humaniser [ ymanize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1559; de humain, d'apr. lat. humanus
1 ♦ Vx Mettre à la portée de l'être humain. « Humanisez votre discours, et parlez pour être entendu » (Molière).
2 ♦ Littér. Donner la nature humaine à. « Humaniser le Christ et diviniser l'homme » (Lamartine).
3 ♦ Rendre (qqn) plus humain, plus sociable, plus civilisé. ⇒ adoucir, apprivoiser, civiliser. — Pronom. Personne qui s'humanise, devient plus sociable.
♢ Rendre (qqch.) plus supportable, plus adapté à l'homme. Humaniser les prisons, les conditions de travail. — Pronom. Les villes s'humanisent.
⊗ CONTR. Déshumaniser.
● humaniser verbe transitif Rendre quelque chose plus humain, plus supportable à l'homme : Humaniser les conditions de travail. Rendre quelqu'un accessible à la pitié, lui inspirer de l'intérêt, de la compassion : Ses malheurs personnels l'ont un peu humanisé. ● humaniser (synonymes) verbe transitif Rendre quelque chose plus humain, plus supportable à l'homme
Synonymes :
- adoucir
Rendre quelqu'un accessible à la pitié, lui inspirer de l'intérêt...
Synonymes :
- apitoyer
- dégrossir
- désarmer
- policer
- toucher
Contraires :
- déshumaniser
humaniser
v. tr.
d1./d Rendre plus civilisé, plus sociable. Sa profession l'a humanisé.
|| v. Pron. Son caractère s'humanise.
d2./d Rendre moins dur, plus supportable. Humaniser un régime pénitentiaire.
|| v. Pron. Un environnement qui s'humanise.
⇒HUMANISER, verbe trans.
A. — [Correspond à humain I B] Rendre humain.
1. Donner la forme, la nature humaine (à un être, une chose, une divinité). Michelet aime les plantes, les insectes, les montagnes et il en fait des personnes; il les humanise (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898, p. 53). Elle était d'une beauté très différente, plus terrestre et comme humanisée; l'angélique candeur de la miniature le cédait à une langueur passionnée (GIDE, Isabelle, 1911, p. 654).
2. Rare. [En parlant d'une chose] S'humaniser. Rappeler l'homme, une présence humaine. L'odeur d'air froid et de prairie s'humanisait d'un parfum de tabac (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 212).
B. — Rendre plus humain.
1. [Correspond à humain I C 1] Mettre quelqu'un ou quelque chose à la portée de l'homme.
a) Humaniser qqn. La diminuer [Sophie], en somme, (...) l'humaniser un peu à notre mesquine mesure (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 585).
b) Humaniser qqc. M. de Laprade, avec ses dons de poète noble (...) n'est jamais parvenu à passionner sa poésie, à l'humaniser suffisamment (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 5). Un retour au vieil idéalisme, élargi, assoupli, humanisé et libéré de certaines étroitesses condamnées (Art et litt., 1936, p. 42-8).
c) S'humaniser :
• Quand il [le vase grec] raconte les aventures de guerre ou interprète les vieux mythes, il s'humanise délicieusement.
FAURE, Hist. art, 1909, p. 129.
2. [Correspond à humain I C 2] Policer, rendre moins frustre, plus doux.
a) Humaniser qqn
) Civiliser, faire perdre son caractère primitif. Humaniser beaucoup de nations anthropophages (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 192). L'enfant perdait sa sauvagerie, tu l'humanisais (ZOLA, Faute abbé Mouret, 1875, p. 1452).
) Rendre plus doux, plus compatissant. C'est ce tyran qu'il faut humaniser, diriger (MICHELET, Journal, 1857, p. 325).
b) Humaniser qqc. Humaniser des conditions de travail. Deux charmants bijoux de chair humanisèrent ce temps inhumain et grotesque (...) la flexible Joséphine et la belle Paulette (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 165). N'est-il pas nécessaire de nous confier un peu vos machines pour voir si nous saurons les humaniser (COCTEAU, Lettre Amér., 1949, p. 29).
c) S'humaniser. Devenir plus doux, plus compréhensif. Victoire prit le parti de le railler avec esprit et douceur, et il parut s'humaniser un peu au dessert (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 472).
— Se civiliser. À cet endroit, les broussailles s'humanisaient en cultures (Ch.-A. CINGRIA, Œuvres compl., t. 1, L'Âge d'homme, Lausanne, 1928, p. 141).
REM. Humanisable, adj. Que l'on peut humaniser. Ce je ne sais quoi de rude, de peu humanisable, d'anciennement féroce (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 248).
Prononc. et Orth. : [ymanize], (il) humanise [ymani:z]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. 1554 « rendre humain » (LE CARON, Poésies, le Ciel des Graces, 43 v° ds HUG.); 2. 1559 « mettre à la portée des hommes » (AMYOT, De l'esprit familier de Socrate, ibid.). B. 1657 « rendre plus sociable, plus bienveillant » (SCARRON, Roman comique, 2e partie, chap. 3, éd. 1786, p. 204). Dér. sav. de humain d'apr. le lat. humanus; suff. -iser. Fréq. abs. littér. : 165. Bbg. GOHIN 1903, p. 296.
humaniser [ymanize] v. tr.
ÉTYM. 1554, au sens 2; de humain, d'après le lat. humanus.
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1 a (1559). Mettre à la portée de l'homme. || Humaniser une doctrine, une philosophie. — Pron. || Art, religion qui s'humanise.
1 Ne paraissez point si savant, de grâce. Humanisez votre discours, et parlez pour être entendu.
Molière, Critique de l'École des femmes, 6.
2 Le hardi jeune homme simplifiait, expliquait, popularisait, humanisait. À peine laissait-il quelque chose d'obscur et de divin dans les plus formidables mystères.
Michelet, Hist. de France, IV, IV.
3 (…) un exemple célèbre, que j'humanise un peu pour votre usage (…)
Julien Benda, Lettres à Mélisande, p. 64.
b Mettre à la portée de l'homme, rendre sensible à l'homme. || « Humaniser sa poésie » (Sainte-Beuve). ⇒ Passionner.
3.1 Le plus grand charme de la culture littéraire, c'est qu'elle humanise l'amour.
A. Maurois, Ariel…, p. 169.
2 Littér. Donner la nature humaine à. → Hominiser. || Humaniser qqn, un être bestial, un animal. — Pron. || Dieu qui s'humanise, qui se fait homme.
4 Et vous n'ignorez pas que ce vieux maître des dieux
Aime à s'humaniser pour des beautés mortelles (…)
Molière, Amphitryon, Prologue.
5 (…) je crus dans ce pain que notre foi consomme
Humaniser le Christ et diviniser l'homme !
Lamartine, Jocelyn, V.
♦ Conférer (par l'imagination, etc.) des caractères humains à. || Humaniser les plantes, les animaux. ⇒ Anthropomorphisme.
3 (Mil. XVIIe). Rendre plus humain (⇒ Humain, I., 2.), plus sociable, plus civilisé. ⇒ Adoucir, apprivoiser, civiliser. || Humaniser qqn, un peuple. — Pron. || Personne qui s'humanise, devient plus sociable, plus traitable, plus favorable.
6 — Ô cœur barbare et tyrannique !
Souffre qu'au moins je sois ton ombre.
— Point du tout.
— Que d'un peu de pitié ton âme s'humanise (…)
Molière, Amphitryon, 6.
7 (…) un ou deux Anglais pensants qui sont ici, et qui, dit-on, s'humanisent jusqu'à parler.
Voltaire, Lettre à Thiriot, 293, 15 mai 1735.
8 (…) ils ravagèrent les provinces entre la mer Noire et l'Adriatique (…) mais dans ces courses même ils s'humanisèrent encore, et par les jouissances du luxe et par leur mélange avec les familles de vaincus.
Michelet, Hist. de France, II, I.
♦ (Compl. n. de chose). || Tenter d'humaniser une dictature, une société, un pays. || Humaniser les conditions de travail, les hôpitaux, les prisons. — Pronominal :
9 Le pays bientôt, semble s'humaniser (…) c'est-à-dire que les plis du terrain sont moins vastes et les terres plus cultivées.
Gide, Journal, 1914, Marche turque, De Koniah à Ouchak.
10 — Attention…, reprit Antoine. Codifier la guerre, vouloir la limiter, l'organiser (l'humaniser, comme on dit !), décréter : « Ceci est barbare ! Ceci est immoral ! »
— ça implique qu'il y a une autre manière de faire la guerre… Une manière parfaitement civilisée… Une manière parfaitement morale…
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 90.
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humanisé, ée p. p. adj.
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11 Je reconnaissais à peine en elle la jeune fille du médaillon. Non moins belle sans doute, elle était d'une beauté très différente, plus terrestre et comme humanisée.
Gide, Isabelle, Romans, Pl., p. 654.
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CONTR. Diviniser. — Bestialiser.
DÉR. Humanisable, humanisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.