une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la défaite. À l'échelle humaine Gallimard Joseph Delteil Villar-en-Val, Aude, 1894-Grabels, Hérault, 1978 À une belle défaite selon les règles, la naïve enfant préfère une victoire fautive. Jeanne d'Arc Grasset Jeanne d'Arc Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 [Il y a] des pertes triomphantes à l'envi des victoires. Essais, I, 31 Henrik Ibsen Skien 1828-Christiania 1906 On verra clairement un jour que le triomphe est la défaite ! Brand, III Alessandro Manzoni Milan 1785-Milan 1873 Les peuples apprennent plus d'une défaite que les rois de la victoire. I popoli imparano più da una sconfitta, che non i re dal trionfo. Lettre à Charles-Albert Henrik Wergeland Kristiansand 1808-Christiania 1845 La vérité ne vainc que dans la défaite. L'Armée de la vérité ● défaite (homonymes) nom féminin (de défaire) défaite adjectif féminin ● défaite (synonymes) nom féminin (de défaire) Grave revers subi par une armée ; perte d'une bataille, d'un...
Synonymes :
- débâcle
- débandade
- déconfiture
- déroute
Contraires :
- victoire
Revers, échec subi par quelqu'un dans une entreprise et, en...
Synonymes :
- déconfiture
- fiasco
- raclée
Contraires :
- succès
- victoire
défaite
n. f.
d1./d Perte d'une bataille. La défaite de Waterloo.
|| Perte d'une guerre. La défaite de 1940. Syn. déroute.
d2./d échec. Essuyer une défaite aux élections.
⇒DÉFAITE, subst. fém.
A.— [Correspond à défaire I B 3] Usuel
1. Perte d'une bataille, d'une guerre. Nous avons eu aujourd'hui notre défaite de Waterloo, peut-être aurons-nous demain notre victoire d'Austerlitz (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 22) :
• 1. Le toit d'une maison, d'une simple école de couture de Metz, s'est doucement soulevé pour qu'il nous fût permis d'observer ce que nul n'est censé voir (...) la petite vie de simples enfants françaises et allemandes qui vivent les unes auprès des autres à cause de la défaite de 1870 mais que tout, grâce à Dieu! sépare.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 8, 1909-11, p. 223.
2. P. ext. Revers subi dans une entreprise (amoureuse, sociale, politique, etc.). Il vivait sur la défaite qu'il avait essuyée avec Rose car celle-ci n'avait pas voulu le revoir (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 167). Au soir d'une grande défaite électorale (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 480) :
• 2. — Si je renonce, si je renonce maintenant, (...) j'aurai toujours le sentiment d'une défaite, d'un échec.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 187.
B.— [Correspond à défaire II] Vx
1. Action de se défaire de quelque chose, de quelqu'un :
• 3. Peut-être aussi l'habitant de Tyr trafiquoit-il de ses principes politiques, car dans les temps de révolutions les opinions sont les seules marchandises dont on trouve la défaite.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 318.
— En partic.
• 4. Elles [les deux chattes] eurent plusieurs petits, élevés avec tendresse et placés avantageusement dans le voisinage; même ceux de la Chinoise étaient d'une défaite facile et très demandés, à cause de l'originalité de leurs minois.
LOTI, Le Livre de la pitié et de la mort, 1891, p. 133.
b) Fam. Fille de défaite (bonne, difficile). Facile, difficile à marier. Les deux filles paraissent être de difficile défaite. On n'entend point parler de prétendants (MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 54) :
• 5. MADAME VATRIN. — Conviens, cependant, que ce serait un beau parti pour Catherine!
GUILLAUME. — D'abord, pour Catherine, rien n'est trop beau.
MADAME VATRIN. — Elle n'est cependant pas d'une défaite facile.
A. DUMAS père, Les Forestiers, 1865, II, 1, p. 177.
2. Moyen, prétexte fallacieux pour se défaire de ce qui est importun, embarrassant :
• 6. Il y eut un moment de silence, Hecq, pincé la main dans le sac, cherchait une défaite. Brusquement il se décide :
— Et après? ... En somme, vous m'accusez de vous avoir volé, si je vous collais quatre jours, moi?
COURTELINE, Les Gaîtés de l'escadron, La Pipe, 1891, p. 247.
Prononc. et Orth. :[]. Enq. :/defet/. Ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. deffaite (cf. dé-). Étymol. et Hist. 1. 1266 « maladie des yeux » (Vers de la mort, 19, 1 ds T.-L.), seulement en a. fr.; 2. 1415 « mise en déroute d'une armée » (DELB., Rec. ds DG); 1669 fig. (RACINE, Britannicus, III, 6 ds LITTRÉ); 3. 1544 « prétexte » (M. SCÈVE, Delie, éd. E. Parturier, XLVII, p. 40); 4. ca 1550 « moyen de se défaire » (B. DES PÉRIERS, Joy. dev., XXV, 114, Lacour ds GDF. Compl.). Part. passé fém. substantivé de défaire. Fréq. abs. littér. :1 484. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 400, b) 1 397; XXe s. : a) 2 360, b) 2 943. Bbg. SAUVAGEOT (A.). Coup d'œil sur qq. néol. Vie Lang. 1971, p. 91. — STRAKA (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, n° 1, p. 283. — WILLMANN (A.). Kaufen und verkaufen. Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, pp. 322-323.
défaite [defɛt] n. f.
ÉTYM. 1415; autre sens, 1266; p. p. substantivé de défaire.
❖
———
1 Facilité plus ou moins grande de se défaire de qqch. (surtout dans la construction de… défaite). || Ces marchandises-là sont de défaite (Académie). || De bonne, de prompte défaite. ⇒ Placement.
2 Excuse artificieuse, mauvaise raison pour se débarrasser, se défaire de ce qui gêne. ⇒ Échappatoire, excuse, faux-fuyant, prétexte. || Chercher une défaite. || Se tirer d'affaire par une défaite.
1 C'est un vieux importun, qui n'a pas l'esprit sain,
Et pour qui j'ai toujours quelque défaite en main.
Molière, les Fâcheux, III, 3.
2 Va, mon pauvre Figaro, n'use pas ton éloquence en défaites; nous avons tout dit.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, II, 20.
———
II Mod.
1 Échec subi par une armée; perte d'une bataille. ⇒ Échec, revers; (fam.) branlée, brossée, déculottée, frottée, pile, raclée. || Défaite sévère, écrasante, sanglante. || Aller au devant d'une défaite. || Ils subiront forcément une défaite : ils auront le dessous. || Infliger une défaite à l'adversaire. || Essuyer, subir une défaite. ⇒ Succomber. || Défaite complète. ⇒ Déconfiture. || Défaite qui se change en déroute. ⇒ Débâcle, débandade, déroute, fuite, retraite.
♦ Perte d'une guerre. || La défaite de 1871. || Capitulation, reddition qui suit la défaite.
3 Le major resta quelques secondes étourdi par cette idée du drapeau blanc, de la défaite, de la capitulation (…)
Zola, la Débâcle, t. II, p. 22.
4 « Une belle déculottée », dit Brunet. « Battus pour battus (…) c'est encore une chance que ça se soit fait si vite : la saignée est moins forte. » Schneider ricane : « Ils nous saigneront à la petite semaine… » Brunet lui jette un coup d'œil : « Tu m'as l'air drôlement défaitiste. » « Je ne suis pas défaitiste : je constate la défaite. »
Sartre, les Chemins de la liberté, III, II, p. 217.
♦ Moment où une guerre est perdue. || Avant, après la défaite (française) de 1940.
2 Échec (d'une personne, d'un groupe, d'une opinion). || Avouer sa défaite. || Tenter de couvrir (cit. 29) la honte d'une défaite. || La défaite d'une cause, d'une opinion, d'une théorie. || Défaite électorale. || Défaite d'un parti politique.
5 (…) je vois dans l'affluence des pèlerins un triomphe de la religion, comme vous y voyez vous-même une défaite de la philosophie matérialiste.
France, l'Orme du mail, in Œ., t. XI, X, p. 106.
6 Autrefois, — il y a bien vingt ans, — toute chose au-dessus de l'ordinaire accomplie par un autre homme, m'était une défaite personnelle.
Valéry, M. Teste, p. 28.
7 L'échec, il l'acceptait à la rigueur, mais en fin de partie. Une première entreprise peut tourner mal. Un homme d'action n'est pas déshonoré par une défaite.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVIII, p. 126.
8 La défaite momentanée de l'idéal pacifiste ne pouvait en altérer la grandeur, ni en compromettre le triomphe.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 26.
❖
CONTR. Succès, triomphe, victoire.
DÉR. Défaitisme, défaitiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.