civiliser [ sivilize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1568; de civil
1 ♦ Faire passer (une collectivité) à un état social plus évolué (dans l'ordre moral, intellectuel, artistique, technique) ou considéré comme tel. ⇒ civilisation; affiner, dégrossir, éduquer, policer. Les Grecs ont civilisé l'Occident. « L'art civilise par sa puissance propre » (Hugo).
2 ♦ Fam. Rendre (qqn) plus poli, plus affable. ⇒ apprivoiser, polir. Le contact des autres l'a un peu civilisé. — Pronom. Il se civilise un peu.
⊗ CONTR. Abrutir.
● civiliser verbe transitif (de civil) Faire participer quelqu'un, un peuple à une certaine civilisation. ● civiliser (citations) verbe transitif (de civil) George Meredith Portsmouth 1828-Box Hill 1909 Je pense que la Femme sera la dernière chose civilisée par l'Homme. I expect that Woman will be the last thing civilized by Man. L'Épreuve de Richard Feverel ● civiliser verbe transitif (de civil) Littéraire. Rendre quelqu'un plus poli, plus affable, lui apprendre les bonnes manières. ● civiliser (synonymes) verbe transitif (de civil) Littéraire. Rendre quelqu'un plus poli, plus affable, lui apprendre les bonnes...
Synonymes :
- dégrossir
- éduquer
- élever
- policer
civiliser
v. tr.
d1./d Amener à plus de raffinement l'état intellectuel, moral, matériel (d'un pays, d'un peuple).
d2./d Rendre civil, sociable.
⇒CIVILISER, verbe trans.
A.— Vx ou littér. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Rendre plus civil, plus conforme aux exigences de la vie en société :
• 1. ... Miss Lydia s'était proposé une noble tâche, celle de civiliser cet ours [le jeune Orso] des montagnes (...). Depuis qu'elle avait pris la peine de l'étudier, elle s'était dit (...) que pour elle il serait glorieux de convertir un Corse.
MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 27.
— Emploi pronom. à valeur passive ou intrans. Se civiliser. Devenir plus apte à la vie en société, devenir plus raffiné. Ma grosse fille (...) commença (...) à se civiliser avec ses compagnes. Mais elle resta longtemps sauvage avec les personnes du dehors (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 309).
Rem. Les dict. gén. signalent en outre comme vieilli le sens jur. ,,Convertir en procès civil un procès qui se poursuivait au criminel`` (CAP. 1936).
B.— Usuel. [Le compl. désigne une collectivité (nation, peuple)] Faire passer d'une condition primitive à un état de plus haut développement matériel, intellectuel, social. Civiliser un peuple, un pays.
Rem. Il ne semble pas que le développement moral soit toujours impliqué dans le sémantisme du verbe (cf. aussi rem. sur civilisateur).
1. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] :
• 2. Sa grande idée [de Charlemagne] était d'en finir avec la Germanie, de dompter et de civiliser ces barbares, de leur imposer la paix romaine.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 37.
2. [Le suj. désigne une manifestation de l'esprit, une force hum. de nature intellectuelle ou spirituelle, éventuellement suggérée par le cont.] Jamais (...) il [l'auteur] ne perd un seul instant de vue le peuple que le théâtre civilise (HUGO, Marie Tudor, avertissement, 1833, p. IV) :
• 3. Il a fallu l'alliance du stoïcisme et du platonisme dans le christianisme (...) pour civiliser les barbares. C'est en s'élevant vers la chasteté absolue, la pureté absolue, l'indépendance absolue, l'isolement absolu de l'humanité; c'est par la renonciation au monde, le célibat et les couvents, que le type humain s'est d'abord perfectionné.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 1, 1840, p. 97.
— Péj. (au regard de la critique morale). Un peuple sauvage et pourri que nous civilisons, en lui donnant nos vices (A. DAUDET, Tartarin de Tarascon, 1872, p. 119).
— Emploi pronom. à valeur passive ou intrans. Devenir civilisé :
• 4. ... les animaux se domestiquent, les enfants atteignent l'âge de raison, les sauvages se civilisent, les fous guérissent, les poètes s'oublient.
ÉLUARD, Donner à voir, 1939, p. 92.
♦ P. iron. Une étable fut construite (...) et compta bientôt plusieurs petits pécaris en train de se civiliser, c'est-à-dire de s'engraisser (VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 293).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. et adj. civilisant, ante. Qui vise à civiliser (supra B). Synon. péj. de civilisateur. Alexandre Verri (...) exècre Napoléon, non pas pour sa manie de trôner, mais (...) pour ses réformes civilisantes (STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 120).
Prononc. et Orth. :[sivilize]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1568 civilisé « rendu civil, sociable » (LOYS LE ROY, Polit. d'Aristote, 75 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 455); 2. fin XVIe s. dr. « porter un procès devant un tribunal civil » (Var. hist. et litt., V, 124 ds HUG.), répertorié dep. COTGR. 1611, vielli ds Ac. 1835; 3. 1791 homme civilisé opposé à anthropophage (VOLNEY, Les Ruines, p. 102). Dér. de civil, suff. -iser. Fréq. abs. littér. :119.
DÉR. Civilisable, adj. a) Qui peut être rendu plus civil (supra A). P. métaph. [En parlant d'un animal ou d'un élément de la nature] Dont l'état sauvage initial peut être (re)dressé en vue des besoins ou de l'agrément de l'homme. La Seine, fleuve civilisable (MICHELET, Journal, 1833, p. 109). Il [le rossignol] est non-seulement le plus inspiré, mais le plus éducable, le plus civilisable, le plus laborieux (MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 252). b) Qui peut être civilisé (supra B). — []. — 1re attest. fin XVIIIe-début XIXe s. (Cuvier ds Lar. 19e); de civiliser, suff. -able. — Fréq. abs. littér. : 2.
civiliser [sivilize] v. tr.
❖
1 Faire passer (une collectivité, ses membres) à un état social plus évolué (ou considéré comme tel), dans l'ordre moral, intellectuel, artistique, technique. ⇒ Civilisation; affiner, améliorer (cit. 1), dégrossir, éduquer, policer. || Les Grecs ont civilisé l'Occident. — Pron. || Un peuple, une nation qui se civilise.
1 L'art civilise par sa puissance propre.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, Utilité du beau.
REM. L'emploi de ce mot relève d'une conception exclusive et généralement ethnocentrique de la « civilisation », jugée du point de vue de la culture qui s'exprime.
2 Fam. Rendre (qqn) plus poli, plus affable. ⇒ Apprivoiser, polir. || Il faut civiliser ce butor. — Pron. || Il se civilise à votre contact.
——————
civilisé, ée p. p. adj. et n.
♦ Doté d'une civilisation, d'une culture élaborée ou jugée telle. ⇒ Cultivé, éduqué, poli, policé. || Peuple, pays civilisé. || L'homme civilisé.
2 Le Sauvage n'a que des sentiments, l'homme civilisé a des sentiments et des idées.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 165.
3 Il y a chez le Slave un côté enfant, comme chez tous les peuples primitivement sauvages, et qui ont plutôt fait irruption chez les nations civilisées qu'ils ne se sont réellement civilisés.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., p. 331.
3.1 (…) il peut foutre
Debout comme un singe avisé;
Il est donc très-civilisé.
Baudelaire, Amœnitates belgicæ, « La civilisation belge ».
4 Il (Gœthe) naît dans une époque, dont nous savons aujourd'hui qu'elle fut délicieuse. Il s'élève dans ce siècle de plaisirs et d'encyclopédie; où, pour la dernière fois, les conditions les plus exquises de la vie civilisée se sont trouvées réunies.
Valéry, Variété IV, p. 101.
5 Comme dans toutes les nations du monde, moins les gens sont civilisés, plus ils méprisent les étrangers.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, p. 127.
♦ N. (rare au fém.). || Un civilisé. || Les civilisés.
6 La Russie c'est la seconde « bête noire » de Talleyrand : il a pour les Russes une sorte d'horreur de civilisé raffiné pour un « peuple de barbares ».
Louis Madelin, Talleyrand, II, IX, p. 106.
❖
CONTR. Abrutir, animaliser, bestialiser. — Barbare, brut, inculte, primitif, sauvage. — (Du p. p.). Incivilisé.
DÉR. Civilisable, civilisateur, civilisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.