corser [ kɔrse ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Donner du corps, de la consistance à. Corser du vin, en y ajoutant de l'alcool.
2 ♦ Fig. Corser l'action d'une pièce, l'intrigue d'un drame, la renforcer, en accroître l'intérêt. — Pronom. L'affaire, l'histoire se corse, elle se complique, devient plus importante, plus intéressante.
⊗ CONTR. Affaiblir, édulcorer.
● corser verbe transitif (ancien français cors, corps) Rendre une histoire, une action, etc., plus intéressante, plus piquante ou plus scabreuse. Additionner un vin d'alcool. Rehausser le goût d'une préparation par l'adjonction d'ingrédients ou par réduction. ● corser (homonymes) verbe transitif (ancien français cors, corps) corset nom masculin
corser
v. tr. Donner de la force, de la consistance. Corser un plat avec des épices.
— Par ext. Corser un récit.
|| v. Pron. Fam. ça se corse: ça se complique; ça devient intéressant.
⇒CORSER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— 1. Donner plus de corps à quelque chose, le renforcer, le rendre plus consistant. [Aliments] Corser un repas, une ration; corser une sauce en ajoutant des épices; corser le potage de pommes de terre; corser le café d'un petit rhum ou d'un cognac. Rendre plus important (avec l'idée d'un accroissement imprévu, anormal, illicite...). Corser une facture, une note d'honoraire; corser une promenade par la visite de quelques monuments. Je lui donne quelques inédits pour corser sa brochure (BLOY, Journal, 1901, p. 60) :
• 1. Henry, pour corser le dossier Dreyfus, avait proposé à ses chefs d'y introduire quelques faux.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 406.
— Spéc., PEINT. Corser un vernis. Le rendre plus épais.
2. P. ext. Rendre plus fort.
a) GASTR. Donner un goût plus fort. Corser un plat avec des épices; corser un apéritif, un cocktail; corser un punch en ajoutant du rhum. Synon. assaisonner, relever. On fit apporter la bouteille de vinaigre sur la table, pour corser le beurre noir, qui semblait fade (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 83).
b) Au fig., fam. Rendre plus expressif, rendre truculent, piquant. (Dans l'expr. langagière) Corser un roman de quelques scènes osées; corser une histoire, un feuilleton, une pièce, un dénouement; corser son langage d'expressions argotiques.
B.— Rendre plus complexe, compliquer. Corser un exercice par quelques questions supplémentaires; corser un récit, une intrigue, un roman policier. Il ne s'agissait pas ici de corser les choses (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 275). Tout cela corsait le problème (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 239). Corneille [à propos d'Andromaque] a cru devoir corser cette situation déjà assez compliquée (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 301).
— Spéc., CRIT. LITTÉR. Corser son roman, son chapitre, sa dissertation. Corser un article, une pièce, un acte, le dénouement. Les travailler, les étoffer, les élaborer plus que d'ordinaire (cf. corsé II B 3).
II.— Emploi pronom.
A.— [En parlant de graines] Prendre corps, croître après germination. Afin que le grain achevât de se dilater sous la rosée et de se corser au soleil (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 83).
— P. anal. [En parlant du vin] Prendre du corps :
• 2. Le jus de la treille aime cela [être mis en bouteille], et sans ces entourloupettes et manigances, peut-être qu'il ne mettrait pas tant de complaisance à se corser, à se velouter, à se corporifier.
A. ARNOUX, Calendrier de Flore, 1946, p. 216.
B.— Emploi intensif
1. Devenir plus consistant, plus intense. Les repas, les menus se corsent; la promenade se corse. Le beau temps de la veille s'était corsé et il faisait un soleil vigoureux (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 69).
2. Devenir truculent, piquant. L'histoire, l'intrigue se corse; son vocabulaire se corse d'emprunts argotiques (cf. corser I A 2 b).
3. Devenir plus compliqué. L'affaire, l'intrigue, le problème se corse. Décidément, ça se corsait! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 3, p. 36). Cette délicieuse inquiétude d'épiderme qui vous saisit quand l'action se corse (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 105).
Prononc. et Orth. :[], (je) corse []. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1455-56 [ms.] courser « lutter en saisissant à bras-le-corps » (Florence de Rome, [ms. Bibl. nat. fr. 24384] 2578 ds T.-L.); 1572 corser [date éd.] (J. A. DE BAIF, Les amours ds GDF. Compl.); 2. [1819 corsé part. passé adj. « qui a du corps » BOISTE d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1829 « id. (en parlant d'une femme) » (STENDHAL, Corresp., t. 2, p. 488); d'où fig. a) 1830 « qui a de l'importance » une érudition corsée (BALZAC, Bal Sceaux, p. 132); 1830, 15 avr. un dîner corsé (ID., Œuvres diverses, t. 2, p. 10); b) 1838, 24 mars « qui a un goût relevé » un bordeaux corsé (STENDHAL, op. cit., t. 3, p. 210); 1846 fig. « amusant, piquant » (BALZAC, La Cous. Bette, p. 343). B. 1782 « qui porte un corset » demoiselles corsées (Tableau de Paris, t. 4, p. 115 ds Fr. mod.,t. 24, p. 220); qualifié de ,,peu usité`` ds Lar. 19e; de ,,vx`` ds Lar. Lang. fr. Dér. de la forme a. fr. cors de corps; dés. -er. Fréq. abs. littér. :66.
corser [kɔʀse] v. tr.
ÉTYM. V. 1860-1870 (un ex. de Scribe, in P. Larousse); au p. p., v. 1820; repris du moy. franç. corser, 1572; courser « prendre, saisir au corps », 1455; de cors. → Corps.
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1 Donner du corps, de la consistance à (qqch.). || Corser du vin, en y ajoutant de l'alcool. || Corser un repas, le rendre plus copieux, plus savoureux.
♦ Peint. || Corser un vernis, l'épaissir.
♦ Par ext. Rendre plus fort. || Corser un mets avec des épices.
0.1 (…) nous achetions à pleins couffins la laide orange d'été, pour presser sa chair petite et pâle, corser son jus en le mêlant à celui du citron frais cueilli.
Colette, Flore et Pomone, in Gigi, p. 162.
2 Abstrait. || Corser l'action d'une pièce, l'intrigue d'un drame, d'un roman, la renforcer, l'intensifier, en accroître l'intérêt. || Corser son récit, le rendre énergique, ou y ajouter des détails piquants. ⇒ Étoffer. || Corser un dossier (Clemenceau, 1899, in T. L. F.).
1 La Guillaumette scandant ses mots pour en corser l'énergie (…)
Courteline, le Train de 8 h 47, p. 31.
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se corser v. pron. (plus cour.).
1 Devenir plus consistant. || Les repas se corsent.
♦ (En parlant d'un vin). Prendre du corps.
2 L'affaire, l'histoire se corse, elle se complique, devient plus importante, plus intéressante, plus piquante.
2 (…) un vaudeville joyeux s'ébauche à la cuisine, se mue, dans la salle à manger, en pantomime sacrée, se corse d'un peu de drame au jardin, et se mouille de larmes, le soir, au coin du feu.
Colette, la Paix chez les bêtes, Poucette, p. 30.
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corsé, ée p. p. adj.
1 (1819). Vx ou régional. Qui a un corps robuste.
2.1 Cet homme mince, maigre, alerte, bien corsé, toujours debout, infatigable, trempé comme l'acier et souple comme un fleuret.
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. III, 1863-1869, p. 107, in T. L. F.
2 (1830). Qui a plus de consistance. || Repas corsé, plantureux, riche, bien arrosé.
♦ Vin corsé, rendu plus fort par addition d'alcool. — (1838). || Sauce très corsée, très relevée. — Corsé de… : renforcé par… || Café corsé de calvados.
♦ Techn. || Vernis corsé, épais. — Drap corsé, qui a de l'étoffe, qui est épais, solide.
3 (1830, « une érudition corsée », Balzac). Vieilli. Qui a de l'importance, du « corps », de la force.
♦ Mod. || Affaire corsée, compliquée.
3 Pour m'introduire dans une intrigue aussi corsée, je suis décidément un peu jeune.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, XIV, p. 163.
♦ Très fort. || Critique corsée, maladie corsée.
4 Spécialt (plus cour.). Scabreux. ⇒ Épicé, piquant, salé. || Une histoire un peu corsée.
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CONTR. Affaiblir, diminuer, édulcorer, modérer, tempérer.
Encyclopédie Universelle. 2012.