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AGRICULTURE
AGRICULTURE

Étymologiquement, agriculture signifie «culture des champs», le mot culture devant être pris dans le sens de «mise en condition». Il désigne, par extension, la production des biens et les conditions de vie en milieu rural: la culture du blé, de la betterave, des fruits, l’élevage des animaux, la production laitière, celle du bois, la pêche, la chasse appartiennent alors au domaine de l’agriculture. Mais une acception plus étroite peut être illustrée en considérant les programmes de l’enseignement agricole. Le mot agriculture désigne alors plus particulièrement l’ensemble des techniques de production des plantes sur des terrains qui ont été travaillés.

L’agriculture générale porte sur les transformations du milieu destinées à accroître et à maintenir sa fertilité, et étudie aussi les conditions de mise en valeur, le choix des systèmes de culture.

L’agriculture spéciale décrit les méthodes permettant de tirer le meilleur rendement des diverses plantes cultivées, annuelles, bisannuelles, etc. Déjà, la production des légumes et des fleurs est enseignée en horticulture, celle des fruits en arboriculture, et celle du bois en sylviculture.

L’agriculture comparée a pour objet la description des conditions de production régionales, mettant en évidence l’adaptation de cette spéculation au milieu, en fonction de certaines données écologiques, historiques et sociologiques.

Si le langage exprime d’une manière très imparfaite les différents aspects de l’agriculture, c’est qu’il s’agit d’une activité traditionnelle, fondamentale pour l’homme, que l’on peut considérer comme à l’origine même de la civilisation. Il a fallu, en effet, pour que l’homme puisse se grouper, construire des villes et finalement élaborer la civilisation industrielle, qu’il soit assuré de trouver d’une manière régulière et suffisante la nourriture qui lui était nécessaire. L’humanité est passée progressivement du stade de la chasse et de la cueillette à celui de l’agriculture et de l’élevage. Cette évolution fut extrêmement lente, résultant de découvertes locales et s’étendant petit à petit à des groupes humains de plus en plus nombreux. Par l’intermédiaire de la botanique et de la linguistique, on a pu retracer l’origine des plantes cultivées, décrire leur histoire, l’extension de la production de certaines d’entre elles, et constater que ce progrès a conduit à restreindre le nombre de végétaux consommés ou utilisés. Les premiers agronomes présentent une description des techniques agricoles en usage de leur temps, mais celles-ci sont déjà très élaborées; d’ailleurs on leur attribue généralement une origine divine, et l’agriculture apparaît alors comme une fonction noble.

Même au sein de nos civilisations occidentales, c’est depuis peu de temps que l’homme se trouve à l’abri de la famine, donc de la mort. La fin du règne de Louis XIV en a porté témoignage. Aujourd’hui encore, les pays en développement sont dramatiquement confrontés à ce problème.

Dès le XVIIIe siècle, l’on s’est préoccupé, en France et dans d’autres pays, d’élaborer une science de l’agriculture. Et, même si la révolution industrielle ne s’était pas produite au XIXe siècle, le théâtre agricole s’en serait trouvé profondément modifié. Cette révolution industrielle à son tour a bouleversé à tel point nos méthodes de production agricole que toute description de l’activité humaine aux champs comporte un avant» et un «après». C’est un des drames de notre temps que la difficulté où se trouvent les agronomes de modifier des manières de penser qui trouvent leur origine dans des traditions lointaines et semblent se rajeunir à chaque génération par une interprétation des faits à l’aide de concepts valorisés par des considérations affectives. Dans certains cas, il s’agit de préjugés enracinés dans l’âme paysanne par un long passé d’une vie dure, en petits groupes isolés.

1. Les techniques de production

L’élément moteur de la production végétale à laquelle nous limiterons notre sujet est la fonction chlorophyllienne : la plante, grâce à l’énergie de la lumière, fabrique sa propre substance à partir du gaz carbonique de l’air, de l’eau et des éléments minéraux prélevés dans le sol. La matière organique ainsi produite se trouve ultérieurement détruite; les éléments retournent à leurs milieux d’origine, l’atmosphère et le sol, du moins si les produits végétaux sont consommés ou détruits sur place. Il s’agit d’un véritable cycle, et l’activité agricole semble constituer une source inépuisable de biens, puisqu’en principe leur production n’amène pas l’épuisement du milieu dans lequel ils se développent, à condition toutefois qu’il y ait consommation pratiquement sur place des produits des exploitations. C’est sensiblement ce qui se produit encore actuellement quand les animaux pâturent l’herbe, c’est aussi ce qui se produisait autrefois quand une fraction importante de la population vivait à la campagne. Les résidus étaient alors soigneusement accumulés de manière à subir une fermentation permettant entre autres la destruction des parasites. Le résultat constituait des fumiers , mélanges de paille et de déjections animales, ou des composts , mélanges de résidus végétaux et de terre. Ils étaient transportés dans les champs pour y restituer les matières minérales exportées à la suite des récoltes. L’accroissement des populations urbaines a pour effet de modifier le traitement des résidus en en faisant des gadoues dont la teneur en matières minérales utiles est faible. Il devient alors peu rentable de les renvoyer dans les champs, où ils risquent d’ailleurs d’introduire des résidus indésirables, voire nocifs (métaux lourds). Actuellement, l’appauvrissement du sol en minéraux essentiels est compensé par l’emploi des engrais minéraux. Celui-ci s’est développé intensément, car de plus en plus on a dépassé largement les quantités exportées par les récoltes, dans le but d’accroître la richesse nutritionnelle du milieu, et, par là, sa fertilité.

On entend par fertilité du sol son aptitude à produire. Celle-ci est liée à toute une série de facteurs, parmi lesquels se situe en bonne place sa teneur en éléments minéraux, mais aussi ses propriétés physiques, qui vont permettre aux racines d’aller prélever ces éléments. Il faut en outre une humidité moyenne suffisante qui dépend à la fois du climat et de la capacité que présente le sol à mettre en réserve – et à la disposition de la plante – une partie de l’eau des pluies pour lui permettre de croître pendant les périodes sèches. Mais cette fertilité dépend aussi de l’absence de conditions défavorables.

Parmi celles-ci, il faut citer l’aération insuffisante due au fait que les eaux de pluie s’accumulant dans le sol occupent l’espace vide restant entre les particules de terre, ce qui empêche l’air de circuler; l’effet mécanique de la cohésion du sol, qui, en période sèche, s’oppose à la pénétration des racines; enfin l’action des parasites animaux ou végétaux et des mauvaises herbes.

Comme on vient de le voir, le problème de l’eau a toujours été fondamental en agriculture. En premier lieu, l’état physique du sol dépend de la régularité de l’écoulement de l’eau. Suivant les propriétés des terrains et les causes de l’engorgement, on facilite son écoulement par des tuyaux de poterie disposés en profondeur ou par des tubes en matière plastique qui permettent une mécanisation intégrale des opérations de drainage. Dans certains cas, on fore une galerie à même le sol: c’est le «drainage taupe». Enfin, les anciennes techniques, telles que le modelé de la surface des champs en forme de planches ou les fossés à ciel ouvert, sont encore parfois des méthodes recommandables.

En second lieu, lorsque le climat présente des périodes arides, il faut contrôler le cycle de l’eau. Il est difficile de limiter les pertes d’eau par évaporation; on y parvient en partie par les applications de paille, de couvertures en matière plastique ou de films de bitume. Mais la méthode la plus sûre est l’irrigation. Celle-ci peut s’effectuer en recouvrant d’eau la surface du sol; cette submersion, nécessaire dans le cas des rizières, s’utilise également dans les prairies. On pratique l’infiltration quand l’eau est distribuée dans des rigoles creusées à la surface des champs, assez nombreuses, car la diffusion latérale du liquide est limitée. Dans tous ces procédés, il faut que le terrain soit horizontal. L’aspersion est une technique échappant à cette contrainte permettant une certaine économie de l’eau, mais qui nécessite des investissements assez importants. L’eau, distribuée sous pression dans des tuyaux, est alors projetée en gouttelettes par divers types d’appareils, dont un exemple est le tourniquet des jardiniers.

Traditionnellement, les agriculteurs assuraient le maintien de la fertilité de leur terre en suivant un système de cultures. Il faut entendre par là une combinaison des différentes productions de l’exploitation de manière qu’elles se complètent mutuellement. C’est ainsi que, lorsque l’on ne disposait pas d’engrais minéraux, la seule façon d’accroître la teneur des sols en éléments nutritifs consistait à disposer d’une surface couverte de végétation permanente pour y nourrir des animaux, dont les déjections servaient à fertiliser les terres de cultures. Il y avait certes un appauvrissement des prairies, mais celuici était lent, et la présence de légumineuses, permettant d’y fixer l’azote de l’air, constituait un gain net pour le système. Par ailleurs, l’existence de plusieurs productions sur une même exploitation favorisait le plein emploi de la main-d’œuvre, dans la mesure où les travaux nécessaires à ces diverses cultures étaient suffisamment étalés dans le temps.

Ce souci de gestion se matérialisait par la notion d’assolement. Ce mot désigne la division de la surface de l’exploitation en une série de parcelles, ou «soles», portant chacune des cultures demandant les mêmes soins, variables d’une sole à l’autre. Les noms donnés aux groupes de cultures constituant chaque sole précisent bien ce principe puisque l’on parlait de «plantes sarclées», de «céréales d’hiver», de «céréales de printemps», etc.

Mais ce maintien de la fertilité sur une même parcelle, en particulier le contrôle des parasites et des plantes adventices, était obtenu en faisant se succéder des plantes manifestant des exigences et des sensibilités différentes. La succession sur une même parcelle et dans un ordre donné d’une série de cultures définit la rotation. Celle-ci peut être biennale, triennale, quadriennale, etc. Il faut noter d’ailleurs que les assolements se définissent aussi d’après leur durée.

Les plantes étaient souvent qualifiées en fonction de leur action sur les propriétés du milieu: certaines, comme les céréales, sont épuisantes, d’autres, comme les plantes sarclées, nettoyantes; les plantes à croissance rapide sont considérées comme étouffantes, car elles s’opposent à la croissance des plantes adventices; les légumineuses enfin sont dites améliorantes ou enrichissantes du fait de leur aptitude à fixer l’azote de l’air. On ne peut qu’admirer la ténacité de ceux qui sont parvenus, en dépit de la diversité du milieu agricole et uniquement par tâtonnements empiriques, à préciser ainsi les propriétés des diverses cultures. Depuis les années 1960, sous la pression des exigences économiques, on tend à simplifier les systèmes de cultures et les rotations. On compense les inconvénients qui en résultent par l’emploi des engrais et de toute une gamme de substances que l’on qualifie parfois de «pesticides», mot assez malheureux, recouvrant la gamme des produits servant à défendre les cultures contre leurs parasites, leurs prédateurs et les plantes concurrentes. Mais ces substances, bien que très efficaces, ne permettent pas de lutter simultanément contre tous les facteurs antagonistes, et leur emploi régulier finit par avoir de graves inconvénients. Aussi les chercheurs s’efforcent-ils de trouver un moyen terme en jouant à la fois sur les mécanismes d’autodéfense du milieu qui mettent en jeu les équilibres naturels, des résistances spécifiques et une utilisation plus méthodique et plus rationnelle des substances chimiques.

Toutes ces méthodes doivent être adaptées au milieu, et les techniques culturales, les assolements doivent parfois être modifiés pour assurer leur succès ou pour éviter que le sol ne se dégrade sous leur influence. Il est difficile, dans un milieu aussi complexe, d’intervenir efficacement sans provoquer, à côté de l’effet principal que l’on cherche à obtenir, des effets secondaires qui peuvent être néfastes. Tout l’art de l’agriculteur, toute la science des techniciens visent donc à faire produire la terre sans la dégrader, voire à se passer de ce support [cf. SOLS - Culture hors sol].

Mais les conditions particulières dans lesquelles se réalise la fonction chlorophyllienne comportent un inconvénient majeur: la faible production par unité de surface. En effet, un rendement de 20 tonnes de matière sèche par hectare, qui constitue une belle production, ne représente, si l’on admet que la densité de cette matière est égale à celle de l’eau, qu’une couche d’une épaisseur de 2 millimètres, supposée formée d’éléments compacts étendus sur le sol. L’agriculture est donc essentiellement conditionnée par les impératifs de déplacement et de transport. Il faut par exemple parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour labourer un champ avec une charrue à un soc, et les allées et venues, pour se rendre des différentes parcelles au centre de l’exploitation, peuvent représenter, dans une ferme d’une centaine d’hectares, plusieurs centaines de kilomètres par an. On trouve ici l’origine de deux éléments essentiels de l’évolution du monde agricole: la mécanisation d’une part, l’extension des surfaces exploitables et leur regroupement d’autre part.

En effet, l’introduction de la machine, et tout particulièrement du tracteur, va permettre à un même travailleur d’exploiter une surface beaucoup plus étendue. Il devient alors nécessaire que toutes les opérations progressent de la même façon: si on laboure vite mais qu’on récolte lentement, l’avantage obtenu n’est que partiel. Aussi les constructeurs ont-ils mis au point des machines permettant d’abord de couper et de lier la récolte, notamment aux États-Unis, où les surfaces cultivables s’offraient immenses et où la main-d’œuvre était rare. Ils ont ensuite imaginé et construit les moissonneuses-batteuses, qui poussent les opérations jusqu’à séparer les grains de la paille et à laisser, sur le champ, celle-ci bottelée et pressée, ceux-là ensachés ou soufflés dans les bennes de camion. De telles machines sont coûteuses; leur capacité de travail dépasse souvent les besoins d’une seule exploitation. Aussi la recherche de leur plein emploi a-t-elle conduit les agriculteurs à se grouper pour les utiliser collectivement. En France se sont développées les C.U.M.A. (coopératives d’utilisateurs de machines agricoles) et les S.A.F.E.R. (sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). Ces dernières ont pour mission d’acheter des terrains, de les mettre en culture et de les céder aux agriculteurs. Dans certains cas, des agriculteurs exploitent en commun leurs terres (G.A.E.C.: groupes agricoles d’exploitation en commun). Encore faut-il que les parcelles d’une exploitation soient facilement accessibles et regroupées. Il s’agit en effet de réduire la distance exploitation-champs, de faciliter l’accès de ceux-ci et de leur donner une taille et une forme qui permettent l’emploi commode des machines. C’est là le but des opérations de remembrement, qui constituent l’une des activités du service du génie rural.

Les agriculteurs, comme tous les autres producteurs, se sont donc efforcés d’accroître la productivité du travail et du capital. Deux modèles sont ici confrontés: l’agriculture des États-Unis, d’une part, et celle des pays à forte population pratiquant une sorte de jardinage, comme en Extrême-Orient, d’autre part. Les progrès techniques ayant entraîné des effets de surproduction, les producteurs, pour maintenir leur chiffre d’affaires, doivent jouer sur les qualités (éventuellement garanties par des labels), ce qui peut permettre le soutien des prix. Cependant, pour mieux adapter la production au niveau des besoins, les agriculteurs européens seront acculés à mettre en friche une partie de leurs terres. En définitive, l’occupation de l’espace rural même va changer, car l’agriculture, qui a longtemps caractérisé un état social, est maintenant un métier que l’on exerce dans le cadre de structures de production ayant le statut d’entreprise, et cela change radicalement la société rurale.

2. La consommation d’énergie

Pendant des millénaires, l’agriculture a été quasi autonome sur le plan énergétique: elle produisait elle-même ses moyens de traction (les animaux) et de fertilité (le fumier); le séchage des produits agricoles était assuré par le soleil et le vent: tout au plus faisait-elle appel à quelques outils en fer issus de l’industrie. Le système agricole était donc renouvelable, car fondé sur l’énergie solaire par le biais de la photosynthèse. Toutefois, certains terroirs souffraient de surexploitation, et ce système a une productivité à l’hectare (et surtout à l’heure de travail) bien basse: il faut plus de 500 heures de dur labeur pour obtenir 1 tonne de céréales en culture manuelle et 400 heures en culture attelée, alors que dans les agricultures modernes il n’en faut guère plus de 2, mais cela requiert alors un investissement considérable: en capital, en formation technique et en énergie, comme on le verra plus loin (cf. tableau).

Jusqu’au début du XXe siècle, non seulement l’agriculture était autonome, mais, outre son alimentation, elle fournissait à l’homme (avec la sylviculture) son énergie. En effet, l’agriculture constituait, avec la forêt, la principale source d’énergie employée jusqu’au milieu du XIXe siècle: les animaux (et les hommes) assuraient une partie de la force motrice et des transports, le bois fournissait le chauffage, le complément provenant notamment des moulins à vent et des moulins hydrauliques. Ce système énergétique était certes renouvelable, mais il connaissait des limites physiques dès qu’il y avait surexploitation: on commençait à manquer gravement de bois en certaines régions au XVIIIe siècle. Ce phénomène se retrouve aujourd’hui dans certains pays du Tiers Monde, où la crise du bois de feu a de graves conséquences écologiques et sociales. En fait, l’apport d’énergie par l’agriculture était limité: il entrait en concurrence avec l’alimentation, de telle sorte que la chaîne de conversion énergétique végétaux-animaux-force motrice avait un rendement très bas, même si elle avait l’avantage de permettre l’obtention de sous-produits utiles comme la viande et le fumier.

À partir du XIXe siècle, progressivement, le charbon puis le pétrole sont employés comme source d’énergie et de combustible dans le transport et les activités industrielles et domestiques; l’agriculture perd alors son rôle de fournisseur d’énergie. Après la Seconde Guerre mondiale, la motorisation supplée au dur labeur des hommes et des animaux pour les travaux des champs et ceux d’intérieur de ferme. D’autre part, l’emploi d’énergie fossile se développe à partir de la fin des années 1960 dans la production de chaleur pour le séchage des céréales, le chauffage des serres et de certains élevages et leur climatisation. Il s’agit là de l’utilisation directe d’énergie. L’agriculture en consomme aussi de façon indirecte: c’est l’énergie nécessaire à la fabrication des intrants d’origine industrielle, qu’elle utilise de plus en plus – les engrais, les pesticides, le matériel, etc. Les engrais, notamment les engrais azotés, sont ainsi le premier poste de dépense énergétique de l’agriculture (environ 30 p. 100 du total en 1980, comme nous l’avons montré par la suite), bien que l’industrie des engrais azotés ait fait de substantielles économies d’énergie durant les dernières décennies.

Toutefois cette dépense en énergie fossile ne constitue qu’un appoint (de l’ordre de 5 à 6 p. 100 en France au début des années 1980) par rapport à la principale source d’énergie de l’agriculture, qui reste l’énergie solaire captée par la photosynthèse. Mais cet appoint rend possible un accroissement considérable de la productivité du travail et, par là, de son surplus, c’est-à-dire de la part de la production non requise pour l’autoconsommation agricole. Ce bilan net de plus en plus positif permet de consacrer une part croissante de l’énergie humaine à la production de biens et de services dans les autres secteurs, ce qui est un mécanisme essentiel du développement des sociétés: dans les pays les plus développés, seuls quelques pourcents de la population active travaillent la terre, contre 90 p. 100 dans les pays les moins développés, où la productivité du travail agricole est très basse. En effet, lorsqu’on passe d’une agriculture manuelle ou à traction animale à une agriculture motorisée, la puissance disponible par travailleur est multipliée par cent ou plus; le temps de travail est donc considérablement réduit. On peut prendre ainsi pour exemple le temps nécessaire pour récolter 1 hectare de blé (d’après les données de J. Fourastié dans Le Grand Espoir du XXe siècle ): en 1800, il faut à peu près 100 heures à la faucille, en 1850 25 heures avec une faux, en 1900 un peu plus de 3 heures avec une faucheuse-lieuse à traction animale; aujourd’hui moins de 1 heure avec une moissonneuse-batteuse. N’oublions pas, aussi, qu’entre 1800 et aujourd’hui le rendement moyen à l’hectare a septuplé.

Indépendamment de ces performances en matière de productivité de la terre et du travail, on s’est inquiété dans les années 1970 du mauvais rendement énergétique de l’agriculture occidentale. Qu’entend-on par là? Comme les produits agricoles ont une valeur énergétique alimentaire, il est possible de rapporter la valeur énergétique de la production agricole à celle de l’énergie nécessaire à cette production. Généralement, pour ce deuxième terme, on prend seulement en compte l’énergie fossile; toutefois certains auteurs comptabilisent aussi les énergies humaine et animale (dépenses métaboliques), mais cela est discutable. Il ne s’agit pas d’un vrai rendement au sens thermodynamique puisque la première source d’énergie de l’agriculture, l’énergie solaire, n’est pas comptabilisée, car gratuite. De ce fait, ce rendement peut être supérieur à 1; c’est généralement le cas pour les productions végétales, sauf pour celles cultivées sous serres chauffées; il est plus bas pour les productions animales en raison du phénomène de pyramide alimentaire: il faut 5 à 10 calories végétales pour obtenir 1 calorie animale; il diminue également avec la modernisation de l’agriculture: les agricultures plus archaïques, où il n’y a à peu près aucune injection d’énergie fossile, ont un rendement énergétique meilleur que les agricultures plus modernisées, d’autant plus que celles-ci incluent généralement une forte part de productions animales ou de cultures de contre-saison. Mais comparer deux types d’agriculture sur leur seule efficacité énergétique est insuffisant: les systèmes plus archaïques, s’ils ont un bon rendement énergétique, ont en général un rendement à l’hectare ou à l’heure de travail très bas; or ces deux derniers critères sont également fort importants. Par ailleurs, le rendement énergétique étant le rapport entre la valeur énergétique des produits agricoles récoltés et celle de l’énergie fossile utilisée, même si ce rendement est inférieur à 1 cela ne condamne pas en soi un système de production, puisqu’il y a transformation d’énergie fossile en énergie alimentaire hautement élaborée et assimilable par l’homme.

Il n’en demeure pas moins que, pour la première fois dans l’histoire, une forme d’agriculture ne reproduit plus ses moyens de traction et de fertilité, lesquels proviennent de ressources fossiles: aussi a-t-on pu parler parfois d’agriculture minière. Rappelons cependant qu’en France la consommation d’énergie directe de l’agriculture ne représente que 2,5 p. 100 de celle de l’ensemble du pays, et sa consommation totale (directe et indirecte) moins de 7 p. 100. Par ailleurs, il convient de la situer dans celle de l’ensemble du système agroalimentaire, depuis la fabrication des engrais jusqu’à l’assiette du consommateur en passant par la transformation industrielle des produits dans l’industrie agroalimentaire et la préparation domestique des aliments. En effet, une part importante de l’énergie est consommée hors de la branche agriculture proprement dite. En millions de tonnes équivalent pétrole (1 Mtep = 4,18 . 1016 J), la production agricole en France a consommé en 1980 près de 5 Mtep d’énergie directe, 8 Mtep d’énergie indirecte, la transformation industrielle des produits, non compris leur transport, 7 Mtep, leur distribution et leur préparation 9 Mtep. Des gaspillages indéniables d’énergie existent dans le système agroalimentaire, mais une grande part apparaît liée au modèle de consommation, qui inclut une proportion importante de produits animaux et de légumes de contre-saison, ainsi qu’à la situation d’excédents alimentaires et d’abondance nutritionnelle, qui fait qu’une partie de cette énergie hautement élaborée contenue dans les aliments aboutit dans les poubelles.

Par ailleurs, cette détérioration du rendement énergétique de l’agriculture n’est pas nécessairement croissante avec sa modernisation, comme on le croyait dans les années 1970. Elle a certes été croissante entre 1945 et 1975, où les très bas prix de l’énergie n’incitaient pas à l’économiser, mais, depuis, les chocs pétroliers et les mesures prises à leur suite ont permis une certaine amélioration de l’efficacité énergétique de l’agriculture (et des autres secteurs). De plus, l’évolution technologique actuelle de l’agriculture, avec, en particulier, le développement des biotechnologies et des nouvelles technologies de l’information (informatique, télématique, automatismes, etc.), laisse entrevoir que l’agriculture pourrait évoluer vers un modèle reposant davantage sur l’information et sur la maîtrise des processus du vivant et moins sur l’emploi de produits chimiques et l’exploitation des ressources non renouvelables comme cela avait été le cas depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. On envisage également que l’agriculture puisse à nouveau fournir de l’énergie au reste de l’économie en produisant de l’alcool carburant à partir de blé ou de betterave et du diester à partir de colza. Bref, il est possible que demain l’agriculture redevienne à nouveau plus économe et quelque peu productrice d’énergie, même si sa première fonction reste de nourrir les hommes.

agriculture [ agrikyltyr ] n. f.
• fin XIIIe; lat. agricultura
Culture du sol; ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux utiles à l'homme. 1. culture, élevage. Les produits de l'agriculture ( agroalimentaire) . Ministère de l'Agriculture. École d'agriculture. agronomie; agrobiologie, agrochimie.

agriculture nom féminin (latin agricultura) Ensemble des travaux dont le sol fait l'objet en vue d'une production végétale. Plus généralement, ensemble des activités développées par l'homme, dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son alimentation. ● agriculture (citations) nom féminin (latin agricultura) Bernard Palissy Agen vers 1510-Paris 1589 ou 1590 Il n'est nul art au monde auquel soit requis une plus grande philosophie qu'à l'agriculture. Recette véritable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs trésors Charles Maurice de Talleyrand-Périgord Paris 1754-Paris 1838 L'industrie ne fait qu'affaiblir la moralité nationale. Il faut que la France soit agricole. Propos rapporté par Jules Michelet dans son Journal, 9 août 1834 François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. Le Sottisier Xénophon d'Athènes Erkhia, Attique, vers 430 avant J.-C.-vers 355 Il avait raison celui qui a dit que l'agriculture est la mère et la nourrice des autres arts. Économique, V, 17 (traduction Chantraine) Alphonse Valentin Vaysse Rainneville 1798-1864 L'agriculture manque de bras. Commentaire Cette constatation apparaît, semble-t-il, pour la première fois dans un rapport adressé au ministre de l'Agriculture par M. de Rainneville. Le rapport a été publié par le Moniteur universel, et il débutait par ces mots : « Les bras manquent à l'Agriculture[…] »(21 juillet 1850).

agriculture
n. f. Travail de la terre, exploitation du milieu naturel permettant la production des végétaux et des animaux nécessaires à l'homme.
Agriculture biologique, qui n'utilise pas de produits chimiques (engrais, pesticides).

⇒AGRICULTURE, subst. fém.
A.— Activité agricole.
1. Activité ayant pour objet : principalement la culture des terres en vue de la production des végétaux utiles à l'homme et à l'élevage des animaux; accessoirement l'élevage des animaux. Ensemble des moyens nécessaires à cette production :
1. ... alors que les hommes commencèrent de se réunir en société, ce fut pour eux une nécessité d'étendre leurs moyens de subsistance, et par conséquent de s'adonner à l'agriculture :or l'agriculture, pour être exercée, exigea l'observation et la connaissance des cieux. Il fallut connaître le retour périodique des mêmes opérations de la nature, des mêmes phénomènes de la voûte des cieux; en un mot, il fallut régler la durée, la succession des saisons, des mois, de l'année.
C.-F. DE VOLNEY, Les Ruines, 1791, pp. 223-224.
2. ... lorsque Raynal a dit du commerce, l'opposant à l'agriculture et aux arts : le commerce ne produit rien par lui-même, il ne s'était pas formé une idée complète du phénomène de la production. Raynal a commis dans cette occasion, relativement au commerce, la même erreur que les économistes relativement au commerce et aux manufactures. Ils disaient : l'agriculture seule produit; Raynal prétend que l'agriculture et les arts industriels seuls produisent. Il se trompe un peu moins, mais se trompe encore.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 63.
3. Est-ce un sermon, mon cher Forlis, que vous avez prétendu nous faire? Et l'agriculture dans la bouche d'un paysan! C'est un mot qui n'est connu que dans les villes. Si vous alliez dire à un laboureur qu'Il s'occupe d'agriculture, il serait aussi étonné que le bourgeois gentilhomme quand on lui apprend qu'il fait de la prose.
T. LECLERCQ, Proverbes dramatiques, La Répétition d'un proverbe ou Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, 1835, 5, p. 388.
4. « L'agriculture fut une suite naturelle de la multiplication du genre humain, et l'agriculture, à son tour, favorisa la population, et rendit nécessaire l'établissement d'une propriété permanente; car qui voudrait se donner la peine de labourer et de semer, s'il n'avait la certitude de recueillir? » (...)
« L'agriculture ne fut pas seule suffisante pour établir la propriété permanente; il fallut des lois positives, des magistrats pour les faire exécuter; en un mot, il fallut l'état civil. »
« La multiplication du genre humain avait rendu l'agriculture nécessaire; le besoin d'assurer au cultivateur les fruits de son travail fit sentir la nécessité d'une propriété permanente, et des lois pour protéger. »
P.-J. PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 182.
5. Le peuple grec (...) prétend qu'il n'est pas né pour l'agriculture :je crains bien qu'il n'ait raison. L'agriculture réclame plus de patience, plus de persévérance, plus d'esprit de suite que les Hellènes n'en ont jamais eu.
E. ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 63.
6. « Et qu'aurais-je à faire, Messieurs, de vous démontrer ici l'utilité de l'agriculture? Qui donc pourvoit à nos besoins? Qui donc fournit à notre subsistance? N'est-ce pas l'agriculteur?
G. FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 166.
P. ext.
a) Ensemble des personnes et des exploitations consacrées à cette activité :
7. Certainement, on finira par se résoudre à diminuer, au moins momentanément, les droits sur les blés étrangers, ce qui sera, d'ailleurs, déplorable et portera un coup très sensible à l'agriculture française, déjà si profondément atteinte.
F. COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, pp. 43-44.
b) Ensemble des techniques de culture agricole :
8. Il s'en faut cependant de beaucoup que les méthodes modernes d'agriculture aient été adoptées par l'ensemble des paysans. Ils continuent à travailler la terre, à faire la moisson et à fouler le blé avec les moyens primitifs et d'un savoureux pittoresque que j'ai décrits plusieurs fois dans ce livre. C'est heureux pour nous, spectateurs, ce l'est peut-être moins pour eux, bien que de si vieilles habitudes aient accoutumé les hommes aux mêmes efforts, avec la même lenteur.
A. T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 8.
2. En partic. L'activité agricole en tant que type d'activité humaine :
9. Seule, la vie sédentaire, directement ou indirectement, donne consistance à l'occupation du sol. Or l'agriculture est le seul régime qui ait à l'origine permis de cohabiter sur un point fixe et d'y concentrer le nécessaire pour l'existence. Toutefois n'est pas agriculteur celui qui, après avoir brûlé l'herbe, jette quelques poignées de grains et s'éloigne; mais celui qui amasse et fait des réserves. Le pasteur, dans les régions arides, essaie de faire subsister sans provisions assemblées d'avance, à la fortune des saisons, le plus d'animaux possible.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, p. 37.
10. ... Turgot, convaincu, comme l'avait été Sully, que l'agriculture était à la base de la richesse nationale, cherchait à la favoriser de diverses manières et en même temps à remédier au fléau des disettes par la liberté du commerce des blés. Là, il ne se heurta pas seulement aux intérêts, mais aux préjugés. Il fut accusé, lui, l'honnête homme, de faire sortir le grain du royaume comme Louis XV l'avait été du « pacte de famine ». Dans son programme de liberté, Turgot touchait d'ailleurs à d'autres privilèges, ceux des corporations de métiers, ce qui provoquait les colères du petit commerce. Ses préférences pour l'agriculture lui valaient aussi le ressentiment de l'industrie et de la finance.
J. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 10.
B.— Discipline scolaire ayant pour objet l'enseignement des techniques agricoles. Étudier l'agriculture; traité d'agriculture :
11. ... il étudiait l'agriculture. On l'avait envoyé dans une école spéciale à Alger pendant deux ans, et il en était revenu. Il faisait des expériences sur la vigne, parce que le père ne croyait pas à Notre-Dame pour la protéger du mildiou plus que du phylloxéra.
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 19.
École d'agriculture :
12. L'État a bien multiplié ses écoles d'agriculture. On y dispense une instruction professionnelle qui devrait peupler d'adeptes le monde rural.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 3, 1932, p. 184.
Rem. Dans cet emploi d'agriculture est commutable avec l'adj. agricole.
Arg. Agri :
a) École d'agriculture :
13. [R.,] ancien étudiant d'« agri », à Nantes.
M. FOMBEURE, Soldat, 1935, p. 79.
b) Ancien élève d'une École d'agriculture :
14. [H.,] un « agri », c'est-à-dire un ancien élève d'une école d'agriculture.
M. FOMBEURE, Soldat, 1935 p. 34.
C.— Emplois spéc.
1. [En parlant d'un organ. prof.] D'agriculture :
Chambre d'agriculture :
15. C'est ainsi que sont nés dans chaque État les Conseils de la Recherche qui, sous la présidence d'un ministre de cet État, hiérarchisent et coordonnent les besoins en recherches et en études scientifiques des Services techniques, des Chambres d'agriculture et d'industrie, des groupements de paysans et des syndicats de producteurs.
F. PERROUX, L'Économie du XXe siècle, 1964, p. 271.
Société d'agriculture :
16. Le gouvernement central ne se bornait pas à venir au secours des paysans dans leurs misères; il prétendait leur enseigner l'art de s'enrichir, les y aider et les y forcer au besoin. Dans ce but il faisait distribuer de temps en temps par ses intendants et ses subdélégués de petits écrits sur l'art agricole, fondait des sociétés d'agriculture, promettait des primes, entretenait à grands frais des pépinières dont il distribuait les produits.
A. DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856, p. 108.
2. [En parlant des affaires relevant de la compétence du Gouvernement ou du Parlement]
Budget de l'agriculture :
17. Jeudi 22 novembre. — La Chambre avait décidé de siéger matin et soir. La séance du matin, consacrée au budget de l'agriculture, fut levée à midi et quart.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 5, 1906-1907, p. 62.
Ministre, ministère, portefeuille de l'agriculture :
18. Un imbécile avec de la tenue! Tu l'as poussé dans la politique. C'était indiqué. Et encore tout ce que tu as pu en faire, c'est un ministre de l'agriculture et du commerce. Il n'y a pas tant de quoi te vanter!
É. PAILLERON, Le Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 7, p. 26.
19. Rougon avait enfin obtenu pour Delestang le portefeuille de l'agriculture et du commerce. Un matin, dans les premiers jours de mai, il alla rue du Colisée prendre son nouveau collègue. Il devait y avoir conseil des ministres à Saint-Cloud, où la cour venait de s'installer.
É. ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, p. 273.
20. Il s'était adonné à l'agriculture; à l'agriculture en chambre. Il y a comme cela des généraux en chambre, — tous ceux qui naissent, vivent et meurent sur les ronds de cuir du ministère de la Guerre, ne le sont-ils pas? — des marins en chambre, voir au ministère de la Marine, — des colonisateurs en chambre, etc., etc. Il avait donc étudié l'agriculture, mais il l'avait étudiée profondément, dans ses rapports avec les autres sciences, avec l'économie politique, avec les arts (...). On le citait dans les Revues techniques; sa femme avait obtenu qu'il fût nommé membre d'une commission au ministère de l'Agriculture.
G. DE MAUPASSANT, Contes et Nouvelles, t. 1, Le Gâteau, 1882, pp. 774-775.
Rem. 1. Par ell., l'agriculture peut également désigner le portefeuille ministériel de l'agriculture :
21. Et la distribution laborieuse des portefeuilles recommença. Le comte Martin reçut d'abord les Travaux publics, qu'il refusa, faute de compétence, et ensuite les Affaires étrangères, qu'il accepta sans objection. Mais M. Berthier d'Eyzelles, à qui Garain offrait le Commerce et l'Agriculture, se réserva. Loyer fut mis aux Colonies.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 339.
Rem. 2. De l'agriculture n'est pas commutable avec l'adj. agricole.
3. PEINT., SCULPT., L'Agriculture. ,,Femme couronnée d'épis, avec une charrue à côté d'elle et tenant les deux mains sur une bêche.`` (BESCH. 1845) :
22. L'allégorie est parente de la théologie païenne; l'Agriculture n'est que la déesse des moissons.
ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 223.
23. Elle glissa la lettre sous la pendule, donna encore un coup de chiffon à l'Agriculture et à l'Industrie, puis replaça le globe de verre en prenant soin de faire entrer la section dans la rainure.
M. AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 231.
Stylistique — Emplois plais. du mot.
Vulg. Une Agriculture :
24. Le célèbre apophtegme de Sully sur le labourage et le pâturage les deux mamelles de la France est présent à l'esprit de l'ouvrier parisien qui baptise Agriculture une femme aux puissantes mamelles.
D. POULOT, Le Sublime ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être, 1872, p. 116.
Par métalepse :
25. Un vieux mot réédité ce soir, mais vraiment drôle, un mot sur la Vénus de Milo, dénommée maintenant la déesse de l'Agriculture, l'agriculture manquant de bras.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, févr. 1890, p. 1134.
Prononc. :[]. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — Fin XIIIe s. (Trad. de Remedia Amoris d'Ovide, 400, éd. Koerting ds T.-L.); 1343 « culture de la terre » (A.N. JJ 75, f° 30 r° ds GDF. Compl. :Mettre [le bois] a labour et agriculture).
Empr. au lat. agricultura « id. » (VARRON, Ling. 1, 2, 13 ds TLL s.v., 1426, 56 : qui de agricultura scripserunt).
STAT. — Fréq. abs. litt. :727. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 1 818, b) 1 262; XXe s. : a) 650, b) 472.
BBG. — Arts mét. 1766. — BAL.-MAQ. 1968. — BAUDHUIN 1968. — BÉL. 1957. — Bible 1912. — BLANCHE 1857. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — Comm. t. 1 1837. — DAIRE 1759. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 10. — DELORME 1962. — FÉR. 1768. — HETMAN 1969. — Lar. comm. 1930. — LAVEDAN 1964. — MARCEL 1938. — PARAIN (C.). Un Mot du vocabulaire de synthèse historique : agriculture. R. de synthèse. 1956, t. 77, n° 1, pp. 43-54. — PLAIS.-CAILL. 1958. — Pol. 1868. — PRÉV. 1755. — PRIVAT-FOC. 1870. — PUJOL 1970. — RÉAU-ROND. 1951. — RÉAU-ROND. Suppl. 1962. — ROMEUF t. 1 1956. — SUAVET 1963.

agriculture [agʀikyltyʀ] n. f.
ÉTYM. Fin XIIIe; du lat. agricultura. → Agricole.
1 Culture, travail de la terre; par ext., production des plantes et des animaux utiles fournissant les denrées alimentaires et les matières premières d'autres industries. Culture; apiculture, arboriculture, aviculture, horticulture, pisciculture, sériciculture, sylviculture, viticulture; élevage; primaire (secteur primaire). || Le régime juridique en agriculture. Faire-valoir, fermage, métayage, propriété. || Les travaux et les produits de l'agriculture. Agricole. || L'agriculture d'aujourd'hui. → Monoculture, cit. 2.
1 Le premier et le plus respectable de tous les arts (techniques) est l'agriculture (…)
Rousseau, Émile, III, p. 216 (→ Métier, cit. 8).
2 L'agriculture alimente l'industrie, et l'industrie enrichit l'agriculture.
Fustel de Coulanges, Leçons à l'Impératrice, p. 15.
3 Un vieux mot réédité ce soir, mais vraiment drôle, un mot sur la Vénus de Milo, dénommée maintenant la déesse de l'Agriculture, l'agriculture manquant de bras.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, févr. 1890, p. 1134.
D'agriculture. || Chambre d'agriculture, société d'agriculture. || Académie d'agriculture.
Les affaires agricoles (d'un pays). || Ministère, budget de l'Agriculture.L'Agriculture : le ministère de l'Agriculture.
Par métonymie. Ensemble des agriculteurs et des exploitations agricoles. || L'agriculture française, italienne, chinoise se réorganise.
Techniques agricoles. || Méthodes d'agriculture. || Une agriculture archaïque, moderne.
2 Type d'activité et d'organisation sociale où la culture de la terre est prépondérante.
3 Discipline qui étudie et enseigne les techniques agricoles, l'économie agricole. Agronomie; agro- (et comp.). || Traité d'agriculture. || École d'agriculture. Agri (fam.).

Encyclopédie Universelle. 2012.