1. chiner [ ʃine ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1753; de Chine, pays d'où vient le procédé
♦ Faire alterner des couleurs sur les fils de chaîne avant de tisser une étoffe, de manière à obtenir un dessin, le tissage terminé (opération du chinagen. m., 1873). Chiner une étoffe. Aspect de ce qui est chiné (ou chinure n. f. , 1819 ).
chiner 2. chiner [ ʃine ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1847; probablt altér. de échiner « travailler dur »
1 ♦ Chercher (des occasions). Absolt Chiner aux Puces.
2 ♦ (1889; de « duper le client ») Critiquer sur le ton de la plaisanterie ironique. ⇒ moquer, plaisanter, railler, taquiner (cf. fam. Mettre en boîte). — N. m. CHINAGE , 1753 .
● chiner verbe transitif (de Chine, nom propre) Effectuer le chinage d'une étoffe. ● chiner (homonymes) verbe transitif (de Chine, nom propre) ● chiner verbe intransitif (peut-être de s'échiner ) Familier Brocanter. Chercher des occasions chez les brocanteurs, les antiquaires, dans les marchés aux puces, etc. ● chiner verbe transitif (de chiner) Familier. Critiquer, harceler quelqu'un de moqueries ; taquiner. ● chiner (homonymes) verbe intransitif (peut-être de s'échiner ) Familier ● chiner (homonymes) verbe transitif (de chiner) ● chiner (synonymes) verbe transitif (de chiner) Familier. Critiquer, harceler quelqu'un de moqueries ; taquiner.
Synonymes :
- blaguer (familier)
- charrier (populaire)
- moquer
- railler
chiner
v. intr. Rechercher des objets d'occasion, anciens, rares ou curieux, soit en amateur, soit pour en faire commerce.
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chiner
v. tr.
d1./d Procéder au chinage de. Chiner des fils de laine, de soie.
d2./d Tisser (une étoffe) au moyen de fils chinés.
d3./d Imprimer un chiné sur.
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chiner
v. tr. Chiner qqn, le railler sans malveillance.
I.
⇒CHINER1, verbe trans.
[Le compl. d'obj. désigne une étoffe] Faire alterner des couleurs sur les fils de la chaîne de sorte qu'en les tissant se forme un dessin.
— P. métaph. De petits fils blancs chinaient le rectangle assyrien de sa barbe (R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 17).
♦ Emploi pronom. :
• ... les dentelures innombrables des cheminées, (...) se chinaient de jaune et de bleu...
ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 853.
Prononc. et Orth. :[], (je) chine []. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1753 (Encyclop., t. 3, p. 339 : Le chiner... chiner une étoffe... étoffes chinées); 1834 chiné subst. masc. (BALZAC, Eugénie Grandet, p. 52). Dér. du nom de la Chine; dés. -er. C'est d'après le modèle des tissus de Chine qu'ont été créées ces étoffes (cf. point de la Chine « broderie sur canevas de couleurs différentes » en 1723, J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris, t. 1, s.v. Chine). Fréq. abs. littér. :2.
DÉR. 1. Chinage1, subst. masc. ,,Tissage ou teinture d'une étoffe en différentes couleurs`` (DUVAL 1959). Les chinages du Teinopalpsus Impinalis, papillon hindou, les [les jeunes disciples de Chavannes] formeront à zébrer de frissons soyeux, de féminines écharpes (R. DE MONTESQUIOU, Paul Hellen, peintre et graveur, 1913, p. 24). — []. — 1re attest. 1753 (Encyclop. t. 3, p. 340); de chiner1, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Chineur1, subst. masc., text. Ouvrier qui applique la couleur sur les écheveaux au moyen de rouleaux cannelés. — []. — 1re attest. 1866 (Lar. 19e); de chiner1, suff. -eur2. 3. Chinure, subst. fém. Aspect de ce qui est chiné. P. métaph. Au-dessus de ce champ de foire, dans la chinure brouillée de la foule, les buvettes haussaient leurs tentes de toile grise, que les coups de soleil blanchissaient (ZOLA, Nana, 1880, p. 1381). — []. — 1re attest. 1819 (BOISTE); de chiner1, suff. -ure. — Fréq. abs. littér. : 1.
II.
⇒CHINER2, verbe.
A.— Emploi intrans., vx, arg. Faire le métier de colporteur.
— P. ext. ,,Aller à domicile sous le prétexte de vendre de menus objets mais en réalité pour mendier. (Cité par Delvaux [lire Delvau], 1866)``. (J. LACASSAGNE, L'Arg. du « milieu », 1935, p. 47).
— Brocanter, chercher des occasions :
• En ce moment, Rémonencq, réconcilié avec son ancien bourgeois Monistrol, en affaires avec de gros marchands, allait chiner (...) dans la banlieue de Paris, qui, vous le savez, comporte un rayon de quarante lieues.
BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 109.
B.— Emploi trans. Critiquer, se moquer. Il paraît aussi qu'en mon absence, tu t'es abstenue de me chiner ici (ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1921, p. 224).
Prononc. :[], (je) chine []. Étymol. et Hist. 1. 1844 « aller offrir ses marchandises » (Dict. complet de l'arg. employé dans « Les Mystères de Paris », p. 18); 2. 1878 « critiquer, se moquer de » (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, p. 85). Prob. issu par aphérèse de échiner. 1 au sens de « fatiguer les reins » (FEW t. 17, p. 114a), le terme semblant venir du lang. des colporteurs dont le fardeau pesait sur l'échine; 2 au sens fig. de « agacer, maltraiter par des propos » (FEW, op. cit., p. 113b). Fréq. abs. littér. :7.
DÉR. 1. Chinage2, subst. masc., fam. Moquerie. Il ne supportait pas aisément le chinage (A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 323). Arg. Colportage, escroquerie. Vol au chinage. Le vol au chinage s'exécute au moyen d'une reconnaissance du Mont-de-Piété [vendue comme valable, et qui est falsifiée] (HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 207). — []. — 1res attest. a) 1873 coup de chinage « escroquerie » (Revue des Deux-Mondes, t. 103, p. 322); b) 1883 « moquerie, plaisanterie » (G. FUSTIER, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau); de chiner2, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Chineur2, euse, subst., fam. Celui, celle qui critique, qui se moque. « Quel chineur vous faites! Je sais bien que vous n'êtes pas jaloux. D'abord vous me l'avez dit, et puis ça se voit, allez! » (PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 332). Arg. Brocanteur achetant et revendant des objets d'occasion de toutes sortes. Dans le métier de chineur (tel est le nom des chercheurs d'occasions, du verbe chiner, aller à la recherche des occasions et conclure de bons marchés avec des détenteurs ignorants); dans ce métier, la difficulté consiste à pouvoir s'introduire dans les maisons (BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 111). Le chineur au balladage qui vend dans une voiture dite balladeuse; le chineur à la boîterne, avec une boîte (ROSSIGNOL, Dict. d'arg.-fr. et fr.-arg., 1901, p. 27). Il y a des personnes qui, ayant été ruinées, utilisent leurs anciennes relations pour placer des marchandises (...) ce sont les chineurs de la haute (G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 69). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1847 (BALZAC, loc. cit.); de chiner2, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 9.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 96; pp. 240-241.
1. chiner [ʃine] v. tr.
ÉTYM. 1753; de Chine, pays d'où vient le procédé.
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♦ Faire alterner des couleurs sur les fils de chaîne avant de tisser une étoffe, de manière à obtenir un dessin, le tissage terminé. || Chiner une étoffe.
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chiné, ée p. p. adj.
♦ Plus cour. || Un tissu, un écheveau chiné. || Une robe beige chinée de bleu.
1 En dépit de ses cheveux rejetés en arrière, de son costume chiné, de sa chemise de soie grise, son visage gardait quelque chose de 1900, de sa jeunesse.
Malraux, la Condition humaine, Pl., p. 68.
♦ Par métaphore, littéraire :
2 Printemps. Le talus chiné de neige se reflétant dans l'eau verte avec les mille baguettes des arbustes dépouillés. L'air froid et le soleil chaud.
Claudel, Journal, mars 1909, Pl., t. I, p. 87.
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DÉR. Chinage, chinure.
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2. chiner [ʃine] v. tr.
ÉTYM. 1847; probablt altér. d'échiner « travailler dur », proprt « fatiguer les reins », les colporteurs portant leur marchandise sur l'échine.
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1 Chercher des occasions (chiffonnier, brocanteur, amateur d'objets). ⇒ 2. Chine, chineur. — Vendre de porte à porte de menus objets.
1 Se réveillant le lendemain matin, n'ayant plus le sou (…) Va ramasser à la Madeleine de vieilles fleurs pour chiner.
A. Jarry, les Jours et les Nuits, Pl., p. 802.
2 (1889; de « duper le client »). Critiquer sur le ton de la plaisanterie ironique. ⇒ Moquer, plaisanter, railler, taquiner (cf. fam. Mettre en boîte).
2 Ce n'est pas pour chiner; mais vrai ! (…) vous êtes gai les jours d'enterrement !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, VI, II.
3 Émile croit que je me moque de lui comme les autres. Il se détourne, chine plus fort et du pied râpe la terre.
Philippe agacé le secoue.
« Si tu ne te tais pas, dit-il, je vas te flanquer une paire de calottes. Au moins tu sauras pourquoi tu pleures. »
J. Renard, Bucoliques, in Œ., Pl., t. II, p. 196.
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DÉR. 2. Chine, chineur.
Encyclopédie Universelle. 2012.