contenance [ kɔ̃t(ə)nɑ̃s ] n. f.
• 1080, sens II; de contenir
I ♦
1 ♦ (XIIIe) Vx ou techn. Superficie (d'un champ; d'un terrain). Une contenance de cent hectares.
2 ♦ (XVIIe) Cour. Quantité de ce qu'un récipient (⇒ contenant) peut contenir. ⇒ capacité, volume. Contenance d'une bouteille, d'un réservoir, d'une citerne. Contenance d'un navire, d'un pétrolier. ⇒ tonnage. Armoire d'une grande contenance.
II ♦ (de contenir « se comporter » en a. fr.) Manière de se tenir, de se présenter. ⇒ 2. air, allure, attitude, maintien, 1. mine. Contenance assurée, ferme, fière. ⇒ aplomb, assurance, prestance. Contenance humble, modeste, embarrassée, gênée. « je m'efforçais de garder une aimable contenance » (Bosco). — Loc. Se donner, prendre une contenance, une attitude servant à déguiser son embarras. Perdre contenance : être subitement déconcerté, confus; se démonter, se troubler. ⇒ se décontenancer. Faire bonne contenance : ne pas se déconcerter, garder son sang-froid, et par ext. montrer du courage, de la fermeté. Faire bonne contenance devant le gagnant du titre.
● contenance nom féminin (de contenir) Quantité que peut contenir quelque chose ; capacité : La contenance d'un tonneau. Vieux. Étendue, superficie : Parc d'une contenance de trois cents hectares. Manière qu'a quelqu'un de se tenir en telle ou telle circonstance ; attitude : Ne pas savoir quelle contenance prendre. ● contenance (citations) nom féminin (de contenir) Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Ils envoient leur conscience au bordel et tiennent leur contenance en règle. Essais, IV, 5 ● contenance (expressions) nom féminin (de contenir) Faire bonne contenance, montrer de la fermeté, du courage ou de l'aplomb dans une situation difficile ou délicate. Perdre contenance, perdre son sang-froid, être embarrassé, intimidé, se démonter. Se donner une contenance, adopter une attitude, un comportement susceptibles de masquer son trouble, sa timidité. ● contenance (synonymes) nom féminin (de contenir) Quantité que peut contenir quelque chose ; capacité
Synonymes :
- capacité
- jauge
- tonnage
- volume
Étendue, superficie
Synonymes :
- surface
Manière qu'a quelqu'un de se tenir en telle ou telle...
Synonymes :
- air
- allure
- attitude
- figure
- maintien
- mine
- tenue
- tournure
contenance
n. f.
d1./d Capacité, étendue, superficie. La contenance d'un vase.
d2./d Maintien, posture. Ne savoir quelle contenance prendre: ne savoir quelle attitude adopter.
— (En loc.) Perdre contenance: être embarrassé.
I.
⇒CONTENANCE1, subst. fém.
[À propos d'inanimés concr.; correspond à contenir I] Ce qui peut être contenu dans les limites d'un contenant, contenu virtuel (p. oppos. au contenu réel). (Quasi-)synon. capacité, volume. Une chaudière de la contenance d'un hectolitre (BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 339). Il faudrait savoir la contenance de la mesure de blé dont on nous donnerait le prix, afin de connaître son rapport avec nos mesures de capacité actuelles (SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 289). Une ou deux bottilles de muscat (qui sont de petits barils plats en mélèze, de la contenance d'un pot, ou un litre et demi) (RAMUZ, La Grande peur dans la montagne, 1926, p. 15) :
• 1. ... le bas-ventre troué et emmanché d'une cannelle de grès, ces barriques armoriées d'un blason royal, étalaient sur des étiquettes en couleur le nom de leur cru, la contenance de leurs flancs, le prix de leur vin, acheté à la pièce, à la bouteille, ou dégusté au verre.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 174.
— P. ext., rare
♦ Fam. [À propos d'un animé] Capacité d'absorption. Quand il eut mangé à sa contenance, il refusa d'avaler un morceau de plus (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Saint-Antoine, 1883, p. 197).
♦ Étendue réelle contenue dans certaines limites spatiales. (Quasi-)synon. superficie, surface. Toute la bande le long de la route où se forme la pente, d'une contenance de trois hectares environ (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 159) :
• 2. Pas de groupe, même au plus bas degré de l'échelle sociale, qui n'ait et ne revendique âprement son territoire. On dit que les plus humbles peuplades australiennes avaient l'habitude de déterminer par des pierres ou certaines marques connues les espaces dont la contenance pouvait pourvoir à leurs besoins de chasse, de cueillette, de provisions d'eau et de bois. L'étendue suppléant à l'insuffisance, ce sont en général les groupes les plus indigents qui réclament le plus d'espace.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 35.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740-1932.
II.
⇒CONTENANCE2, subst. fém.
[À propos d'animés; correspond partiellement à contenir II]
A.— Attitude extérieure exprimant une manière d'être voulue, précise, propre à une personne qui se surveille devant autrui. Sa manière de marcher, sa contenance, avaient quelque chose de particulier; dans d'autres occasions, on aurait pu lui souhaiter plus de grandeur; mais il suffisait, dans ce moment, de rester en tout le même pour paraître sublime (Mme DE STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 1, 1817, p. 382). Sa contenance sévère et digne, quoique affable, imprimait le respect (BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 163). Malgré tant de désavantages, malgré sa prestance de planche, elle tenait de son éducation et de sa race un air de grandeur, une contenance fière (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 113) :
• 1. L'homme inspirait la sympathie : Ni trop humble, ni enflé de vanité, ni intimidé par la Majesté, ni arrogant, il gardait dans sa contenance du goût et de la mesure...
A. ARNOUX, Rêverie d'un policier amateur, 1945, p. 80.
SYNT. Avoir, garder, perdre, prendre, tenir contenance; ne savoir quelle contenance tenir.
♦ Faire bonne, mauvaise contenance. Témoigner ou non de la fermeté. Nous étions sans armes. Cependant nous fîmes bonne contenance (ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 389). P. ext. Garder ou non son sang froid. [Elle] cherchait à faire bonne contenance, mais elle était au fond fort intimidée (DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 311).
B.— Souvent péj. Attitude extérieure qui correspond à une manière d'être (trop) étudiée, artificielle, pour en imposer. Elle portait ce joug insupportable en se divertissant de son mieux, nous dit-elle, sans confier sa peine à qui que ce fût et en affectant bonne contenance (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 92). Quoiqu'il fût gai, presque jovial même, il se donnait un peu trop, par sa contenance, l'air d'un homme important (BALZAC, Ursule Mirouet, 1841, p. 37). Il mit avec une sage lenteur un de ses gants avant de remonter en voiture, pour se donner une contenance (BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 50). Le maintien est pour marquer les égards dûs aux hommes, la contenance est pour leur en imposer (Ch. DE BUSSY, L'Art dramatique, 1866, p. 263). Elles [les Muses de Le Sueur] regardent doucement (...) se donnant une contenance par l'attribut qu'elles tiennent : masque, lyre (...) comme par un éventail dont on jouerait négligemment (T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 169). Elle s'était assise de biais, au coin d'une table reculée, et, pour se prêter contenance, feuilletait distraitement un album (GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 843) :
• 2. Même quand ils [les personnages de Racine] ne se veulent pas de mal, ils s'en font. Par nature, par entraînement; par habitude, par exercice; par maintien, par cette contenance; par désœuvrement, le pire de tout; par attitude prise, gardée; par une attitude de cœur. Par goût acquis, gardé. Et ils finissent toujours par se vouloir du mal. Ne fût-ce que de s'en faire et de s'en être fait.
PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 778.
♦ Loc. Par (manière de) contenance. Il tenait par contenance un excellent fusil à deux coups (SUE, Atar Gull, 1831, p. 5). Elle ne mangeait que par contenance (ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, p. 280). L'œil à peu près fixe, ne sachant que dire; par contenance, les mains dans les poches et se dandinant devant nous (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1862, p. 1076). Assis sur un coffre branlant les jambes, sans dire mot et filant sa moustache par manière de contenance (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 205).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Ca 1100 « manière de se tenir, de se comporter » (Roland, éd. J. Bédier, 3006); XIIIe s. perdre contenanche (Clef d'Amour, 1007 ds T.-L.). B. XIIIe s. [ms.] « étendue de quelque chose » (Comput [ms. B.N. 7929], f° 19 ds LITTRÉ); 1690 « capacité, volume de quelque chose » (FUR.). Dér. du rad. du part. prés. de contenir; suff. -ance; le lat. continentia présente à basse époque le sens de « contenu, contenant » et au XIe s. celui de « contenance, maintien ».
STAT. — Contenance 1 et 2. Fréq. abs. littér. :642. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 230, b) 865; XXe s. : a) 770, b) 753.
BBG. — LEW. 1960, p. 57.
contenance [kɔ̃tnɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1080, sens II; de contenir.
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1 (XIIIe). Vx ou techn. Superficie (d'un champ; d'un terrain). || Cette propriété a une contenance totale, est d'une contenance de cent hectares.
2 (XVIIe). Cour. Quantité de ce qu'un récipient (⇒ Contenant) peut contenir. ⇒ Capacité, contenu, mesure, volume. || La contenance d'une bouteille, d'une barrique, d'un réservoir. || Contenance d'un navire. ⇒ Tonnage. || Caisse d'une grande contenance.
3 Fig. et vieilli. Capacité d'absorption. || Manger à sa contenance.
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II (De contenir « se comporter », en anc. franç.). Manière de se tenir, de se présenter. ⇒ Air, allure, attitude, maintien, mine. || La contenance de qqn, sa contenance. || Avoir une contenance assurée, ferme, fière. ⇒ Aplomb, assurance, prestance. || Contenance humble, modeste, embarrassée, gênée, contrite. || Une contenance humiliée (→ Bas, cit. 11). || Contenance étudiée, empruntée, forcée, ridicule (⇒ Affectation).
♦ ☑ Loc. (plus cour.). Se donner, prendre une contenance : se donner un maintien, déguiser son embarras. || Ne plus savoir quelle contenance avoir, adopter, prendre, garder, tenir (→ Ne savoir sur quel pied danser). ☑ Perdre contenance : être subitement déconcerté, décontenancé, confus. ⇒ Démonter (se), troubler (se). || Reprendre contenance (→ Abattement, cit. 6). ☑ Faire bonne contenance : ne pas se déconcerter, garder son sang-froid, et, par ext., montrer du courage, de la fermeté. || Faire bonne contenance devant l'ennemi. ☑ Faire qqch. par contenance, pour se donner une contenance, pour avoir un air naturel.
1 Socrate montra si bonne contenance, que ceux qui poursuivaient les fuyards n'eurent jamais l'audace de l'attaquer.
2 (…) car je le vis tout à coup pâlir, balbutier, perdre contenance (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, XIII, p. 163.
3 (…) avec la contenance gênée de l'homme tombé mal à propos dans une discussion de ménage.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, Ier tableau, II, p. 37.
4 Cet examen m'irritait un peu, mais je m'efforçais de garder une aimable contenance; et je souriais avec effort.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 175.
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COMP. Décontenancer.
Encyclopédie Universelle. 2012.